Nouveau : La solitude n'existe pas.
Auteur : valérie
Email : valeriec2@wanadoo.fr
Catégorie : MSR
Résumé : Après la mort de la mère de Mulder, Scully analyse
ses sentiments pour lui.
La solitude n'existe pas.
Ils étaient silencieux depuis un long moment, assis côte à côte sur le canapé en cuir du salon. La pénombre sétait installée, sombre comme leurs pensées. Ils étaient épuisés par la tension et lémotion de ces derniers jours, épuisés par le long trajet en voiture quils avaient parcouru après lenterrement. Ils étaient à court de paroles, à court de larmes.
Lappartement était envahi par les cartons quils avaient ramené de chez sa mère. Il avait voulu
Scully était partagée entre le désir de rester près de lui et celui de le laisser enfin à lintimité dont il avait sans doute besoin. Elle le regarda une fois encore pour tenter de déchiffrer son visage sur lequel les émotions affleuraient. Son regard était perdu mais le désespoir absolu quelle avait pu lire en lui après lannonce de la mort de sa mère avait disparu.
Il releva la tête lentement et leurs yeux se croisèrent.
- Rentre chez toi, Scully.
Le murmure de sa voix ressemblait à une prière. Il paraissait si serein, si calme, que Scully se leva. Elle prit sa veste et effleura son front dun baiser.
- Tu es sûr que ça va aller ?
- Oui. Je vais bien. Rentre chez toi. Tu as lair épuisé.
La jeune femme hésita un instant puis se dirigea vers la porte. Elle se retourna une fois encore et lui sourit tendrement.
- Tu vas réussir à dormir ?
Il ne lui répondit pas, mais ses yeux sanimèrent soudain dune lueur enfantine et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
- Ca cest une autre histoire.
Il lui déposa à son tour un baiser tendre sur la joue puis ferma la porte derrière elle. Lappartement lui parut soudain très vide sans elle. Il respira profondément, essayant de chasser la pesanteur qui broyait sa poitrine, et exhala un sanglot. Seul dans le couloir sombre, il se laissa aller à terre contre la porte, assis sur ses talons, ses mains enserrant son visage, laissant aller les larmes qui baignaient ses joues. Il sest contenu si longtemps, devant Scully, devant Skinner qui avait assisté à lenterrement, devant les quelques amis qui avaient pris le temps de venir le soutenir. Il sétait contenu, essayant de chasser linsondable fossé qui souvrait sous ses pieds, essayant de trouver auprès des proches qui lentouraient la force de ne pas sombrer. Sa mère... Sa soeur... Jamais il ne sétait senti aussi désespérement seul.
Les sanglots qui le secouaient lui rappelèrent soudain la faiblesse dont il avait fait preuve le soir où Scully lui avait annoncé que sa mère sétait suicidée. Il avait complètement perdu le contrôle de ses émotions et sétait effondré dans ses bras comme jamais il ne se létait autorisé. Elle avait là pour lui, comme toujours, forte et rassurante, incroyablement tendre, lui murmurant des mots dapaisement puis des mots damour. De façon inexpliquable, ils sétaient soudain embrassés, non pas le baiser chaste du 31 décembre, mais un baiser passionné, celui dun homme qui navait plus rien à perdre, celui dune femme dont le seul but était de redonner vie à cet homme. Dans un mélange de larmes et de sanglots, avec leurs corps, avec leur âme, ils sétaient donnés lun à lautre. Il sétait endormi dans ses bras, et Skinner les avait trouvé le lendemain matin, hagards et dans ses yeux il lui avait semblé lire une lueur de compréhension.
Ils navaient pas encore parlé de ce qui sétait passé cette nuit là. Il y avait eu la découverte du journal de Samantha, puis la confirmation auprès de cette infirmière à la retraite. Il y avait eu cette incroyable révélation qui avait bouleversé ce en quoi il avait toujours cru, cette soudaine délivrance, cette nouvelle sérénité qui sétait infiltrée en lui. Il y avait eu lenterrement de sa mère, les souvenirs douloureux qui avaient fait surface, le sentiment dêtre passé à côté de quelque chose qui sappelle la famille.
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Scully sassit lourdement dans le siège de sa voiture et enclencha la clé de contact, sans la tourner. Elle avait le coeur lourd de le laisser seul, mais il lui semblait aussi quil avait besoin de se retrouver pour tenter de se reconstruire, pour tenter de retrouver les gestes du quotidien qui le guideraient lentement vers sa vie davant, sa vie....
Elle secoua la tête dun geste rageur. Elle ne pouvait pas le laisser ainsi. Il était beaucoup trop fragile, beaucoup trop vulnérable pour quelle le labandonne cette nuit. Cétait trop tôt, il fallait quelle reste près de lui.
Elle se rendit compte brutalement que ce qui la faisait revenir sur ses pas, son sac de voyage à la main, nétait pas seulement la peur quil ne puisse pas appréhender une nuit de solitude, mais tout simplement son propre désir de le sentir près delle, lurgence de poser ses mains sur lui, dembrasser ses lèvres pleines et douces, de retrouver lodeur musquée de son corps. Elle navait pas cherché à analyser ce qui sétait passé entre eux deux cette nuit là, mais maintenant elle savait quelle ne pouvait pas le laisser seul tout simplement parce quelle laimait. Elle savait que ce sentiment était en elle, depuis toutes ces années, mais jamais elle navait voulu se lavouer. Elle lavait aimé dès le premier jour, elle lavait aimé pour son esprit, pour son intelligence, pour la façon quil avait dêtre avec elle, elle laimait pour la façon quil avait dêtre avec les autres, elle laimait de toutes ses forces. Et la seule chose qui lavait retenue jusquà présent était quelle avait peur quil ne voit en elle quune soeur de substitution, presque une mère, une mère aimante et attentive quil navait jamais connu. Elle connaissait ses sentiments pour elle, il lui avait montré à maintes reprises, mais elle avait peur de nêtre pour lui la compagne dont il aurait seulement besoin... Il avait besoin delle, elle laimait. Cétait là sa plus grande peur.
Elle mit la clé dans la porte de son appartement et tenta douvrir, mais la porte semblait bloquée par quelque chose. Elle poussa un peu plus fort et mit soudain Mulder se lever rapidement et essuyer tout aussi rapidement ses yeux de sa manche. La clarté du couloir trancha avec la pénombre de la pièce et elle vit ses yeux rougis et ses joues humides de larmes.
Elle lui tendit un grand mouchoir blanc quil prit comme à regret, puis son regard plongea vers le sol pour tenter de dissimuler la détresse qui marquait son visage.
- Mulder, je reste là.
Elle savança dans le salon et posa son sac sur le canapé, essayant de se trouver une contenance. Il paraissait avoir du mal à la regarder mais ne protesta pas.
- Daccord, je vais dormir sur le canapé. Tu vas dormir dans ma chambre. Les draps sont propres. La femme de ménage est passée ce matin.
Elle sapprocha de lui doucement et lobligea à relever la tête.
- Mulder, nous avons tous les deux besoin dune vraie nuit de sommeil. Alors on va dormir tous les deux dans la chambre, daccord ?
Elle le vit déglutir plusieurs fois de suite puis il haussa les sourcils de surprise, mais encore une fois ne protesta pas.
Dun geste tendre, elle le prit par le bras et lentraîna vers la salle de bains, puis sortit ses propres affaires pour la nuit.
Dune manière habituelle, il se déshabilla, se brossa les dents et se lava le visage, tentant doublier le visage de lhomme épuisé qui se reflétait dans le miroir, puis se glissa dans le lit. Les draps étaient frais, et lépuisement des derniers jours le terrassa en quelques secondes. Il sendormit en un instant.
Scully resta un long moment dans la salle de bains, le coeur battant. Cétait la première fois quelle partageait une telle intimité avec lui. Elle plongea son visage dans son peignoir, respira lodeur dont il était imprégné, et observa avec curiosité ses objets familiers, le flaçon de son eau de toilette, les serviettes éponges moelleuses posées sur le petit meuble, le rasoir et le blaireau qui étaient négligemment posés près du lavabo. Elle se déshabilla enfin et le rejoignit. Elle sapprocha du lit doucement. Il sétait endormi. Allongé sur le ventre, une de ses mains aggripée au drap, lautre sous la poitrine. Son visage était totalement détendu, et seules les traces de larmes subsistaient, comme un rappel douloureux. Cest ainsi quelle le préférait. Abandonné, offert... Elle caressa ses cheveux encore humides, essayant de les discipliner avec ses doigts. Elle aimait tant ses cheveux. Elle avait rêvé tant de fois de faire ce geste quil lui semblait presque naturelle. Elle sallongea près de lui, comme si elle était coutumière du fait et se glissa contre son corps.
Elle était enfin en communion avec elle même. Et pour lui la solitude n'existait plus.
Fin
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