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TITRE / Retour aux Urgences
Auteur : Valérie
G
Vignette, MT.
Résumé : Mulder retourne aux urgences peu de temps après son opération du cerveau.

RETOUR AUX URGENCES


Je n'ai pris ma garde que depuis dix minutes à peine quand un chauffeur de taxi angoissé arrive dans la salle d'attente, nous appelant à l'aide. Je me précipite dehors immédiatement pour
découvrir que son passager est inconscient (ou endormi ?) sur la banquette arrière de son véhicule.

Je le regarde et me souviens de lui instantanément. Comment l'oublier? Il est arrivé à l'hôpital quelques semaines plus tôt,
agressif et à la limite de la démence, puis presque comateux et non-responsif ensuite. Puis il a disparu quelques jours, pour revenir en urgence, faible, le crâne ouvert par quelques bouchers inhumains. Une affaire bizarre. Son histoire a fait
le tour des services de l'hôpital et chacun de nous fut au courant de cet homme et de son curieux cas.

En dépit de son visage un peu pale, il semble être en meilleure forme que la dernière fois que je l'ai vu. Il parait avoir repris quelques kilos et les affreuses cicatrices au niveau de son front
se sont un peu effacées.

Je lui assène quelques petites tapes sur les joues, et il ouvre soudainement les yeux. Ils sont si beaux pour un homme qu'ils me couplent le souffle, verts et or, même si ils sont actuellement un peu vitreux. Je ne peux m'empêcher de sourire
et il répond à mon sourire en me gratifiant par un gémissement.

"Pouvez-vous sortir de la voiture et me suivre, Monsieur Mulder ?"

"Mulder. Juste Mulder. Quoi ? Vous vous souvenez de mon nom ?"

"Difficile de vous oublier, Mulder. Vous êtes devenu... comment dire... un cas d'anthologie ..."

Il rougit un peu, se souvenant de son comportement avant sa sortie. Il sort de la voiture, les jambes tremblantes, et me
suit avec peine à l'intérieur. Je le conduis dans une salle d'examen où je lui ordonne de s'allonger. Il le fait sans hésiter, frissonnant dans l'air un peu frais de la pièce.

"Alors ? Qu'est-ce qui vous fait revenir ici ? Notre charme et notre bonne humeur, nos manières délicieuses peut être ?"
J'essaye de le détendre pendant que je prépare mon examen clinique.

Il hausse les épaules et ferme les yeux.

"J'ai un mal de tête terrible." Les traits de son visage confirment sa réponse. Ils sont tirés, ses yeux plissés sous l'effet de la migraine.

"Avez-vous essayé de prendre quelque chose pour vous soulager ?"

"Oui. J'ai pris trois Di-Antalvic quelques heures auparavant. Ils ont juste réussi à me faire vomir mes trippes."

Je grimace et commence mon examen neurologique. Ses pupilles changeantes sont égales et réactives, mais la lumière semble le gêner. Il couvre ses yeux avec une main tremblante, et gémit silencieusement.

En lui parlant doucement, je caresse délicatement ses cheveux d'une riche couleur chocolat avec affection. Le geste semble apaiser un peu sa douleur, et son corps mince se relaxe sous l'effet de mes doigts.

"Je vais ordonner un scan-crane aussi vite que possible. Vous pouvez saigner un peu... Connaissez-vous le déclencheur pour cet épisode de migraine ?"

"J'étais sensé me reposer et... Rester toute la journée devant mon ordinateur n'a pas du être fameux."

Mes sourcils se soulèvent et il me regarde avec un air ébahi, comme s'il a déja vu cette expression il n'y a pas si longtemps...

"... Je m'ennuyais à mourir et je me sentais si bien ce matin... Je pense que ça fait de moi un idiot, non ?"

Sa lèvre inférieure qui s'avance exagérement lui confère la plus craquante expression que je n'ai jamais vu sur le visage d'un homme. Je ne peux m'empêcher de sourire.

Il me sourit à son tour, malicieusement.

"Ce n'était effectivement pas la meilleure des choses à faire, Mulder."

"Oui, je sais... mais... Oh mon dieu, faites quelque chose. J'ai vraiment mal..." Ses mains encerclent brutalement ses tempes et il ferme les yeux sous l'assaut de la douleur.

Je détecte un soupçon de peur dans sa voix. Je sais qu'il est un agent du FBI et qu'une rechute pourrait sérieusement compromettre sa carrière. Un agent sur le terrain doit être 100 % effectif et en pleine santé pour travailler.

Je prends une de ses mains gentiment et lui insère une intra-veineuse avec du physio et du Démérol, puis demande à un brancardier de le conduire en radiologie. L'examen prend à peine une heure et quand il en revient, il semble plus détendu et son visage ne porteplus les traces de la douleur.

"Alors... Quel est le verdit, docteur ?" Sa voix est rendue un peu rocailleuse par l'antalgique, ce qui lui confère un charme fou.

"Et bien... le scan est strictement normal. Pas d'hémorragie, rien qui puisse expliquer une telle douleur...". Son beau visage se détent avec soulagement et moi même suis soulagée pour lui.
Il est vraiment sympathique et semble être quelqu'un de bien.

"Je sens un -mais- venir..."

"Mais vous devez respecter les consignes qui vous ont été données, Mulder. Votre opération a été un choc pour votre organisme, et il vous faudra du temps avant que vous retrouviez votre énergie."

"Vous parlez comme ma partenaire..."

"En parlant d'elle, voulez-vous que j'appelle
Mlle Scully ?"

"NON ! non, s'il vous plait. Et c'est Docteur. Scully. Elle va me tuer plus vite que la migraine elle-même !"

J'esquisse un petit rire.

"Alors... Je peux rentrer chez moi maintenant ?"

"Non, je veux que vous restiez ici cette nuit pour être sûre que tout va bien et si vous vous sentez mieux demain matin, j'autoriserai votre sortie. Je vais vous prescrire quelque chose de plus fort que le Di-Antalvic pour si vous avez d'autres épisodes comme celui ci. En ce qui concerne votre court séjour ici, vous allez être surveillé toute la
nuit ici. Tenez, enfilez ça, vous serez plus à l'aise."

Je lui tends une blouse d'hôpital et il la regarde comme si c'était une offense. Il se redresse néanmoins et l'enfile en ralant. Il ne fait cependant pas d'autre commentaire, semblant accepter son sort. Ses paupières se ferment
presque malgré lui et il se rallonge sur le lit d'examen. La journée semble avoir été longue pour lui ; l'examen et la douleur ont sapé ses forces à peine renaissantes. Sa voix est ensommeillée quand il me parle à nouveau, les yeux toujours fermés.

"Merci de votre compréhension, Carla."

Il se souvient de mon prénom. Quelque part, ça me fait vraiment plaisir.

"Pas de quoi, Mulder. Pas de quoi."

FIN