a bout de souffle

Auteur : valérie

Email : valeriec2@wanadoo.fr

Spoiler : Brand X.

Disclaimer : Les personnages de Fox Mulder et Dana Scully appartiennent à Chris Carter et à la FOX.

Les personnages de Jesse et de Clem appartiennent à Dawn, qui a écrit cette histoire avant moi et qui m'a gentiment autorisé à l'adapter en français. Voici l'adresse de l'histoire originale :

http://members.tripod.com/dawnsunrise/strangerthanfiction.html

 

 

A BOUT DE SOUFFLE

Je croyais que j’avais tout vu en dix ans de carrière aux urgences.

C’était avant que je rencontre Fox Mulder.L’appel est arrivé un peu avant minuit un soir de printemps. Jesse et moi avons foncé à notre camion.

Apparemment, un homme en détresse respiratoire. L’appel venait d’Alexandria, mais nous nous dirigions vers un immeuble d’Hegal Place.

- Mais tu as dit que l’appel venait de Georgetown. Un parent a appelé ?

Jesse secoua la tête.

- Non. Sa partenaire. Ce sont des agents du FBI.

- Du FBI ? J’espère que nous n’allons pas vers des ennuis.

- Non ! Selon sa partenaire, il se remet d’une sorte d’infection respiratoire. Elle a appelé de sa voiture. Dit qu’elle expliquerait cela dès son arrivée.

- Sa partenaire ? Une femme ?

Mon intérêt est piqué au vif. Ce n’était pas courant de traiter un agent du FBI, et je meure d’envie de voir à quoi peut ressembler une lady du FBI. Sans doute une sorte de grand cheval habillé comme un homme.

- Une femme et un médecin d’après ce que j’ai compris. Elle a même commencé à me dire comment le traiter.

Super. Exactement ce dont j’ai besoin. Encore quelqu’un qui va nous expliquer comment faire notre boulot.

- Nous y voilà.

Nous sortons notre équipement rapidement et montons les escaliers quatre à quatre. Arrivés dans un couloir sombre, qui sent l’ail et la vieille friture, nous nous arrêtons devant une porte abîmée où pend misérablement le numéro 42. Les agents du gouvernements sont donc si mal payés pour habiter dans ce genre d’endroit ?

Je frappe la porte et pose ma main sur la poignée, qui tourne, ouvrant la porte.

- Agent Mulder ?

Je rentre à l’intérieur de l’appartement, Jesse sur mes talons. La pièce est aussi sombre que le couloir. J’entends la respiration haletante avant même d’apercevoir notre patient, affalé sur le sol près du canapé.

Jesse s’approche de lui.

- Agent Mulder ?

L’homme lève la tête doucement, comme si cela lui demande un effort surhumain. Son visage très pale et ses yeux enfoncés dans ses orbites me font dire que non seulement il doit être actuellement en souffrance, mais que la maladie dont a parlé sa partenaire a du être autre chose d’une simple pneumonie ou bronchite. L’agent Mulder a cette étrange minceur que je suis venue à associer avec les patients qui sortent d’une grave maladie.

- Oui...


Un murmure, à peine audible.

- Scully... Ils sont là... Tu peux raccrocher.

Il est assis le dos contre le canapé, ses longues jambes étalées devant lui et les mains crispées sur ses genoux. Je me rends compte pour la première fois qu’il tient le combiné du téléphone entre son oreille et son épaule.

Jesse pousse la table basse et nous nous accroupissons tous les deux devant lui. Il ne proteste pas quand je lui ôte le téléphone.

- Votre partenaire nous a dit que vous aviez des problèmes.

Jesse sort un stéthoscope et il ne voit donc pas les yeux de l’agent Mulder se lever au plafond.

- Seulement... quand je respire....

L’ironie est palpable. Ses lèvres et ses ongles sont teintés d’une alarmante couleur bleue. Alors que Jesse prend ses constantes, pouls, tension et respiration, je lui pose un masque à oxygène.

- Murmures diminués des deux côtés, Clem. Tension à 15/10, pouls 98, respiration 30.

Jesse enlève le stéthoscope, les sourcils froncés.

- Ca ressemble à une crise d’asthme sévère.

Les sourcils de l’agent Mulder se soulèvent.

- Clem ?

Je lève la main en signe de silence.

- Agent Mulder, êtes vous toujours sous traitement pour cette infection respiratoire ?

Un petit rire le secoue, qui se transforme bientôt en une longue série de quintes de toux. Lorsqu’elles cessent enfin, sa tête est appuyée sur le canapé et ses yeux sont réduits à deux fentes.

- C’est... ce qu’elle... vous a dit ? ..... Infection ?

- Oui. Ce n’est pas cela ?

Sa bouche se tord d’un petit sourire sardonique.

- Non... pas exactement.

Le sourire s’efface.

- Inhalateur. Salle de bains.

- J’y vais.

Jesse se précipite pour aller le chercher.

Encore une quinte de toux, plus courte celle ci. Je grimace devant l’évidente agonie qu’elle provoque, ôtant les mèches de cheveux humides de son front moite.

Il attrape ma manche.

- Pourquoi Clem ?

C’est à mon tour de rire. Je n’ai pas l’habitude de révéler des choses personnelles à mes patients, mais ce regard noisette, douloureux et vulnérable, m’ôte toute défense.

- Mes parents étaient sadiques.

Il me regarde, étonné.

Je soupire.

- C’est un diminutif pour Clémentine. Pitié, pas de blague et si vous chantez cette chanson...

Sous le masque, un coin de sa bouche se lève.

- Je vous bats.

- J’en doute.

Il pointe son index sur sa poitrine.

- Fox.

- Fox ? Vous n’êtes pas sérieux !

Il fait le V des scouts et je réprime mon rire. Je me rends compte alors que même haletant comme un poisson hors de l’eau, l’agent Fox Mulder est bien nommé. Beaux yeux, longues jambes, mince, carrure athlétique... Pas mal du tout.

- Je l’ai Clem. C’est...

La phrase de Jesse s’arrête nette quand une tornade rousse apparaît dans la pièce.

- Mulder ? Est-ce-que ça va ?

Son visage se tourne vers elle et il sourit alors qu’elle s’approche de lui. Je regarde, fascinée, la façon dont il semble s’illuminer de l’intérieur. J’ai dit pas mal ? Il est vraiment très beau.

- Ca va... Scully.

Scully ? C’est ça Scully ?

Petite, une peau de porcelaine, avec des cheveux roux qui semblent naturels. Cette femme passe son temps à attraper des tueurs, des kidnappeurs et des terroristes ? En blue jean et baskets, on dirait qu’une simple brise peut la renverser.

C’est alors qu’elle ouvre la bouche.

- Je suis l’agent spécial Dana Scully. Je suis la partenaire de l’agent Mulder et je suis également médecin. Je vois que vous lui avez donné de l’oxygène. Quelles sont ses constantes ?

Jesse me regarde, les yeux écarquillés, l’inhalateur dans sa main.

- Euh... son pouls est de ....

Je me détourne de Jesse, plus intéressée à observer l’agent Mulder. L’oxygène l’a aidé, mais il a encore du mal à respirer. Mais une sorte de paix l’a envahi au moment même où sa partenaire est apparue dans la pièce. Ses yeux suivent ses moindres mouvements, il boit ses paroles, et sa posture est devenue plus relaxée, son comportement moins sur la défensive.

Et l’agent Scully, bien qu’écoutant Jesse, se focalise sur son partenaire. Je connais les liens qui unissent les équipiers de police, mais cette... connection transcende toutes les choses que j’ai déjà pu observées. Est ce que leur relation est plus que platonique ? Est ce qu’ils couchent ensemble ?

L’agent Scully prend l’inhalateur des mains de Jesse. Elle enlève le masque à oxygène, l’aide à prendre deux bouffées et replace le masque. En quelques secondes, sa respiration se ralentit, il respire plus profondément et un peu de couleur retourne à ses joues. En un instant, sa profonde inquiétude se transforme en colère.

- Qu’est ce qui a provoqué ça, Mulder? Tu allais bien quand je t’ai quitté.

Elle brandit l’inhalateur et pointe du doigt son pantalon de jogging et ses chaussures de sport.

- Tu as été courir, n’est ce pas ?

Il la regarde, moqueur, la paume de sa main pressé contre son coeur.

- Pardonne moi, Scully, parce que j’ai pêché.

Sa respiration s’est améliorée mais sa voix est toujours faible et rauque.

Sa voix monte de quelques octaves.

- T’es dingue ?

- Ca a été dit.

J’ai connu quelques rousses, et des tempéraments d’Irlandais. Je retiens mon souffle, attendant une explosion de colère.

Elle ne vient pas.

Sa voix devient sourde et mortellement calme.

- Tu veux que je te rafraîchisse la mémoire, Mulder ? Tu as failli mourir il y a deux semaines.

Il se sent manifestement mieux. Son visage prend une expression indisciplinée, têtue.

- J’étais là, Scully. J’étais celui avec les... larves dans les poumons, tu te souviens ?

Quoi ? Que vient-il juste de dire ? Je regarde Jesse, mais il les observe avec la même incrédulité.

Larves ? Il veut dire germes, bactéries, non ?

L’agent Scully devient pale.

- Je me souviens, Mulder. Considérant ta condition d’alors, je m’en souviens sans doute plus que toi.

- Par exemple, est ce que tu sais qu’au moment où les choses allaient vraiment mal l’infirmière devait nettoyer le sang dans le masque à chaque fois que tu toussais ? Ou le son que les larves faisaient quand elles passaient dans le tube qui les aspirait de tes poumons ?

Il grimace alors, mais elle continue, sans pitié.

- Est ce que tu sais que quand j’ai poussé la seringue pleine de nicotine, tu as convulsé pendant presque trois minutes, alors que les larves sortaient de ta bouche et de ton nez ? Ca été un vrai soulagement quand tu as cessé... jusqu’à ce que ton coeur cesse aussi. Je me souviens vraiment, Mulder. Et toi ?

Le silence est lourd. Une conversation silencieuse s’établie entre eux et je me sens presque déplacée ici. J’ai vu des tas de trucs et dans une situation comme celle je suis d’habitude la première à réagir, mais je les regarde tous les deux et j’essaye de comprendre ce qu’elle vient de dire.

Larves dans ses poumons ? Injection de nicotine ? Je veux croire que ces deux là sont dingues ou me jouent un tour, mais un simple regard sur leurs visages me poussent à croire qu’ils disent la vérité. Et ça m’effraie.

Jesse s’éclaircit la voix et remet le stéthoscope à ses oreilles.

- Euh, je voudrai écouter vos poumons encore une fois, Agent Mulder.

La voix de Jesse les fait sortir de leur petite conversation privée. Agent Scully s’assoit sur ses talons, son regard allant de Jesse à moi. Elle rougit inconfortablement.

- Le médecin lui a prescrit Prednisolone et un nébuliseur quand il a quitté l’hôpital. Je vais les chercher.

L’agent Mulder essaye de se lever, mais Jesse l’en empêche d’une main sur la poitrine. Il soupire, trop focalisé sur sa partenaire pour protester quand je lui replace le masque.

- Comment va t’il ?

- Mieux, mais pas à 100 %. C’est pire à gauche qu’à droite.

- Plus de dégât.

Mulder enlève le masque et je le laisse faire.

- Ca va aller maintenant. Vous pouvez partir.

Je secoue la tête.

- Je pense vraiment que vous devriez venir avec nous, laisser un médecin vous examiner. Vous alliez vraiment mal il y a quelques minutes.

L’agent Scully revient avec le nébulisateur à la main. Elle semble calmée, mais ne pose pas les yeux sur son partenaire.

Mulder la regarde elle et non moi quand il répond.

- Non. J’ai mon médecin personnel pour prendre soin de moi.

Son sourire est contagieux.

- Et c’est quelqu’un.

Pas vraiment une excuse, mais elle lit dans ses yeux ce qu’elle veut y voire. J’ai l’impression très nette que ses lèvres serrées ont du mal à réprimer un sourire.

Jesse me regarde et je hausse les épaules. D’après ce que je vois, elle doit être la seule à pouvoir lui faire entendre raison.

Nous aidons l’agent Mulder à se redresser et à s’allonger sur le canapé. Sa partenaire passe en mode “docteur”, prenant son pouls et écoutant sa respiration, le positionnant pour qu’il soit à la fois à l’aise et qu’il puisse respirer facilement. D’après ma brève intéraction avec lui, j’ai l’impression qu’il n’aime pas qu’on soit aux petits soins avec lui mais il se laisse faire par elle sans complainte.

Je ne peux m’empêcher de laisser traîner mes oreilles alors que j’aide Jesse à ranger le matériel.

- Pourquoi Mulder ? Je ne comprends pas pourquoi tu as pris un tel risque...

- Je pensais que ça allait, Scully. Le médecin m’avait donné la permission de travailler à nouveau.

- Travail de bureau. Il ne t’avait pas permis d’être sur le terrain précisément parce qu’il avait peur que quelque chose de ce genre arrive. Qu’est ce que tu me caches ? Qu’est ce qui t’a poussé à vouloir faire un jogging ce soir ?

Silence. J’entends à peine sa réponse étouffée. Le ton de sa voix est embarrassé.

- C’était la seule chose qui pouvait me distraire de fumer le paquet de cigarettes que j’ai acheté en sortant du boulot.

- Oh, Mulder.

Jesse me donne un léger coup de pied dans la jambe. Il est debout, prêt à partir.

Les agents stoppent leur conversation pour nous remercier, poliment avant que nous cessions d’exister pour eux. Alors que nous quittons l’appartement, j’entends sa voix, pleine d’affection et de réprimande à la fois.

- La prochaine fois essaye le chewing gum, Mulder. Ca sera plus facile pour nous deux.

Jesse ne dit rien jusqu’a ce que nous soyons dans l’ascenseur.

- Pourquoi est ce que j’ai l’impression d’avoir fait une apparence dans un épisode de la Quatrième Dimension ? Qu’est ce que tu dirais si nous essayions de savoir ce qu’il est vraiment arrivé à l’agent Fox Mulder ?

Je pense à ce que l’agent Scully a dit. Je me souviens de l’expression dans leurs regards.

- Tu feras ça tout seul, Jesse. Et pose toi la question : veux tu vraiment savoir ?

Quant à moi, je ne veux même pas y penser.

FIN

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