TITRE Le 3ème
cercleAUTEUR Valérie
EMAIL valerie2c@wanadoo.fr
AVERTISSMENTS (G, PG, PG13, R, NC17) PG13CATEGORIE (X, C, H,
MSR, etc...) MSR / ASPOILERS biogénésisRESUME Une
autre alternative à Biogénésis.DISCLAIMER Les personnages
de Mulder et Scully ne mappartiennent pas. Ils sont la
propriété de CHRIS CARTER ET DE LA FOX. (quon se le dise)
.REMERCIEMENTS : Mels et Clawd, car je me suis inspirée de
leur fanfic GLOOMY SUNDAY, pour une partie de mon histoire.
Cest donc une sorte de suite alternative.
Scully frappait
nerveusement le volant de sa voiture, agacée par la lenteur de
la file de véhicules qui la précédait. Il fallait quelle
se rende le plus rapidement possible chez son partenaire. Vingt
minutes sétaient écoulées depuis lappel qui
lavait troublé au point quelle se précipite chez
lui.
Elle arriva enfin devant son immeuble et se précipita dans
lascenseur.
Elle entendait des hurlements semblaient jaillir du couloir à
l'étage de Mulder. En
s'approchant,inquiète, elle découvrit quelques personnes
attroupées devant la porte de son
partenaire. Elle était à moitié ouverte et dans
lentrebâillement, elle aperçut les meubles
renversés et cassés.
- N'y allez pas
mademoiselle. Il est devenu dingue. Il a frappé son voisin à
coup de batte de
base ball lorsque il a tenté de le calmer. Il ne fait que hurler
depuis quelques minutes. On a
appelé la police.
Elle se risqua dans le
couloir, poussant la porte avec précaution. L'homme que Mulder
avait
frappé était adossé au mur du salon, choqué. Il portait sa
main à son bras gauche comme pour
le soutenir. Elle s'approcha de lui, montrant son badge et lui
fit signe de sortir
silencieusement. Elle chercha Mulder dans l'appartement. Il
s'était réfugié, à moitié nu, dans
un coin du salon et lorsque elle fit un pas vers lui, il se mit
à crier d'une voix subaiguë.
- N'approchez pas!!!
- C'est moi Mulder,
dit-elle d'une voix qu'elle voulait rassurante. Elle tendit la
main vers
lui, mais ne fit que déclencher un nouveau hurlement.
- Non!!!
- Calme toi, Mulder.
Tout en continuant à crier, il tomba soudain genoux à terre et se prit la tête entre les mains. Son visage était déformé par la souffrance. Il gémissait maintenant, les yeux fermés, les traits crispés.
- J'ai mal.... J'ai mal... arrêtez ça...
Elle réussit à
s'approcher de lui sans qu'il ne la repousse. Elle évita
néanmoins de le toucher,
craignant une réaction violente.
Il avait maintenant ouvert les yeux, et elle remarqua ses pupilles anormalement dilatées.
- On va s'occuper de toi, Mulder. Reste tranquille.
Il se leva brusquement et
renversa la jeune femme qui s'était agenouillée près de lui
d'un geste
de la main. Elle lui suivit du regard et le vit avec effroi se
jeter violemment contre le mur
de briques de la cuisine. Son front éclata, inondant son visage
de sang.
Il ne parut pas s'en rendre compte. Hurlant à nouveau, il revint
vers elle en saisissant la
batte et s'apprêtait à la frapper lorsque soudain son regard
devint fixe et il prononça son
nom d'une voix rauque.
- Scully....
- Je suis là...
Il la regarda un long
moment et poussa un long cri de douleur. Effrayée par
l'intensité de son
cri, elle ne put se retenir de toucher sa main, qu'il retira tout
de suite. Il paraissait
totalement perdu.
Des cris dans le couloir
lui indiqua que la police devait être là. Elle sortit du salon
à
reculons , ne le quittant pas des yeux. Il se tordait maintenant
de douleur, mordant ses
lèvres au sang.
- Qui est le responsable?
- Officier Prescot. Où est-il ?
- Dans le salon. Il s'automutile, il faut faire vite.
- Il a frappé cet homme. A t'il été violent avec vous?
- Non... Je vous en prie, maîtrisez le sans lui faire de mal.
- Vous êtes sa femme?
- Non. Je suis son équipière. Nous sommes du FBI.
Joignant le geste à la
parole, elle lui présenta son badge, puis entra
précautionneusement
dans la pièce. L'équipe d'intervention la suivit. Mulder leva
les yeux et s'élança vers eux en
hurlant, gesticulant comme un forcené. Ils l'encerclèrent
rapidement mais il se débattait si
fort que l'un des hommes finit par l'assommer, non sans qu'il ait
distribué coups de pied et de poing. Il s'effondra sans
connaissance.
- Vite, faites lui une injection de sédatif et enfilez lui la camisole. Nous allons l'embarquer.
- Où l'emmenez vous?
- A l'hôpital de Georgetown, en psychiatrie.
Les yeux de Scully se
remplirent de larmes. Elle effleura le front couvert de sang de
Mulder.
Il avait les traits tirés et ses paupières étaient bleuâtres.
Elle suivit le véhicule et ils se retrouvèrent bientôt dans le
service. Mulder s'était réveillé
pendant le trajet et son comportement était toujours agressif et
très perturbé. Il reçut une
nouvelle dose massive de sédatif, ce qui permit aux médecins de
lui faire passer un scanner
cérébral et un électroencéphalogramme.
Scully assista aux divers
examens, impuissante. Elle avait appelé Skinner pour lui
expliquer
la situation, il avait promis de venir le plus rapidement
possible. Elle n'arrivait pas à
comprendre ce qui avait pu mettre Mulder dans cet état. Ils
s'étaient quittés quelques heures auparavant et rien dans son
comportement n'avait pu l'avertir de cette crise, si ce n'est le
coup de
téléphone qu'elle avait reçu et qui avait fait qu'elle se
rende rapidement chez lui. Sa voix
était bizarre et ses propos incohérents.
Malgré les sédatifs, il
se réveilla très rapidement et les médecins durent l'enfermer
dans une
cellule calfeutrée pour éviter qu'il ne se blesse.
Skinner arriva alors qu'elle se renseignait des résultats des
examens.
- Que se passe t'il, Scully?
- Mulder a une crise de
démence... Il a frappé son voisin, et... Elle essayait de
cacher ses
larmes mais elle éclata soudain en sanglots.
- Du calme, Dana. Il y a sans doute une explication à son comportement.
Le médecin prit la parole.
- Le scanner de votre ami
est normal, il ne montre aucune lésion cérébrale qui pourrait
expliquer son attitude. Les analyses toxicologiques n'ont rien
révélé. Seul son EEG est
perturbé. Son activité cérébrale devrait être
considérablement ralentie du fait des doses
massives de sédatifs. Hors elle est au contraire anormalement
élevée.
- Qu'est ce que cela veut dire?
- Je ne peux pas expliquer ce phénomène. Je n'ai jamais vu une chose pareille
- Je peux le voir?
- Je ne vous le conseille
pas. Il est très violent. Les infirmiers ont eu beaucoup de mal
à le
maîtriser.
- Il ne me fera pas de mal. Il ne m'a pas touché dans son appartement.
- Venez, je vais vous conduire.
Ils traversèrent des
couloirs et soudain le sang de Scully se glaça. Elle entendait,
assourdis
par les murs épais, les hurlements de Mulder. Lorsqu'elle le
découvrit enfin, immobilisé par la
camisole, se jetant contre les parois de la cellule, les yeux
fous, le visage déformé par un
rictus démentiel, elle se mit à sangloter silencieusement.
Skinner lui posa une main apaisante
sur l'épaule.
Mulder ne semblait pas les
voir, et soudain tomba à genoux, puis face contre terre, hurlant
sa
douleur. Il se recroquevillait sur lui même, puis son corps se
tendait comme un arc, plusieurs
fois de suite.
- Il souffre... Il faut faire quelque chose.
- Il devrait être dans le coma... On ne peut rien faire, sinon attendre qu'il s'effondre.
- Laissez moi entrer, je vous en prie.
- Non mademoiselle. Vous ne pouvez rien de plus pour lui.
Skinner resta un moment
près de la jeune femme, dont le regard était perdu, puis
l'entraîna
doucement.
- Nous allons chercher, Scully. Venez avec moi.
Elle se laissa faire,
incapable de réagir. C'est en s'éloignant qu'elle l'entendit
soudain
crier son nom... Glacée d'effroi, elle vit Mulder se jeter
contre la porte de sa cellule.
- Je ne peux pas le laisser. Il faut que je reste avec lui. Il a besoin de moi.
Elle resta près de la
cellule plusieurs heures durant, attendant que l'organisme de son
partenaire n'ait plus la force de réagir. Il parut enfin se
calmer près de 12 heures après
son admission aux urgences psychiatriques.
Le médecin lui fit signe qu'elle pouvait tenter de l'approcher.
Elle se glissa dans le sas puis la porte s'ouvrit
silencieusement. Mulder était maintenant
replié sur lui même, en position foetale. Ses yeux étaient
pratiquement fermés et elle pouvait
lire l'épuisement dans son regard. Elle s'approcha de lui
doucement, et s'assit près de lui.
Ses lèvres meurtries remuaient faiblement et elle tenta de
saisir le sens des paroles qu'il
prononçait.
- Scully... aide moi.
- Je suis là, Mulder. Je voudrais tant t'aider...
- J'ai mal...
Elle caressa tendrement
ses cheveux rendus poisseux par la sueur et le sang. Il rampa
près
d'elle et se blottit contre son corps.
- Que ressens tu?
- Des choses, dans ma tête... des voix... C'est terriblement douloureux.
Sa voix était à peine audible et elle devait se pencher sur lui pour comprendre.
- Je voudrais tant pouvoir dormir...
- Je vais rester près de toi... Ferme les yeux... Voilà...
La voix de Scully
l'apaisait et il tentait de se laisser bercer par son calme et sa
douceur.
Les voix dans sa tête s'éloignaient et il sombra dans une
inconscience bienfaisante. Épuisée
elle aussi par la tension nerveuse de ces dernières heures, elle
s'endormit aussi, le serrant
contre elle.
Ils restèrent ainsi
plusieurs heures, et lorsque elle s'éveilla, il était toujours
près d'elle,
allongé sur le coté, les yeux grand ouvert et le regard vide.
- Mulder?
Il ne semblait pas
l'entendre. Elle se leva et s'approcha de la porte de la cellule,
faisant
signe à une infirmière qui passait qu'elle désirait sortir. On
lui ouvrit la porte.
Le psychiatre autorisa la sortie de la chambre d'isolement et on
installa Mulder dans une
chambre seule. Il n'avait maintenant plus aucune réaction.
- Son activité
cérébrale est maintenant anormalement ralentie. Il est dans le
coma,
complètement aréactif. J'avoue que je n'y comprends rien.
Scully resta près de son partenaire et lui prit la main. Elle était désemparée et épuisée. Il fallait quelle se reprenne et elle décida de rentrer chez elle quelques heures pour se changer. Elle embrassa son partenaire tendrement, respirant lodeur de sa peau et sortit de sa chambre.
Lorsquelle revint quelques heures plus tard, Mulder avait disparu.
- Mais où est-il ? Qui l'a fait sortir?
- Ils avaient toutes les
autorisations nécessaires. Je pensais que vous étiez au
courant.
Je ne sais pas où on l'a emmené.
Scully tenta de garder son
calme, mais elle savait que Mulder était en péril. Elle
remercia
le médecin qui l'avait renseigné et quitta l'hôpital
rapidement. Toute la journée elle tenta
de frapper à toutes les portes, pour essayer de retrouver la
trace de Mulder.
Il était plus de 22 heures lorsque elle décida enfin
d'interrompre ses recherches. Elle était
épuisée et incapable de réfléchir correctement. Sans vraiment
s'en rendre compte, elle se
retrouva devant chez elle. La neige était tombée en abondance
et elle frissonna en remontant
le col de son manteau. Il faisait sombre, mais dans l'allée elle
distingua une forme
recroquevillée contre l'escalier. Elle pressa le pas et
s'agenouilla dans la neige.
- Mon Dieu, Mulder!
- Scully.... J'ai froid...
Il grelottait, vêtu d'une simple chemise d'hôpital et d'un pantalon de chirurgien.
- Lève toi, Mulder. Allez, fais un effort.
- Je ne peux pas...
- Je t'en prie. Aide moi.
Elle s'arc bouta et le
tira sur ses jambes. Il tenait à peine debout.
Les quelques mètres qui les séparaient de son appartement
furent difficiles à franchir. A
chaque pas, Mulder paraissait sur le point de s'écrouler.
Lorsque enfin ils furent entrés,
la douce chaleur qui régnait à l'intérieur eut raison de son
épuisement. Il s'effondra sur le
tapis, les lèvres bleuies par le refroidissement qu'il avait du
endurer. Elle le déshabilla
entièrement et l'enveloppa d'une chaude couverture et essaya de
lui faire boire un thé brûlant. Il reprit connaissance quelques
instants plus tard.
- Scully...
- Je suis là... Comment es tu arrivé là?
- Je ne sais pas... Je ne me souviens plus de rien...
- Ce n'est pas grave, Mulder. Ca va revenir.
Elle le regardait avec
inquiétude. Ses traits étaient terriblement marqués par les
épreuves
qu'il venait de subir, ses yeux verts étaient délavés par la
fatigue et la douleur. Il
frissonna encore en état de choc. Elle caressa ses cheveux
tendrement et il lui sourit
faiblement.
L'angoisse se lisait dans son regard.
- Tu peux faire quelques pas jusqu'à la chambre?
Il acquiesça de la tête
et se leva avec difficulté. Scully dut le soutenir et il
s'allongea
lourdement sur le lit.
- Il faut que tu dormes... Tu es épuisé.
- Qu'est ce qui m'arrive?
- Nous en parlerons plus tard. Dors.
Elle resta près de lui
toute la nuit. Sa température montait anormalement, il était
brûlant de
fièvre. Il délirait un peu et s'agitait faiblement.
Elle finit par s'endormir près de lui pendant plusieurs heures.
Au petit matin, dans son sommeil, elle entendit des coups sourds
frappés à la porte. Se levant à la hâte, elle ouvrit pour
découvrir l'agent Fowley.
- Je peux entrer ? Il ne faut pas qu'on me voit ici.
- Qu'est ce que vous voulez?
- Comment va Fox?
Scully la fixa dans les yeux, soupçonneuse.
- Ne jouez pas à cela avec moi, agent Scully. Je sais qu'il est là. Je l'ai déposé hier soir.
- Que lui ont il fait?
- Je ne sais pas.
- Ca a failli le tuer.
- Ils ne veulent pas qu'il
meure. J'ai réussi à les persuader de le relâcher, mais ma
position
est devenue très dangereuse.
- Pourquoi l'avoir déposé devant chez moi ?
- Je sais que vous allez prendre soin de lui. Il n'aurait pas accepter d'aide de ma part.
- Je peux le voir?
- Il dort.
Fowley la questionna du
regard et Scully se força à lui indiquer la porte de sa
chambre.
Fowley entra silencieusement dans la pièce et s'approcha du lit.
Mulder dormait toujours,
son front était couvert de sueur. Elle esquissa le geste de lui
prendre la main puis se ravisa.
- Il a du beaucoup souffrir. Jamais je n'ai voulu cela.
- Cest trop tard pour avoir des remords, agent Fowley.
Les deux femmes s'affrontèrent du regard puis Fowley quitta la pièce et sortit de l'appartement rapidement. Scully se laissa aller dans le fauteuil. La longue silhouette de Mulder se découpa dans lentrebâillement de la porte.
- Qu'est ce que tu fais debout, Mulder ? Tu as de la fièvre, il faut que tu te reposes.
- C'était Diana, n'est ce pas?
- Oui.
- J'ai entendu sa voix. Je crois que c'est elle qui m'a sortie de là.
- C'est ce qu'elle dit. Tu te souviens de quelque chose?
Elle le regarda
longuement, et sentit l'émotion la gagner. Avec ses traits
tirés, son front
barré par une large estafilade, ses cheveux en bataille , il
paraissait plus vulnérable que
jamais. Dans ses yeux brillaient néanmoins une lueur qui lui
réchauffa le coeur. Il sentit la
tempête se lever dans son esprit, mais essaya de contrôler le
déchaînement des pensées qui arrivaient en masse dans sa
tête.
- Je découvrirais ce qu'ils m'ont fait, Scully, avec ton aide.
Scully contacta Frohyke,
Byers et Langly quelques heures plus tard. Ils arrivèrent chez
elle
rapidement mais ne firent que déclencher une nouvelle crise chez
Mulder. Scully comprit rapidement ce qui se passait. Mulder
semblait capter les pensées de chaque personne qui l'approchait.
Même bienveillantes, ça lui était insupportable, ne pouvant
pas canaliser le flux. Ca aller le tuer ou lui faire perdre la
raison. Elle prit sa décision très vite.
Scully savait quelle devait lemmener loin de
Washington, dans un endroit calme. Elle pensa
immédiatement au Maine. Elle savait quelle pourrait
facilement louer une maison meublée à
lécart. Le trajet se déroula sans une parole. Mulder
sétait endormi immédiatement dans la voiture, dun
sommeil particulièrement calme, lui qui était si agité
dhabitude. Elle était arrivée au bout de trois heures de
route et sans quil se réveille avait fait le nécessaire
pour obtenir un logis. Devant la maison qui donnait sur
locéan, elle le réveilla enfin. Il ouvrit des yeux vides
et effrayés à la fois. Dune voix douce, elle le rassura :
- Ca va aller, Mulder. Je suis là. Viens avec moi.
Elle lui tendit la main et
le conduisit à lintérieur de la maison. Meublée avec
goût et
authenticité, elle était parfaite.
- Tu veux manger ou boire quelque chose ?
Il ne lui avait toujours
pas parlé. Il leva son regard vers le plafond et Scully sut
quil
souhaitait se reposer encore. Elle lui prit la main et lui fit
monter les escaliers, et
ouvrit la porte dune des chambres. Toujours silencieux, il
la regarda fermer les volets et
ouvrir le lit. Avec une infinie tendresse, elle laida à se
déshabiller et il se coucha enfin
dans les draps. Il sendormit aussitôt.
Elle le regarda avec inquiétude. Elle avait peur quil ne retrouve jamais la raison.
Elle descendit pour se
faire un café et sendormit pratiquement devant son bol
fumant. Elle
était exténuée elle aussi. Elle sallongea sur le canapé
et sombra dans le sommeil en un
instant. Elle se réveilla plusieurs heures plus tard. Elle avait
limpression dêtre observé.
Elle se releva rapidement et vit Mulder assis sur le fauteuil à
côté du canapé. Il la fixait,
dun regard figé, dérangeant. Elle le sentait pourtant
plus présent que les dernières heures.
Sans un mot, il sapprocha delle et sassit sur
le canapé. Leurs deux mains se rejoignirent.
Il ne disait toujours rien.
- Mulder, parle moi... Je ten prie.
Il se serra contre elle
jusqua ce quelle le prenne dans ses bras. Ils
restèrent longtemps
ainsi, silencieux, puis il se leva et lui donna la main pour la
conduire dans la chambre où
il sétait reposé. Il lintima de sasseoir et
il se lova à nouveau dans ses bras. Ils
sendormirent ensemble.
Le lendemain, il
paraissait aller beaucoup mieux. La parole était revenue,
lhumour aussi.
Ils passèrent les deux jours suivants à reprendre des forces,
puis il se sentit assez fort
pour la suivre en ville pour faire des achats.
Elle le regardait avec
inquiétude alors qu'ils progressaient vers la maison. Jamais
elle
n'aurait du le laisser venir avec elle faire le ravitaillement.
Lorsque il était arrivé en
ville, il avait commencé à pâlir, puis ses mâchoires
s'étaient contractées de plus en plus
fort au fur et à mesure qu'ils approchaient du centre ville.
Scully avait choisi un magasin
à la hâte, mais l'environnement humain était dense et Mulder
le ressentait comme autant de
coup de poignards en pleine tête. Il avait basculé sa nuque en
arrière et fermait les yeux,
tentant de réprimer les nausées qui montaient en vague.
C'était accablant. Il se prit la tête
entre les mains, sachant parfaitement que le vacarme ne cesserait
pas tant qu'ils n'auraient
pas quitter la ville. Elle posa sa main sur sa cuisse, et ses
pensées apaisantes le calmèrent
l'espace d'un court instant. Il la regarda partir en courant vers
le magasin et tenta de faire le vide dans son esprit. C'était
trop dur. Il gémissait doucement à présent, mais la douleur
était trop forte. Des larmes apparurent dans ses yeux clos, ses
paupières se crispèrent sous la souffrance intolérable. Il
sentit la présence de Scully, et la douleur reflua un peu.
Lorsque il put ouvrir les yeux à nouveau, ils étaient loin de
la petite ville. Plus rien aux alentours pour le perturber. La
nausée s'éloignait, mais la douleur était toujours là,
lancinante.
Lorsque ils arrivèrent
devant la maison, il resta un long moment assis, sans pouvoir se
lever.
Scully lui ouvrit la portière et lui tendit la main. Il s'y
accrocha comme à une bouée. Elle
le conduisit jusqu'a la chambre, ferma les volets en silence et
l'aida à se déshabiller, ne
gardant que son tee shirt et son caleçon. Les draps étaient
frais, il s'y allongea immédiatement
Elle resta quelques
instants près de lui et leurs esprits fusionnèrent. Il savait
malgré
tout que bientôt, même sa présence lui serait intolérable.
Elle caressa ses cheveux humides
de sueur et ils se regardèrent longuement. Il lisait en elle
tant d'amour et tant qu'inquiétude
qu'il en fut bouleversé. Puis avec effort, il fit le vide dans
son esprit pour tenter de dormir
et de récupérer un peu.
Scully le laissa lorsque
sa respiration devint régulière et profonde. Elle regarda son
visage
et son coeur se serra. Ses traits réguliers étaient tirés par
la fatigue et la douleur, ses
yeux mordorés étaient délavés par les épreuves qu'il avait
subi depuis le début de ce
cauchemar. Elle descendit doucement les escaliers et sortit à
l'extérieur de la maison,
essayant de calmer les pulsations de son coeur. Il l'avait
regardé avec gravité, sachant quelles étaient ses pensées. Il
lisait en elle comme dans un livre ouvert et il n'y avait entre
eux plus aucun secret, aucune défense.
Il se releva après
quelques heures de repos. Il paraissait maintenant détendu et il
lui sourit
avec insouciance en l'embrassant avec tendresse. Il savait
désormais ce quelle éprouvait pour lui. Lamour
était apparu comme le plus merveilleux des remèdes. Elle se
blottit contre lui, heureuse de le voir ainsi, chassant les
sombres pensées qui ternissaient le bonheur de l'avoir enfin
près de lui, amoureux et tendre. Il la prit dans ses bras ,ses
yeux l'engloutirent, et elle le laissa porter jusqu'au seuil de
la chambre où les rayons de soleil filtraient à travers les
volets clos. Lascivement allongée
sur le lit, elle se laissa caresser, encore et encore, il savait
parfaitement comment lui
procurer du plaisir, et chaque caresse venait lorsque le
désirait. C'était une danse d'amour
parfaitement réglée, et lorsque ils furent satisfaits l'un et
l'autre, la nuit était tombée.
Elle s'endormit dans ses bras et il resta longtemps à la
regarder, ses cheveux flamboyants
lui cachaient à moitié le visage. Il ôta quelques mèches
folles et caressa sa bouche gonflée
par ses baisers. Il avait tellement peur de lui faire du mal...
Le lendemain, ils
entreprirent une longue promenade à travers les dunes. Marchant
au même
rythme, ils savouraient ce moment rare. Sans prononcer une seule
parole, ils marchaient,
heureux d'être là, ici et maintenant. Plus rien n'avait
d'importance que leur amour désormais.
L'idyllique instant fut gâché par l'arrivée imprévisible d'un
groupe scolaire. En un instant,
une nuée d'enfants se rua vers eux, les encerclant avec gaieté.
Leur assaut fut si brutal que
Fox n'eut pas eu le temps d'ériger les barrières mentales qui
pouvaient atténuer le flux débordant de pensées enfantines. Il
tomba à genoux, crispé par la douleur.
Linstituteur sapprocha deux et proposa son aide
:
- Voulez vous que jappelle un médecin ?
- Non. Je vous en prie,
éloignez vous, éloignez les enfants. Je suis médecin. Je
moccupe de
lui.
Lhomme la regarda
avec étonnement, ses yeux se posant sur Mulder qui gémissait
maintenant de
plus en plus fort. Il roula sur le côté, et se recroquevilla,
terrassé par la douleur.
La voix de Scully se fit presque menaçante.
- Allez vous en ! Maintenant !
Linstituteur
rassembla ses enfants à la hâte et sempressa de les
éloigner de cette furie.
Scully se lova contre le corps de son amant et le berça, sans un
mot. Ses yeux étaient remplis
de larmes et elle maudissait sa stupidité. Elle fallait
quelle léloigne plus encore. Mulder
la conforta dans cette idée. Dune voix brisée, il dit la
supplia :
- Il faut quon aille plus loin, Scully... Là où il ny a personne...
- Je vais moccuper de toi, Mulder... Ne tinquiète pas... On va trouver une solution.
Ils restèrent longtemps
sur la plage, Mulder était incapable de se lever tant
lépreuve avait
été épuisante. Le vent marin les faisait frissonner et le
crépuscule tombait lorsque ils se
mirent enfin en route vers la maison. Elle dut laider à
marcher et ils firent plusieurs
arrêts avant darriver à la maison. Elle rassembla leurs
affaires rapidement et chargea la
voiture. Mulder sétait installé sur la banquette
arrière, ses grandes jambes pliées de façon
inconfortable.
Malgré son épuisement, il commençait à analyser le mécanisme de la perturbation psychique, qui, le savait-il, le conduirait à la démence ou au suicide. Il recevait toutes les pensées des êtres humains, mais aussi des animaux, de façon anarchique. Lorsqu'il était préparé, il arrivait peu à peu à les maîtriser et endiguer le flux démoniaque. Avec Scully, c'était différent. Elle savait comment éviter de le perturber et elle se contrôlait la plupart du temps, ce qui rendait sa présence près de lui non seulement possible, mais presque indispensable. Elle l'apaisait. Il la regarda s'installer sur le siège du conducteur et tenta de lui sourire alors qu'elle se tournait vers lui. Le sommeil le terrassa en quelques instants.
Scully progressa vers le
Nord toute la journée, passant la frontière canadienne. Mulder
dormait maintenant depuis près de 4 heures. Elle était
fatiguée, ses paupières s'alourdissaient. Elle s'arrêta devant
un motel qui paraissait presque désert. Mulder se redressa et
son visage se crispa légèrement.
- Il faut que je dormes un
peu, Mulder. Je suis épuisée. Ne bouge pas. J'ai l'impression
que
ce motel n'est pas très fréquenté.
Il savait qu'il n'y avait
que deux personnes aux alentours. Il captait leurs pensées, mais
c'était suffisamment faible pour être supportable. Les deux
personnes regardaient la télé, et par ce fait vidaient leurs
esprits.
- Demande une chambre éloignée de la réception, Scully.
Elle lui sourit et se
dirigea vers le bureau d'accueil. Un vieil homme répondit à son
coup
de sonnette et lui remit la clé de la chambre 35.
- Y'a pas beaucoup de
passage à cette époque de l'année. Vous serez tranquille, vous
et votre
mari.
- Nous avons besoin de repos tous les deux. Nous resterons peut être deux jours ici.
- La chambre est équipée d'une cuisine, et la ville est à deux kilomètres.
- Parfait.
Elle approcha la voiture
devant la porte de la chambre et ils s'installèrent. Elle
s'allongea
sur le lit et Mulder la rejoignit. Ils firent l'amour avec
passion.
Le lendemain matin, elle
brancha son ordinateur portable et chercha sur Internet un
renseignement concernant un médicament qui pourrait aider Mulder
à supporter son état. Elle
cria de joie lorsque elle découvrit enfin ce qu'elle cherchait.
- Je fonce à la pharmacie, Mulder. J'ai peut être trouvé quelque chose qui pourrait t'aider.
Il se leva pour l'accompagner.
- Non, Mulder. Reste là, je t'en prie. Ne texpose pas inutilement.
Ils se regardèrent un
long moment et elle ferma les yeux sous son regard à la fois
perçant et si doux.
Elle quitta la pièce, et se rendit en ville où elle batailla
ferme pour obtenir le fameux remède dans lequel elle mettait
tant despoir. Elle savait néanmoins que cela ne ferait que
retarder léchéance fatale... Elle revint au bout de deux
heures et son coeur se déchira lorsque elle vit le car de
tourisme garé non loin de la réception. Des seniors en short et
en basket discutaient fort peu discrètement devant les portes
des chambres. Elle vit le pneu crevé, et redouta de retrouver
Mulder en pleine crise. Ouvrant la porte avec précaution,
elle lappela doucement.
- Mulder... Cest moi. Jai trouvé le médicament.
La chambre était dans la
pénombre et elle ne le distinguait pas.
- Mulder ? Où es tu ? Répond moi !
Elle entendit un bruit soudain dans la direction de la salle de bains. Elle sy précipita et le trouva contre le mur, sa tête frappant dangereusement le carrelage. Ses yeux étaient grand ouvert, mais il navait même pas remarqué son arrivée. Elle se concentra pour lui faire parvenir une pensée douce et apaisante.
- Mulder...
Elle lui prit la main et il la fixa, halluciné, mais sans aucune
violence dans les yeux.
Elle prit le flaçon de comprimés dans son sac, en fit tomber
deux dans le creux de sa main puis lui glissa dans la bouche.
- Avale ça, lui dit elle
avec douceur en lui tendant un verre deau. Ca va te faire
du bien.
Elle le vit dégluttir plusieurs fois, puis il se laissa glisser
à terre, prenant sa tête entre ses mains.
- Je sais, Mulder... Tu as mal... Pardonne moi... Je naurais pas dû te laisser seul.
Il réussit à articuler quelques mots dune voix cassée par la souffrance.
- Ca naurait rien changer, Scully... Je ne peux plus le supporter...
- Dans quelques minutes tu seras soulagé... Viens tallonger.
Elle lui conduisit jusquau lit, où il sallongea sans résistance. Il navait quune envie, dormir, dormir pour oublier létau qui lui serrait le crâne, linsoutenable impression dêtre un récepteur branché sur des centaines de chaines. Il arrivait maintenant à gérer la violence que cela déclenchait en lui, mais il restait la souffrance.
Ils reprirent leur route
vers le Nord le lendemain, cherchant à éviter les
agglomérations, utilisant les routes les moins fréquentées. La
drogue le calmait, et il espérait maintenant quil
trouverait un endroit où ils pourraient enfin vivre en paix.
Vivre... Vivre avec Scully, lui donner lamour quelle
méritait, après toutes ces années où elle lavait
supporté, après tout ce quelle avait subi...
A mesure quils progressaient, les habitations se
raréfiaient, les espaces grandioses les engloutissaient. Ils
sétaient arrêtés dans une petite station de montagne
pour séquiper en vêtements chauds et confortables et ils
avaient ri en se voyant ainsi déguisés en trappeurs...
Ils étaient si bien ensemble, si proches, complices,
complémentaires...
Ils sarrêtaient quand ils étaient fatigués, quand ils
avaient faim, lorsquils avaient envie de faire
lamour. Les jours et les nuits se confondaient, ils ne
vivaient que linstant présent.
Il avait expliqué à
Scully sa perception des pensées. Le premier cercle,
cétait lentourage immédiat. Sans médication, dans
ce premier cercle, il ny a quelle quil pouvait
supporter. Sous lemprise de la drogue, il résistait au
mieux quelques dizaines de minutes avec des étrangers. Dans le
deuxième cercle, les pensées lui parvenaient, atténuées,
moins agressives. Il arrivait quelquefois à faire le tri dans le
flux puissant. Le troisième cercle lui faisait percevoir les
pensées de quelques animaux évolués, diffuses, souvent
incompréhensibles.
Il lui avait raconté laigle, le loup, dont il soupconnait
la présence dans la forêt. Scully lavait écouté avec
stupéfaction, et se demandait comment il pouvait avoir la force
de continuer ainsi. Leffort était constant, lui avait-il
répondu avant quelle ne formule sa phrase. Il devait
constamment se concentrer pour rester lui même, ne pas se perdre
parmi la multitude. Cest pourquoi il dormait autant. Dans
le sommeil, plus dagression, le repos de lâme.
Ils roulaient sur la route déserte depuis plusieurs heures lorsque soudain un camion chargé de billes de bois surgit dun chemin forestier. Scully neut que le réflexe de braquer le volant à gauche, mais elle ne put éviter le choc frontal contre la remorque. Elle perdit connaissance.
Une douleur lancinante au niveau de la jambe lui fit reprendre conscience. Elle sentit quon la sortait du véhicule et prostesta faiblement.
- Mulder...
- Vous êtes blessé, mademoiselle. On soccupe de vous.
- Mulder...
Elle se redressa faiblement sur le brancard et tenta le lapercevoir. Son coeur sarrêta lorsquelle le vit, pâle, un léger sourire aux lèvres. Un mince filet de sang séchappait de sa bouche et de son oreille gauche. Il paraissait dormir, mais Scully sut que sa fuite était terminée, quil avait enfin trouvé le repos.
Elle le regarda une dernière fois avant que les secours la transporte dans lambulance.
- Adieu, Mulder.
Une larme
coulait sur sa joue. Il avait fini de souffrir.
FIN
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