Titre : Résistance
Auteur : Valérie
Email : valeriec2@wanadoo.fr
Avertissement : cette FF
contient des scènes violentes pouvant heurter limagination
des plus jeunes dentre vous, faisant référence aux
évènements dramatiques de la dernière guerre. Toute personne
susceptible davoir une sensibilité accrue quant à la
Shoah peut être choquée.
Avertissement : PG - 13
Catégorie : S - A
Mots clés : Skinner Angst - Mulder Angst - Krycek Angst - Angst for everybody !
Spoilers : Gethesmane - Amor Fati - La Colonie -
Résumé : La fin de notre
Monde
Disclaimer : Les personnages de Mulder, Scully, Skinner etc ont
été crées par C. Carter et ne mapartiennement pas.
ILS ont gagné.
En quelques heures, en quelques jours, ILS sont pris le contrôle de tous les gouvernements du Monde. Tout était prêt. ILS ont déclenché l'offensive et en quelques jours la moitié de la population a été anéantie.
Quelques hommes ont réussi à échapper à leur emprise. Ils ont migré vers les zones non habitées pour tenter d'organiser une résistance héroïque. Leurs moyens sont dérisoires en comparaison de la puissance des Forces Extra-terrestres. Mais leur détermination est solide et ils savent qu'ils iront jusqu'au bout, jusqu'à la mort.
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Le prisonnier sortit de son sommeil glacé avec un sursaut d'épouvante. Il venait de revivre une fois encore sa capture et ce souvenir le fit frissonner. Il tenta de calmer les battements de son coeur en respirant profondément mais la vue qui s'offrit à lui lorsqu'il ouvrit ses paupières tuméfiées le replongea dans son cauchemar. Autour de lui, groupés les uns contre les autres pour tenter de récupérer un peu de chaleur, des hommes étaient allongés à même le sol, sans protection contre le froid tenace qui régnait dans la cellule. Lui même était blotti contre un mur et le froid le transperçait plus encore. Son corps était douloureux et sa tête vide. Il n'avait rien mangé de consistant depuis deux jours et son dernier repas n'était qu'un bout de pain trempé dans un bouillon infâme. A mesure que les jours passaient, le nombre de prisonniers diminuait dans la cellule. Ceux qu'on venait chercher ne revenaient pas. Régulièrement, on entendait des cris qui déchiraient le silence de mort qui régnait dans l'enceinte du bâtiment.
Depuis combien de temps était-il là ? Il avait perdu la notion précise du temps. Il estimait sa capture à environ 5 jours, mais il n'en était plus sûr. Cinq jours... Les souvenirs lui revinrent, douloureux et effrayants. Ils n'avaient rien pu faire. Dès l'instant où les forces étrangères avaient donné l'assaut de leur modeste campement, malgré leurs armes, malgré leur courage, ils avaient été submergé. ILS l'avaient séparé d'ELLE. Il l'avait vu hurlé sa rage et sa peur, il l'avait vu être embarqué dans un camion avec toutes les autres femmes présentes. Il avait vu les hommes de plus de soixante ans se faire tuer comme des animaux. Il avait cru mourir lui aussi mais ILS l'avaient poussé dans un camion avec tous les autres combattants survivants du carnage. Quelques heures plus tard, ILS les débarquaient dans une caserne vétuste aménagée en centre d'internement.
ILS les ont humiliés en les faisant se dévêtir dehors dans le froid.
ILS les ont battus pour leur ôter toute envie de résistance.
ILS les ont parqués comme des bêtes dans des cellules, les obligeant à une promiscuité dégradante.
L'espoir de voir arriver une aide providentielle s'est amenuisé en quelques heures.
La porte de la cellule souvrit brutalement et le prisonnier fut embarqué avec brutalité dans les couloirs sombres.
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Ils étaient dehors depuis
plus de deux heures, dans le froid glacial, les pieds dans la
boue. Ils attendaient larrivée de nouveaux prisonniers,
comme tous les jours, essayant de ne pas succomber à la fatigue
et au désespoir. Ils fallaient quils tiennent le coup,
pour vivre encore un peu, pour saccrocher à lespoir
insensé qui était le leur depuis quils étaient arrivés
ici. Ils avaient survécu à la première épreuve. Ils leur
restaient à prouver quils étaient plus forts que leurs
tortionnaires.
Le camion arriva enfin. Les bâches se levèrent sur les ombres
qui se mirent à descendre péniblement, titubantes et hagardes.
Les prisonniers se précipitèrent sur les nouveaux arrivants. Le mot dordre circula rapidement, comme un chuchotement, se propageant à tous. Il fallait rester debout. Il fallait rester debout ou la mort vous attendait.
ILS tentèrent de leur imposer le silence. Mais lentraide entre les survivants était trop forte pour les faire taire. Malgré les coups, malgré les hurlements, tous passèrent le message.
Le désordre sorganisa et les rangs se formèrent. Quelques hommes tombèrent, ivres de fatigue. Ils furent rapidement emmenés vers leur destin et chacun frissonna.
Lun des prisonniers fixait chaque nouveau arrivant. Tous les jours depuis quil était arrivé ici, il tentait de découvrir un visage familier. Il savait que nombre de ses connaissances avaient survécu au Premier Anéantissement. Soudain son attention fut attirée par une silhouette longiligne, maigre et vacillante. Il sen rapprocha en quelques pas discrets et le regarda plus en détail. Son coeur se mit à battre plus fort.
Il murmura.
- Mulder ? Cest bien vous ?
Le pauvre être chancelant se tourna légèrement vers la voix.
- Skinner ?
Sa voix nétait quun filet rauque.
- Chut... Ne dites rien. Faites ce que je vous dis.
Skinner remarqua la peur et lépuisement dans les yeux délavés du jeune homme. Il se rapprocha de lui, prêt à le soutenir sil venait à seffondrer. Il fallait quil tienne le coup encore quelques minutes. ILS allaient bientôt les autoriser à rentrer dans les baraquements. Il le vit soudain tituber et le retint dun bras ferme.
- Restez debout, Mulder. Faites un effort.
Dans un sursaut de volonté, il parvint à ne pas succomber à sa fatigue. Des ordres furent aboyés et Skinner lentraîna rapidement vers lun des bâtiments, puis ils se mêlèrent aux autres prisonniers pour accéder aux dortoirs. Skinner le poussa vers un matelas crasseux où il sallongea et sombra instantanément dans le sommeil.
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Il dormait depuis douze heures. Son sommeil avait été troublé par des cauchemars, mais cela ne lavait pas réveillé. Skinner lobserva une fois encore. Le visage de son jeune ami était presque méconnaissable par la crasse et les grands cernes noirs qui entouraient ses paupières gonflées. Ses lèvres étaient crevassées, ses cheveux sales et emmêlés. Il avait tenté de lui faire avaler un peu deau, mais navait réussi à lui faire boire que quelques gouttes. Avec douceur, il avait inspecté son corps, découvrant sans surprise les traces du Traitement Spécial.
Il soupira. Létat de Mulder était pire encore que le sien après son arrivée ici. Combien de temps avait-il dû subir leurs ignominies ? Lui même était resté près de deux jours et il avait cru y rester. Il passa sa main sur la petite cicatrice dans la nuque de Mulder. Il était Réfractaire. Tout comme lui. Dieu merci, il était Réfractaire.
Il frémit en repensant aux horreurs quil avait subi. Après sa capture, il avait été enfermé avec tous les autres pendant des jours, avant quILS ne le conduisent dans ce labo. ILS lui avaient implanté quelque chose dans la nuque, tout comme Mulder puis lavaient soumis à une sorte de matière visqueuse qui sétait introduite dans son corps. Cétait si douloureux et si terrifiant quil avait cru ne pas résister. Mais il sen était sorti et lon lavait conduit ici. Manifestement, il faisait partie de cette poignée dhommes qui nétaient pas réceptifs à leur expérience. Il connaissait le sort qui était réservé aux malheureux qui navaient pas cette chance. Depuis des jours, il en voyait les conséquences.
Mulder gémit dans son sommeil et ouvrit les yeux avec difficulté. Il semblait avoir repris des forces. Il déglutit douloureusement et son regard se posa sur Skinner qui lui tendit un verre deau sale. Il avala quelques gorgées puis reposa le verre sur le sol crasseux. Il se redressa doucement, grimaçant de douleur, puis sadossa contre le mur froid.
- Comment vous sentez-vous, Mulder ?
- Ca va mieux. Depuis quand êtes-vous là ?
- Je ne sais pas exactement... Une quinzaine de jours. Javoue que jai perdu le compte.
- Quel est le sort quILS nous réservent ?
- On est là pour travailler pour eux, Mulder. ILS ont besoin de nous. Mais toute défaillance est fatale. Il ne faut pas leur montrer notre épuisement.
Mulder ferma les yeux et esquissa un petit sourire de dépit.
- Je nai mangé depuis des jours... Je ne peux pas tenir debout.
Skinner fouilla sous le matelas, sortit un morceau de pain et ce qui ressemblait à du fromage et lui tendit.
- Et vous ?
- Ne vous inquiétez pas pour moi, Mulder. Mangez. Vous avez besoin de reprendre des forces. ILS vont bientôt nous apporter notre repas.
Il le laissa manger en silence, puis lui posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis quil lavait trouvé.
- Scully ?
Les yeux de Mulder se voilèrent de tristesse et ses mâchoires se crispèrent de colère.
- Je ne sais pas. Nous avons été séparé lors de notre capture. Je lai vu partir dans un camion semblable à celui dans lequel jai été emmené. Elle na pas été blessée.
Skinner ferma les yeux. Les images défilèrent dans sa tête et il tenta de chasser ses pensées. Il savait trop bien le sort quILS réservaient aux femmes jeunes... Mulder le saurait bien assez tôt.
Mulder jeta un rapide coup doeil autour de lui. Une dizaine de matelas étaient entassée à même le sol, la plupart occupée par des hommes qui semblaient endormis. Ils portaient tous les mêmes vêtements gris et sales quil portait lui même. Il passa la main dans ses cheveux. Il se sentait sale et faible, deux états quil détestait. Il regarda Skinner, amaigri, mais lut dans ses yeux une force qui lui réchauffa le coeur. Il était possible de résister dans ce chaos.
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Les heures passaient, grises et froides. Ils avaient mangé en silence la nourriture quon leur avait apporté, et Mulder sentait quil reprenait des forces. Il fallait que son corps le soutienne. Il rompit le silence pesant.
- Quest ce quils attendent de nous ?
- Demain matin, nous serons conduits au labo, Mulder. Nous allons devoir travailler sur les corps des malheureux quILS ont converti. Pendant deux jours, nous allons les déshabiller, les raser, et les mettre en place dans des caissons cryogéniques.
- Ils sont conscients ?
- Je ne sais pas... Leurs yeux sont ouverts, leurs coeurs battent.. Mais je ne suis pas sûr quils éprouvent quoique ce soit. Enfin je lespère. La première fois, cest terrible. Mais il ne faut pas flancher, Mulder. Pendant deux jours, sans manger ni boire, vous allez faire exactement ce que je vous dit. Cest compris ?
- Oui... Vous avez déjà rencontré... des gens que vous avez connu ?
- Oui... Ca mest arrivé. Il ne faut pas y penser. Il faut continuer à faire le travail quILS attendent de nous. Cest le seul moyen de survivre. Promettez moi de ne rien faire dinsensé, Mulder. Il FAUT obéir.
Mulder baissa les yeux et essaya de ne pas imaginer les deux prochains jours.
Il nosa même pas demander ce quILS faisaient des corps.
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Mulder, Skinner et les autres prisonniers furent conduits dans le matin blême et glacial à travers les différentes cours de limmense enceinte. ILS les firent attendre dans le froid, et les poussèrent dans le laboratoire. Une forte odeur les prit à la gorge. Ceux qui nétaient jamais entrés ici eurent soudain limpression de basculer dans un mauvais film de science fiction. Le hangar était garni dun grand tapis roulant sur lequel circulaient des corps. Des hommes et des femmes, jeunes pour la plupart, quelques enfants, vêtus en début de chaîne puis bientôt rasés et déshabillés, pour finir ensuite dans les caissons. Mulder retint un haut de coeur en les voyant ainsi, et Skinner le prit fermement par le bras pour le retenir de prendre la fuite. Il plongea son regard dans celui de son supérieur et essaya dy puiser la force de se taire.
ILS les mirent au travail après avoir prestement fait sortir les autres prisonniers épuisés. Skinner et Mulder se retrouvèrent face à face et linfernale cadence se mit en route. Ils étaient chargés de dévêtir les corps, et le firent de façon mécanique, essayant de ne pas trop sattarder sur les yeux ouverts qui semblaient les fixer.
Le hagard ne possédait ni fenêtre, ni horloge. Ils travaillaient ainsi pendant des heures et des heures, la tête vide, le ventre creux. Skinner savait que Mulder était au bord de lépuisement et essayait de ne pas imaginer ce qui pourrait se passer sil craquait. Mais il le savait trop bien. Il avait vu des dizaines de fois des hommes incapables de se retenir, et des dizaines de fois il avait vu ces mêmes hommes embarqués par les vigiles vers une mort certaine.
Jetant un regard vers lamont de la chaîne, Skinner découvrit avec horreur le flamboiement dune chevelure rousse. Il tenta daccrocher le regard vide de Mulder pour linciter à rester calme, mais en vain. Skinner le vit soudain se reculer dun pas, vit son front se couvrir de sueur, ses mâchoires se crisper, sa respiration se faire plus rapide. Il semblait pétrifié, et soudain se précipita sur le corps inerte de la jeune femme. Skinner le vit fermer les yeux et tomber genoux contre terre, pleurant à chaudes larmes. Son regard se porta sur le corps et il soupira. Ce nétait pas Scully.
Les vigiles avaient immédiatement réagi, se précipitant sur Mulder qui était resté prostré, incapable de se relever. Ils le traînèrent à terre avant même que Skinner ait pu réagir et il le vit disparaître derrière une lourde porte. Skinner reprit ses gestes machinaux, écartant les sombres pensées qui lhabitaient. Il fallait tenir, coûte que coûte.
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Il ne se rendit pas compte immédiatement quil était nu, puis le froid sinfiltra en lui. Il tenta de se recroqueviller sur lui même, mais ses mains et ses pieds étaient attachés. Ses dents sentrechoquèrent sous leffet du froid et de la peur. Il régnait un silence mortel dans la pièce sombre. Il ne se souvenait pas être entré ici. Il avait du perdre connaissance.
Il passa sa langue sur ses lèvres et sentit le goût du sang dans sa bouche. Tout son corps grelottait maintenant. Limage se forma dans son esprit et il ferma les yeux pour tenter de la faire fuir. Il avait cru que cétait Scully... Mon Dieu... Ce nétait pas elle. elleétaitenvieelleétaitenvieelleétaitenvieelleétaitenvieelleétai........
Il se récitait cette phrase comme un mantra, chassant la terreur de ses pensées. Il allait mourir. Il allait mourir loin delle.
Des hommes sapprochèrent de lui. Il ne voyait pas leur visage. ILS navaient pas de visage...... Lapparence humaine nétait quun leurre. La terreur sinfiltra dans son esprit et il se mit à hurler. Il sentit quon lui injectait quelque chose. Il était glacé... Il voulut fermer les yeux et mourir mais ses muscles ne répondirent pas. Il croyait hurler mais aucun son ne sortait de sa bouche. Il vit quILS se penchaient vers lui avec détranges instruments. La douleur fit immédiate, insolente, insoutenable. Il allait mourir....
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Les deux jours étaient passés. Skinner se traîna jusquà sa couche et sombra dans un sommeil lourd. Pas de trace de Mulder. ILS lavaient tué.
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La porte souvrit brutalement et la lumière crue réveilla les quelques hommes qui dormaient encore. Skinner se redressa en sursautant. Ce nétait pas lheure du repas. Ce nétait pas le moment de reprendre le travail. Il navait pas dormi assez. Il vit soudain quILS traînaient un corps derrière eux et quILS le jetaient sans ménagement sur un matelas vide. Lhomme geignit doucement avant de perdre connaissance. Les prisonniers se rendormirent sans perdre un instant. Ils fallaient quils reprennent des forces.
Skinner attendit quILS aient quitté la pièce puis se faufila jusquau matelas où ILS avaient laissé Mulder. Cétait la première fois quun prisonnier revenait après avoir commis une erreur.
Lorsquil découvrit létat de son ami, il pensa un instant quil eut mieux valu quil ne survive pas. Son corps était recouvert de brûlures étranges, sa respiration était rapide et irrégulière, son coeur battait faiblement. Ses bras étaient couverts de traces de piqûres, et Skinner se rendit compte avec effroi que ses paupières ne semblaient pas vouloir se fermer. Tout son corps semblait rigide et lorsquil voulut toucher sa main, Mulder se mit à gémir de douleur. Le seul contact de la couverture rugueuse qui recouvrait le matelas semblait le faire terriblement souffrir. Skinner était désemparé. Instinctivement, il sapprocha de son ami, prenant garde de ne pas le toucher et lui murmura des mots dapaisement à loreille. La respiration de Mulder se fit plus calme et son corps se détendit un peu. La main de Skinner effleura les cheveux poisseux de son jeune ami et progressivement, les yeux de Mulder se fermèrent.
Il resta dans cet état plus de dix heures, incapable de parler, incapable de bouger. Skinner avait simplement déposé sa couverture sur son corps supplicié, mais la chaleur ainsi dispensée nétait pas assez forte et Mulder tremblait de froid et de douleur. Peu à peu, ses muscles reprirent une tonicité normale et il se roula sur lui même, prononçant des mots sans suite, que Skinner essayait de comprendre. Sa température corporelle monta de façon inquiétante et son front se couvrit dune sueur malsaine. Toute la nuit, Skinner essaya de lui faire boire le peu deau quil avait réussi à cacher, mais Mulder ne semblait pas être en état davaler quoi que ce soit.
Le petit matin arriva, glacial et blême. Mulder avait le visage exsangue dun mourant. Skinner caressa ses cheveux avec chagrin. Il se souvint de toutes ces années passées près de lui, de son insubordination, de son opiniâtreté, de son courage, de ses combats. Au fil des années, il était devenu comme un fils pour lui. Un fils insupportable, mais si vivant, si touchant. Il navait jamais pu lui exprimer ce sentiment, retenu par la hiérarchie et la pudeur...
Il ne méritait pas de mourir ainsi... Personne ne méritait de mourir dans ces conditions.
La porte souvrit et Skinner sut que sil abandonnait Mulder dans cet état, il ne le reverrait jamais. Il ne pouvait pas le laisser ainsi, seul, abandonné de tous. Cétait trop cruel. Les prisonniers se levèrent un à un, passèrent la porte, résignés. Skinner resta assis contre le mur, le menton relevé, défiant les hommes qui sapprochaient de lui pour lintimer de se lever. Une voix puissante séleva près de la porte. Une voix connue. Une voix détestée. Krycek.
ILS échangèrent un regard étonné, puis se retirèrent bruyamment. Krycek sapprocha du matelas où gisait Mulder et se mit à genoux près de lui. Il retira avec précaution la couverture qui couvrait son corps nu puis sortit une fiole de son blouson. Skinner le regardait faire sans un mot, prêt à lui sauter dessus. Krycek lui tendit le flacon.
- Appliquez lui ça. Trois fois par jour. Ca devrait laider. Et faites lui avaler ça.
Il lui tendit quelques comprimés contenus dans une petite boite transparente.
- Quest ce que cest ?
Krycek ne lui répondit pas.
- Vous naurez pas à travailler pendant deux jours. Veillez sur lui. Et tachez de le remettre sur pied. Je ne pourrais pas vous couvrir très longtemps.
Il se leva et sortit rapidement, le regard inexpressif.
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- Mulder... Je sais que ça va faire mal... Criez si ça vous soulage. Nous sommes seuls.
Skinner commença à appliquer la pommade sur les blessures de son ami. Ses gémissements lui brisaient le coeur.
- Pardon, Mulder. Cest pour votre bien.
- Trop... mal...
- Je sais... Jai presque fini. Courage.
Le blessé se mit à haleter, et ses yeux se crispèrent sous lintense douleur. Sa tête roulait de droite à gauche sur le matelas, et ses poings se contractèrent spasmodiquement. La main de Skinner se fit plus légère, puis la douleur se dissipa peu à peu. Mulder sentit quon lui glissait un comprimé dans la bouche et se força à avaler un peu deau saumâtre. Il vit Skinner le recouvrir avec la couverture puis sentit son corps devenir plus léger. Il sombra dans un sommeil profond.
Toutes les quatre heures, Skinner sefforça de dispenser les soins à Mulder. La douleur sembla de moins en moins vive et les blessures changèrent daspect, pour bientôt devenir moins visibles. On leur apporta à manger et Skinner lui fit avaler quelques bouchées de limmonde nourriture. Mulder était épuisé par la souffrance et la fièvre mais sentait que son corps avait besoin de reprendre des forces. Il parlait peu, ses yeux étaient encore marqués par lépreuve quil avait enduré, mais Skinner sentait la vie renaître en lui.
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Les heures se
rapprochaient du moment où ils allaient devoir retourner à leur
tâche ingrate. Skinner expliqua à Mulder lintervention de
Krycek.
- Krycek ? Il est ici ?
- Oui. Il semble être de LEUR côté. Mais il vous a sauvé la vie, Mulder. Je ne comprends pas son attitude.
- Cest un traître. Il se placera toujours du côté des Forts.
La voix de Mulder était amère.
- Je nai jamais eu confiance en lui.
- Mulder... Si nous sommes en vie aujourdhui, plutôt que dêtre comme ces pauvres êtres que nous déshabillons et rasons, cest sans doute en partie grâce à lui. Pensez à Tunguska. Ce quils vous ont inoculé. Cest sans doute grâce à cela que vous êtes Réfractaire. Comme je le suis. Le poison dont jai été victime, Krycek le contrôle. Tout comme il a contrôlé votre expérimentation en Russie. Je pense au contraire quil est de notre côté. Quil savait ce qui se préparait. Pensez-vous que le message que nous avons tous reçu avant la Première Offensive soit un hasard ? Qui nous la envoyé ? Sans lui nous serions tous morts. Nous avons tous quitté les villes grâce à ce message. Il voulait que nous échappions au carnage.
- Je narrive pas à croire quil soit avec nous...
- Peu importe, Mulder. Lessentiel est quil vous ait sauvé la vie, aujourdhui et maintenant.
Ils méditèrent longuement sur cette pensée, attendant quon vienne les chercher pour les remettre au travail. Les heures passèrent, les autres prisonniers revinrent, de moins en moins nombreux, exténués, silencieux.
La silhouette de Krycek se détacha soudain dans la lumière crue.
Il aboya des ordres et deux hommes arrachèrent Mulder et Skinner de leur matelas. Skinner tenta de défendre la cause de son ami.
- Krycek, non ! Il nest pas en état de tenir debout ! Je vous en prie !
Krycek sapprocha de Skinner et posa sa main sur sa gorge, serrant si fort que Skinner pouvait à peine respirer.
- Taisez-vous. Je ne veux plus vous entendre prononcer mon nom, cest bien compris. Taisez-vous.
Skinner se dégagea en essayant de rependre son souffle.
- Suivez moi.
Les deux hommes encadrèrent les deux prisonniers et suivirent Krycek jusquà un local sanitaire. Il les regarda avec un mélange de haine et de respect et leur jeta un pain de savon.
- Vous allez travailler à linfirmerie pendant quelques jours. Lavez vous. Vous puez.
Les deux hommes se
regardèrent avec étonnement et Skinner commença à se
déshabiller tandis que Mulder faisait couler leau sur lui
avec délectation. Leau était froide mais la sensation
était merveilleuse. Il oublia rapidement la douleur qui montait
de ses blessures et passa le savon sur son corps amaigri, puis
dans ses cheveux. Skinner lui sourit discrètement et fit de
même.
On leur tendit des vêtements usagés mais propres et on lui
conduisit rapidement vers une partie du bâtiment quils ne
connaissaient pas. Les locaux étaient simplement équipés mais
immaculés, et vides. Krycek intima lordre aux deux vigiles
de rester à lextérieur et se tourna vers les deux hommes.
- Les médicaments sont dans larmoire blanche. Elle
nest pas fermée à clef. Tu trouveras ce quil faut
pour te soulager, Mulder. Il y a des anti-douleurs et la pommade
que jai donné à Skinner il y a deux jours. Il y a un lit
dans lautre pièce. Mais faites semblant de travailler. Il
y a des seaux et de la lessive à récurer. Vous devriez être
tranquille pendant un moment. ILS sont rarement malades. Je vous
apporterai à manger.
Il se retira et ferma la porte à clef derrière lui. Les deux hommes se regardèrent, et sourirent de leur transformation physique. Les cheveux mouillés de Mulder étaient ébouriffés et des gouttes deau lui coulaient dans le cou. Ses yeux étaient remplis dune joie enfantine mais Skinner le vit soudain vaciller. Lexcitation du moment avait fait brutalement place à lépuisement résiduel. Il laida à sallonger sur le lit recouvert dun drap blanc. Lexquise sensation fit naître un large sourire sur les lèvres desséchées de Mulder. Il ferma les yeux de plaisir et sendormit rapidement.
Skinner fit linventaire des médicaments dont son jeune ami pouvait avoir besoin et les posa sur la petite table métallique près du lit. Les joues de Mulder avaient repris les couleurs de la vie et la fièvre semblait avoir baissée. Lui même se sentit soudainement épuisé par les heures sans sommeil et la tension nerveuse de ces derniers jours. Il sinstalla dans le fauteuil et se laissa aller à une sieste réparatrice.
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Ils dormirent ainsi de longues heures, sans que personne ne vienne les déranger. Skinner renouvela les soins sur les blessures de Mulder et ils se laissèrent aller à des rêves dévasion. Krycek pouvait peut être les aider. Il fallait quil le fasse. Ce nétait quun maigre répit. Un répit inespéré, mais sans doute de courte durée. Leur espoir était de convaincre Krycek.
La porte de
linfirmerie souvrit brutalement sur une jeune femme.
Skinner et Mulder se précipitèrent sur les éponges et la
brosse pour tenter de donner le change. Mais la jeune femme vit
les médicaments sur la table de chevet et le lit qui portait
encore lempreinte du corps de Mulder.
Elle sapprêtait à donne lalarme lorsquelle
dévisagea avec stupeur le visage de Mulder. Lhomme
quelle avait vu quelques jours plus tôt, supplicié et
terrifié, sur la table dopération du laboratoire avait
repris figure humaine. La crasse avait disparu, faisant
apparaître un visage qui lui paraissait familier. Les cheveux
sombres et lourds encadraient un front large, le nez un peu fort
lui rappelait son propre nez, les lèvres pleines, les yeux aux
reflets changeants, mélange de vert, de gris et de brun... Elle
secoua la tête pour chasser cette impression de déjà vu qui ne
lavait pas quitté depuis sa première rencontre avec lui.
Comment se pouvait-il que ce soit lui ? Après tant dannées, après tant de souffrance ? Lhomme la fixait lui aussi, et dans ses yeux elle pouvait lire linnocence dun enfant de douze ans, la vulnérabilité et la douceur dun frère quelle avait perdu il y a si longtemps. Ses jambes se dérobèrent sous elle et elle sassit pour ne pas tomber.
Elle lentendit à peine prononcer son prénom.
- Samantha ? Samantha, cest bien toi ?
Il sapprocha delle et lobligea à lever les yeux vers lui. Sa main effleura sa joue et elle sentit que des larmes séchappaient de ses paupières. Lui même avait les yeux humides et ses lèvres tremblaient démotion.
- Fox ?
Sa voix nétait quun murmure, mais sut quil avait compris. Il tomba à genoux près delle et ses mains capturèrent son visage. Il plongea ses yeux dans les siens et elle vit les larmes couler sur son visage.
- Mon Dieu, Samantha... Quest ce que tu fais là ?
Elle sentit une main glacée lui broyer le coeur. Il avait prononcé ces mots avec un sentiment de reproche dans la voix.
- Je suis médecin... Je ....
- Tu fais partie de LEUR camp ? Sam ?
Sa voix était maintenant anormalement aiguë.
- Je suis des leurs, Fox. Je suis... une Hybride.
- Tu participes à leurs expériences ? Je ten prie, Sam, réponds moi.
- Je mefforce que les tiens restent en vie, Fox.
- Les miens ? Bon Dieu, Sam. Tu es humaine !
- Non, Fox... Je ne suis ni humaine, ni extra-terrestre. Je suis un prototype... Lune de leur première réussite... Mais je crois que toi aussi tu.....
- Tais toi...
- Fox... Tu ne tes jamais demandé pourquoi tu étais en vie actuellement. Tu as reçu du matériel génétique, Fox. Tout comme moi. Tout comme lui.
Elle désigna Skinner qui était resté silencieux puis continua :
-Tout comme ceux qui sont restés en vie. Ils avaient besoin dêtres comme nous pour continuer leur colonisation. Je suis restée à leur côté car je nai jamais connu autre chose. Ils ont toujours été ma famille.
Le visage de Mulder se crispa de détresse.
- Mais tu sais ce quILS font ? Tu sais ce quils mont fait ? Tu nas rien fait pour les en empêcher ? Tu sais comme jai souffert ?
- Je ne savais pas que tu étais là... Je savais ce quil sétait passé, en Russie, et plus récemment, lorsque tu as été enlevé et quils tont opéré. Je savais que cétait pour ton bien, Fox. Tu naurais pas survécu sans cela...
Le visage de Mulder était baigné de larmes. Elle caressa tendrement ses joues mouillées et passa la main dans ses cheveux.
- Tu mas tellement manqué, Fox... Jaurais tellement aimé te retrouver ailleurs, dans dautres circonstances.
- Pourquoi nes tu pas venue à moi, Samantha ? Tu savais que je te cherchais... Depuis tant dannées... Tu savais et tu nas rien fait...
- Je navais pas le droit, Fox. Ils men auraient empécher. ILS tont envoyé des clones... Mais tu nas jamais cru à leurs mensonges. Je savais que ça te faisait du mal... Mais je ne pouvais rien faire. Ils avaient mes enfants...
- Tes enfants ? Samantha, tu as des enfants ?
- Oui... Jai trois enfants, trois fillettes.. Tu les connais dailleurs... Tu les as vu dans tes rêves... Lorsquils tont enlevé...
Mulder secoua la tête comme pour chasser un mauvais rêve.
- Tu veux dire quILS auraient fait du mal à tes enfants si tu avais cherché à me revoir ?
- Oui... Tu comprends
maintenant... Tu nas pas non plus voulu rester avec moi
alors que tu mavais enfin retrouvée...
- Ce nétait donc pas un rêve ? Jai réellement vécu cela... Je tai réellement tenu dans mes bras. Et je suis parti.
La voix de Mulder sétait brisée en prononçant ces derniers mots.
Samantha prit le visage de son frère entre ses mains et le regarda intensément dans les yeux.
- Fox... Tu as choisi une autre voix. Tu as choisi de retrouver Scully. Tu as choisi de te battre. Je ne ten veux pas. Mais ne men veux pas non plus. Nous avions tous les deux des raisons justes.
Le frère et la soeur restèrent longtemps ainsi et Mulder finit par prendre sa soeur contre lui et la serra fort dans ses bras. Il sursauta de douleur lorsque Samantha répondit à son étreinte.
- Mon Dieu, tu es blessé... Il faut que je vois ce quils tont fait. Je peux taider.
Elle déboutonna doucement
la chemise de son frère et retira le vêtement avec précaution.
Elle ne put retenir son indignation devant létendue des
lésions qui couvraient encore le corps de son frère.
Elle prit sa main et lentraîna doucement vers le lit où
il sallongea docilement. Les mains douces de la jeune femme
parcoururent son corps blessé, leffleurant à peine et il
sentit un bien être lenvahir. La douleur disparaissait au
passage des mains de Samantha. Il se souvint des pouvoirs de
Jérémiah Smith et comprit que sa jeune soeur possédait le
même pouvoir de guérison. Il la regarda avec étonnement puis
ses paupières se fermèrent et il glissa dans un sommeil
réparateur.
Samantha se tourna vers Skinner.
- Merci. Merci de lavoir aidé, toutes ces années. Je sais ce que vous avez fait pour lui.
- Il a fait beaucoup pour moi aussi, Samantha. Mais vous pouvez faire plus encore pour nous deux. Il faut nous sortir de là.
- Non... Je ne peux pas faire ça. Je ne veux pas le perdre... une fois encore. Dès linstant où vous quitteriez cette enceinte, vous vous exposeriez à une mort certaine.
- Mais nous sommes LEURS esclaves. Nous ne pouvons pas accepter cela !
- Soyez patients. Ils vous réservent un autre sort. Ils ont besoin de vous.
- Je ne comprends pas...
- Je ne peux pas vous en dire plus. Mais nessayez pas de vous échapper. Prenez soin de lui. Je vais essayer de revenir très bientôt.
Elle quitta la pièce
rapidement et referma la porte derrière elle. Skinner retourna
au chevet de Mulder et tenta de mettre en ordre les pensées
chaotiques qui lagitaient. ILS avaient besoin deux...
Pour quelle raison ? Que pouvaient-ils apporter à cette race qui
paraissait supérieure ? Ses questions restèrent sans réponse.
Il regarda Mulder. Son visage était détendu et sa respiration régulière. Son corps avait retrouvé un aspect normal, les traces de brûlures avaient totalement disparu. Il posa une main légère sur son front et saperçut que la fièvre était tombée. Il ne pensait pas pouvoir croire un jour à ce genre de miracle. Mais les faits étaient là. Samantha lavait guéri.
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Ils ne virent personne pendant des heures puis soudain ils entendirent des bruits de pas. La porte souvrit sur une horde de gardes et ils jetèrent les deux hommes à terre sans ménagement. Un officier sapprocha deux et les interpella dune voix forte.
- Quest ce que vous faites là ? Qui vous a permis dentrer ici ?
Il asséna un violent coup de pied à Skinner qui gémit de douleur. Les deux hommes restèrent néanmoins silencieux.
- Emmenez les.
Ils les traînèrent dehors. La cour était remplie de prisonniers et de gardes et il régnait un silence pesant. Mulder vit Krycek attaché à une potence, le visage ensanglanté. Il comprit que quil avait payé pour sa traîtrise et frémit quant à leur propre sort. Il pria pour que Samantha ne soit pas impliquée.
ILS les firent approcher de Krycek et lofficier leur demanda en hurlant si cet homme leur avait apporté de laide. Ils ne répondirent pas tout de suite, et les coups se mirent à pleuvoir, dune brutalité effrayante. Mulder sentit le sang couler sur son visage et on lui attacha les mains en croix sur une sorte de grillage métallique. On lui arracha ses vêtements et il sentit le froid le transpercer. Skinner subissait le même sort. Ils se regardèrent un instant, et dans leurs yeux passa la peur. Un silence de mort régnait parmi les autres prisonniers rassemblés.
Le visage contre le métal froid, Mulder essayait de trouver la force de ne pas succomber à la panique. Il ne voulait pas mourir. Pas maintenant quil lavait retrouvé. Pas maintenant...
La sentence fut prononcée dune voix hurlante.
Le premier coup lui coupa le souffle. Il sentit la peau de son dos se déchirer. Il regarda Skinner qui lavait reçu en même temps que lui et vit les larmes se former dans ses yeux. Le deuxième coup leur arracha un cri, puis leurs cris devinrent des hurlements. Les coups tombèrent, réguliers, insupportables. Leurs cris se transformèrent en plainte sourde. Skinner perdit connaissance au bout de dix. Mulder essaya de ne pas sombrer, puis perdit le compte au bout de treize.
Derrière une fenêtre du bâtiment, Samantha pleurait de rage et de honte.
Les prisonniers se dispersèrent en silence, et la cour retrouva son aspect sinistre et calme. ILS avaient laissé les corps des deux hommes sur place, immobiles, inconscients.
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Mulder reprit connaissance en premier et regretta immédiatement ce fait. La douleur sinfiltra en lui, insidieuse, intolérable. Il mordit ses lèvres pour ne pas hurler de douleur. Il essaya de tourner la tête vers Skinner mais sa nuque était raide et endolorie. Il ne sentait pratiquement plus ses bras. Il sombra quelques minutes plus tard dans linconscience.
Le deuxième réveil fut pire encore. Il faisait nuit. Le froid glacial mordait son corps en partie dénudé. Il leva les yeux et vit les étoiles qui scintillaient dans le ciel sombre. De fins flocons de neige dansaient dans la lumière des projecteurs. Il tourna la tête pour voir Skinner. Il ne savait pas sil était vivant ou mort. Ses pensées séchappèrent vers Scully, vers Samantha, vers tous les êtres quil avait connu et aimé. Il bascula dans le néant.
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Les hommes vêtus de noir sapprochèrent silencieusement du mur denceinte. Ils avaient soigneusement calculés leur intervention. Ils abattirent les premiers gardes sans attirer lattention, puis camouflèrent leurs corps. Les hommes pénétrèrent sans un bruit dans la cour déserte, puis deux dentre eux entrèrent dans le bâtiment principal. La porte du dortoir souvrit sans difficulté et ils semparèrent du corps dévêtu qui gisait sur le matelas. Ils lenveloppèrent rapidement dans une couverture et sortirent rapidement de la pièce déserte. Lun des hommes avait pris le blessé sur ses épaules.
La cour sillumina soudain sous les projecteurs des miradors. Ils se mirent alors à courir et le feu nourri des armes se déchaîna. Leurs compagnons darme les couvrirent dans leur fuite effrénée. Ils parvinrent à sortir et se précipitèrent sur le camion qui les attendait à lextérieur de lenceinte. Ils firent sauter les charges quils avaient placé préalablement au niveau de toutes les sorties, annulant toutes possibilités de poursuite.
Lhomme déposa le blessé à même le plancher du camion qui démarra en trombe. La femme regarda le visage de Mulder et son coeur se serra. Elle écarta la couverture dont il était enveloppé et sexclama :
- Vite ! La trousse de secours ! Il a pris une balle !
On lui tendit la maigre valise. Elle la regarda avec effarement. Il lui fallait des poches de sang, des antibiotiques, un respirateur... Bon Dieu, elle navait rien de tout cela. Elle navait rien qui puisse le sauver. Elle fit la seule chose qui lui restait à faire. Elle prit le corps meurtri dans ses bras , le berça contre son coeur en lui murmurant des mots tendres et des larmes roulèrent sur ses joues.
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Il flottait. Il flottait en dehors de son corps. Il se voyait allongé sur un lit de camp, le visage blafard et maigre, des grands cernes noirs entourant ses paupières fermées. Son abdomen était entouré dune large bande rougie du côté gauche. Ses jambes étaient recouvertes dun drap gris. Une jeune femme était à ses côtés, silencieuse et triste, qui tenait sa main inerte. Elle remonta une mèche sur son front. Il pouvait voir les larmes dans ses yeux. Il était bien, il était loin, il navait plus mal, il navait plus froid. La jeune femme lui murmura des paroles douces quil ne pouvait entendre. Mais il captait la tristesse dans sa voix et soudain il réalisa qui elle était. Scully. Scully était près de lui. Elle était vivante. Il ne lavait pas perdu.
La douleur revint dès linstant où il réintégra son corps. Son dos le brûlait, son côté le faisait terriblement souffrir. Il navait pas la force douvrir les paupières, pas la force de lui dire quil ne voulait plus souffrir.
- Scully ?
La jeune femme se tourna vers lhomme qui sétait approché delle silencieusement.
- Il est mourant, Frohyke. Je ne peux rien faire pour lui. Je ne peux rien faire quattendre. Et prier.
- Vous pouvez faire beaucoup plus, Scully. Vous pouvez lui donner la force de vivre.
- Il ne mentend pas...
- Je suis sûr que quil vous entend. Parlez lui, Scully. Parlez lui.
Il posa un baiser léger sur son front et la laissa seule avec le blessé.
Scully serra la main de Mulder quelle navait pas quitté depuis leur arrivée ici. Sa paume était chaude dans sa main, très chaude. La fièvre était encore montée. Elle baigna son front avec un linge frais et repoussa les mèches de cheveux collées sur son front humide. Elle vérifia la perfusion qui coulait dans ses veines. Du sérum... Cest tout ce quelle avait. Et des prières.
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Lespoir revint dans son coeur au bout de deux jours. Son état sétait stabilisé. Il ne saignait plus, sa température était tombée à 38° et les blessures de son dos commençaient à cicatriser. Elle le tournait régulièrement sur le côté droit pour nettoyer ses plaies délicatement, puis posait des compresses stériles. Il navait pas repris connaissance et seule sa respiration régulière attestait quil était encore en vie. Elle caressa sa joue tendrement et sortit de la petite pièce dans laquelle il reposait.
Frohyke vint vers elle et lui posa un bras affectueux sur lépaule. Elle pouvait lire la sollicitude et la tristesse dans ses yeux.
- Rien de nouveau, Frohyke. Il ne va simplement pas plus mal.
- Allez vous reposer, Scully. Vous êtes épuisée. Je vais prendre le relais.
- Non... Non. Je ne veux pas le quitter.
- Scully... Vous ne pouvez pas vous permettre de flancher... Pas maintenant. Allez vous reposer. Je viendrais vous prévenir du moindre changement.
Elle soupira et ferma les yeux. Il avait raison. Elle était à bout de forces. Elle sentit que Frohyke la prenait par la main pour lentraîner dans lautre partie du souterrain où ils avaient trouvé refuse. Cétait une ancienne mine abandonnée, aménagée en refuge depuis lOffensive. Ils croisèrent des hommes et des femmes afférés qui les ignorèrent. Elle sallongea sur le lit sommaire parmi les autres combattants, puis tenta de trouver le sommeil.
Les mêmes images se bousculèrent dans sa tête. Leur capture, le visage de Mulder déformé par la détresse, la vision de tous ces hommes embarqués comme des animaux, de tous ces corps étendus, ensanglantés. Elle ressentit sa propre peur, puis les longues heures dans le camion parmi les autres femmes. Elle se souvint de lattaque brutale des Rebelles qui avait permis leur délivrance, et la fuite dans la forêt. Le bonheur de retrouver des visages familiers, Frohyke, Langly. La tristesse de savoir que Byers avait été tué quelques jours plus tôt.
Elle se souvint de langoisse qui ne la quittait pas, malgré la faim, malgré sa propre détresse. Mulder... Cette pensée ne la quittait pas. Elle ne pouvait vivre sans lui. Il fallait quelle le retrouve.
Elle avait pris la tête de son groupe et remué ciel et terre pour le retrouver. Les Rebelles ne possédaient que peu dinformations. Les Survivants étaient dispersés sur de nombreux sites, et il était presque impossible de retrouver une trace. Elle avait néanmoins réussi à obtenir le renseignement quelle désirait, au péril de plusieurs vies. Les Rebelles étaient prêts à les aider. Ils assistèrent impuissants à la condamnation des deux prisonniers, puis attendirent le moment propice pour agir avec la complicité dun Rebelle qui sétait infiltré dans LEURS troupes. Langly avait été tué dans lassaut.
Ses yeux se fermèrent et elle senfonça dans un sommeil réparateur.
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Mulder reprit connaissance deux jours plus tard. Faible, le corps douloureux, sa première parole fut pour demander où était Skinner, avant même de comprendre quil était en sécurité, parmi les siens. Lorsquil vit Scully approcher de lui, une larme, une seule, coula de ses paupières.
Il reprit des forces rapidement et se retrouva bientôt à la tête de leur petit groupe. Leur tâche principale était dessayer dentrer en contact avec dautres groupes de Survivants pour tenter dorganiser une résistance plus forte. Ils vivaient constamment
avec la peur dêtre découvert ou trahi, mais la vie sorganisait malgré tout. Il leur fallait oublier tout ce quils avaient connu, leur confort, leurs habitudes. Ils étaient peu équipés, mal vêtus, mal nourris, mais leur force résidait dans leur abnégation.
Scully cligna des yeux en sortant du souterrain. Ils avaient aménagé un petit abris à lextérieur et Mulder sy trouvait, avec plusieurs de ses hommes. Elle lobserva un moment avant de les rejoindre. Vêtu de noir, le visage halé par le soleil des semaines précédentes, très mince, les cheveux un peu longs, il était penché sur les plans et les cartes, discutant avec animation. Il possédait une aura naturelle qui faisait de lui un rassembleur. Lui qui était si solitaire avant les événements avait trouvé sa voix dans lUltime Bataille. Il avait la Foi, cétait son combat. Il leva la tête, la vit et lui sourit. Elle se joignit à eux.
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Leurs deux corps blottis lun contre lautre dans le petit lit, ils profitaient dun de leur rare moment dintimité. Les conditions de vie étaient difficiles et ils devaient comme les autres se résoudre au manque de place. Scully se souleva légèrement sur le coude et regarda son partenaire. Un sourire imperceptible se dessinait sur ses lèvres charnues alors que son visage était totalement détendu. Ses yeux clos cachaient à Scully léclat de ses prunelles. Elle caressa ses cheveux où apparaissaient des mèches de cheveux blancs. Cétait lune des séquelles des épreuves terribles quil avait subi. Elle caressa tendrement son corps nu où ne subsistaient que quelques cicatrices. Ils avaient fait lamour plusieurs fois et il sétait endormi contre elle, en paix.
Elle se rappela de la première fois où ils avaient fait lamour. Cétait peu après la nouvelle année. Il avait été blessé, il sétait retrouvé à lhôpital, le bras cassé. Ils étaient tous les deux devant le poste de télévision qui diffusait le compte à rebours avant lAn 2000. Il lavait regardé, dans ses yeux elle avait pu lire une nouvelle attente, une promesse. Il sétait penché sur elle et ils sétaient embrassé, longuement, tendrement. Lorsquils sétaient séparés, ils sétaient posés silencieusement la même question... Quallait-il se passer ensuite ?...
La réponse était si simple... Elle lavait raccompagné chez lui, lavait aidé à se déshabiller, puis leurs sentiments respectifs avaient finalement brisés la barrière quils avaient eux mêmes construits. Leurs corps avides, si longtemps brimés, sétaient enfin trouvés et ils avaient fait lamour. Comme des adolescents timides, puis comme deux êtres quenfin la vie avait réunie.
A leur grand soulagement à tous les deux, leur relation navait pas été bouleversée. Ils avaient tous les deux besoin davoir leur propre indépendance, et navaient rien changé à leurs habitudes. Ils vivaient chacun dans leur appartement, mais leurs retrouvailles nen étaient que meilleures. Seules quelques personnes très proches, Skinner, Margaret Scully, sétaient rendus compte que leur relation avaient changé de nature. Leur complicité était plus forte encore, leurs sourires plus tendres.
Ils navaient eu que
quelques mois de répit. Puis il y avait eu la Grande Offensive.
Ils avaient survécu, ils avaient soufferts. Ils étaient
vivants, et ils faisaient lamour. Tant de gens
navaient pas eu cette chance...
Elle frissonna soudain et sans ouvrir les yeux, il lui parla
dune voix douce, éteinte par le demi-sommeil dans lequel
il était plongé.
- Tu as froid ?
- Non... Je réfléchissais.
- Oh... Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée...
Il entrouvrit ses paupières et lui sourit. Dans ses yeux substituait une certaine tristesse, et le souvenir dun autre temps. Le fait davoir retrouvé Samantha navait pas apaisé sa douleur. Mais lorsquil la regardait, une douceur inattendue faisait place à la nostalgie.
- A quoi pensais tu ?
- A toi... A nous.
Il la serra dans ses bras dun geste protecteur. Il laimait tant. Il avait tant besoin delle. Elle répondit à son étreinte et ils reprirent leur danse damour.
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Les semaines passèrent, leur groupe se renforçait chaque jour par de nouveaux arrivants hagards et désorientés par les épreuves quils avaient subi. Dès quils étaient en état, ils étaient formés selon leurs compétences.
Mulder possédait le charisme dun chef et tous se fiaient à son instinct et aux connaissances quil avait pu rassembler sur Eux. Ils remportèrent quelques victoires, mais leurs pertes étaient lourdes. Tant quils ne trouveraient pas un moyen de les combattre efficacement, il fallait sattendre au pire.
Scully détestait lorsque son compagnon partait en mission. La peur au ventre, elle le regardait se préparer, harnaché comme un combattant. Elle ne participait pas elle même aux missions. Elle restait au campement, et attendait le retour des blessés, priant chaque fois pour que Mulder ne figure pas parmi eux.
Les combattants étaient prêts à partir lorsquon signala une entrée suspecte dans le camp. Scully vit le visage de Mulder se figer. Les hommes étaient sur leur garde, et linconnu sapprocha. Un capuchon couvrait en grande partie son visage et il se découvrit devant lui. Scully ne put retenir un cri de surprise. Linconnu était une femme et ressemblait étonnamment à Fox.
- Samantha...
La voix de Mulder nétait quun murmure. Il était partagé entre la joie de revoir sa soeur et langoisse quelle soit là pour les trahir. Il ne pouvait pas croire quelle soit venue de son plein gré dans leur repère. Il la conduisit à labri des regards indiscrets, faisant signe à Scully de les suivre.
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- Je suis là pour vous aider, Fox. Jai enfin choisi mon camp. Je peux vous aider à les détruire.
- Comment ? Ils sont à la tête de tous les gouvernements, de toutes les structures. Ils sont partout.
- Ils ont une faille... Je connais le moyen de les anéantir.
Mulder regarda sa soeur puis Scully et les deux femmes purent voir le doute dans ses yeux.
- La solution est entre vos mains. A tous les deux.
- Que veux-tu dire ?
- Scully porte en elle linstrument de leur destruction.
Scully porta la main instinctivement à son ventre. Elle savait. Elle savait depuis des jours quelle était enceinte, contre toute attente. Elle pensait pourtant ne jamais pouvoir enfanter. Lespoir était né quelques jours plus tôt, mais elle navait rien dit à Mulder. Cétait tellement inattendu, tellement incroyable quelle ne voulait pas lui annoncer avant den être réellement sûr. Elle avait si peur aussi. Peur denfanter un monstre, un être génétiquement différent deux, à cause des expériences quelle avait subi, des expériences quILS avaient fait subir à Mulder.
Mulder était silencieux, et Scully savait que la crainte le submergeait lui aussi. Il posa néanmoins une main rassurante sur son épaule.
Samantha reprit :
- Lenfant sera différent de nous tous. Il grandira plus vite que nimporte quel enfant. Il faudra lui faire confiance. Je serais là pour vous guider et pour vous aider à lui apprendre le sens de sa mission. Dans quelques années, il sera linstrument de leur destruction. Faites moi confiance. Lespoir est en lui.
FIN