Titre : Teliko
Auteur : Valérie
Émail : valeriec2@wanadoo.fr
Résumé : scène manquante de Teliko.
Le corps de Samuel Aboah lourdement seffondre près de moi. Je pense que la balle la atteint suffisamment gravement pour quil soit hors détat de nuire. Je me retourne vers Mulder et je maperçois que ses yeux sont fermés, ses paupières crispées. Sa poitrine se soulève à peine et il respire de façon erratique.
Je prends sa main et jessaye de le rassurer au mieux. Il doit être terrifié.
- Mulder tiens le coup. Les secours vont arriver.
Sa main est flasque dans la mienne, et ses paupières restent fermées. Je lallonge sur le sol humide du sous sol et jôte ma veste pour le protéger dun état de choc qui risque daggraver sa condition déjà précaire. Ses paupières souvrent soudain et je vois une terreur absolue au fond de ses yeux.
- Mulder ? Je suis là, je suis prêt de toi.
Sa bouche souvre et je vois quil peine maintenant pour respirer. Oh mon Dieu... Le poisson doit atteindre le centre nerveux de la respiration et il va bientôt se mettre en arrêt respiratoire. Il prend quelques respirations superficielles et soudain cest fini.
Je me précipite sur lui et commence la respiration artificielle. Je bascule sa nuque vers larrière avec ma main droite, notant au passage les quelques gouttes de sang qui ont perlées du point dentrée de la piqûre de poison et je mefforce de lui insuffler lair dont il a besoin en attendant les secours. Mulder, Mulder, tu sais bien que tu aurais pu choisir un autre moyen pour que je pose mes lèvres sur les tiennes.
Entre deux insufflations je caresse ses cheveux pour tenter de le rassurer. Il est conscient, malheureusement. Il doit être terrifié. Ses cheveux sont lourds entre mes doigts, épais et humides de sueur. Jadore ses cheveux. Javoue sans complexe que je ne perds pas une occasion de les toucher, mais hélas toujours dans des situations de ce genre.
La sirène des secours retentit au dehors. Je les appelle et les guide vers le sous sol où nous nous sommes réfugiés. Ils arrivent en quelques minutes, et prennent la direction des opérations.
Alors que deux hommes soccupent dAboah, deux autres sagenouillent près du corps inerte de Mulder. Je leur explique brièvement la situation et ils lui posent immédiatement un masque sur le visage pour lui insuffler loxygène dont il a tant besoin. Ses poumons se gonflent immédiatement avec plus de force. Il saccorde enfin le luxe de linconscience.
Nous mettons quelques minutes pour sortir du sous sol et nous nous engouffrons dans lambulance. Je nai pas lâché la main de mon partenaire.
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Deux heures après notre arrivée à lhôpital, je maccorde quelques minutes de répit pour appeler Skinner. Cest comme un rituel. Mulder est blessé, dans un lit dhôpital, et jappelle notre supérieur pour le prévenir. Invariablement, il me demande sil va sen sortir, et dans combien de temps. La conversation se termine toujours de la même façon : prenez soin de lui, Agent Scully.
Bien sûr que je prends soin de lui. Je ne quitte pas son chevet, soins intensifs ou non. Certaines infirmières ont tenté de me faire respecter les règles des visites, elles se sont vite résignées devant mon obstination. Je sais que Mulder déteste les hôpitaux, malgré sa propension à les fréquenter. Mais il se résigne plus facilement lorsque il se réveille avec moi à ses côtés. Et dans ces moments là, il moffre le plus merveilleux des sourires, malgré sa faiblesse, malgré les drogues qui circulent dans son sang, malgré la douleur. Et je ne raterai ses sourires pour rien au monde.
Son réveil cette fois ci risque dêtre particulièrement angoissant. Il est sous respirateur. Il déteste ça. Il abhorre tellement cela quil le combat de toutes ses maigres forces. Il se met à tousser jusquau moment où je supplie les médecins de lui retirer. Mais là, il na plus le contrôle de ses muscles. Le poison annihile son système nerveux central. Les médecins mont assurer quil devrait séliminer de façon naturelle dans un délai de quelques heures à quelques jours, suivant la quantité quil a reçu.
Mes craintes se cristallisent quelques instants plus tard. Les paupières de Mulder souvrent lentement et immédiatement, je lui murmure des paroles réconfortantes. Ses yeux expriment une telle angoisse que je mefforce de calmer sa peur en le caressant. Mes mains sattardent sur ses joues, sur sa nuque chaude, sur son front large. Mes doigts se perdent dans ses cheveux. La peur disparaît bientôt de ses pupilles. Il me fixe intensément, et cest moi cette fois ci qui lui offre un sourire que je veux rassurant.
- Mulder, le respirateur est là pour taider. Le poisson quAboah ta injecté a atteint les centres nerveux de ton organisme. Il va se dissiper peu à peu et tu pourras de nouveau bouger et respirer. Cest une simple question de temps. Je ne te quitterai pas tant que tu ne pourras pas me dire de rentrer chez moi...
Ses yeux saniment un peu et le sourire quil ne peut pas exprimer sur son visage se lit dans ses yeux de façon fugace. Mais je vois que le stress et la peur de la situation ont eu raison de son énergie et la fatigue se lit dans son regard.
- Il faut que tu dormes, Mulder. Tu as besoin de repos.
Ses prunelles noisettes se perdent derrière ses cils noirs et il ferme les yeux instantanément. Je reste là, sur cette chaise inconfortable, et jy resterais le temps quil faudra.
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Tard dans la nuit, alors que le service est plongé dans la pénombre et que je sombre dans un sommeil lourd, je sens entre mes doigts une pression qui me fait sursauter. Mulder est éveillé, et ses yeux affolés me fixent intensément.
- Mulder ? Tu peux bouger tes doigts ?
Il me répond aussitôt de la main. Mais ses yeux expriment autre chose. Mon dieu, il souffre. Le poisson en séliminant doit laisser des toxines qui font souffrir ses muscles. Je presse aussitôt le bouton dappel des infirmières et je tente de le rassurer du mieux que je peux. Linfirmière de service est là en quelques minutes. Je lui explique la situation mais elle me répond que le médecin de garde est occupé ailleurs et quelle ne peut rien délivrer à Mulder sans son autorisation. Ma fureur croit à mesure quelle me parle.
- Bon dieu, je suis médecin. Jexige que vous soulagiez ce patient immédiatement.
- Mais comment savez vous quil souffre, Mademoiselle ? Il ne peut pas sexprimer !
Les yeux de Mulder plaident pour que je le soulage. Ma conviction est renforcée.
- Écoutez, infirmière Nelson, jai suffisamment dexpérience auprès de lui pour savoir que cet homme souffre. Et jexige, vous comprenez, jexige que vous lui donniez un antalgique puissant.
Linfirmière se retire après notre petite altercation et je lentends maugréer dans le couloir. Peu importe. Je sais quelle va mécouter. Je reprends la main de Mulder et je le rassure. Mais son visage est maintenant crispé sous la douleur et une fine pellicule de sueur couvre son front.
Maintenant quil a retrouvé un peu de tonicité musculaire, il combat également le respirateur. Et lorsque le médecin de garde arrive enfin, avec une seringue à la main, il voit vite que la situation se complique. Dun geste sûr, il retire le long tube. Mulder sétouffe dans un premier temps puis sa respiration reprend un rythme normal. Ses lèvres bleuies forment des mots mais je dois mapprocher très près pour les comprendre.
- Mal...
- Je sais, Mulder. Tu as mal. Le docteur Harraps va te soulager.
Le médecin injecte dans la perfusion le contenu de la seringue. Les traits du visage de Mulder se détendent rapidement et il senfonce à nouveau dans un sommeil plus paisible.
- Cest un antalgique et un myorelaxant. Je pense que ça devrait laider.
Je reprends ma place sur la chaise près du lit. Je ne peux mempècher de prendre sa main dans la mienne, et de caresser ses longs doigts fins et racés. Je resterai là le temps quil faudra.
FIN
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