Titre : Homeless
Auteur : Valérie
Email : valeriec2@wanadoo.fr
Spoiler : Requiem
Catégorie : MSR, MulderAngst, ScullyAngst.
Disclaimer : Les personnages crées par Chris Carter
nappartiennent quà lui seul et à la Fox. Je
nécris que pour mon plaisir, et le votre.
Résumé : Trois ans après lenlèvement de Mulder, Scully
trouve une information qui la met sur la piste de Mulder.
HOMELESS
Dana Scully poussa la porte de son immeuble dun geste las. Sa journée avait été fatigante et elle navait quune envie, se plonger dans un bain chaud, enfiler des vêtements confortables et se mettre au lit avec un bon livre.
Elle prit son courrier machinalement et se dirigea vers la porte de son appartement, fouilla dans son sac pour récupérer ses clés et se retrouva chez elle.
Elle posa les enveloppes sur la table du salon et écouta dun air distrait les messages laissés sur son répondeur : sa mère qui prenait des nouvelles delle tous les jours, une amie qui lui proposait une soirée ciné, un message commercial quelle ignora. Rien de bien excitant.
Elle fit couler son bain et se glissa dans la baignoire, savourant le plaisir simple, écoutant dune oreille rêveuse la musique qui lui parvenait du salon. Son corps fatigué était lourd, les journées quelle passait à Quantico lépuisaient, mais elle aimait faire partager son savoir aux étudiants avides et passionnés quelle côtoyait maintenant depuis deux ans.
Elle resta un moment dans leau chaude et parfumée, puis se rinça et enfila un sweat shirt confortable et un pantalon ample. Elle avala rapidement un repas léger dans la cuisine et ouvrit le courrier qui lattendait.
Des factures... et son quotidien quelle ouvrit machinalement. En voyant la photo sur la première page, sa surprise fut si grande quelle le fit tomber à terre. Retenant un cri, elle se baissa et ses yeux se troublèrent lespace dun instant. Ce nétait pas possible... Devant elle, sur les photos en noir et blanc, sétalait le visage de lhomme dont elle rêvait toutes les nuits depuis trois ans. Ses yeux se remplirent de larmes, sa main se posa sur sa bouche, et elle laissa échapper un sanglot incontrôlable.
Agenouillée, elle prit le journal entre ses mains, et ses doigts glissèrent sur le papier, et elle traça les contours du visage aimé. Des myriades de souvenirs lui revinrent à lesprit lespace dun instant et ses larmes coulèrent sur le papier.
La photo était sombre, mais cétait bien lui, le visage anguleux, les joues creuses, les yeux ténébreux et mélancoliques, les cheveux longs, plus longs quil ne les avait jamais portés.
Elle détacha ses yeux un instant de ce fantôme du passé et ils se posèrent sur larticle de presse qui accompagnait la photo. Cétait un reportage sur les sans abris dun quartier populaire de la ville. Sa mémoire chercha vaguement lemplacement de cet endroit et sans hésitation, elle prit le journal, enfila des baskets et un blouson de sport et sortit de son appartement.
*****************
Le trajet jusquà la 52ème rue nétait pas long, mais il lui suffit pour se remémorer les trois dernières années de sa vie...
... Le désespoir qui lavait englouti après avoir appris la disparition de Mulder dans une forêt de lOregon, la joie immense qui avait suivie lannonce de sa grossesse, la dépression après avoir perdu son bébé à dix semaines de grossesse, sa quête éperdue pour retrouver lhomme quelle aimait, le soutien de Skinner et des Lone Gunmen. Un an après sa disparition, elle avait renoncé, désespérée, quitté le service des XFiles, et avait demandé sa mutation à Quantico en tant que cadre enseignant. Son travail était la seule chose qui la maintenait en vie.
Arrivée à destination, elle se gara à la hâte sur le boulevard et sortit de la voiture. Le quartier était populaire, et les rues aux alentours sombres et sinistres. Elle marcha le long des boutiques déjà décorées pour Noël, dévisageant chaque homme grand et mince, sarrêtant souvent pour montrer la photo aux vendeurs de rues, espérant chaque fois que quelquun puisse la renseigner, et son coeur se brisant à chaque dénégation.
Au bout de deux heures de recherche infructueuse, elle finit par retourner à sa voiture, accablée. Son regard se tourna alors vers les rues perpendiculaires au boulevard, et suivant son intuition, elle senfila dans la pénombre.
De nombreux sans-abris avaient pris possession du quartier, et elle sapprocha dun pas décidé vers lun deux.
Une odeur âcre lassaillit lorsque elle sapprocha de lui.
- Je peux vous aider, petite madame ?
- Peut être. Connaissez vous cet homme ?
Des mains crasseuses se posèrent sur larticle et les yeux aux paupières plissées observèrent avec attention le document.
- Non, petite madame. Désolé. Mais vous pouvez aller voir Decker. Il connait tout le monde dans le coin.
Lhomme lui indiqua une ruelle glauque un peu plus loin et replongea dans sa stupeur alcoolique. Scully se dirigea vers lendroit indiqué. Plusieurs hommes étaient affalés sur des cartons sales, buvant de la bière et sesclaffant en la voyant arriver vers eux.
- Et la bourgeoise ! Tu tes perdue dans le quartier ?
- Je chercher Decker.
Un homme grand, vêtu de guenilles, se leva en titubant et sapprocha delle. Elle recula dun pas, son haleine suffisant à lintoxiquer.
- Je suis Decker. Je peux vous aider ?
- Je cherche cet homme.
Il scruta la photo et la dévisagea.
- Vous êtes flic ?
- Non.
- Il a fait quelque chose de mal ?
- Non... Il a disparu depuis trois ans. Je cherche à le retrouver.
- Vous êtes sa femme ?
- Non... Cest un ami... Un ami très proche. Je vous en prie, le connaissez vous ?
- Il est arrivé dans le coin il y a quelques mois.
Le coeur de Scully se mit à battre très fort dans sa poitrine.
- Où est-il ? Je vous en prie. Il faut que je le vois.
- Cest un solitaire, et je crois quil est un peu dérangé. Il reste des heures assis par terre... Il ne parle presque pas.
- Où est-il ? Sil vous plait...
- Vous le trouverez deux rues plus loin, sur la gauche.
Scully ferma les yeux et prit une grande inspiration.
- Merci, Decker. Merci.
- Vous nauriez pas un ptit billet, Mdame ?
Elle sortit un billet de dix dollars et le glissa dans la main calleuse.
*******************
La rue que Decker lui avait indiqué était sombre et malodorante, jonchée de poubelles et de débris de toute sorte. Scully scruta lobscurité avidement et finit par découvrir, dans un coin sombre et humide, celui quelle cherchait désespérément. Elle se glissa entre les poubelles et le discerna dans la pénombre. Il paraissait dormir, allongé sur un carton, une main sur le visage. Elle observa son corps trop maigre, ses mains maculées de traces noires, aux ongles rongés, ses vêtements sales et usés. Des mèches de cheveux crasseux lui tombaient sur le visage.
Dun geste timide, elle prit la main posée sur les yeux, et découvrit doucement son visage.
- Mon Dieu, Mulder...Sa voix nétait quun murmure, mais cela suffit à le réveiller. Il ouvrit les yeux et posa un regard apeuré sur linconnue agenouillée près de lui.
La gorge de Scully était si serrée que sa voix était étranglée par lémotion.
- Mulder ? Cest toi ?
Il ne lui répondit pas, mais se leva, manifestement terrorisé, les yeux remplis de frayeur. Il se recula contre le mur et la dévisagea.
- Mulder...
Elle fit un pas dans sa direction, les mains tendues en signe dapaisement.
- Ne crains rien...
- Qui êtes-vous ?
Cétait sa voix, même si elle était plus rauque que dans son souvenir. Cétait son visage, même différent, avec des rides nouvelles, une cicatrice sur le front quelle ne lui connaissait pas. Mon Dieu cétait bien lui.
- Dana Scully. Tu ne te souviens pas ?
Ses yeux tragiques la fixèrent intensément, mais la frayeur semblait se dissiper peu à peu.
- Je ne vous connais pas.
Elle ferma les paupières, ses yeux se remplirent de larmes, mais elle se reprit rapidement.
- Tu as disparu il y a trois ans. Je tai cherché pendant des mois...
Il fronça les sourcils, cherchant dans sa mémoire troublée un souvenir, un visage. Mais il secoua la tête.
- Non... Je ne vous connais pas.
- Comment tappelles tu ?
La question le prit par surprise. Personne depuis quil avait trouvé refuge ici ne lui avait jamais demandé son nom.
- Sam ?
Cétait plus une question quune affirmation.
- Non... Tu tappelles Fox Mulder. Tu étais un agent du FBI. Tu as disparu dans une forêt de lOrégon il y a trois ans. Oh mon Dieu, quest-ce quils tont fait, Mulder ?
- Non, je mappelle Sam. Je ne sais pas qui vous êtes... Laissez moi en paix. Ne me faites pas de mal...
- Je ne te ferai jamais de mal, Mulder. Laisse moi simplement taider. Je ten prie, Mulder... Tu mas tellement manqué.
Il voulait croire en elle, mais rien ne lui revenait, il ne se souvenait pas delle. Il ne souvenait de rien, il était un homme sans passé, sans identité.
- Viens avec moi. Je vais te conduire chez moi, tu pourras prendre un bain chaud...
- Non...
Il était terrorisé à nouveau, il avait peur de la suivre, quelle découvre lhomme misérable quil était. Il avait peur de décevoir cette femme qui avait lair de tant attendre de lui.
Scully soupira. Elle ne pouvait rien faire de plus que dessayer de le persuader, elle ne pouvait pas lemmener de force chez elle. A part la ressemblance physique évidente, rien ne lui prouvait quelle avait bien Mulder devant elle. Elle avait peur de leffrayer plus quil ne paraissait lêtre déjà. Elle se résigna.
- Très bien. Je te laisse.
Elle lui tendit une carte de visite quelle sortit hâtivement de son portefeuille, ainsi quun billet de vingt dollars.
- Voici mon numéro de téléphone, et un peu dargent. Je nai que cela.
Il accepta avec hésitation ce quelle lui donna et murmura un remerciement timide.
- Merci.
- Je peux revenir demain ?
Sans la regarder, il lui répondit oui. Après tout, elle lui avait donné de largent.
*********************
Elle rentra chez elle, le coeur lourd, attristée de lavoir laissé dans la nuit froide, incapable de chasser de ses pensées son visage tant aimé, tant désiré, tant espéré. Les derniers mois passés avec Mulder lui revinrent avec une acuité déchirante, ces jours heureux et ces nuits passionnées, son sourire, autrefois si rare, qui illuminait ses traits lorsque ils étaient en tête à tête. Il lui avait terriblement manqué.
Et il était là maintenant, mais ce nétait plus vraiment lui. Il ne se souvenait pas delle ni de leur histoire. Elle se mit à maudire les responsables, quels quils soient. Ils avaient réussi à briser cet homme fier et indomptable à lesprit prodigieux quil était devenu malgré les blessures profondes de son âme.
Demain, elle pourrait peut être le persuader de venir chez elle. Elle se coucha, et essaya de sendormir.
*******************
La sonnerie du téléphone la réveilla en sursaut. Dun geste automatique, elle attrapa le combiné et répondit.
- Dana Scully.
- Mademoiselle, cest Decker. On sest vu tout à lheure dans la rue. Lhomme que vous cherchiez... Il ma demandé de vous appeler.
Le coeur de Scully se mit à battre à cent à lheure.
- Que se passe til ?
- Il a été emmené à lhôpital il y a quelques minutes. Il sest fait agressé.
...Non, se dit telle... Pas alors que je viens juste de le retrouver...
- Quel hôpital ?
- Georgetown. Il ma donné votre carte avant dêtre pris en charge par les secouristes.
- Merci Decker.
Elle se leva instantanément, se rhabilla hâtivement et fonça à sa voiture.
*********************
Cétait une nuit agitée aux Urgences de lhôpital de Georgetown. La salle dattente était surchargée de malades et de blessées, les infirmières se pressaient de salle en salle, lair préoccupé. Scully essaya dobtenir des renseignements, sans succès. Agacée, inquiète, elle finit par parcourir les couloirs en quête de Mulder. Son coeur sarrêta lorsque elle le vit enfin, allongé sur un brancard le long dun mur, le visage ensanglanté. Ses yeux séclairèrent lorsque il la vit sapprocher de lui.
- Vous êtes venue...
- Decker ma appelé. Mon dieu, que sest til passé ?
- Une bande de voyous ma pris pour cible. Ils étaient cinq ou six et se sont acharnés sur moi. Ils mont pris vos vingt dollars.
- Pourquoi mavoir fait appelé ? Je veux dire... vous... tu...
Il esquissa un sourire devant son hésitation.
- Tu, cest bien. Jai pensé que vous pourriez maider. Je nai pas lhabitude davoir un ange gardien.
Il lui sourit faiblement et fit une grimace quand ses lèvres tuméfiées se réouvrirent, laissant échapper un filet de sang.
Scully prit un mouchoir en papier dans sa poche et très doucement le pressa contre ses lèvres blessées.
- Tu as été examiné par un médecin ?
- Non... Ils mont juste mis là sur ce brancard en attendant. Ils ont lair particulièrement occupé.
- Laisse moi regarder.
Devant son air perplexe, elle ajouta :
- Je suis médecin. Je peux texaminer.
Scully lut une sorte de honte sur son visage.
- Je ne suis pas très présentable.
- Je travaille sur des morts. Les odeurs ne me font pas peur.
Il laissa échapper un petit rire nerveux, et précautionneusement ôta ses vêtements sales. Sa poitrine était marbrée par des hématomes. Il laissa échapper un grognement de douleur quand Scully palpa délicatement ses côtes saillantes.
- Je pense que tu as au moins deux ou trois côtes cassées. Il faut quon te radiographie pour en être sûr et sassurer quil ny a pas de lésion pleurale. Tu souffres ailleurs ?
Il allait répondre quand une infirmière sapprocha deux, lair courroucé. Elle sadressa directement à Scully.
- Je peux savoir ce que vous faites ?
- Jallais vous poser la même question. Cet homme a besoin de soins et personne ne soccupe de lui.
- Nous avons eu beaucoup de blessés cette nuit et...
- Cet homme est blessé. Je veux quil soit examiné immédiatement et que des radios soient faites ; il souffre peut être de lésions internes.
- Je peux savoir qui vous êtes ?
- Agent Spécial Dana Scully, FBI.
Linfirmière lui prit le bras et lentraîna un peu plus loin.
- Cet homme est un sans abri. Dans cette population, les rixes sont courantes et souvent sans gravité...
- Cet homme est agent du FBI, mademoiselle. Il est actuellement en mission et jexige que des soins lui soient apporté le plus rapidement possible. Est-ce que cest clair ?
- Très clair, Madame. Je vais faire en sorte quil soit traité au plus vite. Avec nos excuses, Madame.
Linfirmière lui sourit de façon contrite et séloigna.
Scully retourna près de Mulder. Il avait observé léchange dun air surpris.
- Vous aviez lair... terrifiante. La pauvre femme...
- La pauvre femme va faire ce quil faut pour te soigner. Tu as mal ?
- Seulement quand je respire...
**************
Deux heures plus tard, ils étaient dehors, Scully portant un sac de médicaments dune main et soutenant Mulder de lautre. Elle laida à monter dans la voiture et il grimaça de douleur en sinstallant sur le siège. Sa poitrine le faisait souffrir, malgré les calmants, et il avait soudain très envie de dormir. Les examens navaient pas révélé de lésions internes, mais il souffrait dune contusion et de plusieurs fractures de côtes. Frissonnant, il se laissa aller contre lappui tête.
- Ne tendors pas, Mulder. Tu as entendu le médecin. Il faut que tu restes éveillé au moins pendant huit heures. Jhabite à vingt minutes dici.
Le reste du trajet se fit en silence, Scully le surveillant dun coin de loeil de temps à autre pour vérifier quil était toujours avec elle. Elle se gara devant chez elle et laida à descendre de la voiture. Alors quil sappuyait sur elle pour monter les escaliers, elle se rendit compte pour la première fois de sa perte de poids, et des larmes montèrent à ses yeux. Elle se reprit rapidement et chassa les pensées sombres qui envahissaient son esprit. Il est là. Il est sauf. Il est vivant.
Ils pénétrèrent dans lappartement sombre et il resta là dans lentrée, ne sachant pas très bien quoi faire. Elle se retourna vers lui en souriant.
- Ma proposition tient toujours.
La stupeur se lut sur son visage fatigué.
- Votre proposition ?
Son esprit était embrumé par les calmants et entre la douleur et lépuisement de ces dernières heures, il avait un peu de mal à mettre de lordre dans ses pensées.
- Le bain chaud. La salle de bains est par ici.
Ses joues se mirent à rougir et il se rendit compte de lodeur que son corps dégageait. Cétait proprement insupportable. Il suivit la jeune femme jusquà la salle de bains et la remercia dun sourire gêné.
- Les serviettes sont là et tu trouveras du shampooing et du gel douche sur le bord de la baignoire.
Elle ouvrit un placard, sortit une brosse à dent neuve et lui tendit.
- Je suis à côté si tu as besoin de quelque chose.
Il ferma la porte derrière elle et commença à se déshabiller. Il laissa tomber ses vêtements souillés sur le sol immaculé et fit couler leau chaude. Son regard se porta soudain sur le miroir. Il sen approcha et passa une main sur son visage. Il avait longtemps quil ne sétait pas regardé dans une glace et son reflet lui faisait peur. Ses cheveux, longs et sales, lui tombaient sur le front et dans la nuque. Son corps était maigre et couvert de fines cicatrices, ses os ressortant de façon tragique.
Il se glissa avec délectation dans leau chaude et se lava consciencieusement, grimaçant en voyant leau noircir à mesure quil ôtait la crasse accumulée depuis des semaines. Il se rinça une première fois et recommença le processus jusquà ce que leau soit claire. Il apporta un soin tout particulier à ses cheveux, allant même jusquau luxe de laprès shampooing. Enfin propre, il resta quelques minutes dans leau chaude, et sourit à sa bonne fortune. Les derniers mois, cauchemardesques, seffaçaient enfin. Cette nuit, près de cette jeune femme qui disait le connaître, il allait peut être enfin se retrouver.
Il entendit la porte sentrouvrir et sursauta. Il sétait presque endormi dans leau tiède. La porte se referma doucement et il vit que des vêtements avaient été soigneusement posés au sol. Il se rinça une dernière fois et sortit du bain, grelottant maintenant malgré la douce température de la pièce. Il sessuya et enfila les vêtements offerts. Ils étaient trop larges, mais lui semblaient étrangement familiers. Il se brossa les dents, se coiffa du mieux possible et sortit de la salle de bains.
- Dana ?
- Dans la cuisine.
Il la rejoignit et lorsque il franchit la porte, la jeune femme ne put retenir un cri de surprise. Dans ces vêtements, coiffé et propre, il était tellement lui même que les doutes quelle avait pu avoir seffacèrent immédiatement. Cétait lui.
- Vous avez vu un fantôme ?
Elle lui sourit.
- Non... jai retrouvé quelquun.
****************
Ils sétaient installés dans le salon, devant un chocolat chaud et quelques gâteaux secs. Elle brûlait de lui poser des questions, mais il le devança.
- Dana... Raconte moi ce qui sest passé... Ce quil mest arrivé.
- Tu nas aucun souvenir ?
- Non...
- Dis moi ce dont tu te souviens.
Il soupira, sinstalla confortablement dans le fond du canapé, et commença à dérouler lhistoire de sa vie depuis trois ans.
- Jai repris connaissance dans une chambre dhôpital, au Texas. Jétais dans un triste état. Je navais aucun souvenir de mon identité, ou de ce qui métait arrivé. Jétais aussi faible quun nouveau né, maigre comme un chat écorché. Je souffrais énormément. Jétais paniqué dès que quelquun sapprochait de moi. Je narrivais pas à parler. Ils mont expliqué que je souffrais dune amnésie post-traumatique. Javais tout oublié. Jétais incapable de me nourrir moi même, je ne savais plus marcher... Jai du rester là bas une dizaine de jours, puis ils mont envoyé dans un centre de réadaptation pour grands blessés. Cest là que jai réappris à vivre. Ils ont pris soin de moi. Peu à peu, jai retrouvé mes fonctions motrices, mais je navais toujours aucun souvenir. Je faisais des cauchemars toutes les nuits, mais je ne me souvenais de rien à mon réveil. Dix huit mois après mon arrivée dans ce centre ils mont laissé partir. Jai menti pour pouvoir sortir, en leur disant que javais des amis qui pourraient mhéberger. Jai pris la route.
Scully lécoutait en réfrénant son émotion.
- Jai survécu en faisant des petits boulots, ça et là, en échange dune nuit ou dune semaine dhébergement, la plupart du temps des fermes. Les gens étaient corrects avec moi, et jai retrouvé des forces.
Elle ne put sempécher de sourire en limaginant en travailleur agricole. Lui, le cérébral, avec son insatiable curiosité desprit...
- Je me suis retrouvé plusieurs fois en prison pour vagabondage, avec les ivrognes... Ce ne sont pas de bons souvenirs. Ca ma pris plusieurs mois pour arriver jusquà Washington. Et jai découvert que la survie en ville était dure. Sans emploi, sans rien à manger, sans toit.. Et lhiver qui arrivait... Jai trouvé refuge dans le quartier où tu mas trouvé. Jai survécu en faisant la manche, comme les autres. Et avec la soupe populaire...
- Pourquoi Washington ?
- Je ne sais pas... quelque chose me poussait à venir ici.
Le visage de Scully séclaira.
- Tu as bien fait.
- Comment es tu sur que je sois bien celui que tu cherches ?
Scully se leva et se dirigea vers sa chambre. En revenant dans le salon, elle portait un cadre à la main.
- Regarde toi même. La ressemblance est flagrante.
Il prit le cadre et regarda intensément la photo. Lhomme qui souriait, une main posée sur lépaule de la jeune femme, était incontestablement lui. Plus jeune, le visage moins marqué, mais cétait lui.
- Jai du mal à le croire... Tu as du avoir un choc en me revoyant il y a quelques heures. Jai changé...
- Tu as vécu des épreuves... Moi aussi jai changé.
- Non... Tu es toujours aussi belle que sur la photo... Raconte moi ma vie... Notre vie.
- Je fais ta connaissance lorsque quon ma assigné à ton service, les affaires non classées. Tu toccupais des dossiers restés sans réponse, des dossiers qui tournaient autour du paranormal. Jétais une scientifique, et javais du mal à épouser tes théories. Mais tu mas convaincu dans la plupart des cas quelles étaient fondées. Nous avons travaillé sept ans ensemble, et nous avons vécu des choses éprouvantes ensemble. Nous avons tous les deux été durement touchés pendant ces années, aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Nous avons mis à jour une conspiration du gouvernement visant à masquer lexistence des extra-terrestres.
Les sourcils de Mulder se levèrent en signe de surprise.
- Le soir où tu as disparu, tu cherchais une nouvelle preuve, et je tai laissé partir... Je naurai jamais du. Tu mas terriblement manqué.
Le visage de la jeune femme était bouleversé et des larmes coulaient sur ses joues. Il sapprocha delle et doucement les essuya.
Une question brûla les lèvres de Mulder. Il voulait savoir pourquoi cette femme sintéressait tant à lui.
- Nous étions... intimes ?
- Nous avons mis un temps fou avant de nous rendre compte de nos sentiments lun pour lautre. Nous sommes devenus intimes quelques mois seulement avant ta disparition. Je crois que nous avions peur lun et lautre de gâcher lincroyable amitié qui nous unissait.
- Mais ça na pas été le cas...
- Oh non... Ca a été la plus merveilleuse chose quil nous soit arrivé depuis très longtemps. Nous étions un seul être, parfaitement connecté lun à lautre.
Les yeux de Mulder étaient remplis à leur tour de larmes.
- Quand tu as disparu, cest comme si le monde sétait écroulé autour de moi...
- Je suis désolé de tavoir fait souffrir...
- Rien de tout cela nest ta faute, Mulder.
Ils restèrent un long moment à se regarder, sans oser se toucher, les yeux dans les yeux. Puis la jeune femme se leva et revint quelques instants plus tard avec un carton dans les bras.
- Jai gardé ton passé, Mulder. A toi maintenant de le redécouvrir. Peut être cela taidera à te souvenir...
Il était maintenant plus de trois heures du matin et ils avaient tous les deux du mal à garder les yeux ouverts. Scully se dirigea vers la chambre damis et prépara son lit. Il la suivit, le carton à la main. Alors quelle sapprêtait à quitter la pièce, il lui déposa un baiser sur le front.
***************
Les premiers rayons du soleil hivernal réveillèrent Scully. Elle avait fini par dormir quelques heures, épuisée par lémotion. Son coeur saffola en pensant que les retrouvailles avec Mulder navaient été quun merveilleux rêve. Elle se précipita dans la chambre damis et ouvrit la porte presque brutalement. Ses yeux se posèrent alors sur lui. Il était allongé sur le côté, recroquevillé dans les couvertures. Elle sapprocha du lit et scruta son visage. Le sommeil lui donnait un air presque juvénile, serein. Les lèvres entre ouvertes, il dormait profondément, mais elle remarqua sur son visage des traces de larmes. Elle caressa amoureusement les mèches de cheveux bruns qui tombaient sur son front, et y déposa un baiser léger. Il ouvrit ses paupières gonflées par le manque de sommeil et il sourit sans retenue. Cétait la première fois depuis quils sétaient retrouvés. Ses yeux aux reflets dor et démeraude, teintés de triste nuance se posèrent sur elle et son coeur se gonfla dallégresse.
- Scully...
Dans la seule prononciation de son nom, elle sut. Ses yeux se posèrent sur le journal quil avait découvert dans le carton quelle lui avait donné la veille, abandonné sur la table de nuit. Son journal, quelle avait conservé religieusement, ainsi que quelques affaires qui lui rappelaient lhomme quelle avait perdu : son blouson de cuir, sa batte de base-ball, la photo de lui et de Samantha.
- En lisant ces pages, tout mest revenu, Scully. Cest encore embrouillé dans ma tête, et jai limpression davoir subi un lavage de cerveau, mais ça me revient. Je sais enfin qui je suis, et doù je viens. Ce que jai fait, ce que tu as subi, tout est là... Je ne sais pas si je peux redevenir lhomme que jai été, mais je suis là, et si tu macceptes tel que je suis, je sais que rien ni personne ne pourra jamais plus nous séparer.
- Je taccepte tel que tu es, Mulder. Et ensemble nous
construirons notre futur.
FIN