le choix de Scully

Titre : Le choix de Scully

Auteur : Valérie - Poormulder -

Spoiler : La Vérité

Catégorie : MT (un petit peu) MSR, Williamfic

Résumé : si Chris Carter avait tourné une suite au dernier épisode de la série, j'aurai aimé qu'elle ressemble à cela...

Disclaimer : Les personnages de Fox Mulder, Dana Scully et William appartiennent à son créateur et à la Fox.

 

Le choix de Scully

 

“ Il y a peut être de l’espoir...”

Ils s’étaient endormis après avoir fait l’amour, pour la première fois depuis des mois, dans la quiétude de la chambre du motel où ils s’étaient réfugiés.

Mulder se réveilla en sursaut, le corps trempé d’une sueur froide, avec les images du cauchemar qui l’avait hanté malgré la présence de Scully à ses côtés. Il se passa les mains sur le visage, et se leva doucement pour ne pas la réveiller. Elle dormait paisiblement, si belle dans la pénombre de la chambre. Il effleura ses cheveux et ses doigts se glissèrent sur ses lèvres gonflées par le souvenir de ses baisers.

Il se dirigea lentement vers la salle de bains, le corps lourd, épuisé par les derniers jours. Il n’avait pas mangé depuis la prison et un vertige l’envahit, l’obligeant à se retenir à la porte pour éviter de tomber à terre. Il attendit quelques secondes que la sensation désagréable se disperse et fit couler l’eau dans la douche. Il se déshabilla lentement, évitant de se regarder dans le miroir pour ne pas se remémorer que son corps portait encore les marques des mauvais traitements qu’il avait subi durant son emprisonnement.

L’eau chaude coula en cascade sur lui, et il tenta vainement d’oublier, avant de se laisser envahir par les souvenirs.

- Pas de lumière !

Il était resté des jours dans la noirceur humide de sa cellule, privé du simple bonheur de voir la lumière du jour.

- Pas de nourriture !

Ils l’avaient lentement affamé pour accentuer l’effet de leur cruauté.

- Pas de vêtements !

Ils l’avaient humilié en le laissant nu, grelottant de froid sur le sol, espérant le moment où il craquerait, où il leur offrirait enfin la confession qu’ils attendaient.

- Je vais te faire parler, espèce de salaud !

Chaque fois qu’ils ouvraient la porte de sa cellule, il tentait de se recroqueviller sur lui même pour protéger son corps, mais chaque fois les bottes des soldats l’atteignaient, trop faible pour tenter de se défendre. La douleur et le froid, la faim, l’humiliation d’être nu avaient eu raison de son courage et sa peur.

Il avait parlé.

Il leur avait offert ce qu’ils désiraient. C’était le seul moyen d’échapper à leurs tortures, mentales et physiques.

Il avait presque pleuré de soulagement quand ils l’avaient traîné, toujours dévêtu, dans les couloirs de la prison, pour le conduire vers les douches. Il avait contenu sa honte et sa pudeur et s’était lavé sous leurs yeux salaces avec de l’eau à peine tiède, ses mains frottant avec ardeur son corps souillé, occultant de son esprit leurs rires grossiers et leurs plaisanteries concupiscentes.

Il avait craint qu’ils tentent une dernière humiliation lorsque il était sorti de la douche, glacé et faible, mais ils lui avaient finalement tendu des vêtements, qu’il avait enfilé le plus rapidement possible, retrouvant avec plaisir le simple contact du tissu rêche sur sa peau. Les soldats l’avaient ramené dans sa cellule, et lui avaient donné de la nourriture pour la première fois depuis des jours. Son estomac, vide depuis si longtemps, s’était presque révolté, mais il avait surmonté sa nausée et avalé l’infâme repas. Il devait reprendre des forces s’il voulait les affronter avec détermination.

Les images de sa détention s’effacèrent peu à peu à mesure que l’eau chaude, presque brûlante, coulait sur ses muscles noués par la tension. Il était libre. Il avait retrouvé Scully et le futur les attendait.

- Mulder ?

Il sursauta en entendant la voix de Scully à travers la porte de la salle de bains. Il s’empressa de sortir de la douche et s’habilla rapidement. Il ne voulait pas qu’elle le voit ainsi, le corps couvert d’hématomes. Quelques heures plus tôt, dans la pénombre de la chambre, elle n’avait pas remarqué son corps meurtri.

Il ouvrit la porte et la laissa pénétrer dans la pièce chargée de vapeur.

- Je t’ai laissé de l’eau chaude.

Elle lui sourit tendrement et passa sa main sur sa joue rugueuse, remarquant la tristesse dans ses yeux aux reflets changeants. Ils étaient presque gris, délavés par la fatigue.

- Tu vas bien ?

- Oui. Je me sens simplement fatigué... et je meurs de faim.

Il avait décidé d’être honnête avec elle. Elle le méritait.

Son sourire s’élargit.

- Je peux arranger ça. Pourquoi ne t’allongerais tu pas un peu, le temps que j’aille chercher un petit déjeuner ?

- Excellente idée, Scully.

Il retourna son geste, caressa sa joue et l’enlaça tendrement, avant de lui déposer un baiser léger sur les lèvres. Elle se laissa aller contre lui, savourant le contact de son corps mince mais néanmoins musclé, respirant la saine odeur qui se dégageait de lui, mélange de savon et de shampoing. Elle se dégagea doucement de son étreinte, le laissant les yeux chargés de désir.

- Repose toi. Je reviens dans quelques minutes.

Il lui obéit et s’allongea sur le lit. Avant même qu’elle ait quitté la pièce, il dormait déjà.

**********

Elle retourna dans la chambre dix minutes plus tard, les bras chargés de sacs en papier brun remplis de nourriture. Elle les posa sur la table et s’approcha du lit. Elle hésita un instant avant de le réveiller. Il paraissait épuisé, même dans son sommeil. Son visage était creusé de rides nouvelles, ses paupières cernées d’ombres grises. Elle caressa ses cheveux doucement. Il lui avait tant manqué...

Il ouvrit ses yeux tristes et elle plongea son regard dans le sien. Ses yeux noisettes s’animèrent et une onde de joie la parcourut. Ils étaient réunis, après ces mois de doutes et de tristesse. Avec lui, elle se sentait capable de surmonter toutes les épreuves.

Ils mangèrent en silence, lui dévorant le petit déjeuner qu’elle avait apporté, elle mangeant plus doucement, savourant le simple bonheur du moment présent. Puis enfin rassasié, il finit par entamer la conversation qu’il avait évité depuis la veille.

- Scully, nous devons prendre des décisions importantes.

Elle frémit en entendant le ton grave de sa voix.

- Je suis un meurtrier en fuite, Scully. Même s’ils ne déclenchent pas une chasse à l’homme, ils ne me lâcheront pas. Je n’ai plus d’avenir sous le nom de Fox Mulder. Je dois abandonner mon ancienne vie.

- Je ne te quitterai pas, Mulder.

- As tu réfléchi aux conséquences si tu décides de me suivre, Scully ?

Elle baissa la tête, effrayée d’entendre ce qu’elle avait ressassée dans son esprit depuis qu’elle avait pris la fuite avec lui.

- Si tu continue la route avec moi, Scully, tu devras renoncer à ta famille, à ton travail, à tes amis, à ton appartement. Tu devras tout quitter. Je refuse de te demander cela.

- Mulder...

- Je refuse de te mettre en danger plus que tu ne l’es déjà, Scully. Tu as tant perdu déjà...

- Mais j’ai tant gagné aussi, Mulder... Tu es mon âme soeur... l’homme auprès de qui je veux passer le reste de ma vie... Aussi courte soit elle.

- Ne dis pas cela, Scully. Je ferai tout pour t’offrir des années meilleures...

Il la regarda tristement, et caressa sa joue baignée de larmes.

La voix brisée par l’émotion, elle continua.

- Je suppose que tu as tout prévu ?

Un timide sourire se dessina sur les lèvres de Mulder.

- Nous allons retrouver William.

Elle laissa échapper un hoquet de surprise.

- Quand j’ai su que... que tu l’avais... mis en sécurité, j’ai eu le coeur brisé. Je t’en ai presque voulu... Mais je savais aussi que c’était le seul moyen de lui offrir une vie sans danger. Mais c’est notre fils, Scully. Notre enfant... Mon enfant. Je refuse de le laisser grandir sans nous. Nous allons le retrouver.

Elle le leva, les jambes presque défaillantes, le coeur submergé par des émotions complexes. La honte d’avoir abandonné son enfant, la fierté de savoir que son père le désirait plus que tout au monde, l’espoir qu’il lui offrait maintenant... Sanglotant, ils s’enlacèrent farouchement, unis par le désir de ne former qu’un seul être.

******************

Ils prirent la route sous un soleil écrasant, en silence. Elle était encore sous le choc de ses révélations. Il lui avait appris qu’après son départ, peu de temps après la naissance de William, il s’était fabriqué une nouvelle identité : un autre nom, des papiers en règle, passeport, carte de sécurité sociale, permis de conduire. Et qu’il avait fait de même pour elle et pour leur fils, dans une éventualité qu’il savait presque inéluctable. Il lui avait dévoilé qu’il avait mis sa fortune, héritée de ses parents, en sécurité sur des comptes un peu partout dans le pays, les mettant à l’abri des problèmes financiers.

De façon maladroite, presque timide, il lui avait montré un dernier papier, qu’elle avait du lire et relire avant de comprendre la signification du document.

Officiellement, ils étaient devenus Monsieur et Madame Kane.

*****************

Ils avaient roulé des jours entiers avant d’atteindre leur but, s’arrêtant dans des motels discrets, écoutant les informations à la radio pour vérifier que leurs noms n’étaient pas cités. Rien ne laissait penser qu’on les recherchait, mais ils étaient méfiants, sachant que le danger pouvait venir de partout. Scully * Dana Katherine Kane* portait sur ses cheveux flamboyants un bandana pour les camoufler, Mulder * Ira Kane * s’employait à se laisser pousser la barbe, sachant pertinemment que leur petit stratagème ne résisterait pas à une investigation poussée. Mais ils avaient espoir que le temps jouerait pour eux, et il fallait faire vite pour mettre en oeuvre le projet qui leur tenait tant à coeur.

Ils étaient arrivés au petit matin non loin du foyer où vivait William depuis que ses parents adoptifs avaient péri dans un accident de voiture. Mulder avait expliqué à sa compagne la façon dont il avait réussi à obtenir ces renseignements. Incrédule, elle avait eu du mal à admettre que Gibson avait réussi à localiser leur fils, avant de faire confiance, aveuglement, à Mulder.

Main dans la main, ils s’étaient regardés pour lire dans les yeux de l’autre la détermination dont ils avaient besoin pour mener à bien leur dessein. Si Scully avait été réticente dans un premier temps, elle était maintenant plus déterminée que jamais, sachant que c’était le seul moyen. C’était l’étape ultime qu’ils leur fallaient franchir avant le début de leur nouvelle vie.

Toute la journée, ils se préparèrent minutieusement pour leur opération commando. La petite structure d’accueil leur paraissait une proie facile, mais la réussite de leur plan était basée sur la discrétion la plus totale. Il fallait que personne, personne ne les voit.

Au milieu de la nuit, ils s’étaient introduits dans la grande maison, tous deux vêtus de noir, et avaient récupéré dans un premier temps le dossier de leur fils. Silencieusement, ils avaient pénétré dans la chambre où reposait leur enfant, et Mulder, avec une infinie douceur, l’avait pris dans ses bras et enveloppé d’une couverture sombre. L’enfant n’avait pas même ouvert les yeux.

Ils étaient repartis aussitôt, presque ébahis de ne croiser personne dans les couloirs. La chance leur souriait enfin.

Ils avaient roulé jusqu’au petit matin, dévorant les kilomètres et lorsque le soleil s’était levé, William avait ouvert des yeux un peu étonné, avant de se mettre à pleurer. Les deux adultes s’étaient regardés et avaient éclaté de rire, libérant leur tension nerveuse. Le petit avait faim, tout simplement.

Leur responsabilité de parents commençait.

*********

Elle se réveilla en s’étirant, les yeux gonflés de sommeil. Dans le grand lit, elle chercha à tâtons la présence rassurante, et ouvrit les paupières brusquement en ne trouvant pas celui qu’elle cherchait. Le soleil du petit matin inondait la chambre et elle revêtit un des pulls de son mari, bien trop long pour elle, par dessus sa chemise de nuit avant de se glisser doucement dans la chambre de leur fils. Le lit était vide, mais le drap portait encore l’empreinte de son petit corps. Elle sourit, sachant très bien où elle allait retrouver les deux amours de sa vie.

Silencieusement, elle descendit l’escalier qui menait au séjour, et se dirigea vers la porte fenêtre entrebaîllée. Sans un bruit, elle parcourut la terrasse qui faisait face à la mer et son coeur se gonfla de bonheur en découvrant la scène qui s’offrait à elle.

Mulder était assis sur la balancelle blanche, son visage grave tourné vers le soleil timide du matin, son fils paisiblement endormi dans ses bras, totalement détendu, la bouche entrouverte, ses cheveux paraissant encore plus blonds sous les rayons de l’astre du jour.

Les yeux de Scully se chargèrent de larmes de joie, qui roulèrent doucement sur ses joues. Elle les essuya d’un revers de la main, avant de s’avancer vers la balancelle. Le visage de Mulder se tourna vers elle et il lui adressa le plus merveilleux des sourires, qui chassa de ses yeux le reflet mélancolique qu’elle pouvait lire si souvent dans la profondeur de son regard.

- Il s’est réveillé vers quatre heures. Je lui ai donné un biberon de lait tiède et j’ai voulu lui faire découvrir le lever du soleil. Mais manifestement, mes considérations
sur la beauté des paysages lui sont totalement étrangères.

Elle étouffa un petit rire et se lova contre son épaule, savourant le contact de sa peau chaude. Sans trop déranger son fils, il glissa son bras autour d’elle.

- Tu as raté le lever du soleil, Scully, mais nous en vivrons d’autres. Beaucoup d’autres.

- C’est une promesse ?

- C’est une certitude.

FIN

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