TITRE NAZCA
AUTEUR Valérie Charlot
EMAIL valeriec2@wanadoo.fr
AVERTISSMENTS (G, PG, PG13, R, NC17) G
CATEGORIE (X, C, H, MSR, etc...) MSR
SPOILERS Non.
RÉSUME Une escapade en Amérique du Sud.
DISCLAIMER Les personnages ne mappartiennent pas. Ils
sont la propriété de Chris Charter et de la Fox.
Introduction :
Au Pérou, vers le Sud, au bord du Pacifique, cette mer Ténébreuse des Anciens, se trouve le désert le plus sec du monde. Il est formé de pampas successives dont les noms chantent : pampa de Pisco, pampa de Ica... 250 kms de sable aride et de pierraille, où il na pas plus depuis des millions dannées. Là, dans cet étrange et bizarre endroit, se trouve la plus grande énigme archéologique du XXème siècle : les pistes de Nazca. Dimmenses dessins géométriques, à même le sol, des routes qui ne commencent nulle part puis sarrêtent soudain, des oiseaux gigantesques aux ailes de grains de sable, un féerique bestiaire comprenant un lézard, un pélican, un singe, une araignée, un orque, un iguane...
Au Sud de Nazca :
La jeep roulait depuis plusieurs heures sur la piste caillouteuse et défoncée. Scully repoussa pour la centième fois la mèche de cheveux qui lui tombait sur le visage. Il lui semblait que sa peau était couverte de poussière et sa gorge la brûlait. Le soleil était encore haut et elle plissait les yeux malgré ses lunettes de soleil.
Bataillant avec le sol irrégulier, Mulder saggripait au
volant comme un forcené. Des gouttes de sueur ruisselaient sur
son front, son tee shirt était trempé, mais il continuait à se
battre pour arriver à son but. Soudain la jeep quitta
brutalement la piste et Scully vit avec effroi Mulder être
éjecté violemment sur le sol pierreux. La jeep finit sa course
contre un gros rocher.
Choquée, mais sauvée par la ceinture qui la retenait, Scully se
dégagea et descendit rapidement pour se rendre compte de
létat de son partenaire.
Il était conscient, mais son visage était crispé par la souffrance. Son visage portait quelques écorchures, et il se tenait la jambe ,se mordant la lèvre inférieure pour contenir la douleur.
- Est ce que ça va ?
- Cest ma jambe.
Scully dégagea avec précaution la cheville de Mulder. Elle
délassa délicatement la chaussure et
ôta la chaussette. Sa cheville était déjà très gonflée.
Mulder gémit lorsque elle effleura la
malléole externe.
- C'est sans doute une fracture, Mulder. Tu as très mal ?
- Oui...
- Je vais t'immobiliser la cheville avec un bandage. Cela te soulagera un peu. Je ne peux rien faire de plus ici. Ca va aller?
Elle le regarda avec inquiétude. Il était au bord de l'évanouissement, le visage très pale et les lèvres serrées par la douleur.
- Ne t'en fais, Scully, je vais tenir le coup.
Sa voix était rendue rauque par la douleur et son langage
corporel démentait ses paroles. Ses mâchoires se contractaient
spasmodiquement.
Scully nettoya les quelques coupures sur son front et elle l'installa le plus confortablement possible contre la portière de la voiture. La nuit commençait à tomber et la température fraîchissait rapidement.
- Le radiateur est foutu. Je crois bien quon est coincé ici. Je vais appeler les secours. La radio doit encore fonctionner.
Elle se brancha sur la fréquence et commença à lancer un appel.
Mulder avait posé sa tête contre la portière et essaya d'oublier la douleur qui montait en vagues de sa jambe droite, lui donnant presque la nausée. Il lui semblait qu'il entendait la voix de Scully à travers un épais coton.
- Nous ne pouvons pas envoyer de secours avant le lever du jour. Nous n'avons aucun appareil disponible.
- J'ai un blessé ici qui a besoin de soins!
- S'il n'y a pas d'urgence vitale, je ne peux rien faire pour vous. Il faut que vous attendiez demain.
Scully raccrocha avec rage, pestant contre l'inertie
administrative du Pérou. Mulder allait
souffrir le martyre avec sa fracture. Elle s'approcha de lui et
s'accroupit à son niveau.
- Je suis désolée, Mulder. Il va falloir que tu attendes. Ils n'ont rien voulu savoir.
- J'ai entendu. Tu as fait ton possible, Scully. Ca va aller, ne n'inquiète pas pour moi.
- Tu es sûr?
Il hocha la tête et lui sourit faiblement.
- Tu veux manger quelque chose?
- Non... J'aurais plutôt envie de dormir.
Elle s'assit près de lui et entoura ses épaules de son bras,
puis doucement le fit basculer sur
ses genoux. Le mouvement déclencha une nouvelle vague de
douleur.
- Ah .....
- Pardon.
- Ca va.
Elle lui caressa les cheveux. Il trouvait finalement que la
situation n'était pas si mauvaise. Il
adorait quand Scully prenait soin de lui ainsi. Il ferma les yeux
de ravissement et lui murmura
- Promis, je ne te demande pas de chanter ce soir.
Il sentit son sourire dans l'obscurité.
- Pourquoi, c'était si mauvais que ça?
- Non... mais il fait beau ce soir. Profitons de ce ciel magnifique.
- Tu vois où tes idées extravagantes nous conduisent, Mulder. Tu peux m'expliquer ce qu'on fait là, en plein désert?
- Tu n'as pas envie de voir ces fameuses lignes de Nasca,
Scully? Tu n'es pas curieuse?
- Si, bien sûr. Mais on aurait pu prendre le chemin normal. Ca
nous aurait éviter cette mauvaise piste et cet accident stupide.
- Oui, mais nous n'aurions pas vu ces lignes fabuleuses de la colline.
- D'accord, Mulder, tu as raison.
Il frissonna soudain et Scully accentua la pression de ses bras contre lui.
- Tu as froid?
- Oui, un peu.
- Je crois qu'il a une couverture dans la jeep.
Elle se leva avec précaution, évitant de trop le bouger et fouilla dans la jeep. Il y avait un plaid en laine. Elle se rassit près de lui et l'installa de nouveau sur ses genoux. Il se blottit contre elle, cherchant sa chaleur.
- Tu es en état de choc, Mulder. C'est pour cela que tu as froid. Essaye de respirer profondément.
Elle le sentit inspirer et expirer bruyamment et se mit à rire.
- Quoi ?
- Rien. Dors.
- Bon anniversaire, Scully.
Scully leva la tête vers les étoiles. Le ciel de
l'hémisphère Sud était si différent qu'elle avait du mal à
trouver les repères habituels. La nuit était maintenant tombée
sur la pampa.
Mulder, la tête sur ses genoux, se détendait progressivement.
Sa respiration se fit plus ample et son visage se détendit. Dieu
qu'elle aimait le voir ainsi, abandonné, totalement relaxé. Son
visage se transformait, elle découvrait un autre Mulder. Un
Mulder qu'elle pourrait connaître si un jour...
Elle l'aimait, c'était indubitable. Avec toute son âme, avec toute sa force, avec tout son coeur. Elle le connaissait par coeur. Chaque ligne de son visage, la rondeur de sa lèvre inférieure, la courbe de ses sourcils. Elle le connaissait aussi bien quelle même. Elle aurait voulu caresser ses cheveux doux et indisciplinés, sa nuque humide, le contour de ses oreilles si bien dessinées. Sa main était là, hésitante, troublée, presque craintive.
Mais quest ce qui les empêchaient daller plus
loin dans leur relation ? Le regard des autres, au FBI ? Beaucoup
de personnes au bureau pensaient quils étaient déjà un
couple. Dailleurs, même en dehors du bureau, on les
prenait pour un couple. Lorsquils descendaient dans un
hôtel pour un enquête, on leur proposait systématiquement une
seule chambre. Lorsquils se présentaient devant un shérif
local, même chose. Cela devenait presque un jeu entre eux, et
lorsque ils avaient fait cette enquête en Californie, ils
avaient poussé le jeu très loin. Avec humour, ils étaient
presque devenus mari et femme lespace de quelques jours.
Mais il ne sétait rien passé. Ils se retenaient, lun et lautre, comme sils avaient peur de leurs propres sentiments. Bon Dieu, elle savait quil la désirait, il suffisait de voir ses regards appuyés, dentendre sa voix qui devenait plus rauque soudain, de sentir leffleurement de ses mains sur son corps.
Ils avaient peur. La crainte absurde que le fait de pousser leur relation plus loin ne détruise la formidable, lincroyable amitié qui les unissait. Ils nosaient pas franchir le pas.
- Tu dors, Mulder ?
Il ne répondit pas. Il sétait endormi. Comme un enfant.
Deux jours plus tôt :
Mulder entra dans le bureau envahi par les odeurs de peinture et les ouvriers du bâtiment avec un petit sourire aux lèvres. Il brandissait avec malice deux billets davion.
- Je tenlève à cet enfer, Scully. On met les voiles.
- Mais quest ce que tu racontes ?
- Les pistes de Nasza, ça te dit quelque chose, Scully. On part dans trois heures.
- Tu rigoles, jespère ?
- Écoutes, on ne peut pas travailler ici dans ces conditions. Et comme personne ne semble prêt à nous accueillir dans les étages, jai pensé quon pourrait prendre quelques jours de congés... Cest ton cadeau danniversaire, Scully. Tu te rends compte, cest le Pérou !!!!
- Très drôle, Mulder.
- Je ne plaisante pas, Scully. Allez, on passe chez toi
chercher tes affaires.
Deux heures plus tard, ils étaient à laéroport. Mulder avait quitté son costume strict pour revêtir son jean noir préféré, un tee shirt blanc et son éternel blouson de cuir. Elle lavait suivi sans trop réfléchir, après tout pourquoi pas ? Elle avait besoin de vacances, elle avait envie aussi de se retrouver avec lui, loin de tout. Il se comportait différemment avec elle dès quils sortaient du cadre strict du boulot. Il était plus... comment dire... plus séduisant encore. La perspective de passer plusieurs jours avec lui nétait pas pour lui déplaire, au contraire.
Pendant le vol, il labreuva de théories sur la nature
et le but des lignes mystérieuses, lui prouvant encore une fois
létendue de son savoir. Elle pouvait lentendre
parler pendant des heures, plongeant dans son regard pétillant,
bercée par ses paroles. Mais elle ne pouvait pas non plus
sempêcher de le contredire dans les hypothèses les plus
farfelues, incapable de contenir son esprit cartésien. Il en
résultait des joutes oratoires dont ils sortaient tous les deux
épuisés mais si heureux...
Ils finirent par sendormir, côte à côte, leurs
chevelures se mêlant, sa tête contre son épaule.
A laéroport de Lima, Mulder démontra quil navait pas totalement oublié ses cours despagnol. Il se débrouilla pour obtenir deux places sur la ligne intérieure qui les conduirait à Nazca, au Sud de Lima, le long du Pacifique. Le paysage était magnifique et malgré laspect peu fiable du coucou, ils apprécièrent le paysage.
Arrivés à Nazca, épuisés par le voyage, ils prirent une chambre dans le meilleur hôtel de la ville. Une chambre.
- Scully, je tassure, cest mieux ainsi. Je doute quils aient ici un service dordre dans lhôtel. Je préfère quon reste ensemble.
- Mulder, je suis assez grande pour me défendre.
- Tu nas pas ton arme, Scully. Je te promets dêtre sage.
Ils se regardèrent en souriant et sinstallèrent dans
la pièce. Le lit était large et ils sy allongèrent,
épuisés, sans même prendre le temps de se déshabiller. Ils
dormirent ainsi plusieurs heures.
Leur réveil fut brutal. Une bamba passait dans la rue juste sous
la chambre, et les notes endiablées les fit sortirent de leur
torpeur. Ils se rafraîchirent dans la petite salle de bains et
sortirent rejoindre la fête.
Scully découvrait Mulder sous un jour nouveau. Simplement vêtu dun pantalon blanc et dun polo bleu marine, il était souriant et gai comme jamais. Il lentraîna dans une danse langoureuse, et ils se dévorèrent du regard. Elle ne pouvait pas détacher ses yeux de ses prunelles tour à tour grises, vertes ou noisette qui lenvoûtaient, ensorceleuses, de ses lèvres sensuelles. Ses mains sur son corps la brûlaient, et elle navait quune envie, lembrasser, enfin. Reprendre là où tout sétait arrêté, il y a quelques mois, dans le couloir de son immeuble. Ils navaient jamais reparlé de ce moment. Pas une fois, ils navaient évoqué linstant qui aurait pu les unir. Réprimant leurs désirs, ils avaient repris leurs distances.
Désert de Ica :
La nuit était sublime. Le clair de lune éclairait la pampa de façon étrange et féerique. Chaque rocher se détachait, évoquant des formes tour à tour animale ou humaine. Scully navait pas dormi. Elle regardait sa montre une nouvelle fois, plus par habitude que par lassitude. Elle se sentait parfaitement bien, lhomme quelle chérissait dans ses bras, offert, à sa portée. Il sagita soudain dans son sommeil et leva son visage vers le sien. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
- Quelle heure est il ?
- Presque 4 heures. Le soleil se lèvera dans deux heures. Comment te sens tu ?
- Ca va. Je ne sens presque pas ma cheville... Comme si elle était engourdie. As tu dormi un peu ?
- Non. Mais ça va. Je ne suis pas fatiguée.
- Tu es sûre ?
- Oui. Je suis parfaitement bien.
Malgré son éveil, il restait dans le confort de ses bras.
- Je suis bien aussi, Scully.
Elle lui sourit, lumineuse.
- Sais tu pourquoi tu es bien, Scully ? Malgré le froid, malgré les pierres sous nos fesses, malgré tout ça ?
- Parce que nous sommes tous les deux ?
Sa voix était hésitante mais affirmative.
- Parce que nous sommes ensemble.
La voix de Mulder était un murmure qui la fit frissonner.
Il y eut un long silence, puis il se dégagea
doucement de létreinte de ses bras pour se relever, et
inverser la situation. Avec des gestes lents et doux, il la prit
dans ses bras, et linstalla tout contre lui. Son visage
dans sa nuque, il accentua la pression de ses bras et elle
sabandonna contre lui, heureuse et paniquée à la fois.
Mais seules leurs respirations se mêlèrent, à lunisson.
Fin