TITRE La vie est un destin
AUTEUR Valérie Charlot
EMAIL valeriec2@wanadoo.fr
AVERTISSMENTS (G, PG, PG13, R, NC17) G
CATEGORIE : MulderAngst
SPOILERS : aucun
RESUME Mulder est atteint dune maladie incurable.
DISCLAIMER Mulder et
Scully ne mappartiennent pas. Ils sont tout à Chris Carter
et à la Fox.
FEEDBACKS : merci
davance...
La vie est un destin.
1ère partie
Scully entra dans la chambre dhôpital de Mulder et sourit à la vision qui soffrait à elle. Il dormait sur le côté, son derrière vers la porte. La chemise dhôpital était remontée sur son dos, et la couverture était descendue sur les chevilles. La totale.
Scully sapprocha du lit et très doucement redescendit la chemise dhôpital et remonta la couverture. Il dormait profondément. Il avait eu une biopsie de moelle osseuse ce matin et il devait souffrir. Laile iliaque où le prélèvement avait été effectué était meurtrie, mais pas gonflée. Elle se demanda si on lui avait donné quelque chose contre la douleur.
Après lavoir couvert correctement, elle sassit et le regarda dormir. Elle avait désespérément besoin de sommeil elle aussi. Depuis quelques jours elle ne dormait plus, inquiète pour lui. Et au boulot elle était submergée de travail.
Skinner avait insisté pour savoir ce qui se passait avec Mulder cette fois ci, pourquoi il avait été une fois encore admis à lhôpital, mais elle ne savait pas quoi lui répondre. Elle nétait pas sûre de létat exact de Mulder.
- Oh, Mulder... Quest ce quon va faire de toi ?, dit-elle doucement.
Il grogna et se réveilla doucement.
Scully sourit, un peu embêtée. Elle ne voulait pas le réveiller. Mulder se tourna très légèrement, sallongeant sur le dos. Il la vit et lui sourit.
- Salut, dit-elle.
Mulder se frotta les yeux. Il avait de grands cernes noirs autour de ses yeux et il était très pale. Il soupira profondément. Elle sut immédiatement que les nouvelles nétaient pas bonnes.
Au bout de quelques instants, il se décida à parler.
- Leucémie myéloblastique aiguë.
Il détachait chaque syllabe et Scully pouvait sentir une certaine amertume dans sa voix.
- Cest confirmé ? demanda telle .Ils en sont sûr ?
Mulder ne lui répondit pas. Il reporta son regard vers le mur, absent.
- Ils sont absolument certain du diagnostic ?, demanda telle à nouveau.
Cette fois ci il répondit avec de la dérision dans la voix.
- Ils ont plutôt intérêt à avoir raison. Jai eu deux ponctions de moelle. Je nai pas du tout envie quils recommencent. Ca fait un mal de chien.
Scully le regarda en silence et il frotta ses avants bras meurtris. Il avait eu tant de prises de sang quelle était sûre que chaque veine avait été ponctionnée.
Mulder sétait blessé cinq jours plus tôt. Ce nétait pas une grave blessure, il était simplement tombé dune échelle. Il sétait ouvert légèrement le bras et éraflé le front. Il avait été embarrassé que Scully soit témoin de sa chute, mais ce nétait rien.
Cela tourna au drame rapidement. Petite coupure, mais qui se mit à saigner abondamment dans la voiture. Le temps daller à lhôpital et la manche de sa chemise était littéralement couverte de sang et il était prêt de sévanouir.
Les médecins firent les prises de sang habituelles, et on lui trouva une anémie sévère, une thrombopénie, qui expliqua que la blessure sétait mis à saigner si fort et un nombre trop élevé de globules blancs.
On pensa immédiatement à une sorte de leucémie. Mais elle ne voulait pas croire ça. Mulder étant Mulder, il pouvait avoir une infection rare, ou quelquun lavait piqué avec une seringue hypodermique alors quelle avait le dos tourné. On ne pouvait jamais être sûr avec Mulder.
Mais une leucémie... Non, non, pas Mulder. Mulder nétait pas un candidat pour une maladie incurable. Mulder avait des accidents. Ou il était infecté par un virus alien. Où il était abattu par un alien. Ou bouffé par des insectes carnivores. Nimporte quoi dautre. Mais pas une leucémie...
- Dr Bryant veut commencer la chimiothérapie la semaine prochaine, dit il, rompant le silence. Dr Bryan était un des deux hématologistes qui sétait occupé de lui.
- Le plus vite sera le mieux, dit elle.
Mulder continuait de regarder le mur.
- Tu peux être traité en ambulatoire, ajouta telle. Et il y a des médicaments qui empêchent les nausées. Tu peux continuer à avoir une vie presque normale.
- Génial.
Il répondit avec son sarcasme habituel.
Naturellement, Mulder savait ces choses. Il sétait renseigné dès linstant où un interne lavait informé sans cérémonie quil était atteint de cette sorte de leucémie. Scully jeta un oeil sur la pile de documents qui saccumulaient sur la table de chevet. Tous portaient sur la leucémie. Il en connaissait maintenant autant quelle.
Elle détourna son regard vers la fenêtre et tentant de masquer son inquiétude. La leucémie dont souffrait Mulder était la plus difficile à traiter. Le taux de rémission était extrêmement bas, de lordre de 20 % seulement. Les chiffres des constantes biologiques de Mulder lui revinrent en mémoire. Des chiffres très inquiétants, qui témoignaient que la maladie devait être installée depuis un bon moment. Elle soupira profondément. Comment avait-elle pu être aussi naïve ?
Depuis des mois, Mulder était fatigué, très fatigué. Bien sûr, il ne se plaignait pas ou peu, mais elle lavait vu plusieurs fois sassoupir sur son bureau, devant ses dossiers ouverts. Elle avait mis ça sur le compte du stress extrême auquel ils étaient soumis depuis des années.
Elle se souvenait aussi des quelques fois où il lui avait montré ses bras couverts de petits hématomes. Il lui avait posé la question de savoir ce que sétait et elle lui avait répondu quil avait du encore avoir un cauchemar agité et quil avait dû se battre avec le mur. Et ses gencives qui saignaient... Comment de fois sétait elle moqué de lui en lui rétorquant quil se brossait trop fort les dents !
Son regard se reporta sur lui. Dans ce lit blanc, sous la lumière crue, il paraissait pale et creux. Il avait perdu du poids. Beaucoup de poids. Elle navait rien vu.
Les yeux de Mulder se portèrent sur elle et elle sentit son angoisse et sa peur.
- Jai un véritable problème...
Sa voix était rauque en prononçant ces derniers mots.
Elle se rapprocha de lui et pris sa main.
- Nous le résoudrons ensemble. Comme nous lavons toujours fait.
***************
La première séance de chimio eut lieu trois jours plus tard. Il resta trois heures dans le service dhématologie, une aiguille énorme plantée dans le pli du coude, puis Scully vint le chercher pour le conduire chez lui. Le médecin lui avait expliqué ce qui lattendait et il sallongea dans son lit, angoissé par les heures à venir. Certains patients supportaient mieux que dautre lagressive thérapie. Mais manifestement Mulder nétait pas de ceux là.
Sa réaction fut violente. Violente et douloureuse. Deux heures après être rentré chez lui, il se mit à vomir sans discontinuer pendant des heures. Scully resta près de lui toute la nuit, se soutenant alors quil se pliait en deux, effrayée par la violence de ses malaises. Il finit par sendormir, épuisé, au milieu de la nuit.
Il était prévu
quil subisse deux séances de traitement par semaine.
Scully soupira en pensant aux jours à venir.
*************
Mulder regarda sa montre une fois de plus. Scully lui avait promis de venir le voir ce soir. Il lui avait dit quil avait rendez vous à lhôpital. Mais il avait préféré sy rendre seul. Mais maintenant, il avait hâte den parler avec elle.
Il avait mal supporté le traitement. Les trois mois de chimiothérapie avaient été un véritable cauchemar. Vomissements, perte de poids, perte des cheveux, rien ne lui avait été épargné. Il jeta un coup doeil rapide dans le miroir. Il se reconnaissait à peine. Sa casquette sur la tête, il paraissait dix ans de plus. Au tout début, il pensait quil arriverait à supporter tout ça. Mais aujourdhui, il était épuisé.
Il sortit de la salle de bains et sassit lourdement dans le canapé. La douleur était forte, malgré la prise régulière dantalgiques. Depuis quil était malade, il avait revu la notion de douleur. Elle ne le quittait plus, insidieuse, obsédante. Les moments de répit étaient brefs, et les antalgiques à forte dose lui provoquaient, entre autres désagréments, une certaine lenteur desprit qui le désespérait. Mais de toute façon, peu lui importait maintenant. Il ne travaillait plus que quelques heures dans la journée, assis devant son ordinateur, une occupation qui lui permettait simplement de ne pas sombrer dans le désespoir.
Les premières semaines après le début de traitement avaient été très particulières. Les collègues qui pendant des années le tournaient en dérision étaient devenus subitement attentifs et plein de compassion. Il détestait cette attitude. Skinner par contre avait été exemplaire, soucieux sans commisération. Il lui avait arrangé un emploi du temps plus souple, afin quil puisse suivre ses séances de chimiothérapie. Lors de ses fréquents séjours à lhôpital, il était toujours présent dès les premières heures. Car le moindre problème infectieux se finissait à lhôpital désormais. Il avait tout attrapé : la grippe, une pneumonie... Rien ne lui était épargné. Son système immunitaire très affaibli ne lui permettait plus de combattre les infections.
Au fils des semaines, son attitude face à la maladie avait évolué. Au début, il ne ressentait que colère et une immense amertume. Puis était venu le temps de lacceptation, et depuis aujourdhui il était serein. Il était sorti de lhôpital en voyant les choses différement. Il avait regardé le parc qui entourait le batiment, les personnes quil croisait dun autre regard.
Il interrompit sa rêverie en entendant la clé dans la serrure. Scully entra et lui sourit. Il essaya de répondre à son sourire, mais lorsquelle sassit près de lui après avoir ôté son manteau, il ne put empécher la tristesse denvahir son visage. Il avait mal pour elle davoir à lui annoncer.
- Alors ?
La jeune femme retint sa respiration.
- Je passe prioritaire sur la liste des greffes de moelle.
Scully respira profondément avant de pouvoir prononcer la moindre parole mais Mulder reprit :
- Le traitement est un échec. Complet. Aucune rémission. Mes dernières analyses sont catastrophiques.
- Oh Mulder...
Des larmes envahirent brutalement les yeux clairs de la jeune femme. Elle ouvrit ses bras et ils senlacèrent tendrement.
- Mes chances sont pratiquement nulles, Scully. Les probabilités de trouver un donneur compatible dans un délai relativement bref sont proches de zéro. Bryant a été assez clair là dessus. Il faut se préparer...
- Non Mulder... Ne renonce pas... Il faut que tu te battes encore...
- Je nai plus la force de me battre, Scully. Je vais vivre au jour le jour, en espérant un miracle... Mais je ne crois pas au miracle... Jespère simplement ne pas trop souffrir... Enfin pas plus. Bryant ma parlé dun traitement à base de morphine qui pourrait me soulager. On doit faire le point là dessus dans une semaine. Ne pleure pas, Scully... Tu savais bien que ça arriverait un jour ou lautre.
- Je ne peux pas croire quil ny a rien à faire...
- Il ny a rien à faire de plus que dattendre, Scully. Si on trouve un donneur compatible...
Il ne peut pas aller plus loin. Ses propres yeux sembuèrent et des larmes roulèrent sur ses joues creuses. Samantha... Si Samantha était là, elle aurait sans doute été compatible... Il se reprit et sourit à Scully à travers ses larmes.
- Allez viens, Scully. Je te sors.
Il se leva avec difficulté et lui tendit les mains. Elle prit les siennes et se leva à son tour, puis il lui posa son manteau sur les épaules et prit sa veste. En fermant la porte de son appartement, il se retourna vers elle en souriant :
- Par contre cest toi qui va conduire !
Elle ravala ses larmes et ils se dirigèrent vers lascenseur la main dans la main.
*************
Maggie Scully était assise dans le fauteuil de lui. Elle était là depuis des heures, attentive et douce, répondant à ses désirs, lui glissant un morceau de glaçon entre les lèvres lorsquil avait soif, baignant délicatement son front lorsque la fièvre atteignait des sommets, lui murmurant des paroles apaisantes afin dessayer de chasser la douleur qui le terrassait. Elle ne le quittait pas des yeux, il sentait la tendresse qui irradiait de son être. Il ferma les yeux, épuisé. Trois jours déjà quil était dans cet état misérable. Scully lavait trouvé chez lui inconscient dans la chambre, déshydraté et en proie à une forte fièvre. Il avait repris connaissance dans le service des soins intentifs, plusieurs heures plus tard, intubé et perfusé. Le médecin lui avait expliqué quil avait eu une sorte dattaque cérébrale. Dès linstant où on lui avait retiré le tube dans sa gorge, il avait réalisé que les mots lui venaient difficilement et quil avait du mal à coordonner ses mouvements. Il navait de toute façon plus aucune force.
- Maggie ?
- Oui, mon garçon. Je suis là.
- Où est Dana ?
- Elle est partie prendre un café... Elle sera là très bientôt.
Maggie lui caressa le front dun geste tendre et sourit en sentant sous ses doigts les cheveux doux qui repoussaient doucement, deux mois après larrêt de la dernière chimio. Il paraissait très jeune ainsi, fragile et vulnérable. Elle souffrait de le voir ainsi, elle souffrait pour sa fille, elle souffrait pour ces deux êtres unis par une telle tendresse, un tel amour... Même si cet amour ne sexprimait pas...
Mulder murmura des paroles que Maggie entendit à peine, tant sa voix était faible.
- Je veux rentrer à la
maison...
*************
Le soleil de décembre
lobligea à fermer les yeux et Scully crut quil
sétait endormi. Ils roulaient depuis une heure et Mulder
navait pas prononcé dautre parole quun mot de
remerciement. Remerciement de lavoir enfin sorti de
lhôpital... Elle avait hâte darriver pour
quil puisse sallonger et se reposer plus
confortablement.
La maison fut bientôt en vue et elle descendit rapidement de la
voiture, savançant à la rencontre de sa mère.
- Maman...
Les deux femmes senlacèrent tendrement.
- As tu pensé au fauteuil , Maman ?. Je crains quil nait pas la force de marcher jusquau perron.
- Jai beaucoup mieux.
Dana sourit en voyant savancer Walter, un sourire aux lèvres. Il lui déposa un baiser rapide sur la joue et prit la main de Maggie.
- Jai finalement pu prendre ces congés, Dana. Jespère que ça ne vous dérange pas ?
- Non, Walter. Je pense que nous ne serons pas trop de trois pour soccuper de lui.
- Comment va til ?
Dana soupira tristement.
- Il est épuisé, mais la morphine en I.V semble réellement le soulager.
Walter sapprocha de la voiture et ouvrit la portière. Mulder ouvrit les yeux et sourit en le voyant ainsi vêtu, jean et pull de laine, si différent du Skinner habituel.
- Bienvenue, Fox.
Il se pencha pour laider à sortir de la voiture. Mulder se mit lentement debout et commença à faire quelques pas lents dans lallée. Maggie et Dana marchaient devant eux, tendrement enlacées. Skinner sentit soudain la démarche de son compagnon se ralentir et se tourna vers lui. Il vit la détresse dans son regard et très doucement le prit dans ses bras pour parcourir les derniers mètres qui le séparaient de la porte dentrée. Son coeur se serra en soulevant le jeune homme. Il était si léger que leffort ne fut pas considérable. Les deux femmes retinrent leurs larmes.
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Ils étaient installés dans la cuisine et finissaient le repas en silence. Leurs pensées se tournaient naturellement vers celui qui reposait tranquillement dans la chambre aux volets clos.
Les médecins avaient accepté sa sortie après quil ait signé une décharge. Il ny avait plus rien à faire de plus maintenant que dattendre un hypothétique donneur. Mulder navait plus de fièvre, il était simplement épuisé, à bout de forces. Les dernières analyses étaient mauvaises et le moindre mouvement lui demandait un effort considérable. La douleur était diminuée depuis quon lui avait prescrit de la morphine, et il se rendait compte avec tristesse quil en avait un besoin croissant.
Il se savait condamné à court terme. Cest pourquoi il avait demandé à rentrer chez lui. Il tenait à passer ses derniers jours entouré de personnes à qui il tenait. Maggie sétait naturellement proposée pour lhéberger, douce Maggie. Elle était pour lui lincarnation même de la tendresse maternelle, quil navait jamais connu.
Le fait de voir Walter
Skinner dans cette maison ne lavait pas surpris outre
mesure. Maggie et Walter sétaient rencontrés si souvent
au chevet de Dana et au sien quils sétaient
progressivement rapprochés lun de lautre et une
douce romance était née entre eux. Dana len avait
informé il y a quelques semaines. Il était heureux pour eux.
**********************
Allongé sur le canapé, le corps recouvert dune couverture légère, les yeux mi-clos, il savourait ce moment de tendresse et de douceur. Les murmures de la conversation lui parvenaient à travers le voile de torpeur que la morphine lui procurait. Il se sentait bien, presque détaché de son corps épuisé.
Ils étaient tous là autour de lui, lentourant daffection, lui procurant un bien-être quil ne se souvenait pas avoir jamais connu. Quelques souvenirs lui revenaient pourtant, fugitifs, presque irréels, et il revoyait sa joie et celle de sa soeur devant le sapin, lors de leur dernier Noël.
Le feu se mourrait dans la cheminée. Maggie et Walter sétaient éclipsés pour assister à la messe de minuit et seule Scully était restée près de lui, tenant sa main dans un demi-sommeil. Il se leva doucement et prit la veste chaude accrochée au porte manteau, semmitouffla le cou avec une écharpe et se dirigea vers la porte. Lair glacial balaya en un instant sa fatigue. Il respira profondément, savourant une sensation dair pur quil navait pas ressenti depuis des mois, cantonné chez lui ou dans les murs tristes de lhôpital. Il fit quelques pas dans lallée et ses yeux se portèrent vers le ciel étoilé. La nuit était magnifique. La voie lactée sétalait dans le ciel pur comme un voile fantastique. Il ferma les yeux, une sensation de vertige lenvahit soudain mais il se força à rester debout. Il voulait profiter de cette nuit magique.
Scully le rejoignit quelques minutes plus tard, un peu inquiète de le voir ainsi exposé à lair froid. Elle se blottit contre lui et sentit quil frissonnait.
- Tu as froid, Mulder. Tu devrais rentrer.
- Je suis bien, Scully.
Il lui adressa un
merveilleux sourire. Toute trace de souffrance avait disparu de
son visage. Ses yeux noisettes brillaient dune joie simple
et communicative.
Scully lui sourit en retour, et il la prit dans ses bras.
- Regarde ces étoiles, Scully. Nest ce pas merveilleux ?
Elle leva son regard bleu vers le ciel.
- Oui, mais tu es fou de rester dehors dun froid pareil.
- Je vais tomber malade, cest ça ?.... Il y a si longtemps, Scully.... Je veux en profiter.
Elle le regarda, émue aux larmes par son visage baigné par la lune, empreint dune sagesse et dune sérénité qui la bouleversa. Son partenaire.... son tendre partenaire... Elle sut quelle noublierait jamais cette nuit.
Ils restèrent longtemps
ainsi, lun contre lautre, heureux dêtre
ensemble, unis par cette amitié indescriptible, teintée de
tendresse amoureuse et de confiance.
Lorsque la neige se mit à tomber, leurs rires éclatèrent dans
la nuit sombre, répondant aux cloches qui fêtaient Noël.
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La vie est un destin
(2ème partie).
Les doigts de Scully tapaient nerveusement sur la vitre de la chambre dhôpital où Mulder reposait. Il avait à nouveau été hospitalisé trois jours après Noël, victime dune infection pulmonaire qui lavait terrassé en quelques heures. Elle savait quil ny avait plus rien à faire, elle savait aussi quelle devrait se résoudre à sopposer à tout geste si son coeur venait à sarrêter. Cétait sa volonté, il ne voulait pas être réanimé.
Elle se tourna vers lui, les yeux baignés de larmes, étouffant un sanglot de rage et de désespoir. Etendu sur le lit blanc, le corps recouvert délectrodes et de capteurs, il luttait encore, malgré la souffrance, malgré la fatigue extrême. Elle caressa sa main amaigrie et sentit quil répondait à son geste. Le tube qui laidait à respirer lempéchait de parler mais ses yeux limploraient.
- Je suis là, Mulder. Je suis là... Je te quitterais pas...
Elle essuya rageusement les larmes qui coulaient sur ses joues et tenta de trouver les mots dapaisement quil attendait. Mais que lui dire ? Lui dire quil allait mourir, quil allait séteindre telle une flamme privée doxygène ? Que pouvait-elle lui dire de plus que ce quelle avait tenté de lui transmettre depuis deux jours ?
Elle sassit lourdement sur le fauteuil qui laccueillait depuis ladmission de son partenaire. Elle était épuisée. Elle dormait quelques dizaines de minutes de temps en temps, refusant de quitter son chevet malgré linsistance de sa mère et de Walter. Elle avait lintime conviction quil lacherait prise au moment même où elle quitterait la pièce.
Elle lui offrit la seule chose qui pouvait encore laider. A travers ses larmes, elle lui sourit.
***********
Deux jours plus tard.
Les yeux rougis par la
fatigue et la détresse, Scully se leva en voyant linconnue
sapprocher du lit de Mulder. Trop épuisée pour réagir,
elle la vit avec stupeur prendre sa main avec douceur et la
porter à ses lèvres.
Dune voix douce, elle sapprocha du visage du malade
inconscient et lui murmura quelques mots à loreille. Elle
semblait bouleversée.Scully scruta son visage avec un
étonnement grandissant. Pale et mince, de grands yeux noisettes
avec des reflets verts, elle ressemblait étrangement... à Fox.
- Qui êtes-vous ? Que faites vous là ?
La jeune femme la regarda dun air triste et essuya une larme.
- Je mappelle Samantha... Je suis sa soeur.
Scully dégluttit avec peine et sapprocha delle presque violemment.
- Non... Vous nêtes pas sa soeur...
- Il a besoin de moi. Je suis venue dès que jai su...
- Cest trop tard. On ne peut plus rien faire pour lui.
- Ne dites pas ça. Il nest jamais trop tard.
Scully lentraîna dans le couloir.
- Je me suis présentée à ses médecins il y a quelques heures. Je suis compatible.
Scully la fixa dun air stupéfait. Si elle est compatible... Cela signifie que ... Mon dieu cest vraiment Samantha...
- Ils veulent tenter une
greffe. Cest sa dernière chance.
*************
10 mois plus tard.
Il courait, à grandes enjambées souples et rapides, progressant parmi les allées battues par le vent froid doctobre. La pluie fraiche et fine qui ruisselait sur son visage ne semblait pas le gêner. Cétait pour lui le moyen dévacuer les tensions accumulées pendant des jours, de vider son esprit des pensées souvent sombres qui perturbaient son sommeil. Après leffort, il se sentait épuisé mais comme régénéré.
Malgré son entraînement
quasi quotidien, il sentit venir le poing de côté et arrêta
progressivement sa course. Jamais il ne retrouverait sa forme
davant sa maladie. Il fallait quil intègre ce nouvel
élément, quil fasse le deuil de son corps dantan.
Il aimait se retrouver ici, seul, pour profiter du petit matin.
La ville se réveillait en douceur, comme alanguie par le froid
vif qui sévissait depuis quelques jours.
La pluie se transforma bientôt en neige légère et il sourit en
tendant son visage vers le ciel.
*******
Elle lattendait. Elle lattendait depuis deux jours. Elle était repartie déçue du parc hier, sans lavoir vu. Sa patience était récompensée. Elle avait repris son poste dobservation et le regardait courir, rapide et souple, se moquant du vent froid qui rougissait ses joues. Elle sortit discrètement ses jumelles pour retrouver lémotion quelle avait connu la première fois où elle lavait vu, vivant, merveilleux. Elle sourit en découvrant lécharpe dont il avait entouré son cou, les cheveux indisciplinés qui se dressaient sur sa tête. Il portait aujourdhui un bas de jogging gris clair et un sweat shirt bleu marine surmonté dun coupe vent blanc. Elle le vit sarrêter et marcher, faisant voler les feuilles mortes qui tombaient autour de lui.
Elle ne pouvait rien faire dautre que de le regarder. Elle vit son sourire sépanouir sur son visage et une larme coula sur sa joue.
Elle avait enfin le droit de le rendre heureux. Depuis des mois, elle attendait le moment où elle allait enfin pouvoir se dévoiler. Elle avait si frustrée de devoir disparaître juste après la greffe... Mais la sécurité de sa propre famille, de ses enfants étaient en jeu et elle navait pu quattendre linstant où enfin IL lui permettrait de le rencontrer.
*******
Il éprouvait une sensation presque surnaturelle en marchant à pas lents dans les allées désertes du parc. Il se sentait vivant. Plus vivant quil ne lavait jamais été. Les épreuves des derniers mois lavait finalement fait avancer vers la lumière. Le seul point noir était sa relation avec Scully. Elle nétait plus la même. Ou bien était ce lui qui avait changé ? Il y avait toujours la même confiance, mais il sentait bien quil ny aurait jamais autre chose que de lamitié entre eux deux. Il avait fait le deuil dune relation amoureuse avec sa partenaire. Jamais elle navait souhaité aller plus loin quun chaste baiser... Le baiser dune soeur pour un frère...
Il sourit ironiquement à cette pensée. Finalement, Scully était le substitut de Samantha...
Il se dirigeait vers le parking lorsque un choc violent par derrière le fit tomber à terre. En ouvrant les yeux, un peu étourdi, il découvrit une jeune femme à terre, visiblement choquée elle aussi, son vélo couché sur le côté. Il se releva et lui tendit la main.
- Est ce que vous allez bien ?
- Cest à moi de vous demander ça... Ma roue a glissé sur les feuilles et je vous ai heurté. Cest de ma faute. Jespère que vous navez rien.
- Non, ça va. Mais vous êtes très pâle. Tout va bien ?
- Oui... Un peu étourdie, cest tout.
Il la regarda et lui
sourit. Elle était pale et mince, ses yeux verts étaient
constellés de paillettes dor. Quelque chose en elle lui
rappelait... Il était incapable de se souvenir...
Une infirmière, peut être ? Il avait croisé tant de gens, tant
de regards.
Sa main était restée
dans la sienne. Il se sentait comme happé par ce regard. Un
frisson le parcourut et il sentit son coeur semballer dans
sa poitrine. Cétait stupide...
La jeune femme lui sourit à son tour et ils restèrent un
moment, silencieux, face à face.
- Je mappelle Fox.
Jamais il ne se présentait ainsi. Qui était donc cette inconnue qui lhypnotisait ?
Elle répondit dune voix douce.
- Je mappelle Samantha.
Mulder sentit son coeur cogner dans sa poitrine et sa gorge se serra brutalement. Cétait stupide. Samantha est un prénom répandu. Pourquoi fallait-il quil sursaute à chaque fois quil lentendait prononcer ? Il se ressaisit rapidement et redressa le vélo de la jeune femme. La roue avant était voilée et hors dusage.
- Je crains que vous ne puissiez plus rouler. Je vais vous raccompagner. Ma voiture nest pas très loin.Il la questionna du regard et la jeune jeune acquiesça de la tête sans un mot. Elle le suivit dans lallée. Son coeur battait si fort dans sa poitrine quelle avait limpression quelle allait sévanouir à chaque pas. Il sétait passé quelque chose. Il lavait regardé dune façon si intense quelle était sûre quil se doutait de quelque chose... Comment pourrait-il se douter ? Elle nétait quune inconnue pour lui.
Elle le détaillait plus facilement maintenant quil était près delle. Son corps mince flottait un peu dans ses vêtements mais il paraissait en bonne santé. Ses cheveux coupés courts mettaient en valeur son visage fin. Ses lèvres étaient bien formées, comme ses propres lèvres. Une fine pellicule de sueur couvrait son front et il frissonna sous lassaut de lair froid. Il se tourna vers elle en souriant. Ses yeux étaient tendres et intenses à la fois.
- Vous habitez loin ?
- Non... Mais je suis de passage ici. Jai loué un petit appartement meublé dans Alexandria.
- Jhabite Hegall Place.
Elle ne lui répondit pas. Elle savait parfaitement où il habitait, elle savait ses habitudes et cest pourquoi elle était venue aujourdhui dans le parc. Elle sentait quelle était prête à le recontrer. Elle le regarda mettre le vélo endommagé dans le coffre de sa voiture et il lui ouvrit la porte gentiment. Ses yeux ne la quittaient pas.
Ils sengagèrent dans le trafic sans un mot, mais la tension était palpable dans la voiture. Elle le dirigea jusquà chez elle et attendit quil sorte son vélo. Ils étaient là, tous les deux, face à face et elle était prête à renoncer lorsquil prit linitiative.
- Je peux vous revoir ?
Elle dégluttit avec difficulté et lui répondit dune voix douce.
- Jaimerais beaucoup, Fox.
Elle le sentit presque défaillir lorsquelle prononça son prénom. Leurs regards ne se quittaient pas, captivés lun par lautre. Il sortit son portefeuille et lui tendit une carte de visite sur lequel il grifonna rapidement son numéro personnel.
- Appelez moi quand vous voulez. Jattendrais votre appel.
Il remonta dans sa voiture
rapidement et elle poussa un profond soupir, presque soulagée.
Elle avait encore un petit moment de répit.
*************
Il se maudissait alors quil rentrait chez lui. Il abhorrait sa fichue timidité. Il nétait pas à laise avec les femmes, malgré limpression quil pouvait donner de lui même. La seule femme avec laquelle il se sente bien était Scully. Scully le connaissait, le comprenait mieux que quiconque. Elle laimait dans sa globalité, avec ses défauts et ses qualités, elle était la seule qui lavait écouté, depuis leur première rencontre. Il navait jamais ressenti cela avec personne. Mais manifestement, elle ne souhaitait pas aller plus loin avec lui.
Il se sentait à
laise avec Maggie. Maggie était la plus douce, la plus
merveilleuse des femmes. Elle lui donnait plus damour que
sa mère ne lui en avait jamais donné. Elle se considérait
comme lun de ses enfants, elle sinquiétait pour lui,
elle lui avait redonné confiance en lui. Elle avait eu le
merveilleux pouvoir de lui faire comprendre quil méritait
dêtre aimé.
Il sourit en pensant à elle et décrocha son téléphone. Il avait pris lhabitude de lappeler tous les matins et même sils ne restaient pas des heures au téléphone, son coeur était plus léger lorsquil raccrochait. Il ne lui parla pas de linconnue quil avait rencontré dans le parc.
**********
Samantha lappela le soir même. Ils convinrent dun rendez vous dans un petit restaurant de quartier.
Ils passèrent une soirée délicieuse, parlèrent de choses légères. Mulder évoqua sa maladie pudiquement, elle ne lui raconta pas les événements tragiques de sa vie. Elle le regarda sourire et plaisanter, se plongea dans ses prunelles dorées, recherchant dans sa voix profonde les souvenirs perdus.
La soirée sachevait, douce et lumineuse. Lorsque vint le moment de le quitter, elle chercha sa main et il lentraîna chez lui. Elle retint son souffle lorsquil ouvrit la porte et quelle découvrit son univers familier. Sur la table basse, dans un cadre sombre, elle découvrit la photo. Lémotion la submergea soudain et elle sentit ses yeux se remplir de larmes. Immobile devant le cadre, elle se laissa soudainement aller à son émotion.
- Samantha ?
Il avait prononcé son prénom dans un murmure.
Elle tenta de masquer ses émotions mais Fox la prit doucement contre elle et leva son visage vers le sien.
- Je suis là.
Elle vit ses yeux se
remplir de larmes et sut quil avait compris. Ils étaient
enfin réunis.
****************
Elle lui raconta tout. Ses années denfance après son enlèvement, le père quelle avait aimé comme le sien, son mari, la naissance de ses enfants, puis il y a quelques mois lincroyable vérité révélée. Elle lui rappela leur première rencontre, alors quil nétait pas en état de la voir, le bonheur immense quelle avait ressenti de pouvoir lui redonner la vie, la douleur de devoir le quitter si vite. Elle lui raconta les pressions quelle avait subi, les menaces pour lempécher de le revoir. Elle lui expliqua la décision quelle avait prise, pour le retrouver. Quitter le pays, fuir en Europe, acquérir une autre identité, pour pouvoir enfin revenir et lui offrir la vérité quil cherchait depuis tant dannées.
- Tu mas cherché depuis tant dannées, Fox. Je ne pouvais pas faire moins pour toi.
- Tu mas redonné la vie... Tu mas redonné lespoir. Jamais je ne pourrais te rendre ce cadeau.
- Oh, si, Fox. Tu es vivant. Cest le plus présent que tu puisses me faire. Et nous allons ratrapper toutes ces années qui nous ont été volées.
Le visage de Mulder séclaira et il la prit dans ses bras.
FIN
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