Une journée presque comme
les autres.
Petite vignette.
Mulder séveilla en sétirant dans son lit dévasté. Les rayons du soleil levant se reflétaient sur les stores vénitiens et caressaient doucement ses paupières encore gonflées de sommeil. Il sourit en regardant le quadrant de son réveil. Dix heures. Il avait dormi presque six heures. Pas si mal finalement.
Il se leva en étirant ses muscles engourdis. Lintense partie de basket disputée hier avec ses jeunes camarades lui avait laissé des séquelles... douloureuses. Il était loin le temps où il pouvait courir et faire du sport sans pour cela se découvrir le corps ruiné le lendemain matin.
En se regardant dans la glace de sa salle de bains, il sobserva quelques instants. Les rides de son front se faisaient plus profondes, il sétait découvert encore quelques cheveux blancs sur les tempes et son ventre nétait plus aussi plat quauparavant. Il soupira un bref instant, puis le sourire revint sur ses lèvres. Peu importe les dommages du temps. Elle serait là dans quelques heures.
La douche brûlante relaxa son corps douloureux. Il resta un long moment sous le jet délicieusement chaud, se lava soigneusement les cheveux et le corps, puis sortit, dégoulinant, trempant le tapis de la salle de bains. Partout où il posait les yeux, il découvrait un objet qui la lui rappelait. Il se rasa avec un soin particulier car il savait quelle aimait tellement caresser ses joues imberbes, puis shabilla de façon décontractée. Il avait pris sa journée pour son retour, luniversité et ses étudiants brillants ne le verraient pas aujourdhui.
Lappartement était à peu près bien rangé, grâce à Minnie, quil employait depuis bientôt trois ans. Elle avait un don particulier pour éliminer tout désordre dans leur petit trois pièces. Elle avait particulièrement soignée la chambre pour son retour, remis en place ses objets familiers, changée ses draps. Mulder laissa son regard flâner dans la petite pièce et une fois encore un sourire radieux éclaira son visage. Il songea à sa présence, à la douceur et à la joie de son regard , à la façon quelle avait de se blottir contre son cou. Quinze jours... Quinze jours quil navait pas eu le plaisir de la serrer contre lui. Bien sûr il lavait appelé. Souvent. Mais elle lui manquait tellement...
Il saffaira en voyant lheure. Il fallait quil réapprovisionne le réfrigérateur. Quand elle nétait pas là, il avait tendance à reprendre ses habitudes de célibataire. Une pizza froide et des litres de thé glacé lui suffisaient amplement. Il était peu sorti pendant son absence, préférant la solitude à la compagnie de gens pourtant bien attentionnés qui voulaient laider à lui faire connaître dautres horizons. Ca ne lintéressait pas. Pas encore. Cétait trop tôt...
Il revint une heure et demi plus tard les bras chargés de sacs. Dans le couloir, il avait croisé sa voisine, une petite grand mère adorable qui lui avait remis un petit paquet emballé dans une feuille daluminium.
- Vous lui donnerez, nest-ce-pas ? Je sais quelle en raffole.
Il lavait chaleureusement remercié et lavait laissé chanter ses louanges. Oui, elle était belle, et intelligente. Il savait tout cela. Mon dieu, il le savait.
Deux heures. Dans deux
heures elle serait là. Après avoir rangé les provisions, il ne
put sempêcher de se plonger dans les albums photos. Ils
étaient nombreux. Depuis quil avait acquis un appareil
perfectionné, il se livrait volontiers à une débauche de
prises de vues. Elle adorait ça. Son regard se porta sur les
derniers clichés, quil avait pris dans les Rocheuses
lhiver dernier. Elle rayonnait. Le froid lui avait donné
des joues dignes des pommes les plus rouges. Elle posait,
arborant fièrement son équipement de ski flambant neuf, un
sourire dévoilant ses dents étincelantes. Il y avait aussi
cette photo quil aimant particulièrement. Le directeur de
lhôtel les avait pris tous les deux, elle était blottie
contre lui, délicieuse dans son pull bleu azur, son regard
porté vers lui, et lui même qui la regardait avec admiration.
Avec tendresse. Avec amour. Cette photo disait tout. Elle
témoignait de leur complicité, de leur formidable relation.
Elle était tout pour lui. Sans elle il naurait pas pu continuer. Sans elle, sans sa formidable énergie, sans son appétit de vivre, il aurait quitté la route. Elle lui avait démontré que la vie ne pouvait pas sarrêter. Elle avait besoin de lui. Il avait été là.
Il résista à lenvie dappeler sur le portable. Elle ne devait plus être loin maintenant. Il vérifia une dernière fois que les poissons étaient toujours vivants, elle laurait maudit sil en avait laissé mourir un seul... Et vérifia que la caisse du Matou était propre. Ce Matou. Ca avait été sa bataille. Il avait résisté, longuement. Puis avait cédé... Comme dhabitude. Il avait du mal à lui refuser quand elle le regardait avec ses yeux là... Ses prunelles étaient changeantes comme la mer. Quelquefois bleues, grises quand elle était triste, vertes avec des étincelles dor chatoyantes. Il se perdait dans son regard, il simmergeait totalement, inconditionnellement. Et dans ses moments là, son coeur fondait littéralement pour elle. Elle était sa vie.
Il entendit lascenseur puis les bruits de pas dans le couloir. Il se leva en un instant, et se précipita à la porte. Avant même dentendre la sonnette, il ouvrait la porte.
- Daddy !
Elle sauta dans ses bras, lenserrant de ses petits bras fins, mais de toute la force de ses sept ans. Il sentit ses baisers humides dans sa nuque, sur ses joues, et la serra contre son coeur. Elle sentait la pomme verte et lherbe fraîchement coupée. Ses cheveux nattés avaient blondis sous le soleil. Elle portait un short qui lui faisait des jambes de faon.
- Eh ma belle, laisse moi respirer un peu ! Et il faut que je dise bonjour à Grand mère.
Il la déposa doucement sur le sol, mais sa petite main resta dans la sienne.
Il savança vers Maggie, qui tentait de refouler les larmes qui lui venaient aux yeux systématiquement lorsque elle assistait à leurs retrouvailles. La gorge serrée par lémotion, elle sapprocha de Fox et le serra contre elle.
- Bonjour Maggie...
Il sentit son émotion et la serra un peu plus fort contre lui. Il savait que ses moments étaient difficiles pour elle. Les quinze jours passés avec Sarah étaient pour elle une formidable thérapie et que la séparation qui allait suivre en serait dautant plus douloureuse.
Maggie Scully se reprit aussi vite que possible, pour ne pas laisser à lintuitive petite fille le temps de voir son trouble.
Ils sinstallèrent sur le canapé et Mulder offrit des rafraîchissements aux voyageuses assoiffées. Le Matou avait déjà repris sa place sur les genoux de sa jeune maîtresse et ronronnait de plaisir sous ses caresses.
Il ne pouvait pas quitter du regard son enfant. Sa fille. Elle avait encore grandi, ses membres fins étaient hâlés par le soleil de juillet. Son sourire irradiait lorsque elle posait les yeux sur lui. Ils étaient enfin réunis.
Maggie les quitta quelques heures plus tard, le coeur serré mais elle savait que ses deux là avaient besoin de se retrouver seuls. Après les avoir étreint une dernière fois, elle ferma la porte derrière elle.
Les paupières de Sarah salourdissaient et Mulder la porta doucement dans sa chambre. Elle venait de prendre son bain et elle se laissait aller à lalanguissement de la fatigue de la journée.
- Daddy ?
- Ma chérie ?
- Tu as rencontré quelquun pendant que je nétais pas là ?
- Non ma chérie. Je nai rencontré personne.
- Tu remplaceras Maman un jour ?
- Je ne sais pas mon coeur. Je ne sais pas. Mais ta maman ne pourra jamais être remplacée.
La petite fille lui sourit et son regard se porta sur la photo qui sétalait dans un large cadre près de son lit. Un portrait de Dana quil avait fait quelques mois avant quelle ne tombe malade. Elle était radieuse, dévorant sa toute petite fille des yeux, et dans son regard tout lamour du monde se reflétait.
Mulder avait toujours du mal à regarder cette photo. Cétait encore si douloureux. Les quatre années qui sétaient écoulées navaient pas diminuées la souffrance quil ressentait. Mais il refoula les larmes qui lui venaient aux yeux.
Il devait être fort. Pour Sarah.
FIN