Titre : Convalescence
Auteur : Valérie
Email : fanficsxfiles@free.fr
Résumé : Scully et sa mère sont au côté
de Mulder lors dune nouvelle tragédie.
MT, MSR
G
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CONVALESCENCE
Elle était là depuis la première heure, silencieuse
vigile, veillant sur lhomme au visage émacié qui
gisait sur le lit dhôpital depuis plus de sept
jours,
dormant à peine, ne se nourrissant guère plus,
attentive et grave, son doux visage marqué par la
crainte de voir la vie séchapper du corps
supplicié
quelle couvait des yeux.
A chaque fois quelle fermait les paupières,
elle revivait
avec une acuité terrible le moment où sa vie avait
basculé, où elle avait cru perdre lhomme
quelle
considérait comme son âme soeur, lhomme qui
partageait
sa vie depuis cinq ans, lhomme merveilleux,
complexe,
brillant, quelquefois égoïste et tête brûlée, mais
qui
rendait sa vie plus passionnante.
Elle revoyait avec une effroyable précision le moment
où il sétait jeté sur lhomme qui menaçait
une entière
salle de conférence avec une ceinture bourrée
dexplosifs,
alors même que léquipe dassaut allait faire
feu sur lui.
Elle le revoyait tomber à terre, le corps criblé de
balles,
elle entendait encore les hurlements de la foule et
son propre cri dhorreur alors quelle se
précipitait
sur son corps ensanglanté.
Elle sursauta, et ouvrit les yeux, pour se retrouver
dans
cette chambre dhôpital, sa main posée dans la
sienne.
Une fois encore, elle examina son visage plus blanc
que les draps dont il était recouvert, sa poitrine
couverte de bandages se soulevant doucement,
dune façon rassurante. Il était en vie. Il avait
survécu
aux longues heures de chirurgie, aux trois jours de coma
qui avaient suivi, à linfection post-opératoire
qui avait
failli le terrasser. Elle ne vivait que pour le moment
où
il allait ouvrir les yeux, ses yeux si beaux, si tristes,
si vivants.
Elle passa une fois encore, une fois de plus,
la main dans ses cheveux, repoussant dun geste
automatique la mèche rebelle qui tombait sur
son front pale. Elle caressa sa joue légèrement
rugueuse, ses lèvres pleines et sensuelles, tout en
lui murmurant des paroles douces à loreille.
Mulder... Tu mas fait assez attendre
maintenant...
Réveille toi, je ten prie...
Et doucement, ses paupières frémirent, exauçant ses
prières.
***********
Son corps nétait quun océan de douleurs.
Des mots
lui parvenaient, lointains, et il tenta de les repousser
pour replonger dans la douce inconscience. Mais les
mots étaient insistants, et désespérés. Il savait au
fond
de lui quil était temps de retrouver la voix
triste et
aimante qui les prononçait. Il ouvrit les yeux avec
peine,
et les prunelles azur quil rencontra lui fit
presque oublier son corps meurtri.
Scully lui adressa le plus merveilleux des sourires.
************
Scul..
Il se demanda où était partie sa voix. Sa gorge
était
plus sèche que le désert et ses lèvres lui semblaient
momifiées.
Chut... nessaye pas de parler. Tu as été
sous respirateur
pendant plus de quatre jours. Tiens, bois un peu
Elle lui présenta une paille et un filet deau
fraîche coula
dans sa gorge déshydratée. Il avala avidement le
merveilleux
liquide avant que Scully ne lui retire.
Pas trop, Mulder. Tu en auras plus dans quelques
minutes.
Combien de temps ?
Scully lui sourit tendrement. Les années
dexpérience passées
auprès de lui, à attendre son réveil dans une chaise
inconfortable dhôpital, lui avaient appris
quen trois
mots, il lui demandait depuis combien de temps il était
là,
et combien de temps il allait devoir rester à
lhôpital.
Tu es là depuis une semaine, Mulder. Tu as
reçu cinq
balles, trois au niveau de labdomen et deux au
niveau
du thorax. Tu es resté six heures en chirurgie, un
record,
même pour toi, pour y retourner deux heures après pour
une hémorragie. Tu es resté trois jours dans le
coma.
La jeune femme fit une courte pause, soupira et
reprit.
La fièvre est apparue au quatrième jour. Les
médecins
ont cru que tu ne survivrais pas à tes blessures. Mais
tu
tes battu, et tu es resté en vie. Maintenant il va
falloir
que tu reprennes des forces. Ton corps a subi un
traumatisme
quil mettra un long moment à oublier. Tu vas
devoir être patient.
Combien ?
Tu devras rester au moins quinze jours ici,
Mulder, si tout va bien.
Tu vas bien ?
Sa voix nétait quun murmure rauque, mais
elle y perçut de linquiétude.
Oui. Simplement fatiguée.
Rentre chez toi. Ca va aller maintenant.
Elle plongea dans la profondeur de ses yeux gris vert
et secoua la tête.
Non. Je reste encore un peu. Mulder... Tu as
fait une chose
incroyablement stupide...
Il fronça ses sourcils et elle reprit :
Et incroyablement courageuse...
Il sourit faiblement à ses paroles.
Tu nous as sauvé la vie à tous, Mulder. Merci.
Mais ne
tavise jamais plus de faire une chose
pareille.
Elle lui prit la main et la serra doucement, et Mulder
comprit quelle le pardonnait. Ils restèrent un
long
moment les yeux dans les yeux, tout simplement heureux
dêtre réunis une fois de plus.
********
Je naurai jamais du técouter,
Mulder.
La jeune femme était furieuse. Il avait tenu à
quitter
lhôpital malgré les recommandations de ses
médecins.
Il ne supportait plus la nourriture, il ne supportait
plus
les incessants examens, ou prises de sang, les
infirmières
qui le réveillait alors quil avait sommeil. Ces
dernières
avaient presque applaudi lorsque il était sorti,
tellement
il avait été désagréable avec elles.
Et il était là maintenant, avachi dans le siège de
sa
voiture, les yeux fermés, les paupières cernées par
de larges ombres grises, incapable de lever ses grandes
jambes amaigries pour sortir et faire les quelques pas
qui le séparaient de lescalier menant à son
appartement
tant leffort même de sortir de lhôpital
lavait épuisé.
Et elle était furieuse de lavoir écouté.
Avec difficulté, avec maints encouragements, elle
laida
à sortir de la voiture, à franchir les marches. Il
sappuyait lourdement sur elle, les mâchoires
crispées
par leffort, les paupières contractées par la
douleur.
Il ne pouvait sempêcher de laisser échapper de
temps
à autre de petits gémissements et Scully réfréna sa
colère.
Il sarrêta un instant, pantelant, la sueur
roulant sur son
front. Elle était prête à sortir son portable pour
appeler
une ambulance lorsque il larrêta dun geste,
le regard suppliant.
Je ten prie, Scully. Pas ça. Je ne veux
pas retourner à lhôpital.
Elle sapprocha de lui et laida à marcher
jusquà
son appartement. Une fois à lintérieur, elle le
dirigea
immédiatement vers sa chambre et il sallongea sur
le lit
presque instantanément, exténué. Elle caressa ses
cheveux
humides de sueur et il sendormit en un instant.
***************
Il avait dormi presque quatre daffilée, et
Scully,
en regardant lheure, saperçut quil
était lheure de
ses médicaments. Elle entra dans la chambre et tira les
rideaux, laissant entrer la douce lumière de la fin du
jour.
Elle sassit doucement sur le bord du lit et il
sentit sa
présence. Il cligna des yeux.
Comment te sens tu ?
Mieux. Fatigué. Sale.
Il sassit lentement, légèrement étourdi par
le changement
de position. Il tira sur le col de son tee-shirt, se
renifla et grimaça.
Je vais prendre une douche.
Tu plaisantes, jespère ?
Oh non... Jattends cela depuis deux
semaines.
Mulder, tu ne peux pas prendre de douche. Les
cicatrices
sont encore trop fraîches !
Peu importe. Je ne peux plus me supporter. Je
vais
prendre une douche.
Il se leva avec difficulté et Scully le vit se
diriger
péniblement vers la salle de bains. Dieu quil
pouvait
avoir la tête dure quelquefois !
Très bien, Mulder. Mais si tu dois retourner à
lhôpital
dans quelques jours avec une infection, tu seras bien
avancé.
Il sarrêta près de la porte et y posa ses
mains,
avant de se retourner vers elle.
Tu crois vraiment que je risque quelque chose
?
Mulder... Je suis médecin, ne loublie
pas.
Tes défenses immunitaires ont été gravement abaissées
par tes blessures et par les transfusions... Tu risques
une infection, oui.
Il soupira et son visage prit lallure boudeuse
à laquelle
elle ne pouvait pas résister.
Mais il faut que je me lave...
Tu tiens à peine debout, Mulder...Je te propose
un
marché. Tu tassois dans la salle de bains, tu fais
ce que
tu peux et tu mappelles quand tu as fini.
Un petit sourire malicieux apparut sur ses lèvres.
Tu me laveras le dos ?
Elle lui sourit en retour.
Oui.
Et tu me laveras les cheveux ?
Oui, Mulder, je te laverai les cheveux.
Son visage séclaira.
Marché conclu, Scully.
************
Quinze minutes plus tard, ils étaient installés tous
les
deux dans la salle de bains. Il était assis sur une
chaise,
le dos au lavabo, la tête retournée en arrière, et un
sourire béat sur les lèvres. Scully lui massait
doucement
les cheveux et elle ne pouvait sempêcher de
sourire
elle aussi. Il ronronnait presque sous ses caresses. Elle
se fit intérieurement la remarque quil avait
vraiment
besoin daller chez le coiffeur, ses cheveux étant
plus
longs que dhabitude, mais elle appréciait
néanmoins leur
riche texture. Elle le rinça une première fois, puis
appliqua
une dose généreuse daprès shampooing.
Scully, tu avais raison à propos de la
douche...
Jai vraiment bien fait de técouter... Tu as
du être
coiffeuse dans une autre vie...
Ca te plait, Mulder ?
Oui... cest très agréable...
Elle rinça une nouvelle fois et laida à se
relever.
Intérieurement, elle ne put sempêcher
dadmirer
son corps qui malgré les épreuves quil avait
subi,
restait totalement, absolument désirable. Elle chassa
rapidement les pensées troubles qui lui venaient et
commença à laider à shabiller. Il la
chassa en riant,
demandant un peu dintimité. Elle sourit en pensant
à toutes les fois où, à lhôpital, elle
lavait entièrement
lavé à léponge. Mais il était inconscient et
elle avait
gardé pour elle ce petit secret.
**********
Leur lune de miel ne dura toutefois que
quelques jours.
Au bout dune petite semaine, ils finirent par se
lasser
lun de lautre. Elle lui reprochait son manque
dordre,
elle ne supportait pas quil passe des heures à
zapper
dune chaîne à lautre, avachi dans son
canapé. Elle avait
besoin dair.Il lui reprochait de trop le materner,
de lui imposer
une nourriture saine alors quil ne
rêvait que de frites
grasses et de hamburgers. Il allait mieux et reprenait
des forces chaque jour.
Le clash eut lieu le septième jour.
*************
Je rentre chez moi, Scully. Tu vois bien que
nous ne
pouvons plus nous supporter.
Les lèvres pincées, elle lui rétorqua quil ne
faisait
rien pour arranger les choses.
Le ton monta rapidement, et toutes les frustrations et
les angoisses de ces dernières semaines remontèrent
à la surface sous la forme de phrases acérées et
amères.
Elle finit par se diriger vers sa chambre, ouvrit son
sac de sport qui traînait à terre et enfourna toutes
ses affaires dedans.
Il la regarda faire, heureux à lidée de
rentrer
enfin chez lui, attristé aussi de lavoir poussé
à bout, comme toujours.
Une heure plus tard, ils se séparèrent sans un
mot devant la porte de son appartement.
***************
Le tambourinement continu venant de sa porte
dentrée
finit par le sortir du sommeil agité dans lequel il
était
plongé depuis plusieurs heures. Il ouvrit les yeux avec
difficulté et les ferma aussitôt. Le mal de tête qui
le
tenait depuis la veille était revenu avec vengeance.
Grimaçant, gémissant, il se leva avec peine, tentant
vainement de réprimer les tremblements qui le
secouaient.
Il avait envie de vomir et ses jambes supportaient à
peine
le poids de son corps. Il ouvrit la porte et les trois
hommes
qui se tenaient dans le couloir écarquillèrent les yeux
en
voyant létat de leur ami.
Il leur fit signe dentrer et aussitôt se
précipita dans
la salle de bains pour vomir bruyamment le peu de
nourriture
quil avait réussi à ingurgiter la veille.
Lorsquil réapparut, Byers laida à
sallonger sur le canapé, la mine inquiète.
Quest ce que vous faites là ?
Il leur avait posé la question les yeux crispés,
écoeuré dentendre sa voix si faible.
On est venu prendre de tes nouvelles, Mulder.
On ta appelé toute la soirée hier, mais tu ne
répondais pas.
Je me suis couché tôt. Je nai pas du
entendre le téléphone.
Ca na pas lair daller,
Mulder.
Un petit sourire ironique apparut sur ses lèvres
desséchées.
Tu devrais rentrer au FBI, Frohyke. Tu es
vraiment
un investigateur hors pair.
Tu es comme ça depuis quand ?
Même Langly était soucieux de le voir ainsi. Il
était
trempé de sueur, son visage était pale et ses yeux
brillaient de fièvre.
Ca ma prit il y a deux jours. Jai du
prendre froid pendant mon joggin...
Les trois amis ne lui laissèrent pas le temps de
finir
sa phrase. Ils se mirent à parler tous en même temps.
Après ton jogging ?
Mais tes malade, Mulder...
Tu sors tout juste de lhôpital...
Mulder se mit à tousser et leva les mains en signe
dapaisement.
Cest bon, les mecs. Je sais que je
naurai sans
doute pas du sortir pour courir dun temps pareil,
OK ? Du reste, je nai pas pu courir, tout juste
marcher. Maintenant puisque vous êtes là, lun de
vous pourrait
peut être aller me chercher des médicaments.
Tu as prévenu Scully ?
Le visage de Mulder prit un air embarrassé.
Euh... non. On ne sest pas quitté en
très bons termes.
Jai passé quelques jours chez elle après ma
sortie de lhôpital
et jai fini par lui taper sur les nerfs. Vous la
connaissez...
Oui et on te connaît aussi, Mulder. Et vu ta
prédisposition
à attirer les ennuis, je crois quil serait sage de
te conduire à lhôpital.
Byers accompagna sa phrase en posant sa main sur le
front
de son ami, avant dajouter.
Tu es brûlant de fièvre, Mulder.
Vous nallez pas vous y mettre... Jen
sors, de lhôpital.
Une violente quinte de toux le secoua et il mit un
long moment à pouvoir rependre sa respiration.
Chaque inspiration lui provoquait une douleur
violente dans la poitrine, il grelottait de froid.
Il se mit en boule sur le canapé, ignorant ses amis
perplexes, ne sachant quelle attitude adopter avec une
telle tête de mule.
Ils se regardèrent, séloignèrent de quelques
pas
et conspirèrent silencieusement.
Il a vraiment beaucoup de fièvre...
Il a une sale tête...
Vous avez entendu sa respiration ?
On lemmène à lhôpital, quil
le veuille ou non. Scully
va nous tuer si on le laisse ainsi.
Byers sagenouilla près de son ami, et essaya de
lui
faire entendre raison calmement.
Tu ne peux pas rester ainsi, Mulder. On
nest pas médecin...
Si tu fais une pneumonie après tes blessures, ça va
compromettre ton retour au boulot... On temmène à
lhôpital, tu te laisses examiner et on te ramène
dès
quon a le feu vert. Ca te va, Mulder ?
Faites chier... Daccord...
*************
Dans un état semi comateux, tremblant, toussant,
maugréant, il se laissa traîner aux urgences les plus
proches, où les médecins lui diagnostiquèrent une
pneumopathie bilatérale. A la lumière de sa récente
hospitalisation et de son impressionnant dossier
médical,
il fut admis immédiatement et se retrouva dans un
lit aussitôt que les examens furent terminés.
Penauds davoir trahi leur ami, mais soulagés de
le
savoir en sécurité, les trois hommes quittèrent la
chambre de Mulder sur la pointe des pieds aussitôt
après quil se soit endormi, une intra-veineuse sur
le dos de la main, une canule à oxygène dans les
narines.
Le téléphone portable de Frohyke sonna quelques
minutes après quils aient quitté lhôpital.
Frohyke, cest Scully. Vous nauriez
pas des nouvelles
de Mulder par hasard ? Jessaye dappeler chez
lui depuis
hier, mais ça ne répond pas et son portable nest
pas branché...
Javoue que ça commence à me rendre un peu
nerveuse.
Frohyke, embarrassé, regarda ses camarades, ne
sachant quoi répondre.
Euh... salut Dana... Comment ça va ?
Frohyke !
On vient juste de... enfin... euh... il est à
lhôpital.
Quoi ???
Rien de grave, Scully... Il a juste pris un peu
froid.
Comment a til pu prendre froid en restant
chez lui ???
........
Il est sorti ? Cest ça ?
Oui... enfin, je crois...
Il a été courir, nest-ce-pas ?
Il a essayé, au moins.
Cet homme est un GRAND MALADE ! Comment a
til pu
faire une chose pareille ?? Où est til ?
A Georgetown... comme dhab....
Jarrive. Je suis à Baltimore chez ma
mère. Je serai
là dans quelques heures.
**************
Mulder ouvrit les yeux et se rendit compte quil
était
toujours à lhôpital. Les enfants de salauds !!!
Ils lui avaient promis quils le ramèneraient chez
lui
aussitôt les examens effectués.
Il essaya de se détendre et de voir le bon côté des
choses.
Après tout, il nétait pas blessé, il
navait pas de sonde
urinaire, pas de respirateur... Les choses
nallaient
finalement pas trop mal. Et loxygène lui procurait
un bien être
dont il avait tant besoin après les deux jours passés
à respirer si difficilement. Et puis Scully
nétait pas au
courant et il naurait pas droit à ses
remontrances...
Il se rendormit en un clin doeil.
**************
Les chaussures de Scully résonnèrent dans le couloir
qui la menait à la chambre de Mulder. Elle avait
quitté sa mère à la hâte, en lui expliquant la
situation,
et conduit jusquici sans sarrêter. Elle prit
une grande
inspiration et entra dans la chambre. Mulder semblait
dormir paisiblement et elle prit le temps de consulter
son dossier. Il était arrivé avec une forte fièvre qui
paraissait se résorber depuis quil avait été
admis.
Sa radio pulmonaire était impressionnante, montrant
deux foyers infectieux, mais malgré tout rien qui ne
puisse se résoudre avec une bonne dose
dantibiotiques.
Sa colère retomba quand son regard se posa sur le visage
de son partenaire. Il était si différent quand il
dormait,
si vulnérable, presque infantin.
Elle sapprocha du lit et lui prit la main
doucement.
Il ne réagit pas, complètement et profondément
endormi.
Elle caressa ses longs doigts fins, aux ongles
soignés.
Des doigts de pianiste, lui avait elle dit un jour, et il
avait ri,
lui dévoilant que sa mère avait voulu quil
apprenne la musique.
Il avait fait du piano jusquà lâge de douze
ans, avec succès,
jusquà la disparition de Samantha. Jamais plus une
note
ne sétait élevée dans la maison familiale après
le drame.
Le piano sétait recouvert dune couche fine
de poussière
et il navait jamais plus joué depuis ce jour.
Mulder tu es incorrigible...
Elle avait murmuré mais cela suffit à le réveiller.
Les yeux
embrumés de sommeil, il lui sourit tendrement et pressa
sa main dans la sienne.
Tu es là...
Où veux tu que je sois ?
Elle le regarda avec une telle tendresse quil
se sentit coupable de lui avoir encore une fois
causé des soucis. Il dégagea sa main qui alla se loger
sur sa joue, relevant dun geste affectueux une
mêche
de cheveux acajou derrière loreille délicate de
son amie.
Je te demande pardon, Scully. Je me suis mal
comporté avec toi. Je sais que je suis impossible à
vivre
quand je suis malade. Je te promets que...
Elle larrêta avec un sourire et posa un doigt
sur sa bouche.
Pas de promesse que tu ne pourras pas tenir,
Mulder.
Tu es comme tu es. Ce nest pas moi qui vais te
changer.
Tu nas tout simplement pas lhabitude
davoir quelquun
auprès de toi, qui prenne soin de toi. Je lai
compris maintenant.
Une lueur de tristesse passa dans les yeux de Mulder
et elle regretta immédiatement les paroles quelle
venait de prononcer. Cétait cruel de sa part de
lui
rappeler que depuis son enfance, il vivait dans une
telle solitude affective. Ni sa mère, ni son père
navaient pris soin de lui après lenlèvement
de sa soeur.
Il avait grandi seul, se forgeant des barrières contre
les difficultés de la vie, ne comptant que sur lui
même.
Pas étonnant quil soit si différent, tellement
unique.
Il avait surmonté les épreuves grâce à son brilliant
esprit, à son intelligence remarquable, et une force de
vivre peu commune. A elle de sadapter si elle
voulait
conserver son amitié.
Jai rencontré le médecin qui
soccupe de toi
dans le couloir. Tu pourras sortir dans un jour ou
deux, dès que ta température sera redevenue normale.
Tu devras prendre des antibiotiques pendant au moins dix
jours,
mais par voie orale. Il a suggéré que tu quittes
Washington quelque temps.
Mulder haussa les sourcils à cette phrase.
Tes poumons sont considérablement affaiblis et
tu aurais besoin de grand air.
Je pourrais passer quelques jours à
Marthas Vineyard.
Elle secoua la tête doucement.
Pas question que tu restes là bas tout seul. Si
tu as une rechute...
Un petit sourire en coin apparut sur les lèvres de
Mulder.
Je suppose que tu as un plan, Scully ?
*********************
Je ne peux pas croire que jai accepté
ça...
Mulder, arrête un peu. On en a parlé
suffisamment.
On ne va pas revenir là dessus...
Oui mais...
Mulder !
Ok Scully. Je ne dis plus rien. Regarde la
route.
Le sourire de la jeune femme sélargit et elle
se concentra
sur les véhicules devant elle. Elle sentit son passager
se
relaxer sur le siège à côté delle et posa sa
main sur sa cuisse.
Tu seras très bien là bas Mulder. Tu vas te
refaire une santé.
*****************
Ils arrivèrent en fin daprés midi. Mulder
avait fini par sendormir,
bercé par le ronronnement du moteur. Scully se gara
devant la
maison familiale et se tourna vers son partenaire.
Mulder... Nous sommes arrivés.
Il ouvrit les yeux, se frotta les paupières et
sétira comme
un chat, avant de grimacer de douleur en sentant son
corps engourdi.
Déjà arrivés ?
Scully sourit en entendant sa voix endormie.
On est en route depuis quatre heures, Mulder. Le
voyage ta paru plus court quà moi.
Désolé, Scully. Tu nes pas trop
fatiguée ?
Un peu. Mais je suis heureuse dêtre
arrivée.
Ils sortirent de la voiture et virent Maggie qui
se précipita vers eux, un large sourire aux lèvres.
Bonjour ma chérie.
Elle étreignit sa fille affectueusement, avant
de se tourner vers Fox.
Oh Fox... Je suis tellement heureuse que vous
ayez accepté mon invitation. Je vous ai préparé votre
chambre et jespère que vous vous sentirez chez
vous
ici.
Elle le serra dans ses bras et Mulder ne put
sempêcher
de penser à sa propre mère, si peu affectueuse. Les
larmes lui montèrent aux yeux. Il répondit à son geste
en
la serrant tendrement contre lui.
Vous navez que la peau sur les os, Fox. Je
vais me
faire un devoir de vous remplumer un peu.
Ils se mirent à rire tous les trois de bon coeur et
se
dirigèrent vers la maison. Les deux femmes se
regardèrent
dun air concerné quand elles virent Mulder
gravissant
péniblement les quelques marches du porche, en se
tenant à la rambarde. A peine entré dans la maison,
il sassit lourdement sur le canapé du salon, le
visage
pâle et le souffle court. Scully sagenouilla à
côté
de lui, ses mains sur ses genoux.
Tu devrais te reposer un peu pendant que
jaide
maman à préparer le dîner.
Tout en parlant, elle laida à se dévêtir, se
déchausser
et à sallonger sur le canapé.
Il hocha la tête, ses paupières se fermèrent et
son corps se détendit en un instant. Scully le couvrit
dune couverture lègère et se dirigea vers sa
mère qui
se tenait dans la cuisine.
Maman, je ne sais pas comment te remercier de
laccueillir. Il a vraiment besoin de repos.
Oui. Je suis préoccupée de le voir ainsi. Je
crois
que je ne lai jamais vu aussi faible.
Scully soupira, le visage tendu, puis se mit à
sourire.
Il a heureusement de formidables capacités de
récupération. Dans quelques jours, tu verras, il
se sentira mieux. Et les ennuis commenceront...
Maggie haussa les sourcils.
Que veux-tu dire ?
Il va vouloir rentrer chez lui. Et nous le
laisserons partir. Il na pas lhabitude que
des
gens prennent soin de lui.
Pas question de le laisser partir avant Noël.
Il
va passer les fêtes avec nous deux. Je me charge
de le persuader, Dana.
******
Mulder se réveilla doucement, cligna des yeux et
chercha à se rappeler où il était. Il sourit en voyant
lintérieur chaleureux de la maison de Maggie. . Il
se
laissa un peu de temps avant de se lever, grimaça de
douleur
en essayant de se relever et finit par se retrouver en
position verticale. Sa tête tournait, il se sentait
fébrile
et douloureusement engourdi. Il détestait se sentir
ainsi,
vulnérable et fatigué. Il se dirigea vers la cuisine
où il
entendit les voix douces des deux femmes quil
aimait et
respectait le plus au monde.
Les deux femmes se tournèrent vers lui quand il entra
dans la cuisine. Elles ne purent sempêcher de se
regarder
en le voyant ainsi, les cheveux en bataille, les yeux
gonflés
par le sommeil, le tee shirt à moitié sorti de son
pantalon, les
pieds nus. Il avait lair dun petit garçon.
Inconsciemment, Mulder passa sa main dans ses cheveux
et
les regarda interloqué devant leurs sourires amusés. Et
il
vit dans leurs yeux une tendresse qui le bouleversa.
Chassant lémotion qui manquait de le submerger, il
tenta
de la masquer avec humour.
Alors, quy a til au dîner ?
Antibiotiques ? Anti-douleurs ?
Les deux femmes se mirent à rire et ils passèrent à
table.
Maggie sinquiéta du manque dappétit de son
hôte, mais
Dana la rassura dun regard. Elle connaissait les
habitudes alimentaires de Mulder et savait quil lui
faudrait
quelques jours avant quil ne reprenne goût à la
nourriture.Et elle avait confiance dans les
qualités culinaires de sa
mère, qui ne manqueraient pas de satisfaire Mulder.
Le reste de la soirée se passa agréablement, elles
lui
proposèrent de regarder un film, devant lequel il
sendormit
au bout de vingt minutes. Un léger ronflement émanait
de lui,
ce qui ne manqua pas de les faire sourire. Il dormait les
lèvres
à moitié ouvertes, la tête renversée en arrière,
complètement
détendu. En silence, elles le laissèrent ainsi le reste
du film
et il se réveilla au générique de fin. Il
sexcusa avec un sourire
gêné et Maggie le conduisit dans la chambre
quelle réservait
aux invités. Son sac de voyage était posé sur le lit,
et elle lui
montra le cabinet de toilette. Il la remercia
chaleureusement
de son hospitalité. Quand elle quitta la chambre, il se
déshabilla,
épuisé, et se coucha pour sendormir aussitôt.
*********
Dix jours plus tard.
Il se réveilla avec limpression davoir
dormi pendant
des jours. Le corps lourd mais reposé, il cligna des
yeux
plusieurs fois, ébloui par la lumière crue de décembre
qui entrait
dans la chambre à travers la vitre. Il sétira et
se leva, et se
dirigea vers la salle de bains. La maison était
silencieuse, et une
douce odeur de café lui parvint aux narines. Il
descendit
les escaliers et une fois dans la cuisine se servit une
tasse
du merveilleux breuvage. Il sassit et se plongea
dans le
journal déposé sur la table, tout en dévorant un bol
de
céréales. Il se sentait presque chez lui maintenant.
Le temps était passé plus vite quil
navait prévu. Maggie
était une hôtesse merveilleuse, affectueuse et douce,
sans
être intrusive. Elle respectait ses silences et son
rythme de vie,
et il essayait dêtre le plus sociable possible,
sobligeant à
parler et à sourire. Mais plus le calendrier se
rapprochait
de Noël, plus il sentait quil devait quitter cette
maison
qui lui rappelait tant de souvenirs de jours heureux à
jamais
disparus.
Il sétait promis de lui annoncer la nouvelle de
son départ
la veille, mais Maggie lui avait demandé de laider
à acheter
larbre traditionnel. Après ce quelle avait
fait pour lui, il ne pouvait
pas lui refuser ce service sans loffenser. Il
lattendit donc dans
le salon, et quand elle descendit de sa chambre,
souriante, ils
partirent tous les deux à la recherche du plus beau des
sapins.
Ils passèrent deux heures dans une pépinière et
trouvèrent
enfin celui dont Maggie rêvait. Une fois rentrés à la
maison,
ils se mirent à déballer les cartons de décoration que
Maggie
avait cherché dans le grenier. Mulder lui offrit son
aide, malgré
la nostalgie que ces gestes oubliés lui amenait.
Après trois heures deffort et de rires,
larbre au milieu du
salon sillumina et Maggie se tourna vers Mulder et
lembrassa
chaleureusement, avant de découvrir dans son visage
était
baigné de larmes et que sa poitrine se soulevait
difficilement
aux rythmes de sanglots quil peinait à retenir.
Étonnée de le voir aussi bouleversé, elle
lentraîna sur
le canapé du salon où ils sassirent tous les
deux. Mulder
sessuya les yeux du revers de sa manche et sourit
à
travers ses larmes. Maggie posa sa main sur son épaule.
En dix jours, elle avait appris à cerner cet homme
enfant
complexe et sensible, si drôle parfois et pourtant si
grave, et lamour maternelle quelle éprouvait
pour lui
navait fait que grandir.
Il essaya de cacher son désarroi, mais ses yeux
brillants
ne pouvaient pas dissimuler la tristesse quil
éprouvait.
Fox ? Ca va mieux ?
Désolé, Maggie, cest une réaction
stupide. Il détestait
se sentir ainsi exposé, vulnérable, même sil
était conscient
et quelque peu rassuré que Maggie ne chercherait jamais
à exploiter cette faiblesse.
Il y si longtemps que je navais pas fait
ça.
Décorer un sapin de Noël ?
Oui. Nous avons cessé de fêter Noël après la
disparition de Samantha. Il soupira, avant
de continuer dune voix triste. La première
année, jétais encore à lhôpital, je ne
men suis
pas rendu compte. Mais lannée suivante... De
nouveaux
sanglots létouffèrent. quand jai
réalisé que mes
parents navaient rien prévu... Les larmes
coulèrent
de nouveau sur ses joues.
Oh Fox.. Je suis désolée... Je ne savais
pas...
Nous navez rien fait de mal, Maggie.
Simplement vous
comprenez pourquoi je ninsistais pas pour rester
avec vous jusquaux fêtes. Cela a toujours été
une
période difficile pour moi. Je ne suis jamais de
très bonne compagnie...
Je ne vous oblige en rien, Fox. Mais mais cela
me
ferait mal au coeur de vous savoir seul pour Noël.Restez
avec nous. Nous serons en toute intimité. Vous, Dana et
moi. Rien que nous trois. Bill est en mer et Tara
déteste voyager seule avec les enfants. Quant à
Charlie...
Le visage de Maggie se teinta dune tristesse
soudaine.
Mulder réfléchit quelques secondes et lui prit les
mains,
affectueusement.
Je serai là, Maggie. Comptez sur moi. Et
prévoyez une
énorme dinde.. Jadore ça.
Ils se mirent à rire et se levèrent pour ranger
toutes
les boites qui traînaient par terre.
**********
Dana arriva de Washington vers seize heures et
son visage séclaira de joie quand elle vit Mulder
et sa mère saffairer dans la cuisine pour mettre
la touche finale au dîner quils avaient concocté
pour le soir. Elle les embrassa chaleureusement
et se délecta de le voir aussi complices et aussi
joyeux. Elle navait jamais vu Mulder si détendu
et intérieurement elle remercia sa mère davoir
su le retenir pour les fêtes. Depuis quelle
le connaissait, elle détestait le savoir seul
pour Noël et malgré son insistance, elle navait
jamais réussi à lui faire accepter une invitation.
Et il était là, à nouveau rayonnant de santé,
encore un peu trop mince mais séduisant en diable,
avec au fond des yeux une joie de vivre qui
faisait plaisir à voir. En le regardant plaisanter
avec sa mère, insolemment attirant, une pensée
fugitive lenvahit et la troubla. Elle
laimait. Elle
avait été aveugle et sourde à ses sentiments depuis
trop longtemps. Les dix jours passés sans lui avaient
été les plus longs de son existence, même sil ne
sétait pas écoulé un seul jour sans quils
ne
sappellent.
Elle savait que son amour était
réciproque. Il lui avait déclaré un jour,
délirant de fièvre, dans un lit dhôpital
après sa folle expédition dans le triangle
des Bermudes. Elle, trop émue, trop surprise,
lavait tourné gentiment en dérision. Puis il
y avait eu cette nuit de Noël délirante dans
cette maison hantée. Le soir quand elle
lavait rejoint dans son appartement, ils
sétaient échangés des cadeaux pour la
première fois. Elle avait lu pour la première fois
une passion qui lui avait presque fait peur. Peur
dêtre consommée par son amour exclusif, par
son intensité.
Il y avait eu enfin ce soir du
millénium où il lavait embrassé, timidement,
presque en sexcusant ; elle chérissait ce moment
plus que tout, mais navait jamais tenté
daller
plus loin. Une peur insurmontable sétait emparée
delle. Cétait la première fois quelle
était amoureuse
dun homme qui la traitait en égal, elle qui
navait
jamais rencontré que des hommes qui tentaient
de la dominer. Elle avait eu peur de briser
la fabuleuse amitié qui les unissait.
Elle fut interrompue dans sa rêverie par les
regards insistants des deux êtres quelle
chérissait
plus que tout au monde. Confuse, elle leur sourit
et saffaira avec eux pour préparer la table
de Noël. Ils passèrent à table après sêtre
changés,
et Scully ne put sempécher dadmirer
lélégance
naturelle de Mulder, tout de noir vêtu, et elle
lut dans ses yeux quil appréciait tout autant la
robe de soie prune quelle portait, mettant en
valeur
son teint pâle. Elle avait relevé ses cheveux en un
chignon
souple, et Mulder la dévora des yeux tout le long du
dîner. Maggie les observait dun oeil amusé, leur
passion transpirant dans chaque regard, chaque geste.
Elle comprenait mal comment ces deux là ne pouvaient
pas savouer leurs sentiments.
La soirée se passa, chaleureuse et douce ; ils
échangèrent
leurs cadeaux à minuit, devant un feu de cheminée. Le
visage
de Scully sempourpra de plaisir quand elle
découvrit
le bijou que Mulder avait choisi pour elle, une rivière
daméthyste qui sharmonisait parfaitement
avec le ton
chaud de ses cheveux. Un frisson la parcourut quand il
lui passa le collier autour du cou, en lui murmurant à
loreille
de sa voix suave un compliment qui la fit rougir de plus
belle.
Il ne put sempécher de lui déposer un tendre
baiser dans
le creux de la nuque avant de la serrer contre elle en
une
tendre étreinte. Elle savoura le contact de son corps
contre le sien et quand elle plongea son regard dans le
sien, elle lut dans ses yeux aux reflets changeants
quil
était prêt à lembrasser. Avant quil ne
puisse accomplir
son geste, paniquée cette idée, elle enserra ses joues
de ses mains et lui déposa longuement un tendre baiser
sur le front.
Quand elle eut accompli son geste, elle lut dans ses yeux
une lueur de tristesse qui lui serra le coeur. Mais elle
ne pouvait pas le laisser faire, pas devant sa mère,
pas avant quils aient pu discuter de leurs
sentiments
respectifs.
*********
Maggie se réveilla avec limpression de
navoir pas
dormi assez. Elle regarda lheure à son réveil et
se
frotta les yeux quand elle lut des chiffres. Il était
trois heures du matin. Elle connaissait par coeur les
bruits de sa maison et elle était sûre davoir
entendu
du bruit. Elle enfila sa robe de chambre et descendit
doucement les escaliers qui menaient au salon. Les
guirlandes
du sapin de Noël éclairaient la pièce et elle
distingua
Fox, assis sur le canapé, les yeux dans le vague. Il
se tourna vers elle doucement.
Maggie... Je suis désolé, jai essayé
de ne pas faire
de bruit... Je vous ai réveillé...
Elle sassit près de lui, encore un peu endormi,
mais
intriguée. Il portait un pantalon de pyjama en flanelle
et un tee shirt blanc, son visage reflétant une
tristesse
quelle se rappelait lui avoir vu pendant les pires
moments de la disparition de Dana, plusieurs années
auparavant. Elle distingua sur ses joues des traces de
larmes.
Vous narrivez pas à dormir, Fox ?
Il ne lui répondit pas tout de suite et détourna son
regard delle, les yeux brillants.
Non... Je narrive pas à trouver le
sommeil.
Il soupira profondément et le coeur de Maggie se
serra
en le voyant si triste.
Vous avez quelque chose sur le coeur, Fox. Je
le sais.
Vous pouvez men parler, vous savez.
Il soupira à nouveau, des larmes se formèrent au
coin
de ses paupières et un sanglot, un seul, le secoua
lespace
dun instant.
Elle le serra dans ses bras et il se laissa aller
contre elle,
pleurant maintenant à chaudes larmes. Oh
Fox...
A travers ses sanglots, il réussit à parler, la voix
brisée par
lémotion qui le submergeait. Cest trop
dur, Maggie... Mais
javais tellement espéré... ce soir... quand je
lui ai offert
ce bijou...
Maggie se remémora linstant où sa fille
lavait tendrement
embrassé sur le front, et la tristesse quelle
avait pu lire
dans les yeux de Fox.
Mulder recommença à parler, les mots se bousculant
dans
sa bouche entre deux sanglots. Je laime
tellement, Maggie.
Je pensais que... je pensais quelle maimait
aussi...
Elle vous aime, Fox, elle vous aime...
Comme un frère oui... Comme un ami fidèle...
Mais je
ne suis que cela pour elle...
Vous lui avez avoué vos sentiments ?
Il se dégagea presque brusquement de son étreinte,
et elle lut presque de la colère dans ses yeux.
Bien sûr que oui ! Elle a quitté la pièce en
pensant
que je délirais ! Je nai jamais réussi à lui
ouvrir
mon coeur une nouvelle fois. Ca ma fait trop
souffrir...
Mais je lui ai exprimé mon amour des dizaines de fois...
Je suis allé au bout du monde pour la retrouver... Je
ferai nimporte quoi pour elle... Pour quelle
maime...
Maggie posa une main apaisante sur son épaule.
Il est
peut être temps que vous le lui disiez une nouvelle
fois...
Et être rejeté une fois encore ?. Il
essuya rageusement
les larmes qui trahissaient son émotion. Non, pas
question.
Je suis peut être dingue, mais pas maso. Jai ma
fierté.
Dites le lui, Fox. Je suis certaine de ses
sentiments
pour vous. Cest simplement quelle est...
terriblement
indépendante, et quelle a peur, tout comme vous,
de briser votre amitié. Mais elle vous répondra
sincèrement.
Je me sens si seul quelquefois... Jai
limpression de passer
à côté de ma vie... Elle pense que je ne suis attaché
quau
boulot, quà ma quête de la vérité, mais elle a
tort. Jaspire
à autre chose... Jaspire au bonheur, comme
nimporte quel
être humain...
Venez là, Fox. Elle lattira contre
elle et le berça
tendrement, comme une mère.
En haut des escaliers menant aux chambres, Scully,
assise sur la dernière marche, pleurait à chaudes
larmes.
*********
Il avait passé la nuit éveillé, se remémorant toutes
les paroles prononcées la veille. Au petit matin,
épuisé, il était descendu silencieusement dans la
cuisine pour se préparer une tasse de café. La
maison était endormie, on nentendait que le
bruit des oiseaux dans le jardin. Frissonnant,
les yeux dans le vague, il but à petites gorgées
le breuvage brûlant. Il se sentait honteux de
sêtre dévoilé, vulnérable, devant cette femme
quil aimait presque comme sa propre mère, peut
être plus encore. Il se frotta les yeux, et
sapprêtait à remonter dans sa chambre pour
shabiller quand on frappa doucement à la porte.
Étonné, il ouvrit la porte pour se retrouver nez à nez
avec lhomme qui le détestait peut être plus que
tout au monde.
Mulder. Quest-ce que vous foutez là
?
Mulder grimaça en entendant le ton agressif
du frère aîné de Scully. Il recula instinctivement
dun pas, impressionné malgré lui par son
imposante silhouette.
Euh... Bonjour Bill. Je vous croyais en
mer.
Et vous en avez profité pour vous installer
ici, daprès ce que je vois.
Mulder se souvint pour la première fois
quil était en pantalon de pyjama et
en tee-shirt, pieds nus. Le feu lui monta
aux joues.
Je vais aller prévenir Magg.. votre
mère que vous êtes arrivé.
Ne prenez pas cette peine, Mulder. Je
vais le faire. Et je vous conseille de préparer
vos valises. Je nai pas lintention de
partager
un repas de Noël avec vous.
Les mots venimeux de Bill lui firent leffet
dun coup de poignard. Il prit conscience
avec déchirement quil naurait jamais sa
place dans cette famille.
Plus triste quen colère, il monta à pas
pesants lescalier pendant que Bill le suivait
des yeux, lui délivrant le coup final.
Je vais même vous appeler un taxi. Vous avez
dix minutes pour préparer.
Mulder serra les dents, écoeuré par
lanimosité
de lhomme qui se tenait derrière lui, sentant
son sourire victorieux. Il rassembla ses affaires,
les jetant rageusement dans son sac de voyage et
redescendit lescalier, son sac en bandoulière.
Bill était dans le salon, un sourire triomphant aux
lèvres.
Votre taxi sera là dans quelques minutes.
***********
Mulder ouvrit la porte de son appartement dun
geste
las. Une odeur de renfermé lui sauta à la gorge. La
lumière crue de décembre sinfiltrait dans le
salon
à travers les vitres sales. Il déposa son sac de voyage
sur le sol poussiéreux. Fatigué, démoralisé, il se
laissa
tomber sur le canapé. Des éclats de voix joyeux lui
parvenaient à travers les murs. Autour de lui, on
fêtait Noël. Lui navait sa place nulle part. La
solitude
quil ressentait loppressa soudain et il se
coucha sur
le côté, se recroquevillant sur lui même pour tenter
de chasser
un irrésistible besoin de pleurer. Lair autour de
lui
était glacé, lappartement nayant pas été
chauffé depuis
longtemps. Frissonnant, il se blottit dans son manteau,
incapable de réagir. Ses cicatrices étaient
douloureuses,
mais plus encore son coeur était déchiré par
lintense
sentiment de rejet.
Il resta ainsi une bonne partie de la journée,
ignorant avec
indifférence les sonneries répétées du téléphone,
et cest
seulement quand la lumière commença à décroître
quil
se leva, le corps engourdi dêtre resté dans la
même
position si longtemps. Abattu, il mit en marche la
télévision,
pour sentir une présence, et commença à ranger ses
affaires
dans son armoire de chambre.
Le téléphone sonna une fois de plus, et il résista
à
lenvie de répondre. Il voulait prendre du recul,
et
lécher ses plaies en privé. Son ego en avait pris un
sacré coup et il ne se sentait pas assez solide pour
affronter la compassion de Scully ou la sollicitude
de Maggie.
Une fois de plus, il était seul pour Noël ; après
tout,
cétait une situation quil connaissait bien.
Dans quelques
jours, il retournerait travailler et tout ça ne serait
plus
quun mauvais souvenir de plus.
La soirée savançant, il se commanda une pizza
par
téléphone, * une pizza pour Noël, Mulder. Tu as
vraiment toucher le fond, mon vieux*, et se plongea
dans un vieux magazine en lattendant. Quelques
minutes
plus tard, on frappa à la porte. *les livreurs ne sont
pas
débordés aujourdhui, forcément*. Il se dirigea
vers la
porte et louvrit sans même vérifier
lidentité du visiteur.
Interloqué, il se retrouva face à face avec
lhomme qui
lavait humilié ce matin même, lair contrit.
Mulder... Euh...
Je vous retourne la question que vous
mavez posé ce
matin. Quest-ce que vous faites là ? Vous avez
oublié
de me botter le cul ? Ou prenez-vous un malin plaisir
à mhumilier ?
Non, non... Mulder. Est-ce que je peux rentrer
?
Mulder fronça les sourcils, et sans un regard pour
Bill le
laissa pénétrer dans lentrée, puis dans le salon
plongé
dans la pénombre. Il sassit dans le canapé
dun geste
las, drainé de toute énergie. La colère quil
avait ressenti
en le voyant apparaître à sa porte était tombée et il
ne portait à présent en lui quune immense
amertume.
Bill regarda autour de lui, lair gêné.
Contrastant
de façon détonante avec lambiance chaleureuse
de la maison quil avait quitté quelques heures
auparavant, lappartement de Mulder était triste,
sombre
et glacial, remarqua til en réprimant un frisson.
Il se
gratta la gorge un instant avant de prendre la parole.
Mulder, je suis là pour vous présenter des
excuses. Ma
conduite ce matin a été tout à fait... grossière.
Dana et
maman mont expliqué pourquoi vous étiez là et je
me
suis senti... enfin... euh...
Stupide ?
Bill grimaça en entendant le mot que sa mère avait
prononcé ce matin même quand elle avait pris quil
avait mis son invité dehors. Elle était entrée dans
une telle colère quil navait pas eu
dautre solution
que de promettre de sexcuser auprès de
lhomme quil
avait offensé. Dana quant à elle lui lui avait
signifié
son indignation par des mots très durs.
Et vous ne répondiez pas au téléphone... donc
je suis venu.
Devant lair presque penaud de Bill, Mulder
esquissa
un petit sourire.
Jimagine combien ça du être difficile
pour vous, Bill.
Je ne vous en veux pas. Je serais parti demain quoi
quil
arrive. Je comprends très bien votre réaction. Je sais
que
vous avez des griefs contre moi, et que ces reproches
sont
amplement justifiés. Nous ne serons jamais les meilleurs
amis
du monde, je le conçois.
Bien. Maintenant que nous avons crevé
labcès, vous ne
moffririez pas une bière, par hasard ?
***********
Et ils sétaient retrouvés au pub le plus
proche, alignant
bière après bière, puis lalcool aidant ils
avaient fêté
Noël devant quelques verres de whiskies. Au bout du
troisième, Mulder avait commencé à pâlir, pour se
retrouver
quelques minutes plus tard vomissant ses tripes dans les
toilettes, gémissant de douleur. Bill avait paniqué en
voyant
Mulder seffondrer inconscient sur le carrelage, un
filet de sang
à la commissure de ses lèvres. Brusquement dégrisé,
il avait
appelé à laide dune voix paniquée.
**********
Dana, je suis désolé... Je ne savais
pas...
Tu nes quun abruti, Bill. Je
tai expliqué ce matin que
*cet* homme, celui là même que tu as poussé à boire,
se
remettait seulement de graves blessures, quil
était encore
sous traitement antibiotique et anti-douleur, et tu
nas rien
trouvé de mieux que de lemmener boire dans un pub
! Tu
es désespérant.
Eh, petite soeur, il savait ce quil
faisait ! Merde, ce nest
pas un gamin quand même !
Dana sourit un peu tristement en regardant son
partenaire une
fois encore allongé sur un lit dhôpital, le
visage plus pâle encore que
les draps, les paupières cernées dombres grises.
Elle caressa
avec tendresse les doigts de Mulder, attentive à ne pas
toucher lintraveineuse qui avait été insérée
sur le dos de sa main.
Quelquefois il agit comme tel, Bill. Il devait
être si heureux
que tu linvites à boire un verre quil
na pas su refuser.
Bill prit une mine boudeuse.
Dans ce cas, ne me blâme pas, Dana. Je
nai rien fait de mal
cette fois.
Pardonne moi, Bill. Mais cette journée a été
difficile pour nous
tous. Jai réagi sous le coup de la colère, rien
de plus. Quand tu
as appelé pour dire ce qui était arrivé, jétais
folle dinquiétude.
Bill ouvrit les bras et invita sa soeur à se blottir
contre lui, ce
quelle fit avec tendresse. Il lui murmura doucement
à loreille.
Quand vas-tu enfin tadmettre que tu
laimes, Dan ? * oups,
cest bien moi qui dis ça ??? * Tu réagis comme
une femme
amoureuse, pas seulement comme une partenaire concernée
par sa santé. Et lui crève damour pour toi, je
lai bien compris
quand nous avons commencé à discuter au pub, après
quelques
bières. Quand allez-vous enfin ouvrir les yeux ?
Mulder choisit ce moment précis pour se réveiller.
Il émit
un gémissement sourd qui fit précipiter Scully à ses
côtés.
Scully... je me sens... horriblement
mal...
Elle caressa sa joue tendrement. En vomissant,
tu
as simplement déplacé quelques agrafes, ce qui a
provoqué
un saignement, Mulder. Et alcool et médicaments font
rarement bon ménage.
Je suis désolé, Scully.
Le regard quils séchangèrent et dont
Bill ne perdit rien,
valait toutes les paroles : lamour, dans sa plus
belle expression,
se lisait dans les yeux gris vert de Mulder et ceux azur
de sa soeur.
Il séclipsa à pas feutrés, espérant
sincèrement que ces deux là
allaient enfin savouer leurs sentiments respectifs.
Il ne pouvait
pas imaginer quaussitôt la porte refermée, leurs
lèvres sétaient
enfin rejointes, scellant une histoire damour qui
avait commencée
plusieurs années auparavant.
FIN
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