seul


Titre : Seul
Auteur : Valérie
Spoiler : aucun si vous avez vu la saison 8 jusqu’à Dead Alive
Résumé : Vignette - les pensées de Mulder depuis son enlèvement.


SEUL

Je m’avance vers le cercle de lumière, attiré vers lui de façon irrésistible. Je sais qu’en entrant dedans, ce sera le point de non retour. Des hommes, des femmes et des enfants sont rassemblés, immobiles, ils m’engagent silencieusement à les rejoindre. Je les entends dans ma tête, comme il y a un an j’entendais la cacophonie des esprits. Mais cette fois ci la sensation est différente. C’est un doux murmure d’encouragement, une délicieuse invite. Ils me frôlent, et je les rejoint, définitivement conquis. Mon regard rencontre celui qui m’a meurtrit il y a des années, celui qui m’a ouvert les yeux sur la réalité d’un autre monde. Son esprit puissant m’envahit et me domine. Je suis sous son contrôle désormais.

Je lève mes yeux vers le ciel et je sais que le moment que j’attendais de façon inconsciente est enfin arrivé. La lumière nous inonde.

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Depuis quand suis-je là, immobile, allongé sur cette table glaciale ? Ma tête me fait mal, mes yeux me brûlent sous la douleur lancinante. Les yeux grands ouverts, je scrute avec angoisse mon environnement proche. C’est une pièce blanche, presque éblouissante. Les murs semblent irréels, je ne vois aucune porte. J’essaye de bouger mes bras, mes jambes, mais je suis comme paralysé, malgré que je ne sente aucune attache me retenant. Ma respiration s’accélère et une brusque attaque de panique me submerge soudain. Le froid envahit mon corps, j’entends les pulsations de mon coeur affolé. Des voix me parviennent, j’entends qu’elles hurlent dans ma tête. La sensation est particulièrement douloureuse, ma bouche laisse échapper un gémissement sourd et je me laisse glisser dans l’inconscience, pour échapper à leur emprise.

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Je n’ai aucune notion du temps. Je suis toujours allongé, ou bien est-ce la sensation d’être allongé ? Aucun moyen de le savoir. Les voix dans ma tête se sont tues. Mon esprit est inondé d’images de ma vie. Je revois ma soeur, si belle alors qu’elle accourt vers moi dans cette clairière baignée de lune, son sourire panse les plaies de mon coeur blessé. Elle me murmure des mots de réconfort, de délivrance. Je revois Scully, allongée dans ce lit près de moi, je sens son corps contre moi, sa main sur la mienne, si douce, si apaisante. Je la revois me prendre dans ses bras et me consoler. Je la revois dans ce couloir, ses yeux baignés de larmes alors que je lui dit les mots que j’aurais du lui dire il y a si longtemps. Nos lèvres se touchent presque. Je revois son sourire si tendre alors que j’ai enfin trouvé le courage de l’embrasser pour la première fois et ma main sur son épaule.

Je pense à Scully et c’est la seule chose qui m’empêche de sombrer dans la folie.

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La douleur est intolérable. ILS me font subir toute sorte de tests qui me laissent le souffle court, le coeur au bord des lèvres. Pas une parcelle de mon corps échappe à leurs investigations. Je ne vois rien, je n’entends rien, il n’y a que la douleur. Ma gorge est sèche d’avoir trop criée, mes yeux brûlants d’avoir trop pleuré. Mon esprit est vidé de toutes pensées et ils me dissèquent peu à peu, ne me laissant que l’envie de mourir.

Tantôt mon corps est glacé, tantôt il se consume de l’intérieur. Dans un réflexe désespéré, je me réfugie à l’intérieur de moi même et tente de me reconstituer un univers où la douleur n’existe pas. Au plus profond de moi même, je me concentre sur les voix qui me supplient de ne pas abandonner.

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Je suis seul.

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J’ai peur.

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Pour la première fois, j’ai conscience de mon corps. Je suis assis par terre, nu sur le sol tiède, adossé contre un mur blanc. Je regarde mes mains comme si elles me m’appartenaient pas. Elles se posent sur ma poitrine, je sens mes côtes trop saillantes, mes doigts caressent les fines cicatrices que je ne connais pas, sur mes bras, sur mon ventre. Ils se glissent dans mes cheveux, je me couvre les yeux et je sens mes larmes rouler sur mes joues. Mes lèvres sont sèches.

Mon esprit flotte vers les Autres, mes compagnons d’infortune, et nous formons une entité qui nous aide à rester vivants. Nous revivons les instants de douleur et de souffrance, nous partageons le même effroi.

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ILS m’apprennent à utiliser le don de télépathie. ILS m’apprennent à bloquer le flux de pensées et à me concentrer sur un esprit à la fois. C’est déconcertant, surtout quand je rentre en communication avec l’un d’EUX. Les flots de connaissance me parviennent, que mon esprit de lumière s’approprie. Les réponses que j’ai tant cherché me bouleversent. Je vois la première étincelle de vie dans l’Univers, je comprends la Genèse de la Vie sur terre. C’est prodigieux. C’est douloureux. Je sombre, incapable de résister à tant de grandeur.

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Je cherche à comprendre leurs motivations mais je suis puni pour tant d’audace. La souffrance est si forte que je me sens mourir. Un éclair aveuglant me traverse, bousculant chaque cellule de mon corps, chaque particule de mon être. Le trou noir me dévore.

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J’ai froid.

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J’ai mal.

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Je reprends conscience lentement. Je ne peux pas bouger. Mes membres sont lourds et sans vie. Mes paupières tentent désespérément de combattre la léthargie qui m’engloutit. Des couleurs et des sons me parviennent à travers le brouillard de mon esprit. Des mains me palpent, me provoquant une souffrance qui me submerge. Je sens une aiguille qui rentre dans la peau fine de ma main. Un liquide froid parcoure mon bras, et je sombre à nouveau.

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L’expérience est différente. Je suis dans un lit. La lumière est tamisée et j’entends les bruits presque rassurants des différents moniteurs qui m’entourent. Un visage est penché vers moi et son esprit m’envoie des pensées rassurantes. Les mains sont plus douces, et pour la première fois je ne ressens pas de douleur mais une sensation de bien être. J’ai oublié cela. Je veux partager mon émotion mais je suis incapable de parler. Le visage s’éloigne.

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Des voix me parviennent, lointaines. Je me concentre pour parvenir enfin à les comprendre. Je les sens concernées par mon état. Je vais bien. Je suis en vie. Je veux Scully.

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Elle est là. Son visage a changé. Elle est plus femme, plus ouverte à ses sentiments. Elle me regarde avec tant de douceur et d’amour que mes larmes coulent enfin. Elle n’inonde de son amour. C’est comme un baume qui me recouvre de douceur. Je veux lui crier que je suis là et que je l’aime. Elle me supplie de me battre. Je me battrais toute ma vie pour toi, Scully. Pour notre enfant. Notre enfant ? Pourquoi me parle t’elle de notre enfant ? Scully ne peut pas concevoir... Elle me parle doucement de son petit qui grandit sans son père, qui la ravie de bonheur. Son père ? Pourquoi suis-là dans ce lit, incapable de crier ma frustration ? Que m’ont-ILS fait ? Je prie de tout mon être pour redevenir l’homme que j’ai été, l’homme que j’aurais voulu devenir. Le père de notre enfant, la présence rassurante à ses côtés. Le compagnon de ses joies et de ses peines.

Non je ne meure pas Scully. Je suis plus vivant que je ne l’ai jamais été. Il faut que tu me croies, que tu aies confiance en moi, Scully. Je suis là. Sois forte pour moi, Scully. J’ai peur.

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FIN

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