ledernierespoir

LE DERNIER ESPOIR

Auteur : valérie

Email : valeriec2@wanadoo.fr

Spoiler : post-existence


Skinner attendait le vol pour Washington avec impatience et inquiétude. Il savait que celui qu’il attendait serait peut être le dernier espoir de l’homme allongé dans un lit blanc d’hôpital, un homme qu’il avait appris à respecter et à considérer comme son ami depuis toutes ces années. Nerveusement, il consulta une fois de plus le tableau des arrivées et se précipita vers la porte dès que le vol fut enfin annoncé.

Les passagers arrivèrent en un flux constant, et il ne put s’empêcher de sourire en voyant arriver vers lui le couple qu’il attendait depuis une heure.

Dana Scully et son fils William, âgé de six ans, se dirigèrent vers lui. Elle était toujours aussi belle, malgré les années, le regard déterminé et fier, tenant fermement par la main son petit homme, un petit garçon aux yeux vifs, aux traits si familiers.

- Walter.

Ils s’enlacèrent brièvement, amicalement et Skinner se pencha pour embrasser le petit garçon.

- Bonjour oncle Walter.

- Est ce que vous allez enfin m’expliquer, Walter ? Vous aviez l’air si mystérieux au téléphone.

- Vous allez tout comprendre, Dana. Je vous remercie de vous être libérée si rapidement.

- J’ai cru comprendre que c’était une sorte... d’urgence, n’est ce pas ? C’est Mulder ?

- Je vais tout vous expliquer.

**************

Ils arrivèrent quelques dizaines de minutes plus tard en centre ville, et Skinner gara la voiture dans le parking réservé aux visiteurs. Dana soupira en regardant les bâtiments de l’hôpital du Comté de Chicago. Avec beaucoup de précautions, Walter l’avait mis au courant de la situation. A mots couverts, pour ne pas effrayer le garçon assis sagement sur le siège arrière, il lui avait fait passer le message et elle tentait maintenant de garder le contrôle de ses émotions où la peur se disputait à la colère. Skinner les conduisit à travers les couloirs silencieux, pour arriver enfin devant la porte de la chambre.

- Je crois que je vais emmener William prendre un chocolat. Dana... Je sais ce que vous ressentez... Mais il n’a pas besoin de votre colère maintenant. Il n’est pas en état de vous affronter.

- Ne vous inquiétez pas Walter.

Elle poussa la porte alors que Skinner et William s’éloignaient en direction de la cafétéria. Elle respira profondément et entra dans la chambre.

*******************

Mulder dormait, la tête légèrement tournée sur le côté. Le visage pâle, les paupières cernées d’ombres grises, il respirait doucement à l’aide d’une canule nasale qui lui apportait de l’oxygène. Le coeur de Scully se serra. Elle s’approcha doucement de lui et caressa les fines mèches de cheveux qui couvraient son front. Ce geste familier lui rappela leurs années passées ensemble au FBI, où il avait atterri tant de fois à l’hôpital. Chaque fois il avait surmonté la mort et ensemble ils avaient repris le chemin de la vie. Ensemble... Pourquoi aujourd’hui avait-il choisi de ne pas lui révéler le mal qui le terrassait ?

Il avait disparu de sa vie six mois auparavant. De leur vie. Horrifiée, elle l’entendait encore prononcer les mots qui étaient restés gravés dans sa mémoire :

“ Je suis désolé, Scully. Je ne peux plus vivre comme cela. Il faut que je m’éloigne, que je prenne du recul. “

Et il était parti, après les avoir embrassé une dernière fois, et elle était restée avec son désespoir et une incompréhension totale. Pourquoi après six ans ? Elle s’était demandée pourquoi il ne les avait pas abandonné après la naissance de Will, pour repartir à la poursuite d’une vérité qu’elle même avait renoncé à comprendre. Oh bien sûr il était parti. Quelques jours seulement après qu’elle ait mis au monde leur enfant, ils avaient compris que leur vie ne serait pas un long fleuve tranquille, qu’il fallait qu’il s’éloigne d’eux pour ne pas les mettre en danger, pour ne pas attirer l’attention sur leur fils. Après des heures entières de discussion, de larmes et de promesses, ils avaient décidé, avec déchirement, de se séparer. Mais ce serait pour mieux se retrouver. Il avait promis de garder le contact avec eux.

Et pendant six ans, ils avaient vécu par procuration, vivant des lettres et des mails qu’ils s’envoyaient presque quotidiennement. Elle ne savait rien de sa nouvelle existence, il savait tout de la leur. Ils se retrouvaient régulièrement, au bout du monde ou au coin de la rue, fugaces rencontres qui les maintenaient en vie, qui leur permettaient de trouver la force de continuer.

Elle recevait des billets de train, ou d’avion, et elle partait avec son enfant, le coeur léger, sachant qu’il serait toujours au rendez vous, assis sur un banc de quai de gare ou faisant les cent pas fébrilement dans un hall d’aéroport, et son sourire quand il les voyait arriver effaçait les longues semaines d’attente, et la chaleur de son corps qui enlaçait le sien estompait la douleur de vivre loin de lui.

Leur bonheur était fait de minutes volées ou de longues vacances où ils pouvaient enfin connaître la joie d’être une famille, loin des regards et des complots. William avait fait ses premiers pas sur une plage blanche de Jamaïque, avait appris à lire dans les bras de son père, au coin du feu dans une ferme perdue de l’Iowa. Perdus au milieu de la foule de New York, ils avaient enlacé leur enfant qui riait aux éclats et applaudissait le feu d’artifice tiré en l’honneur d’une année nouvelle.

Il y avait aussi des moments de doute et de peur, et il apparaissait, sans prévenir, au milieu de la nuit, affublé de déguisements ridicules qui la faisaient rire à travers ses larmes, pour s’évanouir quelques heures plus tard au petit matin, après l’avoir rassuré et aimé.

Il était son ancre, sa bouée, sa providence.

Mais il était parti.

Elle avait tout envisagé. Une autre femme, une nouvelle menace. Tout sauf cela.

***************

- Scully ?

Elle s’était laissée envahir par ses pensées et n’avait pas vu qu’il avait ouvert les yeux. Elle reporta son attention sur lui et se noya dans son regard. Il lui avait tant manqué...

- C’était donc cela ?

Il éluda la question, et ferma les yeux l’espace d’un instant.

- Skinner m’avait promis de ne pas t’en parler. Je ne voulais pas t’infliger ça.

- Mais pourquoi, Mulder ? Tu sais bien que je t’aurais soutenu, comme tu m’as soutenu pendant mon cancer.

- J’ai tellement souffert quand tu étais malade... Je ne voulais pas de faire revivre ça.. Et faire souffrir Will.

- William a souffert de ta brusque disparition, Mulder. Il ne s’est pas passé un seul jour sans qu’il me pose la question de savoir pourquoi tu ne venais plus nous voir.

- Où est-il ?

- Avec Walter, à la cafétéria.

- Il va bien ?

Le visage de Scully s’éclaira.

- Oui. Il est magnifique. Il a grandi. Il a encore sauté une classe.

- Waouh...

Soudain le visage fatigué de Mulder se crispa et instinctivement sa main se porta au bouton de la pompe qui lui délivrait une dose d’antalgiques. Le coeur de Scully se serra en voyant ses traits se durcir sous l’effet de la vague de douleur.

- Tu souffres ?

Mulder laissa échapper un soupir puis répondit.

- Oui... Depuis quelques semaines. Les différents traitements n’ont eu aucun effet. Pas de rémission, rien. Je suis en attente pour une greffe de moelle osseuse.

- C’est pour cela que Skinner m’a contacté, n’est-ce-pas ? Will est le seul qui puisse être compatible.

- Il n’en est pas question, Scully. Je ne veux pas qu’il souffre à cause de moi. Je connais la procédure. Je sais que c’est douloureux.

- Mulder, il est peut être ton dernier espoir...

Trois mois plus tard

Scully regardait avec attendrissement William jouer dans les vagues avec son père. Ils étaient arrivés sur la côte depuis dix jours, pour s’installer dans la maison que Skinner avait mis à leur disposition. Elle donnait directement sur une plage de sable blanc, loin de toutes habitations. Ils avaient l’impression d’être seuls au monde.

Elle ferma les yeux et se laissa emporter par l’émotion qui la submergeait quand elle voyait les deux êtres auxquels elle tenait le plus au monde rire et s’amuser ensemble. Après des semaines de lutte contre la maladie, après la greffe de moelle osseuse, Mulder avait fini par reprendre des forces et la rémission avait été totale. Peu à peu, les couleurs de la vie étaient revenues sur son visage, il avait regagné du poids et était redevenu l’homme qui l’avait quitté des mois auparavant.

En les voyant tous les deux, heureux et resplendissants de santé, elle se rendait compte que son bonheur était là, à portée de mains. Oubliant les menaces qui pesaient sur leurs vies, elle se prenait à penser que rien ni personne ne pourrait plus jamais les séparer. Sa décision était prise.

Elle sursauta en sentant une main humide et fraîche se poser sur son épaule. Mulder était devant elle, les cheveux encore humides et ébouriffés, le visage étincelant de gouttes d’eau de mer, les yeux brillants de joie. Les traits de son visage avaient une maturité nouvelle, qui lui donnait encore plus de charme. Elle lui sourit.

- Mulder ?

Il lui déposa un baiser salé sur les lèvres.

- J’ai une chose importante à te dire... J’y ai beaucoup réfléchi durant ces dernières semaines. Je ne veux plus jamais que nous soyons séparés. Je suis prête à renoncer à mon nom, à ma famille, pour rester près de toi. Je suis prête à changer de pays s’il le faut. J’ai besoin de toi. William a besoin de toi. Je veux que nous soyons enfin une famille. Je veux un autre enfant de toi. Je veux...

Il ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et l’enlaça. Ses yeux étaient remplis de larmes de bonheur.

- Tu sais ce que cela implique, Scully... Nous devrons changer d’identité... Tu ne pourras plus contacter ta mère, ou tes frères... Je veux que tu sois bien sûre de toi.

- Je n’ai jamais été aussi sûre de moi, Mulder.

Ils se tournèrent vers la plage où leur fils construisait un château de sable. Il leur adressa un salut joyeux de la main.

- Un autre enfant, Scully ???

 

 

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