Un souffle de vie
Auteur : Valérie
Émail : valeriec2@wanadoo.fr
Spoiler : Amor fati.
PG 13
UN SOUFFLE DE VIE
Scully se leva du canapé, les yeux ensommeillés et regarda lheure. Elle sétait assoupie à peine dix minutes, épuisée. Mais elle ne pouvait pas dormir plus. Elle essaya de rester assise, de ne pas se diriger vers la chambre. Mais elle ne pouvait pas rester là, à attendre... Il fallait quelle aille vers lui, quelle se rassure.En entrant dans la chambre, son coeur se serra à nouveau. Son regard ne pouvait pas shabituer à cette vision. Elle réfréna le sanglot qui montait et sapprocha de lui tout doucement. Lui qui était limage même de la santé il y a encore quelques semaines paraissait maintenant si fragile, vulnérable. Elle effleura son torse où les côtes saillaient, lossature délicate de ses poignets meurtris par les sangles de contention, ses joues creusées par la dénutrition. Une vague de culpabilité lenvahit. Pourquoi était elle partie si loin, à la recherche dune vérité insaisissable, alors quelle aurait pu tenter de le sortir des griffes de ses bourreaux ?
Elle essuya la larme qui coulait doucement sur son visage et
se pencha vers lui, à lécoute de sa respiration. Il
dormait depuis douze heures. Elle avait craint les cauchemars,
lagitation, il ny avait que lépuisement. De
temps à autre, un sanglot silencieux le secouait, puis il
retombait dans un sommeil si profond quelle craignait
parfois quil ne sen éveille jamais.
Ses constantes étaient stables. Il dormait, allongé sur le
lit blanc, le bas du corps recouvert dun drap léger. Les
rayons du soleil de juillet diffusaient à travers le volets de
la chambre une douce lumière, qui lenrobaient, le
caressaient. Elle caressa son front tiède, souleva avec
délicatesse sa paupière. Il semblait stable, aucun signe
inquiétant. Il fallait quelle le laisse se reposer.
Mais elle ne pouvait pas se résoudre à quitter la
chambre. Il fallait quelle le touche, quelle le sente
près de lui, vivant et calme.
En fermant les yeux, elle revit avec horreur les terribles
images des semaines précédentes.
Elle le revoyait enfermé dans sa cellule, le soir où elle
lavait découvert, marchant de long en large dans la pièce
capitonnée comme un animal captif. Elle revoyait sa démarche
hésitante, ses mains qui lacéraient ses joues, ses doigts qui
arrachaient ses cheveux, elle entendait ses cris de douleurs et
de terreur, elle revoyait son regard fou qui la fixait à travers
la caméra.
Puis ces longs jours où elle avait cru le perdre, incapable de parler, incapable de bouger, le regard perdu. Elle navait pas pu rester là, inutile. Elle était partie. Elle lavait laissé à ses bourreaux....
Elle revoyait le jour où elle lavait retrouvé, trois semaines plus tard, supplicié, le crâne ouvert par ses tortionnaires. Son coeur sétait arrêté de battre. Avec laide des Lone Gunmen, elle avait réussi à lemmener loin de ce cauchemar. Il navait pas prononcer dautres paroles que tu mas aidé... Elle revoyait encore le regard choqué de Byers lorsque il lavait pris dans ses bras, surpris de sa légèreté. Sous le choc, elle navait pas pensé à lemmener dans un autre hôpital, vers dautres médecins. Elle lavait ramené chez elle, avait ôté lentement sa chemise dhôpital souillée, lavait lavé délicatement, puis lavait couché comme un enfant trop faible. La tendre cicatrice de son crâne était comme un rappel douloureux de sa culpabilité. Elle les avait laissé faire...
Elle effleura les cheveux courts et soyeux qui dépassaient du bandage. Il fallait quelle le laisse...
Elle ne pouvait sy résoudre. Elle sallongea près de lui, écoutant le murmure de sa respiration. Il était là, près delle. Vivant.
Le soleil était bas lorsque elle séveilla. Elle regarda sa montre, trois heures sétaient passées. Elle se redressa doucement et regarda son visage. Il avait les yeux grands ouverts et elle craint un instant découvrir le vide dans ses yeux clairs. Mais son regard lentement se fixa sur elle et elle lui sourit. Ses prunelles étaient délavées par lépuisement, mais il était là, bien présent. Un pâle sourire se dessina sur ses lèvres, bientôt remplacé par une grimace de douleur. Il porta sa main à sa tête et effleura la cicatrice. Elle vit soudain la peur dans ses yeux.
- Quest ce que...
Elle ne lui laissa pas finir sa phrase. Elle posa ses doigts sur ses lèvres sèches.
- Chut... Ne dis rien...
- Jai mal...
Ses mâchoires se crispaient sous la douleur, ses traits se durcissaient.
- Je vais tapporter quelque chose.
Elle se leva et rapporta rapidement un verre deau fraîche et deux comprimés.Elle lui souleva doucement la nuque et il avala avec difficulté quelques gorgées deau.
- Les voix ?
Il ferma les yeux quelques instants, se concentrant sur lui même, puis répondit dans un souffle :
- Elles sont parties... Quest ce quils mont fait, Scully ?
- Je ne sais pas...
Il la regarda avec horreur puis ferma les yeux à nouveau, épuisé par les quelques paroles prononcées.
- Jétais éveillé... Lorsquils mont ouvert le crâne... Je ne sentais rien, mais je les voyais... tout autour de moi, masqués, gantés... Cétait terrifiant.
- Cest fini, Mulder. Le cauchemar est terminé. Tu es en sécurité maintenant. Tu vas bien. Dès que tu auras repris des forces, je te conduirais à lhôpital pour quon te fasse des examens.
Il secoua la tête, mais sarrêta aussitôt en sentant la douleur lui broyer le crâne. Sa respiration se fit plus rapide, puis après un long moment il reprit le contrôle de ses pensées.
- Non... Pas dexamen... Je vais bien. Cest seulement cette douleur...
- Je peux tinjecter un calmant si tu veux.
Il ouvrit les paupières très lentement et fut incapable de lui répondre, mais hocha doucement la tête.
Elle prépara une seringue et la remplit dantalgique. Avec douceur, elle le tourna doucement sur le côté, descendit lélastique de son boxer gris et frotta le haut de sa fesse avec une compresse alcoolisée. Linjection le fit sursauter, mais il ne dit rien.
- Il faut que tu dormes maintenant. Tu as besoin de sommeil.
Il tenta de garder les paupières ouvertes mais la fatigue eut raison de lui en quelques instants.
Il leva sa main vers elle et lui caressa tendrement la joue.
- Merci Scully. Merci dêtre là.
FIN
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