Continuer à vivre

Titre : CONTINUER A VIVRE
Auteur : Valérie
émail : valeriec2@wanadoo.fr
Spoiler : closure.
Genre : MSR
Résumé : le cheminement de Mulder après la mort de sa mère.




Skinner relut avec attention la note qui se trouvait sur son bureau que sa secrétaire venait de lui déposer, parmi le courrier du lundi matin. Il décrocha son téléphone et composa le numéro du bureau de Mulder.

- Agent Scully ? Pouvez-vous passer à mon bureau rapidement ?

La jeune femme se présenta quelques instants plus tard. Skinner la fit entrer et l’examina en détail. Son visage était plus pale encore que d’habitude et des cernes gris marquaient le dessous de ses paupières, faisant ressortir son regard bleu.

- Asseyez-vous, je vous en prie. J’ai reçu cette note ce matin. Elle émane de l’agent Mulder. C’est une demande de congés. Je suis heureux de voir qu’il a finalement accepté de prendre un peu de repos après les épreuves difficiles qu’il a traversé. La jeune femme haussa les sourcils en marquant son étonnement. En quittant Mulder vendredi soir, elle avait pourtant cru comprendre qu’il ne désirait pas s’arrêter.

- Quand avez-vous reçu cette note, Monsieur ?

- Ce matin. Elle est arrivée par e-mail. Vous semblez étonnée ?

- Je le suis... Nous en avons parlé il y a deux jours, et il ne semblait pas désireux de prendre les jours de congés auquel il avait droit après le décès de sa mère.

- L’avez-vous contacté ce week end ?

- Non... A dire vrai, j’ai cru comprendre qu’il voulait rester seul. J’ai respecté son voeu.

Skinner décrocha son téléphone et composa le numéro personnel de Mulder, puis raccrocha rapidement.

- Il n’est pas chez lui, Agent Scully.

La jeune femme fronça les sourcils.

- Il a peut être décroché son téléphone ? Voulez vous que j’essaye sur son portable ?

Le directeur adjoint hocha la tête et Scully composa le numéro du portable de son partenaire, sans plus de succès.

Une tension soudaine s’installa dans le bureau.

- Quel était son état d’esprit la dernière fois que vous l’avez vu, Agent Scully ? Vous paraissait-il déprimé ?

- Monsieur, en une semaine, il a subi deux épreuves terribles. La perte de sa mère a été un choc considérable et la confirmation de la mort de Samantha...

La jeune femme eut du mal à retenir ses larmes. Elle se sentait épuisée, nerveusement et physiquement. Tant que Mulder avait été près d’elle, elle s’était sentie le devoir de rester forte pour le réconforter, mais il lui était difficile maintenant de garder le contrôle de ses émotions.

- Vendredi soir, il était plutôt serein. Mais je crois surtout qu’il était à bout de forces. L’enterrement a été particulièrement douloureux.

Skinner revit avec acuité le visage bouleversé de son jeune agent durant la cérémonie religieuse. Scully le soutenait, dressant autour de lui un rempart affectif. Mulder ne la quittait pas du regard, comme si elle était son fil d’Ariane, la seule personne qui pouvait encore lui permettre de vivre.

- Dana, pensez-vous que l’on puisse craindre quelque chose pour lui ?

La jeune femme baissa la tête, puis répondit d’une voix étrangement calme.

- C’est possible. Je ne sais pas. Il est particulièrement... déstabilisé par ces événements dramatiques... Je ne l’ai jamais vu si émotionnement instable, passant de la colère à la douleur, de la frustration à la haine... J’ai été blessé qu’il me demande de le laisser seul...

Le visage de Scully était maintenant ruisselant de larmes et elle ne faisait rien pour tenter de les retenir. Skinner s’approcha d’elle doucement et posa une main réconfortante sur son épaule.

- Le deuil est un travail qu’il faut effectuer sur soi même, Dana. Il a sans doute besoin de temps. Il aura besoin de vous un peu plus tard.

La jeune femme essuya rageusement les larmes qui roulaient sur ses joues.

~~~~~~~~~~~~

Scully respira profondément en voyant la voiture de Mulder garée non loin de la petite maison. Il était là. Elle le cherchait depuis des jours. Elle était passée à son appartement, elle avait fait le tour de ses maigres relations, Chuck, les Lone Gunmen, elle avait interrogé ses voisins. Son portable ne répondait pas, sa voiture avait disparu. Elle était retournée dans l’appartement de sa mère, puis enfin elle avait pensé à Quonochontaug, Rhode Island. Et elle avait eu raison.

Elle sortit de la voiture et se dirigea vers la maison. Le soleil couchant se reflétait sur l’océan tout proche et elle respira avidement l’air marin. C’était si calme ici, si différent. Elle remarqua les quelques objets déposés sur la pelouse, formant un tas compact. Des cartons, des vieux objets. La porte était ouverte, elle entra et se repéra dans la maison sombre. Mulder était là. Ses affaires étaient dispersées un peu partout, un pull sur le vieux canapé, son sac de voyage entrouvert par terre, et dans la salle de bains ses affaires de toilette.

Elle sourit en découvrant sur la table de la cuisine, près d’un sachet éventré de graines de tournesol, un carton rempli de photos. Ses yeux se posèrent sur l’un des clichés, où Fox et Samantha étaient allongés sur le sable blanc d’une plage, complices, souriants, heureux. Il tenait sa petite soeur par les épaules et la regardait fièrement. Son coeur se serra en voyant ces images de bonheur.

Elle contempla un long moment les vieilles photos puis sortit de la maison pour partir à sa recherche. Elle marcha lentement sur le petit chemin qui menait à la plage, cherchant du regard la silhouette familière. puis se dirigea vers lui. Il était assis sur un rocher, le visage levé vers le soleil déclinant, les yeux fermés. Elle s’approcha de lui en silence et c’est seulement lorsque elle fut tout près de lui qu’il ouvrit les yeux. Elle retint son souffle devant l’éclat et la sérénité qui inondait son regard. Ils se regardèrent un instant sans prononcer une parole, puis son visage s’éclaira et il lui sourit.

- Salut, Scully.

- J’ai fini par te trouver.

Elle tenta de dissimuler l’émotion qui étranglait sa voix, mais ne put empécher quelques larmes de couler sur ses joues.

- J’avais besoin d’être seul... J’espère que tu ne l’as pas pris mal.

Elle le regarda avec attention. Il était différent. Il émanait de son être une sérénité, un apaisement qu’elle ne lui avait jamais connu. Son regard était lumineux et pur, son sourire timide mais présent. Il la regardait avec une sorte d’attente dans le regard, une interrogation silencieuse.

- Pardonne moi d’être venue ici. Je m’inquiétais pour toi.

- Je sais.
Sa voix était un murmure rauque et doux à la fois.

Ils restèrent longtemps ainsi, silencieux. Elle appréciait ces moments où les paroles étaient inutiles, où ils se comprenaient sans un mot. Elle s’assit près de lui, savourant la douceur de ce moment. Le soleil finit par disparaître dans l’océan et l’air ambiant fraîchit soudain. Elle frissonna et sentit la main de Mulder se poser sur son épaule.

- Tu as froid ?

- Oui... Un peu.

- Rentrons.

Ils marchèrent lentement le long des vagues qui venaient mourir sur la plage et reprirent le chemin qui menait à la maison. Mulder entreprit de ranimer le feu qui s’éteignait dans la cheminée puis s’assit près de Scully sur le canapé. Les flammes dansaient et illuminaient la pièce sombre. Ils se serrèrent l’un contre l’autre.

- J’adorais venir dans cette maison. C’était l’aventure. On passait des heures sur la plage à imaginer des histoires avec Sam. On ne rentrait que pour déjeuner, dîner et se coucher. On dormait dans la même chambre, et je la rassurais quand il y avait une tempête. Mon père... Il ne venait pratiquement jamais ici. Il nous déposait, Maman, Sam et moi, et repartait travailler. Les vacances ici étaient le seul moment de l’année où j’étais hors de sa portée et j’oubliais tout. J’oubliais les coups, j’oubliais les cris, j’oubliais les larmes de ma soeur, j’oubliais l’indifférence de ma mère. J’étais avec ma soeur, et j’étais bien. On n’avait pas de copains, on restait entre nous, inventant mille jeux, mille façons de nous distraire. Lorsqu’il faisait mauvais, on se construisait une cabane dans la petite chambre et je lui lisais des histoires pendant des heures. Elle se blottissait contre moi lorsque elle avait peur...

Scully le regarda avec appréhension relater les souvenirs de Sam, mais il ne semblait pas prêt à s’effondrer comme il l’avait fait il y a encore peu de temps. Il y avait de la joie dans son regard changeant et l’émotion qui passait dans sa voix était de la joie teintée de nostalgie.

- Depuis que je sais, Scully... Des dizaines de souvenirs me reviennent... Et ce sont les souvenirs de jours heureux... Et c’est si bon de retrouver ces souvenirs...

Des larmes coulaient maintenant sur ses joues sans qu’il prenne la peine de les essuyer. Elle prit sa main et la serra fort.

- J’ai connu ça avec Melissa, Mulder. Après la peine est venu le temps des souvenirs... Et l’on ressent un réel réconfort.

Il lui sourit faiblement à travers ses larmes.

- Tu sais, pendant un moment, j’ai ressenti une telle solitude... Pendant des années, je n’étais le frère de personne, puis le fils de personne quand mon prétendu père est mort... Et maintenant ma mère... Je suis qui ? Je suis quoi ?

- Tu es l’être le plus attachant, le plus sensible, le plus vulnérable et le plus fidèle que je n’ai jamais connu, Mulder. Tu es mon ami. Et je serais toujours là pour toi.

Son regard profond se posa sur elle, longuement.

- Et tu seras pour moi celle pour qui je vais continuer à vivre, Scully.

FIN

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