Dans les profondeurs de la Terre

 

Dans les profondeurs de la Terre
Auteur : Valérie

Catégorie : MSR, MT, Angst

Spoilers : Triangle

Disclaimer : Les personnages n'appartiennent qu'à la Fox et à

Chris Carter.

Résumé : Une grotte merveilleuse, que Mulder ne peut s'empêcher

de visiter, va devenir un piège mortel.

Feedbacks : oui ! avec joie ! je les attends avec impatience

Parc National de Carlsbad, Nouveau Mexique

Le jour venait de se lever sur le désert du Nouveau Mexique. Sous la tente bleue encore faiblement éclairée, Dana Scully et Charles Buck débranchèrent la radio posée sur le mobilier sommaire, la radio silencieuse depuis des heures, qui ne leur offrait plus qu’un grésillement accablant. Épuisés par les heures de veille, abattus par la culpabilité et le chagrin, ils se regardèrent et chacun put voir dans les yeux de l’autre des larmes de désespoir.

***********

Cinq jours plus tôt. Bureau de Charles Buck, Washington DC.

“C’est extraordinaire... Je ne peux pas le croire...” s’exclama Mulder en regardant les photos que Chuck lui présentait, souriant en voyant le visage émerveillé de son jeune ami. Il savait qu’il serait intéressé par la découverte de son camarade de faculté, devenu spéléologue de renommée internationale. Mark Horner, en explorant une grotte inconnue dans le Parc National de Carlsbad, avait découvert des peintures rupestres d’un type tout à fait nouveau, illustrant des personnages qui ressemblaient étrangement à des extra-terrestres et des engins qui s’apparentaient à des vaisseaux spatiaux. Connaissant la passion que vouait Mulder à ce genre d’histoire, il l’avait immédiatement contacté et sa réaction avait été immédiate. Il n’avait plus qu’une envie, rejoindre le lieu de la découverte et descendre dans la grotte pour examiner lui même les peintures.

“Nous pouvons partir dès ce soir. Mark nous attend, et sachant que tu serais prêt à descendre, a prévu l’équipement nécessaire. J’ai de mon côté rassemblé tout ce qu’il me faudra pour identifier les peintures. Mulder, ne t’emballe quand même pas trop. Ce ne sont peut être que des graffitis très bien réalisés.”

Mulder secoua la tête, déjà transporté à mille lieux du bureau de Chuck.

“Ne gâche pas mon enthousiasme, Chuck. Je sais que c’est presque trop beau pour être vrai mais après tout j’ai besoin de vacances et cette histoire est trop tentante. Je te rejoins ce soir à l’aéroport.”

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Mulder ne pouvait s’empêcher de sourire en préparant son sac de voyage ; il avait promis à Scully, elle même partie rejoindre sa famille pour quelques jours sur la côte Ouest, de prendre quelques jours de repos. L’équipée qui se dessinait pour les jours prochains ressemblait à tout, sauf à du repos, mais il avait l’intuition qu’il allait se faire plaisir. Il boucla son sac, déposa une large rasade de nourriture à ses poissons et ferma la porte derrière lui, le coeur léger.

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Ils arrivèrent sur place après de longues heures de vol et louèrent une jeep pour rejoindre le Parc National de Carlsbad. Mark Horner les accueillit avec un large sourire. Chuck lui présenta Mulder et les deux hommes sympathisèrent immédiatement. Ils avaient à peu prêt le même âge et le même enthousiasme.

Autour du bivouac, sous la lueur des étoiles qui resplendissaient dans le ciel dénué de toute pollution, ils discutèrent pendant des heures, mettant au point leur descente. Mark était un peu nerveux de savoir que Mulder était un novice de la spéléologie, mais avec son air sportif, il ne doutait pas de sa capacité à s’adapter à l’environnement hostile qui les attendait. Ils se couchèrent après avoir installé leurs tentes respectives.

Mulder fut étonné de voir que son portable fonctionnait dans ce coin perdu, mais il se souvint que l’endroit était très touristique et des antennes relais avaient du être installées. Il ne put résister et appela Scully.

La communication n’était pas très bonne, mais il sourit en entendant sa voix un peu ensommeillée lui répondre.

“Scully, c’est moi.”

“Mulder ? Je t’entends mal.”

“Tu ne devineras jamais où je suis Scully.”

“Étonne moi “

“Surprise me.”

“Carlsbad National Park, Scully. “

“Tu rigoles ? Qu’est ce que tu fais là bas ?”

“You are kidding. What are you doing there ?”

“Je descends demain dans une grotte avec un spéléologue. Chuck m’a mis sur un coup fabuleux. Mark a découvert des peintures rupestres mettant en scène des hommes qui ressemblent à des...”

“Des petits hommes verts, Mulder ?”

“Little green men, Mulder ?”

“Tu me connais trop bien, Scully.”

“You know me so well, Scully.”

“Mulder... Tu n’as jamais fait de spéléologie...”

“Mark m’a assuré que la descente serait facile, Scully. Ne t’inquiète pas pour moi.”

“Mulder, j’ai des raisons d’être inquiète. Toi et la nature sauvage n’ont jamais fait très bon ménage.”

Mulder sentit qu’il était temps de changer de sujet de conversation.

“Comment se passent tes vacances, Scully ?”

“Oh... Je crois que si je dois supporter une seule réflexion de plus venant de mon frère, je vais finir par te rejoindre...”

“Bonne idée, Scully. Tu pourrais me donner une de tes explications logiques que j’adore entendre...”

“Mulder !”

Ils se mirent à rire au même moment.

“Sans rire, Scully, si tu veux nous rejoindre...”

“Ne me tente pas...”

“Je laisse mon portable branché. Si tu te décides, tu pourras me joindre demain matin. Nous ne descendrons sans doute pas avant deux jours. Tu as largement le temps de venir. Bonne nuit, Scully.”

“Bonne nuit Mulder.”

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Scully prit le premier vol le lendemain matin et Mulder l’accueillit à l’aéroport, un large sourire aux lèvres. Elle se délecta de son allure décontractée ; vêtu d’un jeans et d’un tee shirt vert qui mettait en valeur ses yeux, il était tout simplement magnifique. Il l’enlaça tendrement et elle répondit à son étreinte, heureuse de le retrouver. Il l’entraîna vers le parking et ils montèrent dans la jeep en direction de leur campement. Pendant le trajet, il lui expliqua la découverte de Mark et Scully ne put s’empêcher de se laisser gagner par l’enthousiasme de son partenaire.

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Ils arrivèrent au bivouac deux heures plus tard. Mulder présenta Scully à Mark et ils se mirent à discuter de leur projet. Ils restèrent tard le soir autour du feu et quand les étoiles furent haut dans le ciel pur du désert, chacun regagna sa tente. L’arrivée de la jeune femme n’étant pas prévue, Mulder, avec un sourire aux lèvres, offrit de partager la sienne avec sa partenaire. Scully s’installa dans le sac de couchage de Mulder, encore imprégné de son odeur unique et sourit. Il était allongé près d’elle, emmitouflé dans ses vêtements pour se protéger du froid, le visage tourné vers elle, adorable avec ses cheveux en bataille et son air boudeur.

“Sais-tu que la meilleure façon de se protéger du froid est de blottir nu dans un sac de couchage, Scully ?”

“Je garde blottir et dans un sac de couchage, mais nu est exclu, Mulder. As-tu froid ?”

“Un peu.”

“Je pense pas que ton sac de couchage soit suffisamment grand pour nous deux, Mulder, mais on peut l’ouvrir si tu peux. Et si tu promets d’être très sage, je me blottirai contre toi.”

“Scuullyyy.... N’en dis pas plus...”

Scully ouvrit la fermeture éclair et déplia le duvet sur eux deux. Aussitôt, Mulder se rapprocha d’elle et ils se blottirent l’un contre l’autre, savourant la chaleur du corps de l’autre. Ils se rappelèrent une certaine nuit en Floride, où ils avaient dormi dans les bras l’un de l’autre et sourirent puis le sommeil les emporta rapidement.

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Le petit matin les trouva enlacés et heureux d’avoir partagé ce moment d’intimité. Mulder se réveilla le premier et resta un moment sans bouger, goûtant à ce bonheur simple et pourtant si rare. Scully était blottie contre lui, sa tête dans le creux de son épaule. Il la serra dans ses bras doucement, et elle finit par se réveiller, un sourire aux lèvres. Elle étouffa un bâillement, puis se dégagea gentiment de son étreinte.

“Bien dormi ?”

“Comme un bébé... Et toi ?”

“Je crois avoir trouvé un remède à mon insomnie” répondit-il un sourire malicieux aux lèvres.

Scully lui jeta en riant l’oreiller à la tête.

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Deux heures plus tard, les trois homme et la jeune femme se présentèrent à l’entrée du gouffre par lequel Mark et Mulder devaient descendre. Un soupçon d’inquiétude se lisait sur le visage de Scully. Mulder, harnaché pour la descente, s’approcha d’elle.

“Mulder, promets moi d’être prudent. Suis les conseils de Mark. C’est un professionnel, il connaît son job. Filmez, prenez des photos et remontez au plus vite. L’idée de te savoir là dessous me fait froid dans le dos.

Ils restèrent un long moment les yeux dans les yeux, puis elle prit son visage entre la paume de ses mains et lui embrassa longuement le front, avant d’effleurer ses lèvres.

Abasourdi, il resta quelques instants sans voix, alors qu’elle lui adressait le plus merveilleux des sourires.

La voix déformée par l’émotion, il lui prit la main.

“Tu m’a donné là une formidable envie de remonter au plus vite, Scully.”

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La découverte de Mark tenait ses promesses. Avec des yeux d’enfant, Mulder regardait, ébahi, les peintures rupestres sur les murs. Pendant des heures, ils photographièrent et filmèrent sous tous les angles des scènes d’une étonnante beauté. Ils s’extasièrent devant le réalisme des personnages et devant la poésie qui s’en dégageait. Pour Mulder, c’était comme un rêve qui devenait réalité. Il décrivit avec exaltation à leurs compagnons restés à la surface le spectacle qui se tenait devant leurs yeux éblouis quand soudain ils entendirent un grondement sourd semblant venir des profondeurs de la terre et le sol se déroba sous leurs pieds.

Déséquilibrés, ils furent brutalement jetés au sol et ils virent le plafond de la grande salle se désintégrer sous leurs yeux. Mulder n’eut que le temps de rouler sur lui même pour tenter de se mettre à l’abri dans une crevasse avant que de gros morceaux de roche ne leur tombent dessus. Se protégeant la tête avec ses bras, il lui sembla que la secousse dura une éternité. Puis le grondement cessa et il osa relever la tête, se dégageant avec peine de la crevasse qui lui avait sauvée la vie. Il grimaça de douleur en ôtant les débris les plus volumineux accumulés sur son corps et aussitôt chercha Mark des yeux. A la lueur de la puissante lampe qui avait survécue au cataclysme, il vit immédiatement le corps de son compagnon, immobile sous plusieurs rochers énormes. Ses yeux étaient grand ouvert, comme surpris. Mulder rampa jusqu’à lui, mais il sut tout de suite qu’il était trop tard. Avec des mains tremblantes, il chercha la radio, intacte malgré les impacts de roche et s’empara du micro.

Il dut s’y reprendre à deux fois avant de réussir à la faire fonctionner.

“Scully !”

La voix lointaine de Scully lui parvint après un court instant, et il remercia un Dieu auquel il ne croyait plus depuis longtemps.

“Mulder ! Remontez ! Immédiatement !”

“Scully, Mark est mort. La grotte s’est en partie effondrée.”

“Tu es blessé ?”

“Non.”

“Sors immédia....”

Il n’entendit jamais la suite. La seconde secousse le prit par surprise.

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Scully sentit la secousse et s’accroupit sur le sol, terrifiée. La terre trembla quelques secondes puis se stabilisa. Elle se releva et se précipita sur la radio.

“Mulder ! Mulder réponds-moi ! MULDER !”

Un silence pesant lui répondit. Le micro crachait des grésillements, rien d’autre. Elle regarda Chuck, paniquée, sentant que le pire était arrivé. Il secoua la tête, impuissant, la désolation se lisant sur son visage.

“J’appelle les secours.”

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Il était conscient d’un intense douleur, mais il n’avait pas la force d’ouvrir les yeux. Il était conscient d’une soif affreuse, mais était incapable de bouger pour l’étancher. Des heures entières, il resta ainsi, entre lucidité et délire fiévreux, trop faible pour combattre le froid qui s’infiltrait dans toutes les fibres de son corps, incapable de repousser la mort qui rodait, inéluctablement.

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Scully accueillit l’équipe de secours avec un immense soulagement. Chuck leur donna les informations qu’il possédait sur la topographie de la grotte et ils se mirent rapidement à l’oeuvre., la plupart des hommes étaient des spéléologues aguerris. Mais les secousses avaient bouleversé le paysage souterrain et les visages se firent sombre à mesure que le temps passait.

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Il reprit connaissance pour la première fois depuis des heures et aussitôt le regretta. Son épaule gauche le faisait cruellement souffrir et quand il tourna la tête il vit que son bras était coincé sous une masse de cailloux. Il essaya de se dégager et l’effort fourni le fit presque tourner de l’oeil une nouvelle fois. Il serra les dents et tenta de repousser les rochers qui emprisonnaient son bras.

Peu à peu, il se dégagea de leurs étreintes cruelles. Quand il fut libre de ses mouvements, il osa regarder son membre douloureux. Le poignet présentait un angle bizarre et il sut immédiatement qu’il était cassé. Il pouvait voir l’os ressortir à travers la peau et avala convulsivement le peu de salive qui lui restait. La douleur était horrible mais il réussit à force de volonté à le bander avec un morceau de tee shirt qu’il avait déchiré. Il attrapa la lampe qui avait miraculeusement survécue à la deuxième secousse et entreprit de progresser dans la caverne sombre.

Des parties entières des parois s’étaient détachées en gros blocs, obstruant les différentes entrées. Il réussit à localiser la radio mais elle avait été endommagée par les chutes de pierre et gisait, inutilisable. Un sanglot le secoua et une vague de panique le submergea. Il était prisonnier des profondeurs de la terre. Il se mit à frissonner, aussi bien par le choc de la réalité que par le froid qui l’envahissait peu à peu. La douleur de son bras montait par vagues, presque insupportable.

La lumière de la lampe vacillait dangereusement. Il la regarda, hypnotisé, s’éteindre doucement. Quand elle s’éteignit complètement, son dernier espoir de survie sombra avec elle. Glacé, l’esprit embrumé par la douleur et la peur, il se recroquevilla en position foetale sur le sol irrégulier de la grotte et se mit à gémir, désespéré. Il allait mourir de froid, de faim, et de soif dans cet endroit glacial, seul. La voix bouleversée de Scully résonna dans son esprit, lui intimant de ne pas abandonner. Mais il était si fatigué... Il ferma les yeux, et se laissa glisser dans l’inconscience.

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Il reprit connaissance et immédiatement une sensation de claustrophobie l’envahit. Il était dans le noir, et son corps entier était glacé. De l’eau gelée s’était infiltrée sur le sol de la grotte et il gisait dedans. Il se releva doucement, à tâtons, grimaçant de douleur, et se souvint qu’il avait dans son sac à dos des torches luminescentes. Il fouilla dedans frénétiquement et avec des gestes hésitants réussit à en allumer une.

Une lueur verte envahit l’obscurité. Il découvrit avec horreur que l’eau montait rapidement et qu’il en avait presque jusqu’aux genoux. Il ne sentait plus ses jambes tremblantes de froid et d’épuisement. Il progressa à travers le chaos de roches et trouva une anfractuosité en hauteur où il se réfugia, désespéré de trouver un endroit sec. Ses dents s’entrechoquaient de froid et de douleur. Il devait trouver un moyen de se réchauffer. Il chercha à nouveau dans son sac et trouva avec soulagement une mince couverture de survie dans laquelle il s’enveloppa immédiatement. De son refuge, il voyait l’eau monter peu à peu dans le fond de la grotte. Il examina avec délicatesse son avant-bras gonflé et un gémissement de souffrance sortit de ses lèvres craquelées par la soif quand il retira sa montre cassée par les chocs répétés. Il s’autorisa quelques gorgées d’eau de sa gourde et remercia silencieusement Mark d’avoir préparé son sac comme un professionnel. Il trouva également quelques biscuits qui calmèrent sa faim.

Il ne savait pas depuis combien de temps il était là. Recroquevillé dans la fine protection, il tenta d’imaginer Scully à la surface, organisant les secours. Il laissa ses pensées dériver, quand soudain une autre secousse, moins puissante que les autres, le fit pourtant pratiquement tomber de son abri précaire. Des petits rochers dégringolèrent sur lui, lui explosant sur le crâne. Il se protégea comme il put avec son bras valide, mais sentit du sang couler sur son visage. Il était terrifié. Sans être un spécialiste, il savait que des répliques pouvaient se produire pendant des heures après la première secousse et que son répit ne durerait pas. Ses longues jambes étaient tétanisées par des crampes et des spasmes de douleur parcouraient son corps
endolori. Exténué, il finit par sombrer dans un lourd sommeil peuplé de cauchemars.

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Dans son rêve fiévreux, il prenait une douche et l’eau bienfaisante coulait sur son corps douloureux. Il savourait la sensation, quand soudain il reprit connaissance et ouvrit les yeux brusquement. Un mouvement brusque, involontaire, lui arracha un gémissement. Sa tête le faisait cruellement souffrir et du sang avait séché sur sa paupière droite. Il se mit en position assise doucement et passa sa main indemne dans ses cheveux sales mais mouillés. Il leva les yeux, sentit l’eau tiède couler sur son visage, ouvrit sa bouche desséchée et essaya d’attraper quelques gouttes pour étancher sa soif. Il mit plusieurs minutes à réaliser que l’eau coulait d’une faille provenant du plafond de la grotte et que des rayons de soleil en parvenaient. Un espoir fou s’empara de lui. Il se dégagea de la couverture de survie, abasourdi, et entreprit d’escalader les rochers pour parvenir jusqu’à la cheminée. Il dut se reprendre à plusieurs fois pour l’atteindre, handicapé par son poignet cassé. La faille était suffisamment large pour qu’il puisse s’y glisser et il commença laborieusement à grimper, hurlant de douleur à chaque fois que son membre blessé se cognait contre la paroi rocheuse. Centimètre après centimètre, il réussit à se hisser vers le sommet, ses vêtements se déchirant contre les parois acérées, lacérant sa peau. Au bord de l’épuisement, hanté par la peur de glisser, mais animé d’une volonté féroce, il sentit enfin sur son visage de l’air frais. Dans un dernier effort, il se hissa jusqu’à la surface et pleura de joie quand il vit la pale lueur des rayons du soleil et qu’il sentit la pluie ruisseler sur lui. Les jambes tremblantes, il se leva et fit quelques pas, avant de retomber, exténué.

Ses jambes ne le portaient plus, tétanisées par l’effort intense qu’il avait fourni pour escalader la faille. Il eut juste le temps d’apercevoir la tente bleue posée sur le sol rocailleux du Parc de Carlsbad avant de sombrer dans l’inconscience, alors qu’au loin résonnaient les derniers grondements de l’orage.

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“Agent Scully, je suis désolé. Nous ne pouvons rien faire de plus. L’entrée est complètement obstruée, et avec ces secousses sismiques, cela devient trop dangereux d’entreprendre un forage. Je vais demander à mes hommes d’arrêter les recherches.”
Le capitaine s’adressa à la jeune femme d’une voix compatissante, détestant ses paroles au moment où il les prononça. C’était toujours le moment le plus difficile des missions.

Scully hocha la tête, le visage décomposé par le chagrin. Elle porta une main à ses lèvres et étouffa le sanglot qui la secoua, incontrôlable. Chuck la prit par les épaules et la serra contre elle. Le responsable des secours se détourna, leur laissant un peu d’intimité avant de quitter la tente pour rassembler son équipe.

“C’est ma faute, Scully. C’est moi qui l’ait entraîné dans cette histoire. Je ne me le pardonnerai jamais.”

Les larmes de Scully redoublèrent et son corps fut secoué de tremblements nerveux. Elle trouva néanmoins la force de rassurer son ami.

“Vous n’y êtes pour rien, Chuck. Mulder a toujours été au bout de sa passion. Il connaissait les risques.”

Ils restèrent un long moment dans les bras l’un de l’autre, se réconfortant. Puis ils commencèrent à ranger les divers instruments. avant de sortir pour replier la tente. Dana regarda une dernière fois l’entrée de la caverne, à présent détruite, et son regard se porta sur l’horizon. Le soleil maintenant haut dans le ciel écrasait le paysage.

Ils chargèrent la jeep de l’équipement désormais inutile et Chuck s’installa au volant. Scully monta à ses côtés, et au moment de s’asseoir elle remarqua au loin une silhouette sombre à quelques centaines de mètres de leur campement, se détachant des couleurs sable et ocre du désert. Son coeur se mit à battre plus vite. Elle attrapa les jumelles posées devant elle et les porta à ses yeux.

“Oh mon Dieu ! Chuck ! Je crois que c’est Mulder !”

Elle pointa sa main vers le Sud et Chuck démarra en trombes, se dirigeant vers la forme étendue. En une minute, ils étaient auprès du corps immobile. Scully sauta de la jeep et courut vers lui. Les joues ruisselantes de larmes, elle s’agenouilla près de lui et caressa son visage maculé de terre et de sang, posa ses doigts au creux de son cou et explosa de joie en sentant la pulsation faible, mais bien présente, de sa carotide. Elle glissa ses doigts dans ses cheveux emmêlés et lui murmura à l’oreille des paroles de réconfort.

“Ca va aller, Mulder... Je suis là...”

Les paupières de Mulder frémirent et ses yeux s’ouvrirent.

“Scul...”

“Chut, ne parle pas... Oh mon Dieu, dans quel état es-tu...”

Chuck avait déjà alerté les secours qui faisaient demi-tour sur la route poussiéreuse. Il pouvait déjà les entrevoir au loin.

Scully s’empressa de faire le point sur ses blessures. Elle remarqua immédiatement l’angle incongru de son poignet gauche, et grimaça en imaginant la douleur qu’il pouvait ressentir. Les ongles de sa main valide étaient cassés et ses phalanges lacérées. A travers son tee shirt déchiré, elle vit les nombreuses coupures fines et recouvertes de sang séché, nota à la naissance de ses cheveux une longue entaille profonde. Ses lèvres étaient craquelées, ses joues ombrées d’une barbe naissante et ses paupières lourdement cernées. Elle imagina le cauchemar qu’il avait du vivre durant ces derniers jours.

Chuck s’approcha, portant une gourde d’eau fraîche. Elle fit glisser délicatement quelques gouttes dans sa gorge desséchée. Après quelques gorgées, elle l’aida à se redresser, et il s’appuya lourdement contre elle, laissant échapper de petits gémissements plaintifs mais son visage avait repris quelques couleurs et ses yeux aux pupilles délavées avaient retrouvé leur brillance habituelle.

“J’ai sauvé l’appareil numérique, Scully...” Il porta sa main à la poche de son jean et en sortit le petit camescope numérique. ” C’était si extraordinaire...”

Scully ne put s’empêcher de sourire et lui prit des mains pour le donner à Chuck.

“Garde tes forces, Mulder. Les secours vont arriver d’un instant à l’autre.”

“Je n’ai rien pu faire pour Mark... Je suis désolé, j’ai du l’abandonner en bas...” Les yeux de Mulder se teintèrent de tristesse. “ Il était si heureux d’avoir découvert ces peintures. “Elles sont perdues à jamais maintenant”.

“Les sauveteurs iront chercher le corps de Mark dès que tu auras indiquer le chemin que tu as emprunté pour sortir de ce trou.”

Il hocha la tête et ses paupières se refermèrent sous l’effet de l’épuisement. Elle le serra délicatement contre elle, savourant le contact de son corps.

************

Vingt quatre heures plus tard.

Scully pénétra doucement dans la chambre d’hôpital. Mulder était endormi, le visage tourné vers la fenêtre. Il était couvert d’hématomes et de bandages, son avant-bras gauche était plâtré jusqu’au coude, ses joues encore trop creuses, mais elle n’avait jamais vu quelque chose d’aussi beau. Il était vivant. Déshydraté, hypothermique, épuisé, mais vivant. Il avait encore miraculeusement échappé à la mort. Même les sauveteurs, pourtant accoutumés à ce genre de situation, avaient été impressionnés que dans son état, il soit parvenu à grimper dans l’étroite crevasse pour remonter à la surface.

Elle s’approcha à pas feutrés du lit, et glissa ses doigts dans ses cheveux épais, qu’elle avait elle-même lavés avec le pseudo shampoing qu’utilisaient les infirmières avec les patients alités.
Elle évita scrupuleusement le pansement qui recouvrait une partie de son front et ses doigts descendirent contre sa tempe, puis sur sa joue rugueuse. Elle effleura ses lèvres pleines, puis retira sa main, la posant sur son bras. Sa peau était tiède.

“Umm... Tu peux continuer, tu sais...” Il n’avait pas ouvert les yeux, mais ses lèvres souriaient.

Elle rougit, inconsciemment.

Il ouvrit les paupières et son regard vert, intense, croisa le sien.

“Ton frère va encore être furieux contre moi... Tu étais sensée passer du temps avec ta famille.”

Elle perçut dans sa voix un soupçon de culpabilité.

“Mulder, tu sais bien qu’il n’y a pas un autre endroit au monde où je voudrais être à cet instant. Ma place est à tes côtés.”

Ce fut à son tour de rougir. Il prit doucement sa main et la porta délicatement à ses lèvres craquelées.

“Il y a une chose qui m’a vraiment fait mal quand j’ai cru que j’allais mourir, Scully.”

Elle haussa les sourcils et attendit qu’il reprenne sa phrase.

“J’ai réalisé que... que je ne t’avais jamais dit combien je t’aime. Vraiment. Je t’aime, Dana Scully, je t’aime comme je n’ai jamais aimé. Et je me suis promis de te le dire.”

Les yeux brillants de larmes, elle se pencha vers lui et déposa un tendre baiser sur ses lèvres.

“Je préfère cette saine réaction que celle que tu as eu après un certain fiasco dans le triangle des Bermudes...”

La voix pleine de malice de Mulder résonna dans la chambre inondée de soleil et ils se sourirent.

“Et ceci n’a rien à voir avec la morphine qu’ils m’injectent à travers cette saleté d’intraveineuse.”

“Tais-toi, idiot, et embrasse moi.”


FIN
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