Cinq ans après

Titre : CINQ ANS APRES

Auteur : Valérie

email : valeriec2@wanadoo.fr

Spoilers: aucun

Disclaimer : les personnages suivants sont crées par CC et n’appartiennent qu’à lui seul

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Préambule :

Il roulait toutes vitres ouvertes, savourant la caresse de l’air tiède sur sa nuque. Un sourire se dessinait sur ses lèvres. Plus que quelques dizaines de minutes avant qu’il ne la revoie. Il sentait déjà ses mains sur ses joues, le délice de ses yeux rieurs, sa peau de sucre et de miel. Il ne vit pas le poids lourd qui le percuta de plein fouet.

4 mois plus tard.

La jeune femme brune assise sur l'une des chaises de la salle d'attente essayait de dissimuler

son anxiété et son impatience en gardant un visage impassible. La secrétaire la regardait

de temps à autre en souriant, mais elle n'avait aucune envie de répondre à sa gentillesse

trop professionnelle. Elle attendait depuis trente minutes maintenant et le temps lui

paraissant long. Lorsque enfin la porte du bureau s'ouvrit, elle le leva précipitamment

et se dirigea vers le médecin qui lui tendait la main.

Très belle, la quarantaine resplendissante, elle lui souriait en l'invitant à entrer.

De fines rides d'expression marquaient légèrement son visage, ses yeux d'un bleu

d'azur étaient mis en valeur par des lunettes à fine monture. Sa bouche pulpeuse

était soulignée par un rouge à lèvres carmin, qui faisait ressortir son teint opalescent.

La jeune femme s'était inscrite sous un faux nom. Elle savait pertinemment qu’elle n’aurait

pas voulu la recevoir autrement. Elle n’avait trouvé que ce moyen pour entrer en contact avec

elle. Elle n’avait qu’un espoir, qu’elle lui laisse la possibilité d’exposer sa requête.

Dana se sentait soudain mal à l’aise face à sa patiente. Son visage était à demi dissimulé par un large chapeau, mais il y avait chez elle une expression qu’elle connaissait, sans pour cela l’identifier de façon formelle. Ses yeux gris et verts à la fois lui rappelaient quelqu’un, sa bouche aux lèvres bien marquées, la forme de son visage... Sa gorge devint sèche et elle dissimula son trouble en reprenant ses automatismes professionnels.

- Qu’est ce qui vous amène, Mademoiselle ?

- Je ne suis pas venue pour moi... Je m’appelle Samantha Drobinsky. Je suis la soeur de Fox.

La jeune femme enleva son chapeau d’un geste lent. Elle avait prononcé sa phrase d’une voix grave et attendait la réaction de Scully. Cette dernière avait soudainement pâli et ses mains s’étaient crispées sur le bureau. Elle se leva et regarda par la fenêtre de son bureau, trop émue pour prononcer une parole. Samantha se leva également et se planta devant elle, la forçant à la regarder.

- Je sais que vous ne désirez pas le revoir... Que vous avez tiré un trait sur cette période

de votre vie... Mais si je suis là aujourd’hui, c’est parce qu’il a besoin de vous. Je suis

venue de ma propre initiative, mais je sais que cela l’aidera.


Scully ne répondait pas, elle avait fermé les yeux et tentait de calmer les pensées

chaotiques qui se bousculaient dans son esprit. Une vague d’émotion la submergeait,

l’engloutissait. Le travail qu’elle avait fait sur elle même pour oublier son ancien partenaire

s’effondrait en un instant.

D’une voix voilée par le trouble, elle trouva le courage de questionner Samantha.

- Que lui est-il arrivé ?

- Je préférerais que vous veniez avec moi... Je vous expliquerais sur place.


Dana regarda la jeune femme dont les yeux s’étaient subitement remplis de larmes.

Sans plus attendre, elle annonça à la secrétaire qu’elle suspendait ses consultations

prit son sac et suivit Samantha. Elles prirent sa voiture, qu’elle conduisant vite dans le

trafic dense de cette froide journée. Le véhicule s’immobilisa quelques dizaines

de minutes plus tard devant un bâtiment en briques, long et sinistre, que Scully connaissait

comme étant un centre de long séjour. Elle interrogea Samantha du regard, puis la suivit

à travers les couloirs sans fin de l’établissement. Il régnait ici un calme et un silence

presque étouffant. Samantha s’arrêta devant une porte grise, prit une inspiration lente et

entra dans la pièce. Dana sentit son coeur se serrer lorsque elle pénétra derrière elle.

Mulder était étendu, les yeux fermés, le visage maigre et le teint cireux. Une sonde

dans la narine gauche, il respirait doucement. Elle s’approcha de lui, remarquant

la cicatrice étoilée de trachéotomie à la naissance de sa gorge, ses os saillants à travers

son tee shirt gris, le premier cheveux blanc sur sa tempe. Elle se retourna

vers Samantha.

- Qu’est ce qui s’est passé ?

- Il a eu un accident de voiture il y a plusieurs mois. Quatre mois exactement. Il

a survécu par miracle, mais il n’est jamais sorti du coma. Nous avons tout essayé.

Nous nous sommes relayés jour et nuit près de lui, mais rien ne semble pouvoir

l’aider.

- Nous ?

- Nos amis, ses amis... Frohyke vient tous les jours pour lui parler. Son

cerveau ne semble pas endommagé, mais il reste dans un état végétatif. Aucun signe

d’amélioration depuis deux mois. Avant de prendre une décision, j’ai voulu...

Samantha éclata en sanglots et Scully s’approcha d’elle pour essayer de la

réconforter.

- Que pensez vous que je puisse faire pour lui, Samantha ?

- Je ne sais pas... Essayez de lui parler. Je vous en prie, Dana...

- Je le ferais... Bien sûr que je le ferais. Ne pleurez plus... Il vous entend

sûrement... Je voudrais voir son dossier médical avant toute chose. Vous

pouvez me le procurer ?

- Bien sûr.
Elle sécha ses larmes et lui sourit faiblement.

- Je reviens tout de suite.

Samantha la laissa seul avec Mulder. Dana approcha le siège du lit et s’assit

lourdement. Elle avait les jambes flageolantes, et son rythme cardiaque

avait du mal à retrouver des valeurs normales. Elle ferma les yeux un instant,

essayant de se calmer, mais des vagues de souvenirs montaient en elle.

Cinq ans avaient passés. Cinq années pendant lesquelles elle avait tout fait

pour l’oublier, pour essayer de se reconstruire. Elle pensait ne plus jamais le

revoir. Mais elle savait qu’elle ne pourrait jamais tourner la page définitivement

sur leur relation. Il s’était passé trop de choses... Elle revoyait cette soirée où

Mulder avait compris qu’elle en aimait un autre, la conversation qu’ils avaient

eu ensuite... Puis sa rupture avec Thomas, et leurs sentiments enfin dévoilés.

Ils avaient vécu près de un an ensemble. Un an de passion, de tourments

aussi. Elle se souvenait de leurs étreintes et de leurs disputes, des moments

magiques le long de l’océan, des scènes de rupture sous la pluie, puis des

mots d’amour murmurés sous la couette. Un an... A bout de force l’un et l’autre,

à bout d’amour, ils avaient fini par se déchirer pour ne plus jamais se revoir.

Elle avait finalement retrouvé la médecine, s’offrant un cabinet privé, avait

construit sa vie comme un rempart qui la protégeait de ses démons. Elle

n’avait jamais plus entendu parler de lui...

Samantha revint quelques minutes plus tard avec un lourd dossier à la main.
Dana le feuilleta rapidement, puis leva les yeux vers la jeune femme.

- Qu’attendiez vous de moi exactement ?

- Je ne sais pas... Un miracle sans doute. J’espère qu’il réagisse à votre voix,

à votre contact.

- Il est très loin, Samantha. Je doute que je puisse l’aider.

Samantha secoua la tête, et Dana sentit qu’elle était au bord des larmes. Elle

s’approcha de son frère et lui caressa les cheveux avec une tendresse presque

maternelle. Elle remonta une mèche de cheveux qui avait glissé sur ses paupières

closes et posa le dos de sa main contre la joue creuse de Fox.

- Vous l’aimez infiniment, n’est ce pas ?

Samantha leva les yeux vers elle et dans son visage d’elfe, son regard bouleversant

lui rappela celui de Fox : envoûtant et tendre à la fois.

- Lorsque il a été accidenté, et qu’il luttait contre la mort, j’ai cru que je ne pourrais

pas vivre s’il disparaissait...

- Et vos enfants ?

- Il n’y avait plus que lui qui comptait pour moi... Nous sommes tous les deux comme

deux âmes soeurs... Mon psy parle d’une relation fusionnelle...

Elle sourit à travers ses larmes, puis reprit.

- J’ai pris un peu de recul maintenant, mais j’avoue que l’hypothèse de sa mort me

terrifie...

Le regard de Dana fut attiré par la photo d’une ravissante enfant, dont le cadre

était posé sur la table de chevet.

- Qui est ce ? Votre fille ?

- Non... C’est l’enfant de Fox. Elle s’appelle Kim.

Dana eut une expression de surprise.

- Après votre rupture, Fox est parti travailler à l’étranger. Il a rencontré une jeune

femme, une asiatique. Ils ont vécu ensemble quelques mois, elle est tombée enceinte.
Ils sont rentrés aux Etats Unis pour mettre le bébé au monde. C’était Kim. Mais la maman

n’a pas supporté la vie ici. Elle a décidé de retourner chez elle, avec leur enfant.
Kim avait deux ans. Ca été un choc pour Fox. Il semblait si heureux avec sa petite

fille.

- Ils ont divorcé ?

- Non... Ils n’étaient pas mariés. Je crois que... Fox a toujours eu du mal à établir une

relation durable avec une femme.

Dana poussa un soupir.

- Je sais, Samantha.

- Pardon, je ne voulais pas vous blesser.

- C’est du passé vous savez. Je m’en suis remise. Fox allait la chercher à l’aéroport le jour de son accident. Chantra, la mère de Kim est restée quelques jours près de lui, mais elle est repartie. Elle prend régulièrement des nouvelles.

- Vous avez des enfants, Dana ?

- Non... J’ai fait une tentative d’adoption, mais elle n’a pas abouti. Et je n’ai pas eu

la force de me battre contre l’administration.

- Vous auriez fait une bonne mère.

Les deux femmes se sourirent et une complicité nouvelle les lia soudain.

- Samantha... Je ne peux rien vous promettre. Je passerais le voir aussi souvent

que je le pourrais. Mais n’espérez pas trop.

- Je veux croire, Dana... Je veux croire...

Dana l’attira contre elle et la serra dans ses bras.

- Vous avez bien fait de me prévenir... Il a besoin de nous tous.

Sam leva vers elle des yeux brillants de larmes et d’espoir. Ses cheveux coupés courts

dansaient autour de son visage ravissant. Elle paraissait si jeune que Dana eut soudain

envie de la bercer comme une enfant triste. Elle avait le même charisme que son frère,

cette façon d’être avec les gens qui suscitait un attachement immédiat et absolu.

Elles se tournèrent ensemble vers le lit où Fox reposait. La porte s’ouvrit doucement

et Frohyke apparut, un livre à la main. Il avait vieilli lui aussi, comme eux tous. Son visage ingrat s’illumina lorsque il vit

Dana. Il s’approcha d’elle et la prit dans ses bras.

- Scully... Je ne pensais plus jamais vous revoir...

Il se recula pour l’admirer.

- Vous êtes resplendissante, Dana.

- Je suis heureuse de vous revoir, Frohyke.

Il embrassa de bon coeur Samantha, qui lui souriait.

- Comment va t’il aujourd’hui ?

- Pas de changement... Sa dernière prise de sang est bonne, l’infection

semble avoir été jugulée.

- Bien... Je lui ai apporté un peu de musique, et un nouveau livre.

Il s’installa près de son ami et mit en route la platine laser. Un air de jazz

s’éleva dans la chambre silencieuse. Bien calé dans son fauteuil, il commença

à lire des premières phrases de l’ouvrage.
Les deux femmes lui firent signe de la main puis sortirent dans le couloir.

- Il est extraordinaire. Il reste deux heures tous les jours, toujours avec une

nouvelle idée, un nouvel espoir.

- Est il toujours en contact avec Langly et Byers ?

- Oui, mais ils ne se voient plus qu’occasionnellement. Ils sont venus juste après l’accident,

puis quelques fois depuis. Rien à voir avec la dévotion de Frohyke porte à Fox.

- Samantha, il faut que je vous laisse maintenant. Je vais revenir très vite.

- Merci Dana.

Elles se quittèrent après un dernier signe de la main. Dana rentra chez elle,

bouleversée par les heures qu’elle venait de vivre. Revoir Mulder dans cet état

avait été pour elle une véritable épreuve. Le revoir tout court d’ailleurs... Des tas

de souvenirs remontaient à la surface et la nostalgie s’empara d’elle. Après lui,

elle n’avait jamais pu entretenir une liaison durable avec un homme. Samantha, Fox,

Dana... leur destin était lié. Leurs relations étaient si fortes. Fox et Samantha

étaient incapables de vivre leur amour du fait de leur fratrie, mais étaient également

incapables de vivre un amour avec une autre personne. Dana en avait fait l’amer

expérience. Samantha avait quitté le père de ses enfants il y a plusieurs années.
Elle même ne pouvait pas aimer un autre homme... Elle sourit en pensant à la petite

fille de la photo. Mulder papa... Elle ne pouvait pas s’imaginer une chose pareille.

Lui, si égoïste quelquefois, si centré sur lui même... Elle même en avait souffert

souvent, avant de se rendre compte que c’était sa façon à lui de se protéger,

se repousser la souffrance qu’il avait en lui, malgré le retour de Samantha,

malgré la reconnaissance de la vérité qu’il avait mis tant de temps à faire

éclater. Il n’était pas fait pour le bonheur et il était trop intelligent pour se voiler

la face. Alors la fuite était le meilleur moyen de secours... Elle se souvenait de

la manière dont il était parti, un soir de dispute presque comme un autre. Il s’était

posé en martyre, prétextant qu’elle l’étouffait. Elle avait eu des mots très durs,

qu’elle s’était reprochée de nombreuses fois ensuite.

Elle soupira et se fit couler un bain très chaud. Elle s’allongea avec volupté

dans la mousse parfumée. Elle ne pouvait pas détacher ses pensées de cette

chambre triste où Mulder reposait. Il l’avait aidé... Des années auparavant,

la force de sa présence l’avait poussé à franchir les limites de la mort. Elle se

devait de faire la même chose pour lui, s’il n’était pas trop tard. Elle se remémorait

le rapport médical qu’elle avait eu dans les mains à l’hôpital. Les nombreux traumatismes

l’avaient affaibli considérablement. Seule sa solide constitution lui avait permis de

survivre à ce terrible accident.

Elle se coucha, triste et solitaire, mais sa décision était prise. Elle irait le voir

demain.

Elle lui consacra une heure tous les jours, bloquant son emploi du temps surchargé.
Elle lui parlait beaucoup, le touchait, tentant de le stimuler avec patience et douceur.

Se substituant quelquefois aux infirmières , elle le lavait, le rasait, retrouvant les émotions du passé en caressant son torse, pourtant amaigri par les mois de coma, ses cheveux souples et doux. Elle

connaissait par coeur les lignes de son visage. Elle s’apercevait avec stupeur qu’il lui avait tant manqué...

Samantha s’était accrochée à elle comme à une bouée, et elle mettait tant d’espoir en

elle qu’elle en était presque gênée. Les deux femmes se voyaient souvent et s’appréciaient

mutuellement, se découvrant des goûts communs, l’amour des enfants, la tendresse pour

Fox. Elles passaient de nombreuses soirées ensemble et devenaient de plus en plus intimes.

Un mois était passé depuis qu’elle avait revu Mulder. Son état était stationnaire, et Samantha

recommençait à se poser la question du maintien en vie de son frère. Il ne semblait plus y

avoir aucun espoir.

Mais comme pour elle, la force de la vie fit un miracle.

< La torpeur. . Il essaya d’ouvrir les yeux, mais ses paupières étaient lourdes. Une simple lumière qui diffusait doucement dans la pièce filtra à travers elles. Il tenta de bouger ses mains, puis ses bras. Ses membres étaient engourdis et raides. Il essaya d’appeler, de crier, mais aucun son ne sortait de sa bouche desséchée. Il passa sa langue sur ses lèvres craquelées. Dans un effort énorme, il tendit le bras jusqu’à la table de chevet où étaient posés quelques objets. Un fracas... Quelque chose était tombé par terre en se cassant... Un bris de verre... L’effort l’avait épuisé. Il ferma les yeux. >

L’infirmière de garde, alertée par le bruit, gagna la chambre rapidement. Elle vit immédiatement le cadre brisé à terre. Elle s’approcha de lui doucement et lui prit la main.

- Fox ?

Il ouvrit les paupières faiblement.

- Tout va bien, Fox. Je vais chercher le médecin.

- Dana ? C’est Sam. Excuse de te déranger de si bonne heure... L’hôpital vient d’appeler.

- Oh... que se passe t’il ?

- Il vient de réveiller, Dana... Mon Dieu, je ne peux pas y croire.

- J’arrive tout de suite, Sam. Je passe te chercher.

Dana raccrocha avec stupéfaction. Elle même ne pouvait pas le croire. Elle se précipita

sous la douche et enfila à la hâte les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main.
En arrivant chez Samantha, elle la trouva devant le perron, grelottante d’émotion.
Elles filèrent jusqu’au centre, fébriles, unies par le même espoir. Le médecin les attendait.

- Il a repris connaissance il y a deux heures. Je n’ai pas encore procédé à tous les examens, mais il semble comprendre ce qu’on lui dit. Il n’a pas encore parlé, mais il répond aux stimuli externes, visuels et auditifs. Je vous conduis près de lui.

Scully laissa Samantha pénétrer dans la chambre. Elle tenait à ce qu’elle prenne contact avec lui seule. C’était son frère, la seule famille qui lui restait. Elle s’adossa contre le mur froid et ferma les yeux en souriant. Comme elle, il avait vaincu la mort.

Samantha sortit de la pièce quelques minutes plus tard. Son visage rayonnait de bonheur. Elle tomba en larmes dans les bras de Scully.

- Il est vivant, Dana... Mon dieu...

- Samantha, je suis si heureuse pour toi... Comment va t’il ?

- Il m’a parlé... Quelques mots... Je lui ai dit que tu étais là.

Elle l’a regarda avec stupeur.

- Il veut te voir.

- Non... C’est trop tôt.

- Je t’en prie, Dana. Il te réclame.

Scully prit une grande inspiration et entra dans la pièce. Le regard que Mulder lui lança la fit frissonner. Elle s’approcha en souriant, essayant de dissimuler son trouble.

- Scully...

Sa voix était faible mais elle retrouvait son timbre si particulier, sourd et chaud.

- Je suis là.

Il tendit sa main et elle répondit à son geste.

- Comment te sens tu ?

- Ca va... C’est une surprise de te revoir...

Elle sentit une vague d’émotion la submerger. Elle serra sa main très fort.

- Tu reviens de loin.

- Oui... Samantha m’a expliqué.

- Te souviens tu de quelque chose ?

- Non... pas encore. Je suppose que c’est normal.

- Oui.

Il soupira et ses paupières se fermèrent. Il paraissait épuisé.

- Je vais te laisser, Mulder. Tu as besoin de te reposer.

Leurs yeux se rencontrèrent et Scully sentit l’émotion la gagner. Elle fit quelques pas en arrière et s’apprêta à quitter la chambre lorsque elle entendit de nouveau sa voix.

- Scully ?

- Oui, Mulder ?

- Tu vas revenir ?

Elle hésita un instant avant de répondre prudemment.

- Veux tu que je reviennes ?

La voix de Mulder était à peine audible lorsque il répondit.

- Oui.

Elle ferma doucement la porte derrière elle.

Il était toujours le même, il y avait toujours dans les yeux cette souffrance d’enfant perdu. Cinq ans avaient passé et elle ressentait toujours la même chose pour lui. Elle avait pourtant tenter de l’oublier mais il était là, vivant, et il avait besoin d’elle.

Son état s’améliora rapidement, chaque semaine apportait son lot de progrès et de satisfaction.

Dana le regardait se battre pour retrouver son autonomie, sa fierté d’homme. Il le faisait avec

courage et opiniâtreté.

Il devait réapprendre à marcher, à manger seul, toutes ces choses qui font qu’un être humain est digne. Scully et Samantha se relayaient près de lui, attentives, l’encourageant après chaque victoire. Il était néanmoins loin d’avoir retrouvé toutes ses facultés motrices lorsque on l’autorisa à sortir du centre de soins.

Le médecin lui proposa deux options : un centre de rééducation fonctionnelle ou bien la possibilité de se faire soigner en ville, tout en sachant qu’il était loin d’être autonome.

- Fox, tu peux venir chez moi. Tu sais bien que tu es le bienvenu.

- Sam, ta maison est sur trois étages. Comment veux tu que je puisse circuler ? C’est très gentil à toi, mais c’est impossible.

Elle le regarda avec tristesse. Elle le voyait mal rester plusieurs mois dans un centre, il était si impatient de sortit de ce milieu médical qu’il détestait même s’il était reconnaissant à l’équipe

soignante de l’avoir tiré d’affaire.

Scully participait à la réunion et il l’entendit faire une proposition qu’il n’aurait jamais osé imaginer.

- Tu peux t’installer chez moi, Mulder. C’est de plein pied, et...

- Scully ? Tu es sûre de toi ?

La jeune femme hésita quelques instants avant de répondre.

- A vrai dire, je ne sais pas.
Sa voix tremblait un peu.

Ils se regardèrent un long moment, puis Scully baissa les yeux, de peur de lui donner trop d’espoir.

Il s’était ouvert à elle plusieurs semaines auparavant, lui avouant qu’il était toujours amoureux d’elle.
Elle ne l’avait pas encouragé, mais ne l’avait pas repoussé non plus, prenant en compte ses propres

sentiments.

- Tu peux encore y réfléchir, Scully... Mais... Enfin, c’est comme tu veux.

Il quitta la pièce, en poussant brutalement sur les roues du fauteuil qui lui servait encore à se déplacer dans les longs couloirs du centre.

Dana lança un regard un peu triste à Samantha.

- Il est toujours aussi impulsif...

- Oui, il n’a pas changé.

- Je ne veux pas que tu crois que j’essaye de te l’enlever, Samantha.

- Sa place est plutôt près de toi. Tu as toujours été son grand amour, Dana. Lui et moi c’est... différent. Il est temps que nous apprenions à nous passer l’un de l’autre. Va le chercher. Dis lui que tu l’aimes. Car c’est la vérité, n’est-ce-pas ?

- Tu lis parfaitement en moi, Sam. Mais ça me fait peur... On a déjà vécu ça...

- C’était il y a 5 ans, Dana. Il a changé. Il a mûri. Il a souffert. Il y a Kim.

- J’aimerais tant la connaître...

- Alors fonces.

Il s’installa deux semaines plus tard. Scully avait fait effectué quelques modifications dans l’appartement pour qu’il puisse y vivre sans problème. Lorsqu’elle avait fait sa demande d’adoption, elle avait déménagé pour un trois pièces, avec deux chambres. Cela prenait une signification nouvelle maintenant. Ils étaient finalement assez heureux tous les deux de ne pas retrouver l’appartement où ils avaient vécu des moments difficiles.

Le retrouver le soir chez elle était pour elle un moment d’émotion qu’elle savourait. Il avait changé. Ce n’était le Mulder fougueux et un peu dingue qu’elle avait connu, il était devenu un homme stabilisé par les épreuves, attentif et calme. Son humour, lui, n’avait pas changé. Elle aimait leurs conversations légères devant un feu de cheminée, ils retrouvaient alors leur complicité d’antan. Mais ils n’avaient pas encore franchi le pas, même s’ils en mourraient d’envie tous les deux. Ils se contentaient encore de sourires et de gestes inachevés, se retrouvant plusieurs années en arrière, avant qu’ils ne concrétisent leur amour.

Mulder souffrait de se voir ainsi diminué, mais la présence de Scully était pour lui le meilleur des remèdes et la plus efficace des stimulations. Il avait encore du mal à marcher et il souffrait encore d’une légère paralysie du bras gauche. Les séances de kiné l’épuisaient, mais il se battait chaque jour plus fort que la veille.

Lorsqu’il put se déplacer avec des béquilles, il lui demanda de le conduire dans son appartement . Il avait déménagé lui aussi, et elle découvrit avec émotion la chambre de sa fille.

- Elle te manque ?

- Oui... Samantha m’a dit que Chantra était venue me voir à l’hôpital juste après mon accident... La petite n’était pas là, dieu merci. Elle n’aura pas d’image traumatisante à l’esprit. J’aimerais tellement la revoir...

- Elle te la laisse de temps en temps ?

- Oui. A certaines vacances. Elle est à l’école maintenant. Elle a presque trois ans...

Il était là, devant elle, ému par le souvenir de son enfant. Elle s’approcha de lui doucement et le serra dans ses bras. Des sanglots montaient dans sa poitrine. Il posa son visage contre son cou et laissa son chagrin s’exprimer.

- Quel gâchis... Cet enfant... Ca devrait être le notre... Le tien.

Il pleurait maintenant à chaudes larmes.

Elle prit son visage dans ses mains et l’obligea à la fixer dans les yeux, puis embrassa ses lèvres avec force et douceur.

- Je t’aime Mulder... Je ne veux plus te voir ainsi.

Il la regarda avec étonnement, puis elle put voir dans ses yeux changeants une joie nouvelle. Il l’embrassa avec passion et leurs corps se retrouvèrent.

Deux mois plus tard.

Le brouillard se levait doucement sur la ville. Au petit matin, ils étaient partis vers l’aéroport, main dans la main, heureux et impatients. Devant le terminal d’Air Singapour, Scully regardait Mulder qui scrutait chaque visage. Il se tourna vers elle avec un sourire radieux et elle le vit s’avancer, la démarche souple, vers l’hôtesse qui tenait à la main une adorable petite fille brune. Il s’accroupit à sa hauteur et l’enfant se jeta dans ses bras. Lorsqu’ils se retournèrent vers elle, elle dut se mordre la lèvre inférieure pour ne pas pleurer. Elle n’avait jamais vu Mulder ainsi, aussi heureux. Elle s’approcha d’eux. Kim avait les yeux de son père.

Fin.

 

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