RETOUR AUX URGENCES Je n'ai pris ma garde que depuis dix minutes à peine
quand un chauffeur de taxi angoissé arrive dans la salle
d'attente, nous appelant à l'aide. Je me précipite
dehors immédiatement pour Je le regarde et me souviens de lui instantanément.
Comment l'oublier? Il est arrivé à l'hôpital quelques
semaines plus tôt, En dépit de son visage un peu pale, il semble être
en meilleure forme que la dernière fois que je l'ai vu.
Il parait avoir repris quelques kilos et les affreuses
cicatrices au niveau de son front Je lui assène quelques petites tapes sur les joues,
et il ouvre soudainement les yeux. Ils sont si beaux pour
un homme qu'ils me couplent le souffle, verts et or,
même si ils sont actuellement un peu vitreux. Je ne peux
m'empêcher de sourire "Pouvez-vous sortir de la voiture et me suivre, Monsieur Mulder ?" "Mulder. Juste Mulder. Quoi ? Vous vous souvenez de mon nom ?" "Difficile de vous oublier, Mulder. Vous êtes devenu... comment dire... un cas d'anthologie ..." Il rougit un peu, se souvenant de son comportement
avant sa sortie. Il sort de la voiture, les jambes
tremblantes, et me "Alors ? Qu'est-ce qui vous fait revenir ici ?
Notre charme et notre bonne humeur, nos manières
délicieuses peut être ?" Il hausse les épaules et ferme les yeux. "J'ai un mal de tête terrible." Les traits de son visage confirment sa réponse. Ils sont tirés, ses yeux plissés sous l'effet de la migraine. "Avez-vous essayé de prendre quelque chose pour vous soulager ?" "Oui. J'ai pris trois Di-Antalvic quelques heures auparavant. Ils ont juste réussi à me faire vomir mes trippes." Je grimace et commence mon examen neurologique. Ses pupilles changeantes sont égales et réactives, mais la lumière semble le gêner. Il couvre ses yeux avec une main tremblante, et gémit silencieusement. En lui parlant doucement, je caresse délicatement ses cheveux d'une riche couleur chocolat avec affection. Le geste semble apaiser un peu sa douleur, et son corps mince se relaxe sous l'effet de mes doigts. "Je vais ordonner un scan-crane aussi vite que possible. Vous pouvez saigner un peu... Connaissez-vous le déclencheur pour cet épisode de migraine ?" "J'étais sensé me reposer et... Rester toute la journée devant mon ordinateur n'a pas du être fameux." Mes sourcils se soulèvent et il me regarde avec un air ébahi, comme s'il a déja vu cette expression il n'y a pas si longtemps... "... Je m'ennuyais à mourir et je me sentais si bien ce matin... Je pense que ça fait de moi un idiot, non ?" Sa lèvre inférieure qui s'avance exagérement lui confère la plus craquante expression que je n'ai jamais vu sur le visage d'un homme. Je ne peux m'empêcher de sourire. Il me sourit à son tour, malicieusement. "Ce n'était effectivement pas la meilleure des choses à faire, Mulder." "Oui, je sais... mais... Oh mon dieu, faites quelque chose. J'ai vraiment mal..." Ses mains encerclent brutalement ses tempes et il ferme les yeux sous l'assaut de la douleur. Je détecte un soupçon de peur dans sa voix. Je sais qu'il est un agent du FBI et qu'une rechute pourrait sérieusement compromettre sa carrière. Un agent sur le terrain doit être 100 % effectif et en pleine santé pour travailler. Je prends une de ses mains gentiment et lui insère une intra-veineuse avec du physio et du Démérol, puis demande à un brancardier de le conduire en radiologie. L'examen prend à peine une heure et quand il en revient, il semble plus détendu et son visage ne porteplus les traces de la douleur. "Alors... Quel est le verdit, docteur ?" Sa voix est rendue un peu rocailleuse par l'antalgique, ce qui lui confère un charme fou. "Et bien... le scan est strictement normal. Pas
d'hémorragie, rien qui puisse expliquer une telle
douleur...". Son beau visage se détent avec
soulagement et moi même suis soulagée pour lui. "Je sens un -mais- venir..." "Mais vous devez respecter les consignes qui vous ont été données, Mulder. Votre opération a été un choc pour votre organisme, et il vous faudra du temps avant que vous retrouviez votre énergie." "Vous parlez comme ma partenaire..." "En parlant d'elle, voulez-vous que j'appelle "NON ! non, s'il vous plait. Et c'est Docteur. Scully. Elle va me tuer plus vite que la migraine elle-même !" J'esquisse un petit rire. "Alors... Je peux rentrer chez moi maintenant ?" "Non, je veux que vous restiez ici cette nuit
pour être sûre que tout va bien et si vous vous sentez
mieux demain matin, j'autoriserai votre sortie. Je vais
vous prescrire quelque chose de plus fort que le
Di-Antalvic pour si vous avez d'autres épisodes comme
celui ci. En ce qui concerne votre court séjour ici,
vous allez être surveillé toute la Je lui tends une blouse d'hôpital et il la regarde
comme si c'était une offense. Il se redresse néanmoins
et l'enfile en ralant. Il ne fait cependant pas d'autre
commentaire, semblant accepter son sort. Ses paupières
se ferment "Merci de votre compréhension, Carla." Il se souvient de mon prénom. Quelque part, ça me fait vraiment plaisir. "Pas de quoi, Mulder. Pas de quoi." FIN |