Complot

Titre : Complot

Auteur : Valérie

Spoilers : aucun, si vous avez vu la fin de la saison 7, et le début de la saison 8.

Dans cette fanfic, Scully n'est pas enceinte, et Mulder est atteint d'une tumeur cérébrale.

Résumé : Le plus dur était passé.... Ou peut être à venir.

Disclaimer : Je devrais dire que les personnages appartiennent à Chris Carter et à la Fox, mais j'ai du mal. Ils nous appartiennent à tous, et je pense que nous pouvons les faire évoluer aussi bien que lui. Mais bon, si il y tient, je lui rend bien volontiers, en espérant qu'ils les conduisent là où nous voulons tous qu'ils aillent.

 

COMPLOT

 

“ Je suis bien... Je suis libre “

Les mots de Mulder résonnaient dans la tête de Scully alors qu’elle conduisait à travers la ville déserte. Il sommeillait à côté d’elle, épuisé par les heures de vol et les émotions qui l’avaient dévasté pendant ces derniers jours. L’annonce du suicide de sa mère, la révélation du destin de Samantha avaient contribué à le rendre vulnérable.

Il avait prononcé ces mots le visage serein, mais Scully le connaissait trop bien pour savoir que cela n’était peut être qu’une façade, une façon de se protéger de la douleur. Dans l’avion qui les conduisait chez eux, il n’avait pratiquement pas ouvert la bouche, les yeux rivés vers le hublot, contemplant les étoiles. Elle n’avait pas cherché à le faire parler. Il allait avoir besoin de temps pour accepter que sa quête était enfin terminée. Qu’allait-il ressentir si ce n’est l’absence et la souffrance ? Elle espérait pouvoir l’aider à surmonter cette nouvelle épreuve.

*********

Il était vingt deux heures lorsque elle arriva enfin devant chez lui. Il dormait toujours, et elle le secoua doucement pour le réveiller. Il frotta ses yeux et son regard se posa sur la façade de son immeuble.

La jeune femme lui adressa un sourire las. Elle aussi ressentait la fatigue des ces dernières heures.

Il s’apprêtait à sortir pour prendre son sac de voyage dans le coffre lorsque elle l’interpella.

- Veux tu que je reste avec toi ce soir, Mulder ? Tu es sûr que ça va ?

- Ca va Scully. Tu as autant besoin de sommeil que moi. Et... j’ai besoin d’être seul. Rentre chez toi.

Elle sortit de la voiture et frissonna dans l’air froid de la nuit.

- Appelle moi si tu ne peux pas dormir, Mulder. N’hésite pas.

Il lui sourit tristement et passa sa main sur sa joue. La caresse la fit frémir.

- Ne n’inquiète pas, Scully. Je vais bien.

Elle le regarda s’éloigner, sa longue silhouette se dessinant parmi les ombres de la nuit. Il se retourna avant de franchir la porte et lui adressa un petit signe de la main.

Scully ferma les yeux et formula une prière silencieuse pour cet homme qui comptait tant dans sa vie.

*************

Elle prit une douche en arrivant chez elle, puis se coucha enfin. Son corps était fatigué, mais elle ne trouva pas le sommeil immédiatement. Son esprit était avec Mulder, et elle espérait qu’il puisse enfin trouver la paix de l’âme dont il avait tant besoin.

Elle se réveilla en sursaut en entendant la sonnerie du téléphone. Les yeux brouillés par le sommeil, elle tâtonna pour trouver le combiné et répondit d’une voix sourde.

- Scuuuuly...

- Mulder c’est toi ? Mulder tu m’entends ?

Au bout d’un fil, une respiration haletante se fit entendre.

- Mulder ???

- Aide moi...

Puis le silence.

Elle sauta du lit, enfila la première chose qui lui tomba sous la main et sortit en courant de son appartement.

***********

Son coeur battait la chamade lorsque elle batailla pour ouvrir la porte de l’appartement de Mulder. Elle chercha l’interrupteur et étouffa un cri quand elle découvrit le spectacle macabre qui s’offrit à elle.

Mulder était prostré sur le sol, baignant dans son propre sang, les poignets ravagés par de profondes coupures. Frénétiquement, elle chercha dans la salle de bains des serviettes pour pratiquer des points de compression sur les blessures, puis les appliqua rapidement tout en téléphonant aux secours. D’une voix brisée par l’émotion et la peur elle indiqua sa position, puis elle se concentra sur le corps sans vie de son ami.

Son visage était blanc, ses lèvres commençaient à bleuir. Son pouls était faible et irrégulier et il ne reprit pas connaissance malgré les efforts désespérés de Scully. Les serviettes dont elle avait entouré ses poignets rougissaient rapidement.

Elle souleva ses jambes à l’aide de plusieurs coussins, afin d’éviter que son cerveau ne soit privé d’oxygène et essaya d’arrêter les hémorragies. Elle sanglotait incontrôlablement lorsque les secours arrivèrent.

**************

Le trajet jusqu’à l’hôpital fut un cauchemar. Autorisée à monter dans l’ambulance, elle assista, impuissante, aux efforts des secouristes lorsque le coeur de Mulder s’arrêta brutalement. Désarmée, elle les vit pratiquer les gestes professionnels qui permirent de le ramener à la vie.

Choquée, elle répondit dans un brouillard flou aux questions des médecins qui le prirent en charge à son arrivée. Elle caressa, les yeux brouillés par des larmes qu’elle ne pouvait contenir, les cheveux humides de Mulder avant qu’il ne soit emmené en chirurgie.

************

Deux heures plus tard, alors qu’elle était recroquevillée dans une chaise inconfortable, on l’autorisa enfin à le voir.

Elle était prête. Elle était presque heureuse qu’il ne soit pas conscient. Cela lui donnait le temps d’absorber le cauchemar, de l’ajouter aux souvenirs d’autres jours sombres.

La transfusion sanguine était terminée. Il avait juste une perfusion sur le dos d’une de ses mains, du glucose et du sérum physiologique, mixés à des tranquillisants. Elle nota les sangles de contention qui maintenaient ses poignets. Il ne dormait pas, il était inconscient. Il allait falloir du temps avant que les sangles aient quelque chose à retenir.

Elle regarda son corps, frissonna en voyant les épais bandages qui entouraient ses poignets. Elle regarda son visage, crispé même dans l’inconscience. La peau blanche, les larges cernes sous les paupières. Il n’avait pratiquement pas dormi depuis des jours. Il ne dormait pas maintenant.

Lorsque Walter Skinner arriva une demi-heure plus tard, il la trouva dans la salle d’attente, un verre de café froid à la main.

- Agent Scully.

Elle leva les yeux, étonnée d’entendre une voix familière, mais pas vraiment surprise de le voir là. Il avait été prévenu, bien sûr.

- Il est inconscient, Monsieur. Ils le maintiennent sous tranquillisants. Je pense qu’il ne reprendra pas connaissance avant un long moment, et je doute qu’il soit très lucide lorsque il se réveillera.

Skinner secoua la tête et fronça les sourcils.

- Est ce que vous comprenez son geste ? Pourquoi est-ce arrivé ? Pourquoi maintenant ?

- Il a retrouvé Samantha, Monsieur. Il l’a enfin trouvé. Morte.

Elle était fière de pouvoir prononcer ces mots d’une voix claire, du ton de sa voix.

Skinner l’écouta en silence, incapable de masquer son émotion.

******************

Mulder se réveilla. Presque. Son esprit et son corps hurlaient. Le monde autour de lui était flou, son corps lourd et sans vie, ses pensées embrouillées.

Il essaya de bouger ses mains, mais elles ne lui répondirent pas. Il les regarda, à travers ses paupières pesantes. Un lit, des sangles de contention. La panique l’envahit, une panique désespérée, incontrôlable. Puis la douleur arriva, fulgurante, montant comme une vague. Une ombre s’approcha de lui, une seringue à la main et soudain il sentit une brûlure dans sa main, et le monde s’effaça autour de lui.

Dana parlait doucement avec le jeune médecin qui avait administré l’injection quelques minutes auparavant.

- Etait-ce bien nécessaire ?

- C’est seulement du Valium, Docteur Scully. Cela va lui donnait du temps pour guérir, pour se relaxer. Il est épuisé. Nous ne lui donnerons rien de plus fort tant qu’il ne se mettra pas en danger. Mais il aura besoin de repos s’il veut être assez fort pour arriver à surmonter cette épreuve.

Scully ne répondit pas. Elle se remémora la conversation qu’elle avait eu quelques dizaines de minutes plus tôt avec l’équipe qui avait pris en charge Mulder. Il avait repris conscience juste avant d’entrer en salle d’opération, hurlant malgré la perte de sang et le choc. Même si faible, il avait presque réussi à quitter son brancard.

Elle l’observa du coin de l’oeil. Il était conscient. Elle s’approcha du lit.

- Mulder ?

Il essaya de se focaliser sur son visage, ou du moins sur la source de la voix. Il avala péniblement le peu de salive qui lui restait dans la bouche, essaya de former des mots. Aucun ne sortit.

- Chut, Mulder . Ca va aller. Tu n’as pas besoin de parler, pas maintenant, ça va aller, mais il faut que tu te reposes. Ils essayent juste de te procurer un peu de repos.

Son esprit tenta de franchir des eaux sombres, puis il réussit à former quelques mots.

- Je n’ai rien fait... Je t’ai appelé...

- Pourquoi ne m’as tu pas appelé avant de faire ça ?

Elle tenta de réfréner sa fureur, de maintenir une voix douce.

- Tu ne comprends pas... Je n’ai rien fait... Il y avait un homme dans mon appartement...

- Mulder... tu t’es ouvert les veines...

- Scully, je n’ai pas fait ça... Je n’aurai jamais fait ça...

- Mulder il faut que tu dormes. Nous parlerons plus tard.

- Si j’avais voulu faire ça, j’aurai réussi, Scully.

La sincérité de ses dernières paroles, malgré la faiblesse de sa voix, la laissa perplexe. Il avait raison. Il avait deux armes. Pourquoi aurait tenté de mettre fin à sa vie avec un vulgaire cutter ? Et il l’avait appelé. Un appel au secours ? Seul le destin et le peu de densité de la circulation avaient permis qu’il reste en vie.

- Repose toi, Mulder.

Elle le vit essayer de combattre les sangles qui le maintenait.

- Comment... Quelqu’un a essayé de me tuer...

- Tu vas arracher les points de suture à force de bouger ainsi...

L’adrénaline et la douleur le maintenaient totalement éveillé maintenant.

- Je me fous des points de suture. Comment peux tu parler de points de suture quand quelqu’un à essayer de me tuer ?

- Quarante points de suture, Mulder.

Elle grimaça et appuya sur le bouton d’appel.

Une minute et une nouvelle dose de Valium plus tard et il se laissa aller lourdement dans le lit, vaincu et désespéré.

Scully entendit à peine ses derniers mots.

- Tu ne comprends pas...

******************

Deux jours avaient passé depuis la tentative de suicide de Mulder. Scully s’était occupée de faire nettoyer son appartement, elle avait cherché des preuves d’une éventuelle intrusion. Elle avait trouvé quelque chose. Une preuve, oui, mais pas celle qu’il cherchait à lui faire comprendre.

Elle hésita avant de prendre sa voiture pour une nouvelle visite à l’hôpital. Il serait probablement réveillé. Elle chercha une excuse pour retarder ce moment, mais chassa cette idée de son esprit. Il fallait qu’elle le confronte à sa réalité.

Elle arriva dans sa chambre alors qu’une infirmière lui donnait son repas. Elle esquissa un mouvement de retraite.

- Ne pars pas.

- Je reviendrai dans un moment. Lorsque tu auras fini de manger. Elle voulait lui éviter une nouvelle humiliation;

- Je n’ai plus faim.

Il détourna la tête de la cuillère que lui offrait la jeune infirmière. Elle vit la détresse dans son regard mais ne le combattit pas. Elle nota brièvement quelques phrases sur son dossier et quitta la pièce rapidement.

Scully resta près de la porte, puis approcha du lit. Mulder détourna la tête, le regard triste.

Elle s’éclaircit la voix.

- J’ai trouvé quelque chose dans ton appartement.

Il la regarda, soudain plein d’espoir.

Elle ferma les yeux l’espace d’un instant. Il clamait toujours avoir été attaqué.

- Rien qui puisse étayer l’idée d’une tentative de meurtre. Il y avait beaucoup de sang, et c’est bien tes empreintes qui étaient sur le cutter. Mais j’ai trouvé autre chose.

- Scully ?

- J’ai trouvé ton dossier médical, Mulder. Tout ton dossier. Pourquoi ne m’as tu rien dit de tout cela ?

Mulder laissa échapper une plainte sourde et ferma les yeux, les paupières crispées.

- Tu voulais abréger tes souffrances, n’est-ce-pas ? Mais pourquoi ? Je suis sûr qu’il y a un espoir de te sauver, il y a des traitements très récents...

- Scully... J’ai consulté les spécialistes les plus réputés... Ma tumeur est inopérable. Je n’ai plus que quelques mois à vivre... Et... Je ne voulais pas que tu saches.

- Mais tu as été là pour moi, Mulder. J’aurai fait la même chose pour toi...

- Je ne voulais pas te faire souffrir... Mais je n’ai pas voulu me suicider... Je t’en prie, croie moi, Scully. Aie foi en moi. Une dernière fois...

Elle lut une telle détresse dans son regard brillant de larmes qu’elle se promit de le croire.

**************

Il lui avait fallu plusieurs jours à l’hôpital, depuis les événements qui l’avaient conduit ici, pour arriver à cette conclusion. Il ferma les yeux, refoulant l’amertume qui le consumait. Scully avait peut être raison. Peut être avait-il voulu mettre fin à une vie qui ne pouvait plus rien lui apporter. Une certaine apathie s’en était suivie, au début aidée par les drogues dont on le saturait, et maintenant une apathie qu’il feignait. Il fallait qu’il reste tranquille.

La colère et les cris n’y avaient rien fait. Chacune de ses réactions un peu violentes avaient été suivies par une injection “ pour votre bien, Monsieur Mulder”, avant qu’il ne se fasse du mal. Ses pensées avaient été englouties par les tranquillisants, et c’était difficile de réfléchir.

Supplier n’avait pas été la bonne manière non plus. Il y avait une telle détresse dans sa voix que le personnel soignant croyait qu’il allait faire une crise de nerf et choisissait d’anticiper.

Maintenant il se tenait tranquille. Prenait son Valium comme un bon garçon. Oubliait de signaler le peu d’impact que cela avait maintenant sur lui. Ils avaient ôté les sangles de contention. Mais il devait rester au lit. S’Asseoir ou s’allonger, il avait le choix. Et faire attention à l’intraveineuse qui leur servait à lui injecter rapidement un sédatif. Il acceptait de manger, sans grand appétit.

Plus rien ne lui importait maintenant. Samantha, morte plusieurs années auparavant. Et la tumeur qu’il sentait presque grossir dans sa tête. Il se résignait à son sort, partagé entre le désir de croire à la fable qu’il s’était inventé et la réalité que Scully et le reste du monde lui affirmait.

Une réunion avait été organisé. Il faisait tant de progrès. Si seulement il admettait enfin qu’il avait tenté de mettre fin à ses jours, plutôt que de clamer à l’existence d’un complot. Tellement plus simple. Il ne serait pas interné en psychiatrie, mais pourrait bénéficier d’un traitement “volontaire”.

Scully commençait à lui parler de sa sortie, et préparait le terrain pour qu’il accepte de passer quelques jours avec elle, plutôt que de retourner dans son propre appartement. Peu importe. Il avait simplement besoin de sortir d’ici, de ne plus prendre les médicaments qui l’abrutissaient, et de pouvoir enfin comprendre ce qui lui était arrivé. Réellement.

***************

Scully ne put pas s’empêcher d’étouffer un sanglot quand le médecin de garde lui relata ce qui s’était passé il y a maintenant quelques dizaines de minutes. Il lui raconta comment Mulder, calme, passif, soumis était devenu ce patient violent et paranoïaque. Il avait tenté de s’enfuir de sa chambre. Quand il avait vu qu’on lui refusait la sortie, il s’était précipité vers la fenêtre, brisant la vitre, se blessant avec les éclats de verre. La caméra de surveillance avait enregistré tout l’incident. Elle regarda la cassette, vit le sang sur ses mains, le sang autour de ses poignets où les points de suture avaient été disloqués, l’ongle d’un doigt qui avait sauté alors qu’il se battait contre les infirmiers qui tentaient de s’interposer.

Elle observa Mulder à travers la vitre de sa chambre. On avait ôté le sang, il avait de nouveaux bandages aux poignets, son visage était couvert d’hématomes.

Le médecin lui raconta l’enchaînement des évènements. Mulder s’était réveillé anxieux, demandant à boire. Très angoissé. Des mouvements violents, incontrôlables s’étaient emparés de lui. Il crispait et décrispait ses poings. Ses yeux étaient remplis de larmes. Puis une panique irrationnelle l’avait envahi, le forçant à sortir de son lit, à se précipiter vers la porte, puis vers la fenêtre.

Elle regarda les quatre auxiliaires le maintenaient au sol, puis le remettre au lit avec non seulement des sangles aux poignets, mais aussi au niveau de la poitrine et des chevilles. Elle l’entendit hurler sa peur et son désespoir avant qu’une injection ne le réduise à un corps inerte.

***********

Scully s’approcha de l’unité de soins psychiatrique d’un pas lourd. Deux jours s’étaient passés depuis que Mulder avait à nouveau tenter de se tuer. Les médecins avaient fini par le maintenir dans une cellule capitonnée, où il passait son temps à hurler et à baver de rage, avant de s’écrouler, ivre de fatigue, à même le sol, le visage ravagé par les larmes et la sueur, la lèvre inférieure ensanglantée à force de la mordre.

Elle ne comprenait pas. Elle n'avait pas réussi à lui parler depuis qu'il était enfermé. Il était agressif, même avec elle. C'était comme s'il avait basculé dans un autre monde. Elle se disait que c'était l'effet de la tumeur, confirmée par un nouveau scanner, qui le mettait dans cet état. Elle avait consulté tous les documents scientifiques, toutes les bases de données sur les cancers cérébraux. Il fallait qu'elle fasse quelque chose pour lui.

**********

 

Deux jours plus tard.

 

Avant même de reprendre conscience, Mulder prit conscience de la présence de Scully. Elle était venue le délivrer de cet enfer. Il soupira bruyamment et essaya d’ouvrir ses paupières. Il s’aperçut qu’il était couché sur le côté, sur le siège arrière d’une voiture. La porte était ouverte et une douce brise caressait son visage et son corps, toujours couvert de la blouse d’hôpital qu’il portait depuis des jours. Ses yeux se portèrent soudain sur le visage de Scully.

- Scully ?

Elle lui offrit un lumineux sourire. Sa main caressa sa joue.

- Content de te voir éveillé.

- Où sommes-nous ?

- Dans un endroit sûr. Est ce que tu crois que tu peux marcher, Mulder ? Je n’ai pas apporté de chaise roulante et je doute que je puisse te porter.

Les paupières de Mulder se fermèrent un instant et il murmura d’une voix rauque.

- Oui... Je peux marcher. Donne moi simplement une minute... Je suis si fatigué....

Quelques instants plus tard, il était à nouveau endormi, recroquevillé sur lui même. Scully secoua la tête et caressa ses cheveux.

***********

Lorsque il se réveilla à nouveau, il vit que la nuit était tombée et il frissonna malgré la couverture qui le recouvrait. Il avait l’impression de n’avoir dormi que quelques minutes. Scully était toujours près de lui, sa main caressant ses joues.

- Mulder, j’ai besoin que tu restes éveillé quelques minutes, juste le temps de t’emmener à l’intérieur de la maison. Fais un effort, je t’en prie. On commence à geler ici...

Il força ses paupières à rester ouvertes.

- D’accord Scully. Je suis réveillé...

Elle repoussa la couverture et l’aida à se relever. Avec son aide, il réussit à parcourir les quelques mètres qui les séparaient de la maison. Il haussa les sourcils en pénétrant à l’intérieur et Scully répondit à son interrogation silencieuse.

- C’est une maison qui appartient à la famille de Byers. Tu es en sécurité ici, Mulder.

Il regarda autour de lui, et se dirigea presque automatiquement vers le canapé qui semblait lui tendre les bras. Il n’avait qu’une envie, dormir. Scully le repoussa gentiment.

- Le lit de chambre est prêt, Mulder. Tu y seras nettement plus confortable.

- Non, Scully, je vais m’allonger sur le canapé.

- Mulder, non. J’insiste. Il faut que tu reposes.

Elle le conduisit dans la chambre et il s’allongea aussitôt sur le lit. Avant que ses paupières ne se ferment à nouveau, il lui posa la question qui le tenaillait depuis qu’il avait repris connaissance dans la voiture.

- Pourquoi sommes nous là, Scully ?

La jeune femme soupira et le regarda droit dans les yeux.

- Mulder, j’ai découvert que tu avais drogué... dès le premier jour. On t’a administré des doses importantes d’hallucinogènes, qui ont provoqué ces épisodes. Ta soi disant tentative de suicide, tes épisodes délirants... Tout ça a été soigneusement orchestré.

- Scully ?

- Je t’ai en quelque sorte kidnappé de l’hôpital. C’était le seul moyen.

Il lui répondit par un sourire fatigué.

- Mais il y a une mauvaise nouvelle, Mulder. Les prochains jours ne vont pas être très drôles pour toi, ni pour moi. Les drogues dont on t’a saturé vont mettre plusieurs jours pour disparaître de ton organisme.

- Donc je présume que je vais passer par une sorte de sevrage, c’est ça ?

- Oui, et ça ne va pas être facile. Je suis désolée, Mulder.

Il prit sa main dans la sienne et la serra.

- Non, Scully. Tu n’as pas à être désolé. Ce n’est pas de ta faute.

Il se laissa aller sur l’oreiller et essaya de chasser les images qui lui venaient automatiquement : les vomissements, les crampes d’estomac, les douleurs dans tout le corps, les tremblements, l’irritabilité, les insomnies... Il savait parfaitement à quoi s’en tenir.

- Ca va aller, Scully, je tiendrai le coup. Et dans quelques jours, nous irons botter les fesses des salauds qui ont organisé ça.

***********

La nausée fut si forte qu’elle le réveilla du profond sommeil dans lequel il était plongé. Désorienté, il tomba du lit et chercha à se diriger dans le noir, heurtant au passage une lampe de chevet qui se fracassa sur le sol. Il gémit doucement en essayant de se diriger vers la salle de bains, priant pour ne pas vomir avant d’avoir atteint son objectif.

La pièce s’illumina soudain et Scully se précipita sur lui.

- Mulder ? Tu es tombé ?

- Salle de bains...

- Là...

Elle le conduisit rapidement vers la salle de bains et Mulder la repoussa avant de refermer la porte de derrière lui d’un geste brusque. Il voulut atteindre à temps le lavabo mais se mit à vomir bruyamment sur lui et sur le sol pendant de longues et pénibles minutes.

- Mulder, est ce que ça va ? Tu veux que je t’aide ?

Une fois la nausée passée, il se regarda, dégoûté.

- Ca va aller, Scully...

- J’ai mis ta brosse à dent et du dentifrice sur le lavabo, et tu trouveras des affaires propres sur le lit, d’accord ?

- Oui, très bien.

Il réalisa qu’il se conduisait comme un ingrat et ajouta :

- Merci, Scully.

Il l’entendit sortir de la chambre peu de temps après. Il se releva avec peine et se brossa les dents, avant de nettoyer le sol. Puis il se déshabilla et s’offrit le luxe d’une douche brûlante. En en sortant, il se sentit toujours aussi mal, mais au moins il se sentait enfin propre.

Il marcha péniblement jusqu’à la chambre, une large serviette de toilette drapée autour de lui, avant de se laisser lourdement tomber sur le lit. Il n’eut pas la force d’enfiler les vêtements que Scully lui avait laissé sur le lit.

**********

Les trois jours suivants furent un véritable supplice, où Mulder fit la navette entre la salle de bains et la chambre. Plus tard, il ne se souviendra que de quelques épisodes particulièrement humiliants comme :

..... se réveiller le visage sur le sol de la salle de bains, baignant dans le vomi avec aucun souvenir d’être arrivé là.

..... Scully le berçant dans ses bras en essayant de calmer son corps secoué de violents tremblements.

..... avoir jeté la télécommande contre le mur pour exprimer sa frustration de se sentir aussi mal.

..... Scully le suppliant d’avaler quelques gorgées de soupe avant qu’il ne renverse de rage le bol par terre en lui hurlant de le laisser tranquille.

..... avoir essayé de se raser d’une main tremblante avant de projeter le rasoir contre le miroir de la salle de bains en découvrant qu’il s’était coupé.

.... Scully se battant contre lui pour le laver et changer ses vêtements souillés quand il était trop faible pour même lever ses bras.

.... se réveiller au milieu de la nuit et étouffer ses hurlements dans les oreillers pour ne pas la réveiller.

Et le pire de tout, un souvenir qu’il ne pourrait jamais oublier... Scully assise sur le bord du lit, les yeux remplis de larmes, alors qu’il lui hurlait qu’elle n’était qu’une salope de médecin qui le laissait souffrir et qui ne levait pas le petit doigt pour le soulager.

*************

Au soir du troisième jour, Mulder posa les yeux sur la jeune femme au visage fatigué alors qu’elle venait prendre de ses nouvelles.

- Comment te sens tu ?

- Comment penses tu que je me sente, Scully ?

- Pardon, question stupide.

Alors qu’elle repoussait une mèche de ses cheveux humides de sueur, il arrêta son geste.

- Arrête ... mes cheveux me font mal... Mes cils me font mal... Merde, j’ai mal partout.

Il lui tourna le dos en s’allongeant sur le côté.

- Très bien, Mulder. Je te laisse te reposer.

- Non... Je ne peux pas dormir. Reste près de moi.

Elle fit le tour du lit pour être à nouveau face à lui. Il tapota l’oreiller près de lui en l’invitant à s’allonger près de lui. Elle lui sourit faiblement et hocha la tête avant de s’étendre.

Ils étaient les yeux dans les yeux à présent.

- Je t’ai déjà dit que tu étais impossible quand tu étais malade ?

Il lui répondit par un grognement avant qu’une nouvelle crampe d’estomac ne le fasse se recroqueviller dans les draps.

- Scully ?

- Oui, Mulder ?

- Chante pour moi.

- Oh, Mulder je crois que tu es trop malade pour ça !

- S’il te plait...

Après quelques secondes d’hésitation, elle commença à chanter. En dépit de sa douleur, Mulder lui sourit béatement. Elle continua à chanter jusqu’à ce qu’il s’endorme.

************

Lorsque Mulder se réveilla, il s’aperçut que le corps chaud de Scully était blotti contre le sien. Elle était profondément endormie, sa tête contre sa poitrine et une de ses mains agrippant son tee shirt. Il la regarda dormir un long moment, esquissant de petits baisers légers sur ses cheveux et sur son front, résistant à l’envie de la prendre dans ses bras et d’embrasser ses lèvres. Mais il réprima son désir, comme il l’avait toujours fait. Il ne pouvait pas s’engager dans une relation amoureuse avec elle alors qu’il se savait condamné. Dans quelques mois, la tumeur aurait raison de lui et il ne voulait pas qu’elle perdre plus qu’un ami. Ce serait déjà assez difficile pour elle.

Il savoura ces quelques instants de bonheur volés avant de replonger dans le sommeil.

**********

Il se réveilla, seul, le lendemain matin, en ayant délicieusement faim. Il se leva pour prendre une longue douche et trouva la force de se raser sans se couper. Les tremblements de ses mains avaient enfin disparu.

Le plus dur était passé.... Ou peut être à venir.

***********

Trois semaines plus tard.

 

Le chirurgien était prêt. Sur la table d'opération, allongé sur le côté, le crâne rasé, son patient attendait l'intervention qui allait peut être sauver sa vie. Il sourit à la jeune femme qu'il avait autorisé à assister à la délicate opération. Elle lui répondit par un sourire crispé qui en disait long sur son angoisse. Elle caressait doucement le visage de Mulder. Il était conscient, et presque détendu en attendant le début de l'intervention. Cétait sa dernière chance. Le docteur Bloomberg se concentra et entama la procédure. D'abord une anesthésie locale, puissante. Puis l'ouverture de la boite crânienne et la localisation de la tumeur située dans la partie du cerveau des centres commandant la parole. Là intervenait le docteur Scully. Elle présenta des cartes reproduisant des objets. Mulder devait les nommer, alors que le chirurgien retirait peu à peu l'amas cancéreux. A la moindre hésitation de son patient, il retirait son scapel et ses pinces. Tout en délicatesse, il travaillait par micro-chirurgie, afin de ne pas affecter les tissus avoisinants.

L'intervention dura plus de trois heures. Epuisé, le patient avait fini par s'endormir alors que le chirurgien refermait le site opératoire. Il était confiant. Sa technique novatrice obtenait plus de 70 % de réussite. Le patient aurait besoin de quelques séances de chimiothérapie et de radiothérapie, mais ses chances de survie étaient considérables.

***************

Mulder ouvrit les yeux. Il avait l'impression d'avoir déjà vécu ce moment. Frissonant, il se souvint de l'intervention, de la sensation qu'il avait éprouvé en se laissant ouvrir le crâne. Les souvenirs douloureux de l'année passée lui revinrent en mémoire, lorsque les médecins de Spender l'avaient charcuté. La même douleur, la même angoisse. Mais il savait que cette fois il était entre de bonnes mains. Bloomberg était un chirurgien réputé et internationalement reconnu. Des gens du monde entier venaient s'en remettre à lui pour une intervention de dernière chance. Scully avait du faire le siège de son cabinet pour obtenir un rendez vous. Elle l'avait sauvé. Une fois encore.

Il tourna légèrement la tête, pressentant sa présence. Sur ses lèvres était posé le sourire qu'elle ne réservait qu'à lui, dans ces moments où il frôlait la mort.

- Qui êtes vous ?

Le sourire de Scully s'effaça aussitôt, et il regretta sa mauvaise blague.

- Merci, Scully.

Ses yeux bleus se remplirent de larmes, mais ils souriaient et elle prit sa main doucement.

- Ne me refais plus jamais ça, Mulder. Plus jamais.

 

FIN

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Note de l'auteur :

Une partie de cette fanfic est largement inspirée d'une fic de JHumby et de Luvmulder, intitulée Lammtarra, d'une autre de Sister Moon intitulée Refuge et de la fin d'un épisode d'Urgences où Green est opéré de la même façon que Mulder. Je remercie ces auteurs pour leur inspiration.