Virus

Titre : VIRUS
Par Valérie Charlot, (vavie)
Email : valeriec2@wanadoo.fr
Résumé: Mulder est contaminé par un virus d’origine inconnu.
Spoilers : Detour, Triangle, et quelques autres.
Feedbacks : obligatoires :-))))

17 heures. Bureau de l'agent Mulder.

- Ce type était vraiment déchaîné. J'ai rarement vu une telle haine. Ca va ta main?

Mulder regarda rapidement la large estafilade qui barrait le dessus de sa main droite. Il sourit
à Scully d'un air las.

- Oui, ne t'inquiète pas. Ce n'est rien.

- Promet moi de désinfecter ça correctement ce week end. Tu as quelque chose de prévu?

- non... En fait je crois que je vais passer les deux prochains jours affalé dans mon canapé à regarder des films. Je suis
claqué.

- C'est vrai que tu as particulièrement mauvaise mine ce soir. Rentre chez toi Mulder. Je vais finir ce rapport.

- Tu me chasses?

- oui, c'est ça.

- alors à lundi.

Elle le regarda partir en souriant, elle savait qu’il détestait quand elle le maternait de la sorte, mais elle ne pouvait pas
s'en empêcher. Ce soir plus que jamais, il y avait dans ses yeux verts et gris une mélancolie qui la troublait. Elle essaya
de chasser ces pensées de son esprit pour se concentrer sur le rapport d'arrestation. Ils avaient été appelés pour une
négociation avec un chercheur qui était brutalement devenu violent et menaçait de faire sauter son bureau. Mulder
avait réussi à le maîtriser, non sans mal. Elle termina quelques minutes plus tard et rentra chez elle.
Lorsque Mulder arriva enfin chez lui, il soupira en voyant le désordre qui régnait dans la pièce. La femme de ménage
avait prévenu hier qu'elle ne pourrait pas venir mais il avait oublié ce détail. D'un air sombre, il commença à rassembler
ses affaires éparpillées mais trop épuisé pour continuer il se dirigea vers la salle de bains. Il resta longtemps sous la
douche brûlante, ressentant un mal être qu'il ne savait pas a quoi attribuer. Le miroir lui renvoya l'image de quelqu'un
qui avait besoin de dormir.. Il se laissa lourdement tombé sur le canapé, et contrairement à son habitude glissa dans le
sommeil instantanément. Il se réveilla quelques dizaines de minutes plus tard, trempé de sueur, la nausée au bord des
lèvres. En se levant, un vertige puissant le força à se cramponner à l'accoudoir du sofa pour ne pas tomber.

- Merde... Qu'est ce qui m'arrive?

Il réussit à se lever et péniblement il se dirigea vers les toilettes où une nausée plus importante le plia en deux. Le souffle
court, il resta longtemps ainsi, pour finalement se redresser et se rallonger, la tête lourde.
Il chercha le combiné d'une main et décrocha.

- Scully , c'est moi. Ca ne va pas du tout. Rappelle moi dès que tu rentres.

Il raccrocha le téléphone en maudissant le répondeur de sa partenaire puis se laissa glisser dans un sommeil comateux
peuplé de cauchemars. Une nouvelle nausée le réveilla, plus forte encore, qui l'obligea à nouveau à se lever. Il sentit ses
jambes se dérober sous lui, tenta d'agripper le combiné téléphonique dans sa chute. En tombant, sa tête heurta
violemment le coin de la table basse, et fit éclater sa pommeffe droite. Il parvint néanmoins à composer le numéro de
Scully et d'une voix faible, au bord de l'évanouissement, trouva la force de prononcer quelques mots.

- viens Scully...

- Mulder c'est toi ? Mulder tu m'entends?

Incapable de résister plus longtemps, il se laissa glisser dans l'inconscience.

Scully ne mît que quelques minutes pour arriver chez son partenaire. Elle fouilla fébrilement dans son sac pour trouver les
clefs de son appartement et ouvrit la porte à la hâte. Mulder était à terre, son visage était crayeux, sa pommette tuméfiée et de grands cernes gris cerclaient ses paupières. Elle s'agenouilla près de lui et s'assura qu'il respirait. Son pouls était rapide et superficiel. Elle remarqua la sueur qui mouillait la racine de ses cheveux courts et sa main sur son front finit par la convaincre qu'il était brûlant de fièvre.

Elle courut à la salle de bains et revint avec un linge humide et frais qu'elle déposa sur son front. Elle essuya délicatement
le sang qui perlait de sa blessure mais ce simple contact le fit grimacer de douleur. Il ouvrit des yeux brillants et rougis
par la hausse de sa température corporelle.

- eh...ça n'a pas l'air d'aller fort....

- merci d'être là...

- tu t'es cogné la tête en tombant.

Il porta la main à sa joue en grommelant.

- tu es dans cet état depuis combien de temps?

- en fait depuis que je suis rentré... J'ai pris une douche, puis j'ai dormi un peu. La fièvre a commencé à monter...
J'ai envie de vomir...

Elle se hata de lui présenter un récipient et il rejeta un peu de liquide.

- tu as pris quelque chose? de l'aspirine?

- non pas encore... J'ai juste bu un peu d'eau...

- tu es brûlant de fièvre Mulder. Tu as un thermomètre?

- dans la salle de bains... Quelque part dans un tiroir du bas.

Elle le laissa quelques instants et revint avec l'appareil. L'écran indiquait 39°9.

- il faudrait que tu t'allonges sur le canapé... Tu peux essayer de te lever?

- je ne sais pas... Oui... aide moi.

Elle le soutint et il réussit à parcourir les quelques mètres qui le séparaient du sofa. Il
s'allongea, épuisé par l'effort qu'il venait de fournir.

- qu'est ce que j'ai, Scully?

- sans doute une mauvaise grippe. Mais il faut que tu boives, sinon tu vas te déshydrater. Tiens, c'est de l'Aspirine.

Elle lui présenta le verre et il l'avala avec fatalité. Sa tête retomba lourdement sur l'oreiller.

- tu n'as mal nulle part?

- non... j'ai simplement un peu de mal à respirer.

- c'est la fièvre. L'Aspirine devrait faire tomber ta température. Essaye de dormir. Je vais veiller sur toi.

Il ferma les yeux en soupirant, et sourit en sentant la main fraîche de Scully sur son front bouillant.

- dors.

Son répit fut de courte durée. Il rejeta violemment le médicament quelques minutes seulement après l'avoir absorbé.

- Si tu ne gardes rien, on va devoir t'hospitaliser. La fièvre est encore montée de quelques dixièmes.

- pas pour une grippe Scully... Je déteste les hôpitaux. Tu le sais.

- ta fièvre est montée à 40°1. Si elle ne descend pas, tu risques de convulser.

- redonne moi de l'Aspirine. Je ne vais peut e~tre pas vomir cette fois ci.

Elle secoua la tête, mais lui apporta un autre verre. Il le but doucement, tentant de réprimer
l'écoeurement qui montait. Scully soutenait sa nuque humide et l'aida à se recoucher. Il
frissonnait.

- j'ai froid.

- je vais te chercher une autre couverture. Essaye de dormir un peu. Tu as l'air épuisé.

Il se tourna sur le côté, il avait l'impression que les murs de la pièce bougeaient. Scully le couvrit délicatement et lui
caressa les cheveux doucement.

- merci.

Elle le regarda tendrement, et s'assit près de lui. Sa tête était à quelques centimètres de ses genoux. Dans un élan
irrépressible, elle le souleva un peu et le cala contre elle. Il se blottit un peu plus contre son corps. Elle ne pouvait
détacher son regard de son visage, de ses trait familiers qu'elle connaissait par coeur. Elle ferma les yeux, envahie
par ce même sentiment de bien être qu'elle avait ressenti la nuit où ils étaient restés tous les deux l'un contre l'autre,
dans une forêt de Floride. Elle continuait de caresser ses cheveux, appréciant leur texture, et sa main se glissa dans
sa nuque chaude puis dans son dos.

- Dana...

Elle interrompit un instant sa caresse, troublée mais la reprit aussitôt en s'apercevant qu'il avait murmuré son prénom
dans son sommeil. Un léger sourire sur les lèvres, il paraissait détendu et paisible. Il était pourtant terriblement fiévreux
et elle surveilla l'apparition de troubles de la déshydratation. Il dormit ainsi plusieurs heures, son sommeil parfois troublé
par quelques cauchemars. Elle avait fini par quitter le havre de paix de la proximité de son corps et humectait
régulièrement son front brûlant avec des serviettes humides.

Il était plus de 3 heures du matin lorsqu'il s'éveilla, le souffle court, la respiration difficile, les yeux à peine ouvert tant
la fièvre était élevé.

- Scully... je... je ne respire pas comme il faut...

- la fièvre ne tombe pas... il faut que je t'emmène Mulder. Tu peux marcher?

- je vais essayer... j'arrive plus à respirer...

- ne cherche pas à respirer à fond... Voilà, comme ça, très superficiellement.

Il haletait maintenant, alors que Scully lui tendait son jean et son blouson. Elle lui enfila ses
baskets et l'aida à se relever. Un voile noir passa devant ses yeux et il faillit tomber.

- tu veux que j'appelle les secours?

- non... ça va aller. Laisse moi deux secondes... Allons y.

Elle passa son bras autour de sa taille et ils se mirent en route. Peu avant d'arriver devant
l'ascenseur, ses jambes se dérobèrent sous lui et il tomba lourdement au sol, inconscient.

- Mulder !! Mulder !

Elle lui glissa son manteau sous la tête et tenta de lui faire reprendre connaissance.
Les voisins alertés par les cris de la jeune femme se proposèrent d'appeler une ambulance.
Mulder était toujours inconscient, mais son corps était maintenant pris de convulsions.
Scully l'empêcha de se blesser en le maintenant au mieux. Elle fut soulagée de voir les secours arriver.
Avec des gestes professionnels, ils l'évacuèrent rapidement et il fut pris en charge par une
équipe aux urgences. Déshabillé, intubé, le visage pale comme la mort, il était sans réaction. Les moniteurs se mirent
soudainement à sonner et Scully vit avec horreur les médecins tenter de le réanimer. Leurs efforts furent couronnés
de succès et la jeune femme reprit quelques couleurs.

- je suis le docteur Genns.. Vous êtes sa femme?

- non... je suis son amie et partenaire. Nous sommes du FBI.

- votre ami est dans un état critique. Son état général semble très altéré. Depuis combien de temps est-il ainsi ?

- ça l'a pris il y a quelques heures seulement. Une brusque élévation de sa température... et après tout est allé très vite
La dyspnée est apparue, puis les convulsions.

- j'ai demandé une radio pulmonaire. Nous serons vite fixés.

Dana attendit quelques instants puis ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle vit, comme le reste de l'équipe, l'état des
poumons de Mulder. Ils semblaient envahis par une substance fibreuse et seule une infime partie du tissu pulmonaire
semblait saine.
Le médecin revint vers elle.

- je n'ai jamais vu une chose pareille. Nous allons devoir vous faire des examens. C'est peut être contagieux.

- mais qu'est ce que ça peut êre?

- je n'en ai aucune idée. On lui fait une fibroscopie pulmonaire pour prélever un échantillon de tissu. Vous pouvez
me renseigner un peu sur lui ? Est-il gay ? prend-il de la drogue?

- il est du FBI.

Scully était furieuse.

- et alors ? Il faut rechercher une cause à cette affection. A t'il des allergies?

- il est allergique à la pénicilline.

- pas d'antécédent pulmonaire?

- non... je ne crois pas... Il faut que j'appelle sa mère. Je ne sais pas tout de lui.

- pour l'instant vous n'irez nulle part. Vous venez avec moi. Nous allons vous examiner.

Lasse, elle le suivit et se prêta aux divers examens. Au bout d'une heure, elle ressortit du
service, rassurée quant à son état, mais inquiète pour son ami. Il était maintenant installé dans une chambre seule,
et lorsqu'elle s'approcha du lit, il ouvrit péniblement les yeux. Un masque à oxygène était posé sur sa bouche. Elle lui prît
la main tendrement.

- comment tu te sens?

- je déteste ça...

Il montrait le cathéter qui avait été posé sur le dessus de sa main. Sa voix était rauque et sa respiration semblait difficile.

- on va très vite trouver quelque chose pour te soulager. Ils t'ont fait un prélèvement de tissu pulmonaire et...

- et toi... tu vas bien?

- ça ne paraît pas contagieux... Ils m'ont fait des examens.

- tant mieux...

Il ferma les yeux, incapable de prolonger l'effort nécessaire pour parler. L' épuisement se lisait sur son visage. Sa barbe
naissante accentuait encore la paleur de son teint, et ses lèvres étaient légèrement teintées de bleu, signe qu'il
cornmençaît à manquer d'oxygène.

Le ballet des infirmières et des médecins empêchait Scully de trouver le sommeil et c'est seulement au petit matin
qu'elle s'autorisa à le quitter, pour aller prendre quelques affaires chez elle et se changer.
Son répondeur était surchargé de messages de Skinner qui la pressait de répondre à ses appels. Elle l'appela aussitôt,
intriguée par l'urgence perçue dans sa voix.

- Agent Scully j'ai essayé de vous joindre toute la nuit. Bon Dieu, où étiez vous? Et votre portable?

- monsieur, j'ai passé la nuit à l'hôpital aux côtés de Mulder. Il a été hospitalisé pour une grave infection pulmonaire.

Je m'apprête à aller le rejoindre.

- mon dieu... C'est donc trop tard.

- quoi ?

- l'homme que vous avez arreté hier... Il était porteur d'une maladie extrêmement contagieuse... Il est mort cette nuit
dans sa cellule... Et je pense qu'il a contaminé l'agent Mulder en le blessant...

- non... c'est pas possible. De quoi est il mort?

- les médecins cherchent encore à déterminer l'origine de cette infection... Mais ils n'ont rien pu faire pour lui... Où est
Mulder?

- à l'hôpital de Georgetown... Il faut prévenir les médecins. J'y retourne immédiatement.

- je vous rejoint là bas agent Scully.

Ils se retrouvèrent une heure plus tard devant la chambre de Mulder. Le visage de Ski nner
était grave, celui de Scully était décomposé.

Le médecin sortît de la chambre de leur ami, les traits soucieux.

- comment va t'il?

- son état s'aggrave d'heure en heure. Il a de plus en plus de mal à respirer, malgré les doses massives d'antibiotiques
à large spectre que nous lui administrons. J'avoue que je n'ai jamais vu une progression aussi foudroyante.

- il semble avoir été contaminé... Le patient O est mort il y a quelques heures, et il souffrait des mêmes symptômes que
l'agent Mulder.

- comment a t'il été contaminé?

- par voie sanguine. L'homme était blessé et il a griffé l'agent Mulder à la main.

- ça a été la porte d'entrée... Je suis désolé, mais en l'attente des résultats des analyses, nous ne pouvons pas faire plus
pour lui.

Scully et Skînner pénétrèrent dans la chambre de leur ami. Il ouvrit des yeux las. Sa lèvre supérieure était déformée par
un bouton de fièvre. Il eut la force de sourire en voyant Skinner.

- c'est gentil de venir me voir, Monsieur...

- ne parlez pas, agent Mulder. Gardez vos forces. Tout est en oeuvre pour vous sortir de là.

- Ce type qu'on a arrêté hier... Il est chercheur n'est ce pas ? Il m'a peut être refilé une saloperie...

Sa voix n'était d'un murmure, mais Scully et Skinner comprirent que Mulder avait abouti à la même conclusion que
eux-mêmes. Il les vit baisser les yeux, et enregistra l’information.

- comment va t’il ?

Skinner lui répondit d’une voix basse.

- il est mort cette nuit, Fox.

- et il présentait les mêmes symptomes que moi ?

- oui... Je suis désolé.

Un éclair de détresse passa dans les yeux de Mulder, puis il soupira et ferma les yeux.

- on va trouver un moyen, Mulder. Il faut que tu t’accroches. D’accord ?

Les yeux de Scully s’étaient remplis de larmes en prononçant ces derniers mots.

- faites vite alors...

Ils se retirèrent silencieusement, le laissant seul dans la chambre. Dans le couloir, Scully tenta de se contenir, mais la
tristesse se lisait dans ses yeux clairs.

- On va frapper à toutes les portes, agent Scully. Il faut enquêter sur ce type, sur son boulot, sur ses recherches. Je suis sûr
que nous allons trouver un moyen de sauver l’agent Mulder.

- oui...

- venez, Scully. On va se mettre au travail tout de suite.

Elle se tourna vers la fenêtre de la chambre et son regard se posa quelques instants sur Mulder. Puis elle se détourna et
suivit Skinner.

Sans répit, ils passèrent leur journée à traquer des indices qui pourraient sauver la vie de leur ami. Mais le chercheur
semblait avoir détruit tout son travail et malgré leurs efforts, ils ne trouvèrent aucune piste, aucun remède.

Heure après heure, jour après jour, Mulder perdait de ses forces vives. La fièvre n’avait pas baissé depuis qu’il était
arrivé à l’hôpital et l’affaiblissait de façon inélucatable. Scully passait toutes ses soirées près de lui, le soutenant par
sa seule présence. Elle le voyait s’enfoncer peu à peu dans la mort, et se rappelait chaque moment passé avec lui.
Sa façon d’être avec elle, chaque détail de sa personnalité riche et attachante, complexe, qu’elle ne décodait pas
encore totalement... Ses manies, sa façon de toucher son oreille gauche lorsqu’il réfléchissait, l’ongle du pouce droit
qu’il portait à ses lèvres, la pupille de son oeil droit dilatée, ses cheveux... ses cheveux qu’elle aimait tant, souples,
lourds lorsqu’il les portait un peu long, ses longues mains, sa démarche, souple et féline, son long corps mince... Il ne
pouvait pas la laisser...

Cinq jours s’étaient écoulés depuis le début de sa maladie. Le médecin passait tous les matins et la découvrait,
assoupie, sa petite main dans celle de son patient. Tous les jours la même question, la même attente douloureuse, la
même angoisse. Ce matin il n’avait malheureusement aucune nouvelle, ou plutôt une triste nouvelle...

- il s’affaiblit de plus en plus. Ses fonctions rénales sont altérées, et il n’élimine plus les déchets de son organisme. Son
coeur se ralentit, et j’ai peur que...

- il ne peut pas mourir...
- je suis désolé, Mademoiselle. Votre ami nous quitte, tout doucement.

Le docteur la regardait avec un regard empreint de tristesse et lui posa une main chaleureuse sur l’épaule.

- Restez près de lui. Il va avoir besoin de vous.

Elle frissonna et se rassit près du lit blanc. Elle caressa la joue creusée de Mulder, effleurant sa barbe naissante.
Il lui sembla qu’il faisait un incroyable effort pour ouvrir ses paupières. Son regard était délavée par l’épuisement.

- tu es là...

- oui...

Dans un soupir, il lui murmura :

- je n’ai plus la force... je suis si fatigué...

- n’abandonne pas, Mulder... je t’en prie... lutte encore...

- non, Scully...

- je t’en prie, Fox... ne me quitte pas...

- Dana...

Elle s’approcha de lui et elle entendit à peine les derniers mots qu’il avait eu la force de prononcer enfin.

- je t’aime...

Il ferma les yeux en prononçant ces paroles et sombra dans l’inconscience.

Silencieusement, des larmes roulèrent sur les joues de la jeune femme. Elle resta longtemps près de lui, incapable de
détacher sa main de celle de son ami.

Lorsque enfin elle sortit de la pièce, elle s’adossa à la porte fermée et laissa libre cours à sa détresse. Une silhouette
se dessina devant elle.

- vous arrivez trop tard, Fowley. Il est dans le coma... Ce sont ces dernières heures...

Sa voix était teintée de colère.

- qu’est ce que vous faites là ?

La jeune femme brune garda un visage impassible à l’annonce de la nouvelle.

- j’ai peut être un remède pour le mal dont souffre Fox.

- les médecins ont tout tenté, Fowley. Les antibiotiques ont stoppé la progression foudroyante de l’infection, mais
elle n’a jamais regressé. Ses fonctions vitales s’altèrent inéxorablement.

- il faut que je vois son médecin.

Incrédule, elle dirigea Fowley jusqu’au bureau du médecin de Mulder. Sûre d’elle, Fowley lui expliqua la raison de
sa présence ici.

- c’est un antivirus expérimental. Il semble être en mesure de contrôler l’infection dont souffre Mulder. Mais ses effets
secondaires sont redoutables, surtout dans un organisme déjà très affaibli. Il risque de provoquer un arrêt cardio-respiratoire.

- c’est de la folie. Mulder ne supportera pas ...

Le médecin intervint d’une voix douce mais ferme.

- c’est peut être sa seule chance, Dana. Il va mourir si nous ne tentons rien.

Scully sortit de la pièce et se prit le visage entre les mains. Fowley la suivit quelques instants plus tard.

- j’ai mis ma vie en péril pour obtenir ce traitement, agent Scully. Je tiens à Fox. Je l’ai aimé... au moins autant que
vous semblez l’aimer... Il faut tenter l’expérience... avant qu’il ne soit trop tard.

- une expérience ? C’est de sa vie qu’il s’agit.

- allons y. Le médecin nous attend.

Ils pénètrent tous les trois dans la chambre de Mulder. Il paraissait terriblement faible.

Le médecin appela une équipe de réanimation qui l’intuba et commença à administrer le contenu du flaçon que
lui avait donné Fowley. Quelques minutes seulement après l’injection, le coeur de Fox ralentit pour s’arrêter bientôt. Ils
étaient près à intervenir, mais malgré tout leur patient mis plusieurs minutes à revenir à la vie.
Dana et Fowley étaient côte à côte au fond de la pièce, et assistaient impuissantes à la lutte pour la vie de Mulder.
Le temps semblait suspendu, mais soudain le coeur de Scully se remit à battre... à l’unisson de celui de son partenaire.
Il fut transporté en service de soins intensifs où on le surveilla sans relâche pendant 24 heures.
Lorsque Scully se présenta au petit matin, on lui indiqua qu’il avait réintégré le service de médecine. Elle se précipita
dans les étages et prit une grande inspiration avant d’ouvrir la porte de la chambre qu’on lui avait indiqué.
Mulder lui sourit, de ce petit sourire qu’elle aimait tant. Dans ses yeux pétillait à nouveau la chaleur et la malice
habituelle.

- on dirait que tu as vu un fantôme, Scully. Viens plutôt m’embrasser.

Elle lui déposa un baiser léger sur le front.

- comment tu te sens ?

- je me suis déjà senti beaucoup mieux... mais beaucoup moins bien aussi... Je crois que je reviens de loin.

- tu as rarement été aussi loin Mulder. Je suis tellement heureuse...

- Mais qu'est ce qui m'est arrivé?

- Tu as été infecté par un virus très actif. Aucun traitement classique n'aurait pu te guérir. Tu est tombé dans le coma
tes fonctions vitales étaient pratiquement abolies...

- Et alors?

- Fowley. C'est elle qui a trouvé le remède à ton mal. Elle n'a pas voulu m'en dire plus.

- Diana... Pourquoi a t'elle fait cela... après toutes ses trahisons?

- Je crois qu'elle tient encore à toi, Mulder... tout simplement. Tu devrais te reposer tu sais. Tu as l'air épuisé.
-
Tu n'as pas meilleure mine, Scully.

- Je suis restée auprès de toi presque jour et nuit...

- Je sais... Merci Scully.

Ils se regardèrent un long moment, leurs yeux en disaient plus long que les mots.

Il prit la main de Scully et caressa doucement sa paume chaude et douce. Elle se perdait dans ses yeux verts, ses yeux
se posaient sur les lèvres sensuelles de Mulder et soudain se sentit malgré elle attirée comme un aimant vers son visage.

Elle déposa un rapide baiser et quitta la pièce à la hate.

Mulder ferma les yeux, le souffle court, essayant de calmer les battements effrénés de son coeur. Il savait qu'elle l'aimait
et lui l'aimait de toute son âme. Quand pourraient-ils enfin se l'avouer? Cette question l'empécha de trouver le sommeil
puis la fatigue finit par avoir raison de son tourment. Il s'endormit profondément.

Skinner le trouva ainsi plusieurs heures plus tard, et était sur le point de sortir de la chambre lorsqu'il s'éveilla.

- Bonjour Fox. Je suis heureux de voir que vous allez mieux. Vous avez fichu une sacrée frousse.

Le visage de Mulder s'éclaira malicieusement.

- Désolé, Monsieur. J'aurais pu attendre Halloween.

- Oui... J'ai porlé avec les médecins. Vous allez devoir prendre une période assez longue de repos et je ne veux pas
vous voir traîner à Washington... Sharon et moi avons une maison à Cape Cod. Elle donne sur l'océan. J'ai pensé...
vu votre état, que vous y seriez bien. Vous pourriez reprendre des forces, loin de la ville. Qu'en pensez vous?

- Je ne sais pas quoi dire... C'est assez inattendu. Mais vous savez, quelques jours me suffiront...

- Non, Mulder. Vous avez frolé la mort de très près. Vous devez vous reposez au moins quinze jours.

- Il y a une bonne bibliothèque?

Le visage de Skinner se fendit d'un large sourire.

- Oui... Je vous y conduirais dès vous serez en état de sortir de l'h6pital.

Skinner sortit de la chambre de son pas rapide et Mulder secoua la tete, amusé par la sollicitude de son supérieur.

Quelques jours plus tard, amaigri, affaibli par les épreuves récentes, il se laissa conduire jusqu'à la maison par Skinner
qui l'installa avec une gentillesse un peu rude. Les provisions rangées, il le laissa seul.

La maison était magnifiquement située face à l'océan, et Mulder, installé dans le rocking chair sur la terrasse se laissa
aller à la reverie. Il se sentait étonnamment tranquille et serein, sans doute du fait d'avoir encore une fois échappé à la
mort.

Les heures et les jours passaient, lentement. Il se forçait à se nourrir convenablement, prenant plus de repos que jamais
dans sa vie. Il sentait son organisme reprendre le dessus. Le matin, il marchait le long de la plage, respirant à pleins
poumons l'air vivifiant de l'océan. Son visage reprenait les couleurs de la vie, ses muscles fins se redessinaient. Il avait fini
par adopter un chien qui le suivait depuis plusieurs jours, un batard qui avait de bons yeux. Un matin, il osa un jogging sur le sable et se sentit renaître. Le cauchemar était définitivement derrière lui. Il fronça les sourcils en remontant vers la maison. Le vent frais du large le faisait frissonner. Une voiture était garée et il devenait une silhouette sur la terrasse. En s'approchant, il reconnut la chevelure flamboyante de Scully. Elle tenait adossée à la balustrade, ses mèches rousses volaient autour de son visage. Elle le regarda s'arrêter à quelques mètres de lui, et son coeur s'emballa dans sa poitrine. Son visage halé lui donnait une séduction supplémentaire, son tee shirt mouillé de sueur collait à son torse mince. Elle fit quelques pas et plongea dans ses yeux clairs. Il se laissa happé par son regard et sut que le moment était arrivé. Il franchit le dernier mètre qui les séparait et se pencha pour déposer un baiser sur sa bouche. Leurs corps, avides de se trouver enfin, s'épousèrent dans le même élan. Leur premier baiser fut long et les laissa titubant de bonheur.
D'une voix rauque, Mulder osa une question.

- Pourquoi, Scully? Pourquoi ici et maintenant ?

J'ai eu tellement peur de te perdre, Mulder... J'ai réalisé combien je tenais à toi. Je ne veux plus te perdre... Je suis là.
Ils s'embrassèrent à nouveau passionnément et enlacés franchirent les quelques pas qui les séparaient du seuil de
la maison. Très doucement, il l'entraina sur le grand lit, dans la chambre inondée de soleil. Elle était fraîche et douce, elle se blottit contre lui, caressant avec sensualité sa peau moite. Ils s'aimèrent comme si ils devaient mourir demain, de longues heures d'étreintes passionnées

Il s'endormit , tombant dans le sommeil plus rapidement qu'un enfant. Elle se regarda longtemps, ébahie par le bonheur
qu'elle venait de recevoir. Il l'avait comblé, il était un amant tendre et fougueux, attentif à son plaisir. Elle respira
l'odeur de sa peau, incapable de détacher son regard du visage aimé, se maudissant d'avoir attendu toutes ses
années. Mais elle savait maintenant que leur amour était plus fort que la mort.

FIN

mailto:valeriec2@wanadoo.fr