Admettons que Mulder et Scully soient toujours là, que Scully ne
soit pas infertile... Cest une petite réflexion sur la
quarantaine et la paternité.
Bonne lecture.
RÉVÉLATIONS
Les tasses de café refroidissaient sur la table basse encombrée de magazines, de cartons de pizzas vides et de gobelets. Ils sétaient installés sur le vieux canapé de Mulder, leurs corps lourds de fatigue, leurs paupières alourdies par le manque de sommeil accumulé depuis ces derniers jours, la tête encore pleine dimages violentes et désespérées. Leur dernière affaire avait été difficile, et cette histoire denfant abusé par son père avait été une rude épreuve pour eux deux. Ils savouraient enfin un repos mérité et lheure tardive était propice aux confidences murmurées.
- Mulder, je tai vu agir avec cet enfant... Tu semblais si à laise avec lui, malgré les circonstances. Ta façon dêtre avec lui ma bouleversé.
Les yeux de Mulder se perdirent soudain dans le vague et une onde de tristesse le traversa. Il se souvenait avec acuité de la question que lenfant lui avait posé quelques minutes avant quils ne le laissent dans le foyer daide sociale. Il avait eu du mal à garder le contrôle de ses émotions lorsque lenfant lui avait demandé dune voix triste sil acceptait dêtre son père. Scully avait détourné la tête, ne pouvant dissimuler ses larmes. Il avait répondu dans un murmure, en le serrant contre lui, que cette éventualité ne pouvait pas devenir une réalité.
La voix douce de Scully le tira de sa rêverie.
- Tu nas jamais songé à être père ? Je veux dire... tu approches de tes quarante ans. Ca ne ta jamais effleuré lesprit ?
La gorge serrée par lémotion, il lui répondit sans la regarder.
- Jai déjà été père, Scully... Il y a si longtemps...
Il se tourna vers elle et lut la surprise la plus totale dans ses yeux clairs. Elle était bouche bée, les lèvres entrouvertes.
- Je nai jamais eu loccasion de ten parler... Et cest si loin. Jai tenté deffacer cette période de ma vie.
- Tu veux men parler ?
La main de la jeune femme se posa doucement sur la cuisse de Mulder et la chaleur de sa paume lencourager à aller plus loin dans la confidence.
- Javais vingt deux ans. Jétais au FBI depuis quelques mois seulement, je travaillais avec Paterson aux Crimes Violents. Le travail mengloutissait complètement et mon temps libre était réduit à quelques heures le dimanche quand tout allait bien. Paterson mavait promu profiler et il abusait de mes talents. Je navais pas de répit, il me faisait enchaîner affaire sur affaire. Jétais épuisé, je ne savais plus qui jétais à force de forcer les portes des esprits dérangés des serial killers. Je fumais plus de deux paquets de cigarettes par jour, je rentrais chez moi pour menvoyer deux ou trois verres de whisky et je tombais de fatigue et dalcool pour dormir quelques heures avant de reprendre le rythme infernal. Javais peur de me détruire, javais peur de moi même.
- Jai fait connaissance de Kelly. Elle travaillais dans un cabinet davocats et javais eu à faire à elle quelquefois. Elle ma proposé de sortir avec elle et jai accepté. On se voyait peu, mais elle mapportait une stabilité qui me faisait cruellement défaut à lépoque. Peu à peu, jai pris conscience quelle était peut être ma bouée de sauvetage. Jai pensé que si javais une vie de famille, Paterson me laisserait un peu de répit. Je lai demandé en mariage au bout de six mois. Elle a accepté. Nous avons emménagé dans cet appartement, et jai cru que jallais enfin connaître une vie normale. Ca été le cas quelques mois. Paterson moctroyait plus de week-end, et nous étions heureux tous les deux. Elle est tombée enceinte rapidement et mon rêve de construire enfin quelque chose de stable dans ma vie sest concrétisé. Jallais être père. Quelquun maimait enfin pour moi même.
- Le bébé est né bien avant terme. Jétais à lautre bout du pays avec Paterson. Il ma laissé la rejoindre au bout de deux jours, lorsque le meurtrier que nous poursuivions a été enfin arrêté. Laccouchement avait été traumatisant pour Kelly et elle était très faible. Le bébé était si petit... Cétait une petite fille. Je me souviens encore de la couleur du petit bonnet quelle portait...
Les larmes roulaient sur ses joues alors quil continuait dévoquer ses souvenirs. Scully avait posé la main sur son épaule et elle même retenait ses larmes en le voyant si bouleversé.
- Elle est morte dix jours après sa naissance. Les médecins nont pas pu la sauver, elle nétait pas suffisamment mature. Ca été terrible pour Kelly. Jai essayé de la réconforter, mais quelque chose au fond delle était brisé. Nos relations se sont rapidement dégradées. Je culpabilisais de ne pas avoir été là lors de la naissance, elle sen voulait de ne pas avoir mené la grossesse à son terme. Lépreuve, au lieu de nous rapprocher, nous a progressivement éloigné lun de lautre. Jai repris mes mauvaises habitudes, je rentrais de plus en plus tard pour ne pas subir ses reproches muets et sa tristesse. Elle a demandé le divorce quelques mois plus tard. Elle est partie sur la côte Ouest en me laissant le canapé et lappartement à moitié vide. Je nai jamais plus eu de nouvelles.
- Oh, Mulder je suis désolée... Je ne savais pas...
- Tu nas pas à être désolée, Scully. Je ne ten ai jamais parlé.
Scully caressa la joue de son partenaire et lui sourit tendrement. La mélancolie dans ses yeux était palpable. Il lui prit la main doucement.
- Et pour répondre à ta question, Scully... Oui, jai pensé à être père, de nouveau. Jattends simplement que la mère de mon futur enfant se désigne...
- Cest une proposition, Mulder ?
- Ca ferait de moi le plus heureux des hommes, Scully.
Fin
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